THREE.
« Luxus, c'est toi ? j'interroge en distinguant une silhouette sur le seuil de la porte.»
Je me redresse sur mon lit, avant d'enfin reconnaître le visage de mon frère cadet, éclairé par la simple lueur d'une bougie.
« Mirajane... Tu dois arrêter de te faire du mal.
- Excuse-moi, Elfman... Ta carrure est imposante comme l'était la sienne, alors j'ai cru que...
- Tu dois te faire à l'idée qu'il est mort. Tu ne peux plus continuer à le voir partout sans cesse.»
Je baisse les yeux. Il a raison. Tellement raison. Mais je n'arrive pas à me sortir Luxus de l'esprit. Je ne suis pas tranquille. J'aimerai qu'il revienne. Il me manque. Je l'aime.
Elfman repartit en direction de sa chambre, me plongeant à nouveau dans le noir. Je me glisse à nouveau sous mes couvertures et serre ma peluche dans mes bras. Je me laisse aller à mes larmes. J'aimerai tant qu'il revienne. J'aimerai qu'il me prenne dans ses bras, qu'il me capture les lèvres, qu'il me couvre de caresses. Je clos mes paupières, faisant glisser les perles d'eau, que je tentais de retenir, le long de ma joue. Lorsque que je rouvre les yeux, une ombre se dresse à la fenêtre. C'est lui. C'est son visage. Ce sont ses traits.
Je me lève précipitamment et cours vers lui, enroulant mes bras autour de son cou. Il pose sa bouche sur la mienne, alors je peux sentir qu'il sourit. Il sourit contre moi, alors je souris aussi. Je suis heureuse, si heureuse que mes larmes de tristesse viennent se transformer en larmes de joie. Je passe ma main dans ses cheveux blonds, comme pour m'assurer qu'il est bien là. Je le sens, je le vois, je l'entends. Il est bien là.
« Si tu savais comme tu m'as manqué, je murmure dans son cou en l'étreignant une fois de plus.
- Toi aussi...»
Sa voix me fait chavirer, fait battre mon coeur comme jamais dans ma poitrine, un flot de papillons envahi mon estomac. Je ferme les yeux, voulant savourer ce moment de retrouvailles. Mais lorsque je les ouvre, je suis assise à même le sol, serrant mon propre corps dans mes bras, seule. Je suis seule. Il n'est pas là.
Cesse de te faire des illusions.
Je me relève et me recouche dans mon lit, pleurant une fois de plus. Me vidant encore de mes larmes. Je ne veux pas. Je ne veux pas accepter sa mort. Je ne peux pas l'accepter. Il n'est pas mort. Non, c'est impossible. Il n'est pas mort. Il va rentrer à la maison. Tout ira bien. Il va revenir.
Il ne reviendra pas.
Je le vois. Assis au pied de mon lit, il m'observe. Non, ce n'est pas lui. Ce n'est pas lui ! Je le fixe. Nos regards se croisent, se cherchent, se rencontrent, se détachent et se recroisent. Alors je sombre. Je ne vois plus. Je n'entends plus. Je sens juste. Je le sens lui. Sa main qui effleure la mienne. La mienne qui avance en territoire inconnu. C'est lui. Il est là ? Non ! Ce n'est pas lui ! Ce n'est pas lui ! Son image se dissipe. Il disparaît. Mon coeur se serre. Pourquoi ne revient-il pas ? Pourquoi m'a-t-il laissée seule ? Pourquoi est-il parti ?
« Mirajane... Il faut que tu dormes.»
Je lève mes yeux humides vers ma soeur cadette. Elle sait que je le vois, que je l'imagine. Mais elle sait que ce n'est pas réel. Mon esprit crée une illusion du réel, une illusion si saisissante que, même en me persuadant que ce n'est pas lui, je ne peux m'empêcher d'y croire. C'est un peu comme le peintre qui tente de crée une illusion parfaite du réel à travers sa peinture. Oui, c'est ça. Je peins son image. Je peins sa présence. Je la rends réelle. Même si elle ne l'est pas.
« Bon sang, Luxus est mort ! Accepte-le !
- J'aimerai Lisanna... mais je n'y parviens pas. Au fond de moi, il y a une once d'espoir qui croit en son retour. Mais je sais que ça n'arrivera jamais.»
Je suis prisonnière de lui. Prisonnière de son souvenir. Prisonnière d'une illusion, dont je n'arrive pas à me défaire. Je l'imagine et réécris ma vie comme s'il était encore là.
Je te vois quand tu n'es pas là. C'est une obsession. Je ne peux simplement pas vivre sans toi.
Pourquoi je n'arrive pas à me défaire de ton image ? Je veux t'oublier.
Je ne veux pas t'oublier.
J'avais déjà imaginé tant de projets avec toi. Tout s'est effondré. Tu m'as abandonnée. Tu la abandonnée. Je comptais te le dire. Tu aurais été si heureux.
« Je voulais lui dire, déclarai-je à ma soeur.
- Tu parles de... ?
- Je voulais lui dire ce qui florissait dans mon ventre, je voulais qu'il le sache ce qu'il se passait là-dedans, je voulais lui faire savoir qu'un petit être grandissait en moi, je voulais qu'il apprenne qu'il allait être père, je voulais tellement de choses... Et tout est parti en poussière... » murmurai-je alors qu'une larme dévala ma joue.
Lisanna me prit dans ses bras, tout en me caressant les cheveux.
« Ça va aller Mira... On est là. Avec Elfman, on va t'aider... Je te le promets. On va tout faire pour que votre fille grandisse bien et qu'elle sache à quel point son père était quelqu'un de courageux. »
Je regardai mon bonheur déposer ce bouquet de lys blancs sur la stèle. Elle se tourna vers moi, accrochant ses petites mains aux pans de ma robe.
« Pourquoi Papa est mort ?
- Parce qu'il voulait veiller sur toi depuis le ciel, mon coeur, lui répondis-je en lui caressant la tête, Ton père était quelqu'un d'exceptionnel... Il aurait adorer te connaître... »
Notre fille avait levé ses grands yeux bleus vers moi, avant de sourire et de s'éloigner de moi.
« Moi aussi quand je serai grande je serai aussi forte que papa ! s'écria-t-elle avant de courir vers Elfman, faisant virevolter ses cheveux blonds. »
Regarde-la Luxus, regarde-nous. Tu es toujours présent, on ne t'oublie pas. On ne le pourra jamais.
Je tournai la tête vers la pierre tombale, prise soudain d'une nostalgie qui ne m'avait pas envahi depuis longtemps.
« Je sais que tu veilles sur nous, mon Ange. »
The End.
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