Chapitre 26 - Qui aime bien châtie bien
Loris
Mercredi 15 Août
12h30
Le pique-nique terminé, je range les déchets dans mon sac. Samuel à mes côtés, s'étend sur sa serviette à plat ventre.
- Maintenant qu'on est repus, je vais avoir droit à mon massage ?
- Et bien, c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd.
- Ah ça non, j'ai une très très bonne mémoire.
- Je vais t'etaler un peu de crème solaire en même temps. On en a mis avant de partir mais ça sera jamais de trop.
- Oui surtout que se l'appliquer seul dans le dos, c'est jamais simple, j'ai pu mal le faire.
J'attrape le tube de crème, et me rapproche de lui, en demandant :
- Hum, je peux me mettre au dessus de toi, ça sera plus pratique pour te masser ?
- Je n'y vois aucun inconvénient, tu peux bien sûr.
Je me place donc à califourchon, mais reste sur mes genoux. Trop de proximité serait dangereuse, et Samuel à raison, c'est pas l'endroit ici. Je suis peut-être un peu fleur bleue pour le coup, mais avec les mecs qui compte, je ne veux pas faire ça à l'arrache.
Je fais couler une bonne quantité de crème sur mes mains et vient les poser sur ses omoplates. J'étale dans un premier temps le produit, sur son dos, sa nuque, ses bras, le faisant disparaître, puis passe à la phase massage. Je commence au niveau des reins, et remonte lentement, en effectuant une légère pression. Sa peau laiteuse roule sous mes paumes et mes doigts. Je réitère les mêmes mouvements, encouragé par ses soupirs d'aise et passe à ses biceps. Ses muscles sont tendus après l'effort, je m'applique longuement sur ceux-ci, avant de revenir à son dos.
- C'est tellement agréable que je pourrais m'endormir...
- Si tu t'endors pendant que je suis avec toi, c'est pas très flatteur. Je suis à ce point soporifique ?
- Arrête idiot, tu sais très bien, ce que j'ai voulu dire. Ton massage me fait un bien fou. Ta présence. Votre présence à tous. Ça me fait du bien de déconnecter de ma vie, de prendre l'air, de revoir les têtes du passé. J'espère qu'on fera ça plus souvent. Vous m'avez manqué. Tous.
- Je crois qu'on s'est tous manqué. Tout a foutu le camp quand on s'est éloigné pour nos études et... pour le reste. Mais notre groupe, c'était quelque chose, c'est ce qui fait qu'aujourd'hui, la reprise de contact est si naturelle.
- Pas tellement pour nous.
- Oui, c'était un peu bizarre, on était mal à l'aise au début, mais là on peut dire que niveau "contact"... on est plutôt bien. Dis-je me penchant sur lui.
Je suis prêt à embrasser sa joue quand mes pupilles remarquent, la trace luisante d'une larme sur sa pommette. Lorsque je remonte le regard, à la naissance de ses paupières closes, entre ces cils, une gouttelette s'échappe.
- Sam... ça ne va pas ? C'est moi? Est-ce que j'ai dit quelque chose?
- Non, dit-il se retournant sur le dos.
Je reprends ma place initiale à ses côtés, et il se redresse, en essuyant son visage.
- Je sais pas pourquoi je chiale comme ça. C'est con mais je crois que sentir tes mains sur moi, ça m'a fait remonter des émotions. Je pensais pas me mettre dans tous mes états. Je suis désolé. Même moi, je comprends pas, je pensais que c'était loin tout ça.... Je suis ridicule.
- Vraiment pas, ne dis pas ça...on est clairement confronté au passé avec ses retrouvailles et ça remue, c'e...
- Ouais mais ça fait huit ans. Ça m'a laissé le temps de vivre des trucs. J'imaginais pas que, je pourrais être à fleur de peau après tant d'années. Bien sûr que j'avais des espoirs en venant ici, mais j'étais pas dans le même état d'esprit qu'à mes dix-huit ans. J'allais bien quoi...Je ne sais pas ce qui me prend...
- Sûrement que me voir fait rejaillir des sentiments douloureux...
- Non, enfin, c'est pas tellement de la douleur, je suis surtout ému, je crois. Ado, j'ai tellement souffert de ne pas pouvoir te prendre dans mes bras, t'embrasser, te dire ce que je ressentais, que notre contact, peau contre peau, ça m'a bouleversé. C'est monté d'un coup, j'ai rien compris...
- Je pense tout simplement qu'on est toujours sensible l'un à l'autre et tout ce qu'on avait envie de partager est maintenant possible. Toutes les barrières qu'on s'étaient mises s'effondrent et ça te provoque une vive émotion...
- Hum, mais il n'y a que moi que ça retourne comme ça, toi tu n'es pas autant tourmenté...
- Tu crois ça?... Dès que l'invit de Max est tombé, je n'ai fait que penser à toi. Plus les jours se rapprochaient des vacances, plus je sentais le stress m'envahir. J'espérais que tu viendrais et j'appréhendais aussi. Dans la voiture, le jour J, Simon m'a confirmé que tu serais là et j'ai passé tout le trajet à me poser un tas de questions. Qu'est-ce que j'allais te dire dés que je te verrai ? Est-ce qu'on arriverait à se parler normalement ? Qu'est-ce que ça me ferait de me retrouver face à toi?...Et, ton sourire et ton regard, ça me fait toujours autant d'effet. Bien sûr que notre nouvelle proximité, me trouble.
