J'ai commencé à dériver

J'ai commencé à dériver lorsqu'un de mes amis proches est décédé d'un accident de voiture. Je ne pleurais pas, mais la tristesse m'envahissait tout de même, et comme tout le monde réagit différemment à la mort d'un proche, moi, j'ai tout plaqué pour passer mon temps à sortir. Je voulais profiter de la vie, ne plus être sous les ordres d'un plus supérieur que moi, qui lui même avait un supérieur, qui lui même avait sans aucun doute un supérieur. Une vie de dictées n'était pas la mienne, alors grâce à des économies, j'ai réussi à prendre du recul et à ne rien faire à part profiter de la vie.

J'enchainais soirée sur soirée, parfois chez des amis, parfois chez des gens que je ne connaissait même pas, grâce à des contacts, les amis de mes amis devenaient mes amis, au moins le temps d'une soirée.
Je buvais et faisais la fête, j'enterrais à l'alcool le deuil de mon ami, et ça m'empêchait de trop y penser et de me laisser emporter par ce que mon père appelait fragilité, les larmes.

D'ailleurs, pour mon père, j'étais entrain de gâcher ma vie, il avait sûrement raison, mais au moins, je ne la gachais avec ce que je ne voulais pas faire. Quant à ma mère, elle me méprisait encore plus. Après avoir gâché la sienne, je gachais ma propre vie. Mais, sur un point, je ne pouvais nier lui ressembler; je couchais pour combler un manque d'attention immense.

Même si c'était seulement le temps d'une nuit, mes amantes savaient me montrer que je n'étais pas seule durant l'instant présent, et ça me faisait du bien. Parfois, j'avais même droit à des compliments, sur mon physique ou sur diverses capacités, sexuelles. Parce que je n'en avais jamais eu le droit auparavant, je prenais ces compliments et les gardais dans le coin de ma tête.
Je refusais de voir la même fille trois fois, par peur qu'elle s'attache, je ne voulais pas quelque chose de sérieux. Mais peut-être que j'avais moi aussi peur de m'attacher. J'avais peur de l'engagement, d'avoir des enfants et de mal les élever. Mon but n'était pas de reproduire le schéma paternel que j'avais pu connaître, ou pire, être comme ma mère et détester mon propre sang.

Alors, j'ai continué à sortir, autant que je le pouvais, autant que l'argent et que ma capacité physique me le permettaient, et c'est ainsi que je l'ai croisée.

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