Chapitre 9
Samedi 20 Novembre
Je me retrouve à nouveau au CEA, alors que je suis rentrée il y a peu en France, mais ces quelques moments n'ont pas pour autant été très productifs.
J'ai été contactée par le centre m'annonçant que l'arrivée de mon mari n'allait pas tarder, que les délais avaient bien été respectés, et que je pouvais donc venir assister à cela, comme convenue au paravent.
Il vont enfin s'arrimer à la station internationale, leurs vies seront beaucoup plus sûres que dans une fusée en plein milieu de l'espace où tout peut leur arriver. Cela me rassure énormément mais n'affaiblie pas ma peine de ne pas l'avoir à mes cotés à ce moment précis.
Je suis donc Julian dans ces couloirs que j'ai tant de fois parcourus, que j'ai tant de fois foulés mais la plupart du temps avec Thomas, ce qui n'est plus le cas actuellement. Je souhaiterais tellement revenir à ces moments où il me tenait la main, ou la posait tout simplement dans le creux de mon dos, pouvant sentir sa présence auprès de moi, chose qui n'est plus le cas.
Nous entrons dans une salle dans laquelle je ne suis jamais entrée mais je j'ai tant de fois vue. C'est cette fameuse salle où toutes les décisions sont prises, où les personnes compétentes se situent en cas de problème, chose que je n'espère pas.
De grands écrans sont situés sur le mur en face de moi, je peux voir la trajectoire de la fusée, des images de synthèse, des images de l'intérieur de la fusée, d'autre de l'ISS et même sur une, les astronautes au sein de la capsule de lancement dans laquelle ils sont depuis plus de 48h depuis le décollage. Je ne comprends pas tout ce que je vois, des chiffres, des courbes apparaissent sur les écrans, les chiffres changent sans cesse sans que je n'essaie de les comprendre, tout le monde parait calme c'est qu'il ne doit pas y avoir de problème.
Je peux alors me concentrer sur l'image où l'on voit l'intérieur de la fusée où les astronautes sont regroupés. Je peux alors le distinguer, il est calme, concentré sur les manipulations qu'il doit faire lui et ses collègues afin que tout se déroule de la meilleure des façons.
Je suis au fond de la salle avec le mari de Peggy et la femme d'Oleg. Nous sommes tous les trois anxieux, nous savons que l'arrimage est une manœuvre compliquée et qu'elle ne doit sous aucun prétexte être loupée. Alors certes, tout est mis en place pour que l'opération se passe pour le mieux, de nombreux calculs ont été faits en fonction de la trajectoire de la fusée, de la position de la station spatiale, de la vitesse des objets, mais je ne peux empêcher mon coeur de s'accélérer lorsque nous entendons un décompte se faire.
100 mètres...
Tout s'accélère dans la salle de contrôle, tout le monde est plus que concentré sur les écrans.
Le soyouz se rapproche de la station... mon coeur bat la chamade.
80 mètres...
Les deux objets se rapprochent lentement l'un de l'autre ce qui ne fait qu'accroitre mon stress.
50 mètres...
Les dernières manoeuvres sont effectuées par les membres de l'équipage, j'apprends que le soyouz se rapproche à une vitesse de 10cm par seconde, ce qui est peu mais qui parait si rapide sur les écrans.
30 mètres... 15 mètres... 10 mètres...
L'arrimage du soyouz approche, tout est maintenant automatique, tout me semble parfaitement aligné mais je suis loin d'être experte dans le domaine pour l'affirmer. Cependant, tout le monde est très sereins dans cette pièce, aucune agitation ce qui me rassure quelque peu.
Le soyouz doit s'approcher d'une cible visible sur l'ISS, tout parait dans le bon axe.
5 mètres...
Certaines personnes présentent dans la salle se lèvent, se préparant à célébrer l'arrimage, mon coeur est toujours serré dans le fond de ma poitrine.
Puis, le mot tant attendu s'affiche sur l'écran :
касание (= touché en russe)
Le 20 Novembre 2016 à 23h05 heure française, le soyouz s'accroche à l'ISS.
La majeure partie de mon stress s'évacue, alors que nous devons attendre que les mouvements relatifs du soyouz soient amortis pour que la jonction mécanique avec l'ISS se fasse.
2 heures de manoeuvre sont prévues avant que l'écoutille ne s'ouvre enfin et de laisser apparaitre les spationautes dans l'ISS.
Mes yeux sont rivés sur les plans de l'intérieur de la station spatiale, l'écoutille ne devrait pas tarder à s'ouvrir. Mais rien, pas de mouvement. Les membres du CEA commencent à s'agiter, se demandant ce qui peut bien arriver, ne faisant qu'augmenter mon stress.
Les minutes passent mais toujours pas d'ouverture, nous attendons alors que je commence à ne plus tenir en place, j'ai besoin de bouger. Je me lève donc et commence à faire les cents pas au fond de la salle.
Puis, soudain, une tête apparait, c'est Oleg qui passe le premier, suivis de Thomas et de Peggy.
Mon corps tout entier se détend lorsque je vois le visage de mon mari avec un grand sourire pénétrer à l'intérieur de l'ISS. Je prends alors dans mes bras Isabella qui se tenait à mes cotés, puis le mari de Peggy et la femme d'Oleg.
Les applaudissements fusent aux quatre coins de la pièce, les flashs des appareils photo crépissent alors que j'ai l'impression que le monde s'arrête autour de moi.
Les astronautes prennent dans leurs bras les actuels occupants de l'ISS, tradition exige : pas de poignée de main.
Puis c'est enfin le moment du premier appel vers la terre, celui que j'attends tant. Thomas est partis il y a seulement 48 heures et pourtant je suis déjà en manque. J'ai besoin d'entendre sa voix.
Malheureusement nous ne sommes pas seuls, loin de là, de nombreux journalistes sont dans la pièces, caméras allumées, sans oublier la grande majorité des membres du CEA et des familles des autres astronautes. Mais cela n'amoindrit pas ma joie de lui parler.
C'est alors que nous sommes mis en relation avec l'ISS, nous voyons les trois astronautes sur un écran en face de nous et réciproquement.
On me tend un téléphone fixe que j'approche de mon oreille et entends :
« Allô, ici la Station spatial internationale ! » cette phrase me fait sourire, et dire que je suis en train d'entendre mon mari par téléphone qui est à plusieurs centaines de kilomètres au dessus de ma tête.
« Allô, ici la terre ! » je réponds alors que décèle un sourire sur le visage de Thomas. « Comment vas tu ? »
« Très bien, tout s'est parfaitement passé, j'ai encore du mal à croire que je suis réellement ici mais c'est bel et bien le cas. En tout cas je suis très heureux. » il m'explique.
« Alors je suis ravie, prenez soin de vous tous »
« Merci, hate que le travail commence, à très vite » il me dit avant de donner le téléphone à son collègue russe, tandis que je fais de même.
Je suis heureuse de savoir que tout s'est très bien déroulé et qu'il ait pu accomplir un de ses rêves.
***
Non vous ne rêvez pas, un nouveau chapitre est en ligne...
Oui... je sais que ça longtemps, que dis-je ? TRES longtemps que je n'ai pas posté et je m'en excuse.
En tout cas j'espère que cette partie vous aura plu, et que cette histoire vous intéresse toujours. Et surtout prenez soin de vous et de vos proches... Restez chez vous
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top