Filament - Description d'une maison accueillante

La maison émergeait lentement au-dessus du brouillard comme un navire dans la brume.

Tout aventurier pressé de se mettre à l'abris de la bruine glacée se serait précipité à l'intérieur, espérant échapper quelques instant au vent mordeur et ricanant.

L'on pouvait déposer écharpe et manteau sur un magnifique portemanteau ouvragé qui trônait dans le court hall. Un miroir et des tableaux ornaient les murs, représentant des scènes merveilleuses, des épiques combats ou encore de féroces dragons alanguis sur leurs trésors.

Les murs étaient en bois, et, en tournant à droite ( le bas était une seule et même pièce ) on pouvait apercevoir une énorme cheminée qui répandait une chaleur bienheureuse dans la maison. Des dessins d'enfants étaient placardés tout autour, et sur la table basse trônait une trousse de crayons de couleurs et un paquet de feuilles.

Des canapés en cuir — si on s'asseyait, on en pourrait plus se relever. La chaleur et le moelleux de ces fauteuils ne souffrait d'une séparation avec le corps épuisé. — étaient posés partout dans la partie salon du bas, un peu au hasard, comme s'ils étaient souvent changés de place.

De grandes baies vitrées offraient une très belle vue sur le jardin, mais il faisait nuit. De jour, on aurait pu admirer l'immense arbre qui surplombait la maison, la balançoire et les jeux en bois, les herbes folles et le parterre de fleurs.

Les rideaux, lourds, épais, reposaient, alanguis, cachant quelques jouets d'enfants égarés.

Un grand tapis rouge était négligemment posé sur le sol, mais il promettait douceur et réconfort aux pieds qui oseraient se déposer sur ses fanfreluches.

La maison respirait une atmosphère rouge, jaune, marron, accueillante, agréable, confortable. La maison semblait avoir une âme, présente dans le feu qui crépitait, dans les reflets sur les dessins d'enfant, dans les tableaux et sur les rideaux.

La cuisine, quand à elle, débordait d'un tel fouillis qu'elle senlait vouloir vomir ses ustensiles sur le sol du salon.

Un gâteau en cours de préparation trônait, les œufs cassés baignaient encore dans le plat, et la farine et le sucre volaient encore dans les airs.

Là aussi, la présence d'habitant heureux étaient criante. Des mots doux étaient scotchés un peu partout.
Des photos également, comme au salon. Une famille unie, heureuse. Deux hommes, l'un blanc aux cheveux noirs qui lui recouvraient la moitié du visage, avec un mystérieux tatouages qui lui grignotait la joue. L'autre était d'origine indienne, il avait de longs cheveux noirs d'ébène et des lunettes ornaient ses jolis yeux.

Une fillette blonde souriait elle aussi à l'objectif. À côté de l'image de la famille souriante était aussi accrochée le portrait d'une femme blonde comme les blés, affichant une mine boudeuse mais pleine de malice.

L'escalier était encombré de toutes part de plantes vertes et de livres. Les livres étaient sans nul doute l'objet le plus présent dans la maison. D'immenses étagères ornaient au moins trois murs  sur les quatre que contenait le rez-de-chaussée.

En haut, le palier était recouvert de matériel à dessin, et une guitare reposait sur un des murs. Plusieurs même, passant de l'acoustique à la sèche ou encore l'électrique.

Deux chambres étaient séparées par un mince mur. La première disposait d'un immense mur à baldaquin, d'un bureau ou du matériel de dessin — à profusion— régnait en maître et une batterie trônait dans un coin de la pièce. Le parquet de bois — comme partout dans la maison — grinçait un peu. Les volets à demi-fermés donnaient une atmosphère douillette à la chambre.

Un mur entier était recouvert de photos de tous les coins du monde, ainsi que de la famille. Les plus vieilles montraient l'homme au tatouages en compagnie de la fille-blé, puis apparaissait un nourisson, qui grandissait à vue d'oeil. La femme-blé était ensuite remplacée par l'indien-jolisyeux, mais l'enfant gardait un même sourire éclatant de joie.

De grands voiles rosés et rouges étaient déposés sur le lit à baldaquin, sur les lampes et sur la fenêtre. Des coussins dormaient un peu partout dans la pièce, sans se soucier de l'identique ou de l'ordre.

Les livres aussi. Partout. Sans bibliothèque pour les ranger, ils formaient des piles montant parfois jusqu'au bureau. Les DVD étaient disposés de manière à former une cabane autour de l'ordinateur, posé au sol.

En sortant de la pièce, on pouvait choisir de se diriger dans la salle de bain ou la chambre d'enfant. Le couloir était jonché de livres et de fleurs, qui jetaient parfois un peu de terre sur le sol car la maison n'était pas assez en désordre.

La salle de bain ne comportait que les meubles d'usages, mais la baignoire quand à elle ressemblait à une baleine endormie. Les mosaïques au mur contaient l'histoire de monstres marins, de sirènes et de pirates, tandis qu'une cheminée — mini cheminée, moins grande qu'un chat — éclairait la pièce et semblait donner vie aux mythes dépeints sur les murs.

La chambre de la petite regorgeait de couleurs. Le plafond bleu nuit scintillait  par l'effet de maintes étoiles fixées au plafond, et une lune bleue clair illuminait le tout.

Des tapisseries et des tableaux couvraient les murs, sans oublier les dessins et les photos. Une bibliothèque de CD et de livres était plantée à côté de la porte, et un bureau blanc — ce qui contrastait avec les tons employés sur les murs et les meubles, qui étaient rouges, verts, bleus, jaunes, roses, — était recouvert de matériel de découpage et de cahier de classe, à gauche de la porte.

Sous le lit en hauteur de l'enfant se cachait un canapé garnit de peluches et de coussins, ainsi que maints trésors amassés au fil des ans.

Un tapis jeté sur le sol semblait dormir, et le parquet peint chuchotait quelques secrets d'enfants émerveillé.

Des cris et des rires retentirent soudain en bas, la famille rentrant du jardin, trempée mais hilare.
La petite fille reprit ses crayons et continua son dessin les représentant tous les trois, une fantôme de fille-blé planant au dessus d'eux. Les maris se remirent en cuisine. Le temps reprit son cours, dans la petite maison de bois féérique.

À présent, laissons les profiter de la vie et de leur compagnie et retirons nous doucement.

Dès l'instant, le merveilleux est en droit d'intervenir,mais ce n'est plus notre histoire... il est temps de tourner la page...

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