Maman. J'arrive pas à croire ce que je suis en train de faire. Je mets le téléphone à mon oreille pendant que ça sonne. Vu l'heure tardive, je m'attends à aucune réponse. Déjà, il faudrait qu'elle ait envie de me répondre en pleine journée. Alors que j'hésitais à annuler l'appel, une voix masculine répond.
- Allô ?
- Euh, allô... Excusez-moi j'ai dû me tromper.
- Qui c'est ?
- Je suis désolé, je pensais que... j'appelais quelqu'un d'autre.
- Tu veux Sabrina ?
- Je suis bien sur son numéro ?
- Ouais. Mais t'es qui ?
- Une vieille connaissance.
- Je te la passe.
- Attendez je...
- Allô ?
Je mets plusieurs secondes avant de me remettre. Voilà plusieurs années que je n'ai pas entendue la voix de ma mère.
- Euh oui je...
- C'est qui ?
- Tom, maman.
Je l'entends souffler du nez.
- T'es encore vivant toi ?
- Je peux en dire pareil de toi...
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Je... J'avais besoin de...
- De quoi ?
- D'avoir ma mère au téléphone.
Elle lâche un petit rire.
- Étonnant que ton père ne t'aie pas encore tué.
- Je n'habite plus avec lui depuis un moment.
- Étonnant aussi.
- Maman je... J'ai besoin de toi. Je t'en prie. J'ai besoin de toi.
- Je suis pas là pour ça.
- Je te demande juste une fois de te comporter comme une mère... je t'en prie...
- T'es ridicule. Reprends toi. Si ton père t'entendait, il te foutrait une bonne raclée et ça te ferait du bien.
Je serre la mâchoire et ferme les yeux.
- Maman... Je... s'il te plaît. J'ai une copine. Elle est incroyablement jolie et gentille. Elle mérite tout le bonheur du monde. Mais je la rend malheureuse. Je sais pas quoi faire, je l'aime et...
- Arrête de raconter ta vie.
- Maman, je reproduis ce que papa m'a fait, sur elle. J'ai besoin d'aide.
- Tu le méritais. Peut-être qu'elle aussi.
- Arrête putain ! Tu sais très bien que c'est faux ! J'étais qu'un gamin qui demandait qu'à être aimé de ses parents.
- Comment veux tu qu'on t'aime quand t'es pas voulu ?
- Maman...
- Ne me rappelle plus jamais.
- Maman s'il te plaît !
- Non. Je ne suis pas ta mère.
Elle raccroche. Je laisse tomber mon portable sur le canapé et serre les poings.
- Je voulais juste que tu te comportes comme une mère, juste une putain de fois !
Je serre la mâchoire pour essayer de retenir mes larmes, mais c'est sans succès. Elle tombe avec rapidité. Mes sanglots viennent aussi. Je veux tout casser.