Elle m'a regardée dans les yeux et m'a dit doucement "Tom, je suis amoureuse de toi."
C'était un soir d'été, un an environ après notre rencontre, elle avait seize ans passés, moi vingt-trois. J'ai froncé les sourcils. Elle a détourné le regard. J'ai dit "attends, tu plaisantes ?", elle a secoué la tête.
- T'es trop jeune Lucy.
- Je sais...
- C'est bien que tu le saches.
- Mais je suis quand même amoureuse.
- Comment tu sais que c'est de l'amour ?
- Je le sais, c'est tout.
J'ai doucement expiré, et je suis sorti prendre l'air dans le jardin. J'ai allumé une cigarette puis je l'ai entendue me suivre.
- On peut faire comme si j'avais rien dit...
- Je tiens beaucoup à toi Lucy, mais je ne veux pas que tu souffres par ma faute.
- Tu veux m'abandonner...?
- Non. Mais pourquoi pas ne plus se voir quelques temps le temps que ça passe ?
- Je t'en supplie, ne me fais pas ça.
- Est-ce que tu vas supporter le fait de me voir embrasser une autre fille ?
- Oui...
- Lucy...
- Tu peux pas m'abandonner parce que je suis amoureuse de toi !!
- Je ne veux pas te faire de mal, et tu es beaucoup trop jeune pour qu'il se passe quoi que ce soit entre toi et moi.
- Mais je sais !
Je l'ai vue rougir et se prendre le visage entre les mains, probablement genée.
- Qu'est ce qu'on fait alors ?
- Ne m'abandonne pas, je t'en supplie...
Sa voix s'est lézardée. J'ai éteins ma cigarette et je l'ai posée puis je l'ai prise dans mes bras.
- Ne pleure pas. Du calme...
- Ne m'abandonne pas...
- Chhhhht...
- Ne m'abandonne pas !
- Lucy.
- Pitié !
- Lucy. Ça suffit.
Elle s'est mise à sangloter et ses mains ont attrapé mon t-shirt. J'ai soupiré et je lui ai caressé doucement le dos.
- Ça va aller.
- Pitié...
- Je ne connais pas l'amour, je ne sais pas ce que tu peux ressentir, mais je suis sûre qu'avec du temps, tu vas pouvoir oublier et on pourra se revoir très vite.
- Tom je t'en supplie !
Elle s'est laissée tomber à genoux et je n'ai pas eu le temps de la rattraper.
- Lucy putain...
- Je t'aime...
- Lucy.
- Mais en dehors des sentiments amoureux... Je t'aime beaucoup.
J'ai pris mon visage entre mes mains quelques secondes puis j'ai levé le regard vers le ciel. J'ai soupiré puis je l'ai à nouveau regardée. Elle pleurait, à genoux, dans l'herbe, devant moi, à cause de moi. Je lui ai tendu ma main.
- Allez, t'as gagné... On fait comme si tu n'avais rien dit. Absolument rien. Ça va aller.
Elle a essuyé ses larmes et m'a lâché un petit sourire avant de prendre ma main pour se relever.

Nous en avons plus jamais parlé, mais elle a continué quelques fois de me dire qu'elle m'aimait, et chaque fois, j'ai fait comme si je n'avais rien entendu.