Chapitre 5

Je me gare sur ce parking où je suis tellement venu en l'espace de très peu de temps pour accompagner Thomas ou pour des réunions explicatives. Alors évidemment être ici aujourd'hui seule est un peu bizarre pour moi.

Je pénètre dans le CEA, où je suis directement prise en charge par Julian, qui commence vraiment à me connaitre avec le temps.

« Hello, how are you doing today ma'm ? » il me demande, alors que je me questionne moi même pour savoir s'il attend de moi une réponse honnête ou simplement le "très bien'' conventionnel. J'opte pour la deuxième solution, je ne vais pas l'embêter avec mes petits problèmes, et puis de toute façon il ne peut rien changer à la situation.

« Hello Julian, I'm good, and you. What's the program of the day ? » je lui demande, voulant principalement savoir si je vais voir Thomas aujourd'hui.

« I'm fine thanks. So for today, you have a meeting in few minutes with the team that prepare the trip to the Kazakhstan. They need to finalize things with you, and eventually, you're gonna see Thomas. The schedule is writing on that sheet, I lead you to the room where there's gonna be the meeting. » Je prends la feuille qu'il me tend alors que je le suis.

Lorsque je pénètre dans la salle que Julian m'indique, je vois plusieurs paires d'yeux se tourner vers moi, 5 au total. Je reconnais facilement les personnes dans la salle. Il y a le directeur du centre, qui doit se charger de finaliser le voyage, il y a la personne qui se charge des familles et de leur accueil, leurs prises en charge, la coordinatrice des relations entre les astronautes et leur famille. C'est cette dernière que je connais le mieux, elle s'appelle Isabella. C'est une très belle femme, élégante, grande. On s'est très rapidement liée d'amitié, on se ressemble sur beaucoup de points. Et c'est vrai que ça fait du bien de pouvoir parler avec quelqu'un.

Enfin, il y a le mari de Peggy et la femme d'Oleg, les personnes avec qui Thomas va partir vers l'espace. On ne s'est pas beaucoup vu, mais je sais qu'ils ressentent les mêmes choses que moi.

J'avance dans la salle, saluant toutes les personnes présentes. Lorsque que j'arrive au tour d'Isabella, je m'attarde un peu plus longtemps.

« Are you okay ? » elle me chuchote à l'oreille alors que je la prend dans mes bras.

« It's obviously hard, but it's gonna be fine » je lui répond ne voulant pas trop m'attarder sur le sujet.

Je m'assois sur le siège qui m'est destiné et la réunion commence.

J'avoue que je n'ai pas suivi grand chose aux propos tenus par les personnes, de toute façon, il y a toujours un récapitulatif papier qui nous est donné à la fin, comme s'ils savaient pertinemment que pas grand monde écoute en réunion.

Lorsque l'on me fait parvenir la feuille, ou plutôt un tas de feuilles agrafées avec des nombreuses annotations, qui me seront probablement peu utiles, je comprends que la réunion touche à sa fin.

Isabella s'approche doucement de moi alors que je suis en train de parler avec la femme d'Oleg. Elle est en train de me demander si je sais si on va pouvoir voir nos maris aujourd'hui, je lui réponds que normalement oui, mais que rien n'est jamais sur, que tout peut tout le temps changer. Je m'approche d'Isabella alors que mon interlocutrice m'informe qu'elle va aller demander à quelqu'un.

« So, are you ready to go to Kazakhstan ? » Isabella me demande.

« We'll say that the feelings are weird. I really like travelling, discovering new countries, but I know that if I go there it's not to do that, it's to see my husband going for six months in the space; so I can't really say that I'm excited. » je lui réponds.

« I completely understand. But everything is going to be good. We work for so long time on the project, everybody is ready especially your husband, don't be afraid by that » elle m'explique voulant me rassurer.

« I know, but that's hard for me. Knowing that Thomas will be in the space is strange. But anyway, do you know if I could see my husband today. Julian inform me that it could be possible » je lui demande espérant vraiment obtenir une réponse positive de sa part.

« Actually, I have to ask the director, but if it's on the planning it should be okay. I will call him » elle me répond ravivant l'espoir de le voir. Elle s'éloigne de moi pour passer le coup de téléphone. J'attends donc patiemment qu'elle revienne avec la réponse.

