Chapitre 5

"Un coeur comme l'eau des pates

Un peu salé, un peu trop grand

Qui deborde et bouillonne,

D'un excès de tempérament"

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"Violette, tu dois te laisser aller. Laisse ta colère sortir, laisse toi ressentir, personne ne va te juger içi

- J'en ai marre de ce cours. Je me barre.

- Violette sérieusement, ne."

Et elle claque la porte. Evidemment. Je ne peux pas lui en vouloir, montrer ses émotions n'a jamais été sont point fort. Par contre mettez là dans une scène comique, style Comedia del Arte, et elle rayonne. Violette a un potentiel énorme, et inutilisée. Sa mère ne voit en elle qu'une ado, qui se plaint constamment et n'est jamais satisfaite mais les adolescent ne sont jamais plus que des humains, qui doivent survivre a des tsunami de pression avec comme seules armes, leurs émotions exacerbées. Tout le monde est passé par cette période. D'ailleurs, durant mon adolescence, je tenais un carnet dans lequel je notais tout. Toutes mes émotions, même celle que je ne comprenais pas. Et touts les moments difficiles, les engueulades, les trahisons... Je le garde précieusement depuis. Je me suis promise que si un jour j'ai des enfants, je le relirai et apprendrai des erreurs de mes parents pour épargner au maximum ma descendance. Ca c'est une chose que la mère de Violette aurait du faire il y a longtemps. 

Je déteste émettre un jugement sur quelque chose d'aussi personnel. Mais faire du théâtre avec quelqu'un, c'est avoir accès à ses sentiments profonds et refoulés. Et des sentiments, Violette en à. Beaucoup. Elle n'a pas été épargnée. Je crois qu'elle ce sent seule, incomprise. La personne la plus proche d'elle, sa propre mère, celle qu'il l'a élevée, ne l'écoute plus. Elle n'essaie même pas de la comprendre. J'ai dit à Violette que je serai toujours là si elle avais besoin de parler, mais son égo l'empêche de se confier. J'ai beaucoup de peine pour elle. 

"Lucas, mon coeur, maman est là"

C'est Marjorie qui rentre dans la pièce, sans se soucier qu'elle interromps un exercice. Je ne l'apprécie pas et elle me le rend bien. 

"C'est l'heure d'y aller"

Lucas me lance un regard qui en dit long.  Du haut de ses huit ans, il possède une maturité émotionnelle stupéfiante. Il est capable d'appréhender et d'interpréter correctement des émotions qu'il n'a jamais vu, juste aperçu chez autrui. Je pense que dans sa vie précédente, c'était un vieux sage indien. Il remet ses affaires dans son sac et me fait un signe de la main. Lucas parle peu. Je crois que ça a un rapport avec la mort tragique de son père, il y a quelques années. Depuis, il tient les gens éloignés, et quoi de plus impersonnel que l'ignorance ? Un vieux sage je vous dis. 

"A la semaine prochaine Lucas, et apprend ton texte"

Dans la salle, il ne reste plus que Flora. Elle me lance un sourire et commence a ramasser sa bouteilles d'eau et sa couverture. Chaque semaine c'est la même chose. Violette est censée ramener Flora chez elle seulement, Violette ne reste jamais les deux heures. Finalement, c'est moi qui m'en occupe. Mais heureusement, ça ne me dérange pas.

"Et bien Flora, on dirait bien que c'est rien que toi et moi à nouveau. 

- J'ai vu ton film hier soir.

- Mon film ?

- Oui, celui où tu joues une jolie fille qui a perdu son papa.

- Ah oui ? Et alors il t'a plu ? 

- Enormément. Ophelia, est ce que tu va jouer dans d'autres films ?

- Non je ne pense pas, ma puce. 

- Mais pourquoi ? 

- Parce que cela voudrait dire arrêter de donner des cours, et je vous aime trop pour ça. 

- C'est un métier de vieux d'être maitresse. Toutes les maitresses à l'école sentent mauvais et ont un chat. Mais toi tu es jeune. 

- C'est vrai je suis jeune. Mais institutrice n'est pas un métier de vieille fille. C'est un métier pour les gens courageux qui aime les enfants. Et j'aime beaucoup les enfants. 

- Je pense que tu devrais retourner jouer dans des films. Tu pourrais jouer une princesse, comme Sophia...

- Pourquoi Sophia ? 

- Tu ressemble beaucoup a Princesse Sophia. Tu es jolie et tout le temps gentille. Tout le monde t'aime bien, même ma soeur. Et ma soeur n'aime personne. 

- Soit indulgente avec ta soeur, tu veux ? Elle ne va pas très bien en ces moments. C'est à cause de son coeur. 

-  Qu'est ce qu'il a son coeur ? 

- Il est trop plein. Remplis de plein d'émotions qui bouillonne, comme l'eau des pates. Et elle n'arrive plus a éteindre le feu. Alors l'eau déborde. L'eau déborde parce qu'elle aime trop fort, parce qu'elle est en colère trop fort, parce qu'elle est triste trop fort, parce qu'elle a peur. Elle fait tout trop fort. Mais elle t'aime je t'assure. Allez, viens je te ramène chez toi."

Flora n'habite pas très loin de la salle des fêtes, à environ 6 minutes a pied. Cependant il y a de rues à traverser et sa mère n'est pas très rassuré quand elle fait le chemin toute seule. Il faut dire qu'un jour, Violette manquait à l'appel, j'avais rendez vous avec ma banque, et Flora à du se débrouiller. Elle s'est tromper de chemin et on l'a retrouver, une heure après la fin du cours, dans un champs des environs, qui pleurait. Depuis, elle rentre tout les jours accompagné. Sur le chemin, Flora me raconte ses histoires d'écoles. Quand on arrive devant chez elle, je sais que la remplaçante des CE1 est méchante, qu'elle ne supporte plus Margot (dieu seul sais qui est cette Margot), et qu'elle a quitté Jonas parce que c'était un vrai pot de colle. 

Je sonne à la porte et Julia, sa maman, m'ouvre. Elle ne fais même pas l'effort de feindre la surprise quant au fait que ce n'est pas Violette qui à ramenée Flora. Elle se contente de me lancer un sourire genée et de me remercier. C'est à elle que je devrai donner des cours de théâtre, non pas à ses filles. Je leurs souhaite une bonne fin de journée, et refais le chemin en sens inverse pour recupérer ma moto. 


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