FOUR
Tu étais différent des autres. Je crois que c'est pour ça que je suis venue vers toi. Je me fichais du passé que tu avais pu avoir ou de qui tu étais, à quelle place tu te trouvais. Je t'aimais simplement.
Je me souviens ce jour où je t'ai vu pour la première fois. Tu étais assis à même le sol de cette ruelle exiguë non pavée. Tes yeux aux couleurs du sang regardaient fixement le sol. Tu étais grand, imposant et tu semblais fort. Dans le plus grand des silences, je me suis assise à côté de toi, passant outre le fait de salir ma modeste robe. Tu m'as fixée, sans rien dire, alors j'ai fait la même chose. Il y avait quelque chose dans ton regard. Quelque chose de spécial que je n'avais vu dans aucun autre. Ça peut sembler idiot... mais je sentais mon coeur s'emballer dans ma poitrine. Ton regard était si intense que mes joues finirent pas chauffer doucement. Tu ne semblais pas décider à détacher tes yeux des miens. J'avais l'impression que je te connaissais depuis toujours et que j'avais attendu une éternité avant de te revoir. C'est étrange, n'est-ce pas ? Je n'étais plus consciente de ce que je faisais, ce à quoi je pensais. Je savais juste que je ne voulais pas m'en aller, ni même détourner le regard.
Tout a commencé si vite. Ce même jour, à peine quelques minutes après notre rencontre, nos lèvres se sont entrechoquées, doucement, mais ce baiser était rempli de passion. Exactement comme si l'on venait de se retrouver après des mois passés à être séparés. Je ne pouvais pas décrire ce que je ressentais. J'étais complètement chamboulée. La sensation de tes lèvres contre les miennes, j'avais l'impression de l'avoir toujours connue. C'était jouissif et étrange à la fois.
Et puis ton regard rouge vif qui me dévisageait me donnait des frissons qui parcouraient tout mon corps. J'avais l'impression d'être attirée par toi comme un aimant. Ce n'était pas désagréable, loin de là même. Je ne parvenais pas à me détacher de tes yeux. C'est comme si quelque chose m'en empêchait. Et ces mots insensés que tu as prononcé, qui n'avaient ni queue ni tête, ils m'ont totalement faite chavirer.
« Tu m'as manqué.» soufflas-tu contre mon épaule.
Je ne sais pourquoi, un sourire se forma presque aussitôt sur mes lèvres. Et tu éclatas de rire. Il était aussi rauque que ta voix. Il était fort et puissant. Une chose était sûr : il était communicatif, puisque je me mis à rire avec toi la seconde d'après.
« Gajeel Redfox, pour vous servir ma dame.» prononças-tu en me baisant la main.
Mon sourire s'allongea, pendant que je sentis mes joues chauffer un peu plus.
« Levy McGarden, mon bon Monsieur.
- Levy... » répétas-tu sans lâcher ma main.
Les rayons du soleil réussirent à s'infiltrer dans les fentes des volets boisés et à atteindre mes paupières. Je fermai davantage mes yeux, avant de sentir des lèvres qui réussirent, elles, à me les faire ouvrir. Un sourire s'étira jusqu'à mes yeux.
« Tu es magnifique... » soufflas-tu dans un souffle qui me caressa le visage.
Je ne pus réprimer un rire, tout en enroulant mes bras autour ton cou, me frayant un passage sous tes cheveux épais.
Tu aurais du profiter de ce dernier matin à ses côtés.
