Quelque chose me déchire le cœur, ses cris, qu'elle pousse en plein sommeil. Je me redresse et la regarde, ne sachant comment réagir. Je prends ma tête entre mes mains, j'ai la gueule de bois et la bouche sèche.
Je me souviens de ce que je lui ai fait, c'est pour ça que je ne sais pas comment réagir face à ses cris. Elle se débat avec force, maintenant.
Je suis désolé Lucy, je te le promet.
Je ne voulais pas lui faire de mal.
Je soupire et la prends doucement dans mes bras. Ses cris se font plus persistants, jusqu'à s'arrêter, et elle ne se débat plus. Une de ses mains serre mon t-shirt, je lui jette un regard et remarque que ses yeux sont ouverts, des larmes y coulent.
- Je suis désolée, dit-elle.
Je secoue la tête.
- C'est moi qui le suis.
- D'être la pire copine au monde.
- C'est moi qui suis le pire copain au monde Lucy. Je ne devrais jamais poser la main sur toi pour te faire mal. Je regrette tellement.
- Tu te souviens... Quand tu as dit que la première gifle que tu m'as donnée serait la dernière...?
- Je me souviens.
- Tu as menti...
- Je suis désolé.
- Moi je te croyais...
- J'y croyais aussi.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé alors ? Entre temps ?
Je la repose sur la matelas et lui donne un mouchoir, dont elle se sert.
- Essaies de te rendormir.
- Tu n'as pas répondu.
- Tu as besoin de sommeil.
- J'ai besoin d'une réponse.
Je secoue à nouveau la tête et quitte la chambre. Je l'entends se lever et me suivre, je me retourne.
- Au lit.
- Non ! Je veux qu'on parle !
- Moi j'ai dit que je voulais que tu ailles dormir.
Je l'attrape par les bras et avance, la faisant reculer jusqu'à la chambre et jusqu'au lit, où je la fais doucement tomber. Elle sanglote, sûrement de frustration.
- Lucy...Arrête, je t'en prie.
- Alors dis-moi !
La réponse, je l'ai, mais je suis incapable de le lui dire. Il s'est passé entre temps que je suis devenu bien trop accro à elle, que je ne veux pas qu'elle m'abandonne, et que lorsque je suis saoul, cette addiction pour elle devient bien trop néfaste, au point de lui faire mal. Quand je suis saoul, j'ai l'impression qu'elle me veut du mal, qu'elle n'est pas là pour mon bien, qu'elle veut me laisser, et je ne peux pas le supporter. Quand je suis saoul, je veux tout contrôler pour qu'elle soit à tout jamais à moi.
Ce ne sont pas des choses qui se disent. Ce ne sont pas des choses à dire a la femme qu'on aime.
- Non Lucy.
- Je t'en prie !
- Je n'ai pas envie de te parler.
Ce ne sont pas des choses qui se disent, alors je préfère qu'elle me pense tout simplement méchant. Je n'ai pas besoin qu'elle sache qu'elle est mon point faible. C'est trop tabou pour moi, d'avoir un point faible, et encore plus si ce dernier est une personne, une femme. On m'a appris à être fort, enfin, on a essayé. On a essayé de me forger, de ne pas craquer, de ne pas être sensible.
C'est ma carapace.
- Maintenant Lucy, tu vas être sage et dormir.
- Non !
Je soupire et prends ma ceinture, qui la veille a servie à lui faire mal, elle a un mouvement de recul.
- Je suis désolée !!
Je secoue la tête et lui prends les deux poignets que je lie avec l'accessoire de cuir, que j'attache aux barreaux du lit.
- Qu'est ce que tu...
- Dors, et laisse moi tranquille.
- Mais Tom je...
- Chut.
Je quitte la chambre et ferme la porte. Elle pousse des hurlements à m'en déchirer une fois de plus le cœur, et prononce qu'elle me déteste puis qu'elle est désolée, qu'elle me laissera tranquille si je la détache. Il n'en est rien. Je ne cederais pas.
Je vais faire un tour dehors afin de ne plus l'entendre. Une larme coule sur ma joue droite, je m'empresse de l'essuyer, avant que cela se voit, même s'il y a personne et que la nuit noire domine. Je ne veux pas à affronter mes propres pleurs.
Je marche longtemps, afin de décompresser, et ça me fait du bien. Le silence me fait oublier ses hurlements et ce que j'ai bien pu ressentir en les entendant.

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