- Ça me rassure, je me sens un peu moins mal à l'aise d'avoir eu une telle réaction.
- Je vois bien que tu te sens gêné, mais faut pas. C'était juste une réaction on ne peut plus, sincère. Tu es, tel que tu es, naturel, spontané, quitte à me brancher dès les premières minutes de nos retrouvailles mais j'adore ça. Change rien, tu me trouble bien plus que tu ne l'imagine...
- Je crois qu'il va falloir que je remercie Maxime encore une fois, pour ses vacances. Je l'aime ce mec.
- C'est vrai, on ne se serait peut-être jamais revu sans lui. J'ai bien fait de me donner un coup de pied au cul et d'accepter de venir.
- Tu ne voulais pas au début ?
- Bien disons que j'appréhendais tellement de te revoir, que oui, j'ai essayé de convaincre Simon de refuser. Mais j'ai pas non plus trop insisté, parce que j'étais aussi très curieux.
- Il ne faut pas avoir peur de moi, je ne mange personne. Enfin quoi que...il y a des petits quatre heure qui ne se refuse pas...
Je lui lance un sourire entendu et ajoute :
- Non mais tu vois, ma vie sentimentale, c'était vraiment le désert, et cette proposition, c'était éventuellement l'opportunité de te retrouver. De vivre quelque chose, si on se plaisait toujours mais, j'avais peur que ça soit le cas de mon côté et que toi tu sois maqué.
- Il se passait la même chose dans ma tête.
- Ah parce qu'il se passe des choses dans ta tête ? Taquiné-je
Une mine faussement offusqué me répond ainsi qu'un coup de gilet de sauvetage. Sans oublier sa réplique :
- Oh mais le bâtard! Je t'avais dit que je t'embrasserai mais maintenant, tu peux crever.
Il se lève et ajoute :
- Tiens d'ailleurs, puisque c'est comme ça, je me casse et je te laisse te débrouiller tout seul pour rentrer. Je t'abandonne sur ton île, Robinson cruosé.
Je le vois, pousser la barque à l'eau et s'installer dedans.
- Déjà mec, c'est pas une île et tu trouves que j'ai l'air de Crusoé ? Rétorqué-je en le rejoignant.
Pied dans l'eau jusqu'au genoux, je dépose le sac de pique-nique et grimpe dans l'embarcation, tandis qu'il réplique.
- T'as vu ta tête avec ta coupe de sauvage là. Pas étonnant que tu sois resté célibataire si longtemps. Allez rame, ça te fera les muscles que tu n'as pas.
- Tu veux dire ceux devant lesquels tu bavais quand je me suis retrouvé à poil l'autre fois?
- J'ai même pas regardé, y'avait rien à voir.
- Menteur. Embrasse-moi et je te pardonne les vilaines choses que tu viens de dire.
- Toi tu me pardonnes ? C'est toi qu'à commencé en sous-entendant que ma tête était vide . Même pas en rêve je t'embrasse !
- Oh tu sais le nombre de fois où ça a été fait ça...je les compte plus.
- Oui bah, ça sera que dans tes rêves. Tu as déjà rêvé de moi ?
- Souvent. Je rêvais qu'on s'embrassait, qu'on était en ensemblee. C'était douloureux au réveil...
- Maintenant quand tu rêvera de moi, ça ne sera plus le cas.
- Oui et ce ne sera plus le même genre de rêve. A défaut d'être intelligent, t'es sexy.
- Tout le contraire de toi, quoi.
- Donc tu me trouves intelligent ?
- Évidemment et c'est loin d'être ta seule qualité.... J'avoue, l'autre matin, je l'ai regardé ton corps du coin de l'oeil, mais pas assez...
- Rassure-toi, il y a de grande chance que tu puisse le revoir...enfin si t'es pas sage.
- On verra ça, c'est comme mes baisers, il faut que tu le mérite.
- Si je m'excuse d'avoir été vilain, tu m'embrasses?
- Nan, c'est si tu t'excuse pas, que je t'embrasse, parce que j'aime beaucoup trop ça, quand tu me cherches. Ça me donne envie de te trouver.
Il se penche vers moi et dépose ses lèvres contre les miennes. Ses mains glissent dans ma nuque, et ses doigts se noient dans la masse de mes cheveux blonds. Il me murmure entre deux baisers...
- J'adore ta crinière, tu crois que je pourrais m'y accrocher quand...
- Quand...? Répété-je mon souffle s'échouant contre sa bouche.
Il s'éloigne de moi brusquement et s'exclame :
- Eh, oh capitaine, à quoi tu penses? On dérive là. Rame un peu!
- Au sens propre ou figuré ?
- Propre, on file droit vers un rocher.
Je redirige la barque et nous reprenons le bon cap. Sur le retour, nous discutons sagement, mais ses sourires et ses regards, aussi innocent qu'ils soient, me terrasse chaque fois un peu plus. Il me séduit et bon sang, qu'est-ce que ça m'avait manqué un mec qui me fait cet effet- là. Enfin, plutôt devrais-je dire, le seul mec qui m'ait jamais fait cet effet- là. Oui j'ai aimé Justin comme un fou à une époque, mais Samuel... Samuel me fait tourner la tête comme personne.
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