...

Je me tiens debout devant la grande vitre qui me sépare de l'autre pièce. Des sièges sont installés, mais je ne tiens pas en place, j'ai besoin de bouger, de faire quelque chose. Je n'ai rien trouvé de mieux que de faire les cents pas, dans cette pièce, en attendant de voir apparaitre mon mari de l'autre cote. Je triture mes doigts comme si faire ce geste allait faire avancer les choses, comme si tout allait devenir plus facile, mais il n'en ai rien.

Les minutes passent, je ne pourrais dire combien de fois j'ai arpenté cette petite pièce, quand tout à coup, une porte s'ouvre. Je sais très bien qui se trouve derrière, je sais que mon mari va apparaitre. Je me rapproche donc de la vitre comme si cela allait me faire traverser cette parois vitrée, comme si j'allais pouvoir me retrouver dans ses bras, comme si tout ce qui nous entourait allait disparaitre, mais non, c'est bel et bien impossible, je ne peux que poser mes mains sur la vitre, imaginant le contact de ses mains avec les miennes.

Il entre dans la pièce. Il est habillé de son polo, celui qui lui va tellement bien. Le logo de l'agence spatial est cousu dessus au niveau de la poitrine. Lorsqu'il me voit de l'autre cote de la pièce, il s'approche lui aussi de le vitre comme si nos deux corps ne pouvaient supporter d'être éloignés l'un de l'autre.

Il pose délicatement sa main ou la mienne est posée. Ce contact, même virtuel me donne des frisons dans mon corps tout entier.

« Salut » il me dit alors que je suis incapable de bouger, un sourire fige mon visage comme le sien.

« Salut » je lui réponds dans un murmure presque inaudible.

« Comment vas tu ? » il me demande. Dois je dire la vérité, dois je avouer que je me sens vide, que la seule chose que je veux c'est le sentir près de moi.

« C'est dur, mais je fais avec. » je lui réponds. Je préfère cacher la vérité, je ne veux pas qu'il me voit sous cette angle là. Je ne veux pas qu'il parte dans l'espace avec cette vision de moi. « Et toi, qu'est ce que tu fais ? » je lui demande, espérant détourner le sujet et ne pas avoir à parler de moi trop longtemps.

« On peaufine les dernières petits détails à voir. Mais en ce moment c'st plutôt des examens médicaux que l'on doit passer. » il me répond, comme si cela faisait partie de sa routine.

C'est ainsi que nous nous retrouvons à parler de la pluie et du beau temps. De détails futiles mais qui détendent l'atmosphère. De détails plutôt que de choses sérieuses, de choses qui me font mal.

« Je vais devoir y aller » il me dit. J'essayer de repousser ce moment le plus loin possible, mais il fallait bien que ça arrive.

« Tu es sûr ? » je lui demande alors que je connais très bien la réponse. J'ai probablement besoin d'en être sûre, d'y être vraiment confrontée.

« Oui, on a encore quelques exercices à faire. » il me répond. « Je ne sais pas quand est ce qu'on pourra se revoir, mais sache que tu me manque déjà. » il pose délicatement la main sur la vitre. Je fais de même, de façon à ce que nos mains soient superposées. « je t'aime ».

« Je t'aime Thomas » je lui réponds, voulant que ce moment ne s'arrête jamais.

Il décolle ses doigts doucement, pour ne laisser qu'une trace due à sa chaleur corporelle qui s'estompe petit à petit. Il se dirige au fond de la pièce et ouvre la porte par laquelle il est entré.

Il me lance un dernier regard, puis disparait. Ma main est toujours collée à la paroi. J'ai l'impression de toujours sentir sa présence, qu'il est toujours près de moi. Mais non, il n'est plus là. Je décolle à mon tour - non sans regrets - ma main, alors qu'une sensation de vide m'envahit à nouveau. 

***

hello, voici le nouveau chapitre. Je pensais sincèrement que j'allais pouvoir le poster plus tôt, mais j'ai pas eu la motivation. En tout cas, j'espère qu'il vous a plu. J'aime énormément avoir des conversations avec vous, c'est extrêmement plaisant. A très vite 

Mathilde  

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