Je ne voyais jamais le temps passer à tes côtés. Et pourtant, j'avais aussi l'impression que tu étais capable de le suspendre. J'avais cru passer une éternité dans tes bras ce matin. Et pourtant ton étreinte m'avait semblé si brève. La journée me parut tout aussi longue. Toute aussi courte. Si bien que la couverture des étoiles étaient déjà tombée sur nous. Tu m'avais allongée sur le lit. Tu m'avais embrassée. Tu m'avais touchée. Caressée. Comme tu ne l'avais jamais fait. Tes lèvres goûtaient chaque parcelle de mon corps, comme pour ne jamais en oublier le goût. Tes yeux me dévoraient tout entière, comme pour ne jamais oublier mes formes. Tes mains me caressèrent, comme si elles ne pourraient plus jamais le faire. Tu me fis l'amour, comme s'il s'agissait de la dernière fois. Je n'avais jamais été aussi comblée. Et en même temps, ta douceur, tes gestes, tes lèvres, tes pupilles. Tout me disait, me criait, me hurlait, me murmurait que c'était la dernière fois.
Tu aurais du profiter de cette dernière nuit à ses côtés.
Le lendemain, lorsque j'ouvris les yeux, aucunes lèvres ne vinrent se poser sur les miennes, pas une main ne vint recoiffer mes cheveux, et ton tendre regard ne se posa sur moi. Mon coeur rata un battement. Je me levai. Te cherchai. Sans te trouver.
Il était parti comme il était apparu. Comme une ombre. Comme un truand. Comme un profiteur. Et toi, tu es tombée dans son piège, dans sa gueule, comme une enfant !
Lorsque je le réalisai, une vive douleur me lancina la poitrine, comme si tous mes muscles, tous mes organes venaient de se déchirer. Une déchirure qui me coupa la respiration. Qui fit couler mes larmes. Qui me fit m'écrouler. Qui me dévastait.
Comment avais-je pu trouvé la force, ce jour-là, de venir te voir en prison ? D'où venait cette motivation, cette envie de te revoir, malgré la façon dont tu m'avais abandonnée, sans rien me dire ? Pourquoi mes jambes marchent toutes seules vers la salle ? Pourquoi je vais à ta rencontre ? Après le mal que tu m'as fait.
Je te parlais. Tu ne disais rien. Je ne sais, d'ailleurs, pas comment ma voix parvenait à rester stable. Ma gorge était pourtant nouée. Et je te parlais d'une vois si douce et sereine. Comme si je ne t'en voulais pas. Comme si j'avais tout oublié. Comme si ce n'était jamais arrivé.
Mes yeux s'embuèrent de larmes. Je voulais détourner le regard. Je ne pouvais pas te regarder mourir. Mais j'avais besoin que tes yeux rencontrent les miens. Une dernière fois. D'ailleurs, tu ne faiblissais pas, tes yeux encrés dans les miens. Tu ne semblais regarder que moi, ne voir que moi, au milieu de toute cette foule réunie sur la plus grande place de la ville. Soudain, je couvris mon visage de mes mains, ne pouvant supporter de voir ton corps en suspension dans les airs, ne pouvant supporter la vision de ton corps sans vie. Je me retourne, piétine, marche, cours. Je ne peux supporter plus longtemps de me trouver au milieu de tous ces gens qui te pensent coupable d'un crime que tu n'as pas commis.
Je m'enferme chez moi. Que vais-je devenir sans toi ? Je me laisse glisser contre la porte. Toi que j'aimais tant, comment vais-je faire sans toi ? Les larmes coulent à flot sur mon visage. Pourquoi, ô pourquoi un innocent doit-il être condamné à la place d'un autre ? Que vais-je devenir Gajeel ? Dans un monde si vaste, si grand, moi toute seule. Mais que vais-je devenir ?
Maintenant, sans toi, je finirai par me noyer dans mes larmes.
Tes mots me reviennent. Les seuls que tu m'avais dit lorsque je te rendais visite. Les seuls qui avaient voulu franchir la barrière de tes lèvres.
« Ce n'est pas moi... »
Je repense à ces centaines de personnes sur la place. A ces gens qui te crachaient dessus, étant persuadés que tu avais tué le petit-fils du roi. Mais si seulement. Si seulement ils savaient qu'ils avaient tué un innocent. Si seulement ils le savaient. Ils t'auraient défend au lieu de te juger. Moi, je le sais. Et même si je suis la seule, peu importe. Car je suis la seule à t'aimer.
The End
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