Filament - Une chaude après midi de printemps

C'était une chaude après midi de printemps et on crevait de soif. Après des kilomètres dans les vignes on était arrivées à destination.

Devant le mur d'escalade on a trouvé un peu d'ombre, puis on a vidé nos gourdes sur nos têtes et dans nos bouche parce c'était ce qu'il fallait et nous nous appelions insouciance. Le village le plus proche doté d'une fontaine était à deux kilomètres.

On était rouges et trempées de sueur mais on était belles, je crois. Loin des canons de beauté mais belles de sport et d'aventure.

On avait sorti notre goûter de fête et festoyé gaiement. T'avais eu la bonne idée d'apporter des ballons alors on les a gonflés et puis on s'est amusé à faire des chiens avec. Lorsqu'on les a finis tu les a déclarés âmes sœur et on a du les marier. Le mien s'appelait Jacquelinot et le tien Jean-Maurice-Armand. On avait cueilli les fleurs de grenade, tu sais les énormes et grasses fleurs rouge rosées. Devant le mur d'escalade et un paquet de smarties ils s'étaient jurés amour et fidélité pour le reste de leur vie, on les avait pris en photo pour l'album de mariage puis on avait rigolé comme des folles. On en pouvait tellement plus qu'on est parties pisser.
Et on a dit aux nouveaux mariés de ne pas fabriquer de petits enfants parce qu'on voulait pas être grand-mère si jeune, ce qui redoublé notre fou rire, on est partie en courant parce que notre vessie allait exploser.

Chacune son tour on s'est accroupie derrière les vignes pendant que l'autre surveillait les alentours. Quand on est revenues le vent sans doute avait fait bouger les chiens-saucisses-ballons et les avaient rapprochés dans une position des plus scabreuses. J'en riait tellement que je suis tombée par terre et toi... ho, toi, c'était l'expression la plus merveilleuse que j'ai jamais vue sur ton visage. C'est dingue comme ce seul visage empli de ton rire et de ta joie m'a transformée. Je riais toujours et puis dans ma tête je me suis vue t'embrasser et te marier, comme on avait fait pour les chiens plus tôt.

Mais on a juste continué à rire, puis on a tout rangé et on est repartie tout en continuant de ricaner, voire même rire à gorge déployée lorsque l'une de nous évoquait la scène. D'ailleurs tu as failli rentree dans une voiture parce que tu me faisais don d'une remarque en riant et en regardant derrière toi. J'ai hurlé attention de toutes mes forces et tu as freiné et crié. La voiture aussi a du avoir peur, parce qu'un baiser volé c'est jamais agréable, fut-ce avec le plus beau des vélos.

Toi tu n'as rien eu à part une peur sans nom, la voiture non plus mais on a du aller à pied à l'enterrement de ton vélo.

Quand on s'est séparées tu riait encore un peu, malgré ton vélo cassé et ta frayeur intense, puis tu m'a envoyé un baiser du bout des doigts et tu es rentrée chez toi.

Moi interdite je te voyait partir, le coeur serré parce que peut-être j'aurai pu t'embrasser. Je ne le saurais jamais, tu es partie parce que c'était la fin de l'année et je ne t'ai plus jamais revue. J'ai maudit tes parents qui ne t'avaient jamais donné de portable à cause des ondes et tout le tralala, et en plus tu m'éloignais de moi sans moyen qu'on se reparle un jour.

Mais au fond de mon cœur est restée à jamais l'image du baiser envolé et de ton visage heureux qui riait, riait...

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