Chapitre 8
Avancer, voilà ce que je me répète depuis que je suis rentrée en France. J'avais souhaité ne surtout pas rester très longtemps au Kazakhstan et surtout pas sur la base de lancement où tous les regards sont tournés vers l'espace en attente de nouvelles et de leur arrivée dans l'ISS.
Mais ici, seule, ce n'est pas non plus facile. Je rumine, seule dans une maison où j'ai toujours eu l'habitude d'être avec lui. Mais tout est maintenant différent, je n'arrive plus à me motiver à sortir de chez moi, à aller faire les courses, à tout simplement ranger ma valise ou même me faire à manger. J'ai tout simplement l'impression d'être à nouveau célibataire.
Il y a simplement quelques photos accrochées aux murs, ses affaires dans la maison et bien évidemment mon alliance qui me rappelle que c'est bien mon mari, la personne que j'aime.
Je décide finalement de me bouger après plusieurs dizaines d'heures dans mon canapé, face à la télé allume sur un programme totalement niais... Mais si, je suis sûre que vous voyez ce dont je parle, ce genre de programmes sans lesquels le monde tournerai bien mieux, où les remarques sexistes, racistes, homophobes s'accumulent et qui font perdre des neurones. La télé tourne en boucle sans que je ne l'écoute, perdu dans mes pensées. Lorsque je suis rentrée chez moi, c'est la première chose que j'ai faite, allumer la télévision, il y a de cela plus de 14 heures. Je ne suis pas arrivée à fermer l'œil, probablement à cause du décalage horaire, mais aussi parce que ma tête est sans cesse envahie de pensés.
Je prends donc mon courage à deux mains et le peu d'énergie qu'il me reste (oui on ne dirai pas, mais ne rien faire est fatiguant) pour me lever de ce canapé qui va bien finir par prendre ma forme si je reste plus.
Premièrement, une bonne douche ne sera pas de trop, ça me permettra de me détendre et peut être de faire le vide.
Arrivée dans la salle de bain, je me regarde longuement dans le miroir. Mon visage fait clairement pitié, des cernes incommensurables sont situées sous mes yeux, ma peau est totalement sèche à certains endroits, mes lèvres sont gercées comme si j'avais passé une semaine en haute montagne.
J'enlève lentement mes vêtements, ceux j'ai mis avant de partir du Kazakhstan pour participer à la conférence de presse, une robe assez moulante bleue marine, des talons noirs et un blazer de la même couleur que ma robe, il fallait que je fasse « bonne impression » m'a t'on dit avant d'aller à la conférence de presse.
J'ai clairement détesté ce moment, devoir faire bonne figure, sourire, répondre poliment à des questions sans aucuns fonds, vide de sens.
Je me glisse sous le jet d'eau chaude qui détend instantanément mon corps tout entier. Les gouttes glissent le long de mon corps alors que toutes mes pensées s'envolent, je suis simplement concentrée sur toutes les parties de mon corps qui se relâchent les unes après les autres.
Mais ce moment doit bien s'arrêter, si je ne veux pas faire exploser ma facture d'électricité et d'eau.
J'enroule mon corps dans une serviette et me dirige dans ma chambre, enfin notre chambre pour récupérer des vêtements.
Je choisis une tenu simple, un débardeur avec par-dessus un sweat de Thomas, on est en automne, les températures commencent à descendre, et un legging noir.
Je m'assois sur le bord du lit afin de démêler mes cheveux encore bien humides, lorsque je suis interpelée par un objet sur ma table de nuit. Je tourne ma tête pour découvrir ou plutôt redécouvrir la boite que Thomas m'a offerte avant de partir. Je l'avais déposée ici pour qu'elle soit au plus proche de moi. J'arrête alors ce que j'étais en train de faire, pose le peigne sur le lit et me penche pour récupérer ce cadeau qui me tient à cœur. « 196 papiers avec 196 messages pour les 196 jours dans l'espace. Chaque jour tu ouvres le papier de ton choix. » il m'avait expliqué. Je peux donc ouvrir un premier papier aujourd'hui alors qu'il est désormais dans l'espace.
Une multitude de papiers me fait face alors que j'ouvre délicatement le couvercle de la boite. Je ne sais pas lequel choisir, remue plusieurs fois la boite, alors que je sais pertinent que je vais bien finir par ouvrir tous les papiers.
Un plus gros que les autres attire mon attention. Oui, je sais, la gourmandise est un vilain défaut, c'est un des 7 péchés capitaux, mais ce papier m'intrigue.
Je le sors donc doucement de la boite et le déplie délicatement.
« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure. »
Lorsque je finis de lire mon poème préfère, que je connais par cœur, une larme s'écrase sur le papier, faisait baver l'encre avec laquelle Thomas a écrit. Rien que de penser au fiat qu'il ait pris le temps de recopier ce magnifique poème me touche profondément.Mais en le lisant, ce dernier prend un sens si diffèrent. Guillaume Apollinaire l'avais écrit en souvenir de son amante Marie Laurencin, à qui il allait rendre visite en passant sur ce pont. Et même si ce poème parle d'un amour passé, comme d'un amour mort à tout jamais, je ne le prends pas de cette façon. Je sais que l'amour de ma vie va revenir, que même si le temps passe, la joie vient toujours après la peine.
***
Hey, nouveau chapitre.
Je suis sincèrement désolée, je pensais vraiment pouvoir le poster avant, mais j'ai été prise de cours en revenant en France et en commencent à travailler.
En tout cas, j'espère qu'il vous a plus. J'ai été vraiment très surprise de tous vos commentaires hyper bienveillant sur mes dernières chapitres. Je vous en remercie grandement.
A très vite
Mathilde
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