Toile ( de sorcière ) - Éternel recommencement ou la revanche de Gaia
Éternel recommencement ou la revanche de Gaïa
La lumière se fixa sur une jeune sorcière vêtue de noir. Un frisson d'indignation parcouru l'assistance. Enfin, le noir et la période emo-gothique était passée depuis longtemps de mode pour les sorcières !
La jeune inconnue - qui se prénommait Salem, comme elle allait l'indiquer quelques instant après - s'approcha du chaudron devant elle.
Apres une pause décontenancée par sa tenue, les membres du jury lui remirent le micro enchanté puis s'écartent. La règle, en effet, était de laisser les participantes exprimer leur créativité sans intervenir durant tout le processus.
Salem sortit de sa poche un immense sac - pratique d'avoir les plus pouvoirs les plus puissants de sa génération, pour une fois.
Le feu allumé sous le chaudron, l'assistance suspendue à ses moindres mouvements, Salem était fin prête.
Une fleur fanée eut l'honneur de rejoindre en premier le fond du chaudron, suivie de près par l'eau la plus pure du monde sauvage.
- Pour notre terre sacrifiée, entonna Salem. Pour notre martyre absolue. Pour sa peau gangrenée.
Un brin se soleil se fondit dans le liquide qui commença à bouillonner. Une mandragore, un coeur humain, des mains, un anneau en or et un autre en acier le rejoignirent.
Même les plus vieilles sorcières, les plus sages, n'auraient su dire ce qui se passait sur le moment.
- Pour nos adelphes* tombés si tôt, pour nos actions qui n'ont pas étées menées assez vite.
Pour toi, pour nous, pour eux. Afin que renaisse de ses cendres une plus belle humanité, ou pas du tout.
Pour ces invisibles qui souffrent.
Le liquide dans le chaudron avait pris une couleur verte, si belle, si chatoyante...
L'assistance s'abîma dans les magnifiques visions qu'il proposa... Salem se tourna vers le jury.
- Un volontaire ? réclama-t-elle.
Une sorcière se détacha de l'assistance, complètement hypnotisée. Elle entra dans le chaudron et son cri de douleur fût étouffé par sa mort immédiate.
Cela sembla réveiller une partie des sorcières, qui semblèrent tout à coup comprendre ce qui se passait.
Quelques unes s'approchèrent, chuchotant des mélopées de prière à Gaia et Merlin. Elles entrèrent dans le chaudron à leur tour.
Salem sourit, satisfaite. Elle avait tout à coup moins mal à la tête. Elle savait bien que c'était la bonne marche à suivre. Le seul moyen de guérir la planète.
Celles qui tentaient de s'enfuir étaient retenues sans pitié aucune par les absorbées, et toutes se soumirent.
Gaia elle-même - ou plutôt son avatar humain, car Gaïa était le tout - sortit du chaudron. Elle récompensa Salem d'un sourire étincelant.
- Des corps des sorcières, les seules qui vous respectaient un peu, sortiront les graines d'un nouveau monde, d'une nouvelle race humaine, comme vous le désiriez.
Gaia sourit de nouveau pour toute réponse.
Elle fit un tour sur elle-même, contemplant les sorcières qui entraient dans le chaudron, soit de leur plein gré, soit poussées par les autres.
Enfin, quand la salle fût vide, Salem.se tourna vers la caméra.
- Cher public, pour le bien de mère Gaïa, la nature suprême, nous allons tous mourir. Je vous souhaite une excellente trépanation et vous dit à bientôt dans l'au-delà !
Salem, vêtue de ses vêtements qui avaient fait frissonner l'assistance en entrant - alors qu'ils auraient dû frissonner devant ses pouvoirs - hocha la tête en direction de Gaia puis se laissa glisser dans le chaudron.
Que la mort était douce quand on savait que l'on servait un but ultime, songea-t-elle tandis que son corps se décomposait.
Le liquide explosa ; la puissance magique de Salem dépassait toutes espérances. Il se répandit sur terre et extermina la race humaine, et les graines qu'il planta devinrent les germes des humains et sorcières du monde d'après.
Malheureusement, ils retirent les mêmes erreurs, encore et encore.
Alors une nouvelle Salem apparut, s'entraîna toute sa courte vie et participa à cette stupide émission télévisée pour nettoyer cette terre. Et le cycle recommença.
Un jour, j'y arriverai, songea Gaia. Un jour, ce monde n'entendra plus jamais parler de télévision, de Salem ou de massacres. Un jour...
adelphe : inclusif de frère et sœur
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