Toile - Dialogue d'un écrivain (2)

19 Novembre 2026

— Tu m'as menti ! Tu as dit que tu n'avais rien écrit !

— C'est toi qui l'a affirmé.

— Mais tu avais seulement une page blanche devant lorsque je venais !

— C'en était une nouvelle. J'attendais ta venue pour écrire.

— Tu t'es bien moqué de moi...

— Ma pièce, l'as-tu seulement lue ? Vue jouée ?

— Non.

— Lis là, s'il-te-plait. Au moins quelques extraits.

— ...

— Lis en quelques extraits à voix haute. Pour mieux comprendre.

— "— Regarde toi ! Tu es vain. Ça en sert à rien d'écrire, tes mots se perdront. Dans le temps, dans la plateforme, dans la vie. Personne ne s'en souviendra. La seule chose que tu peux faire est de mettre tes rêves au placard, et retournee travailler. En travaillant dur tu auras un bon métier.
— En travaillant dur dans l'écriture je serai écrivain. C'est un métier.
— Mais tu es incapable de t'améliorer. Regarde toi. Des années que tu stagnes sur cette maudite pièce de théâtre. Tu ne connais même pas le sujet ! Tu n'as rien écrit. Rien. Tu veux seulement en écrire une.
— C'est un début.
— Mais comment peux tu te dire que tu t'améliores alors que tu ne ponds rien depuis dix ans ? Cette pièce, tu as l'idée de la faire. L'idée orgueilleuse. Mais tu ne sais que faire de cette idée. Même pas foutu de trouver une thème.
— J'ai mon thème. J'ai écrit. "

— Cette pièce ne nécessite presque aucun décors. Un bureau, une chaise, une feuille blanche. Une plume à ma main, toi qui entre en trombe. Des acteurs, bien sûr, qui jouent nos rôles. Comprends-tu à présent ?

— Tu... comment as-tu osé...

— Toi, comment as-tu osé ? Dénigrer à ce point mon travail ? Une année durant, j'ai écrit comme une forcené. Chaque fois, tu es venu. Me tendre une main secourable, selon toi. Pour me sauver de mon écriture. Une main qui m'a noyée. Et durant la deuxième année, j'ai eu l'idée. Dès lors, j'attendais ta visite avec impatiente. Je suis écrivain, tout est pour moi sujet d'inspiration.
Les critiques sont très bonnes. Excellentes même. Meilleures que je ne pouvais rêver.

— C'est... c'est injuste ! Je ne pouvais pas deviner !

— Je t'ai tendu de nombreuses perches. Tu ne les a pas saisies, aveugle que tu était dans ton entêtement à me rabaisser. Tu en payes le prix. Lis les remerciements.

— Non... tu n'as quand même pas...

— Lis. Apprend. Sors maintenant. Tu peux garder cet exemplaire.
Adieu, j'espère.

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