Chapitre 3

"Le jour où j'arrêterai d'être insolente,

Je commencerai à vieillir"

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Lorsque je pousse la porte de la salle des fêtes de Perdus-Les-Pains, je me demande quelle maman va me sauter dessus en premier. Je dirai Marjorie, elle est complètement hystérique et se crois au dessus de tout le monde. 

Bingo, j'avais raison. Marjorie bondis comme une lionne vers moi, tirant par la main son petit garçon de 8 ans, Lucas.

"Vous avez vu l'heure ? Je vous paye pour donner des cours de théâtre à mon fils et au lieu d'en être honoré, vous vous payez le luxe d'arriver en retard !"

Je me demande à quel moment son cerveau a lâché. Peut être quand elle était encore jeûne. Parce que pour croire qu'on fait partie intégrante de l'aristocratie, tout en vivant à Perdu-Les-Pains, il faut avoir une case en moins. 

"Vous m'écoutez au moins quand je parle ? Oh mon dieu, si mon fils n'aimais pas autant vos cours, je le désinscrirais sur le champs."

Vous croyez qu'elle à l'impression d'être menaçante ? Cette femme est un tyran, le problème c'est qu'avec moi, ça ne prend pas. Les gens qui hurlent et profèrent des menaces, je ne les prends pas aux sérieux. Et ça l'énerve, du coup elle s'acharne sur moi. 

"Marjorie,

- Mme Blanquet !

- Mme Blanquet. Je pourrais m'excuser mais à la place, je vais tout simplement vous indiquer la porte de sortie."

En temps normal, je ne me permet cette insolence avec des clients. Mais Marjorie est une exception. Son fils est pourri gâté et il m'adore du coup elle ne risque pas de le désinscrire. 

Elle part en grommelant comme une enfant boudeuse et je me retourne, prête à affronter des parents plus raisonnables, mais légèrement agacés. 

"Chers parents, veuillez m'excuser pour mon retard. J'ai croisé sur le chemin une grand mère presque aveugle qui traversait et je me suis arrêté pour l'aider, histoire qu'elle ne se fasse pas écraser."

Violette, la soeur de Fleur, une ado de 16 ans un peu boudeuse que j'ai accepté au cours de théâtre à la dernière minutes, pour éviter l'arrêt cardiaque à sa pauvre maman, me répond :

"C'est marrant Ophélia. Je me rend souvent à la ville et je ne croise jamais personne sur le chemin. Pourtant toi tu trouve une grand mère a aider, quasi toutes les semaines. Incroyable, tu ne trouves pas ?

- Oui, incroyable. Mais tu sais Violette, ce n'est pas que tu croise personne, juste que tu es tellement absorbée par ton téléphone que tu en oublies de regarder autour de toi. Je parie que tu n'est pas capable de me citer trois des huit pancartes qu'il y a sur le chemin."

Elle me lance un regard noir. Je croise souvent Violette traîner dans mon quartier. Elle vient trois fois par semaine à la ville. Elle n'a pas le permis mais Jacques, le marchant de fruits et de légumes, l'emmène tôt le matin, en même temps que ses courges et ses melon. Elle est presque aussi insolente que moi, sauf qu'elle ne sait pas s'arrêter. Je ne cesse de lui répéter que des fois, il faut savoir se taire mais apparement le silence ne fait pas partie de ses fonctionnalités. 

"Le cours d'aujourd'hui durera exceptionnellement 2h15, vous pouvez officiellement me laisser vos enfants !"

Alors que les parents disent au revoir et se dirigent vers la porte de sortie, la mère de Jenna me murmure en sortant :

"Vous savez, si vous voulez garder ma fille une heure de plus, surtout ne vous gênez pas."

J'hoche la tête et retient un soupir. A Perdu-Les-Pains, je fais office de crèche. Il faut dire que je coûte moins cher qu'un(e) baby sitter. Je ne sais pas comment j'en suis arrivée là. Il y a deux ans, je sortais du lycée, bac en poche, la tête pleine de rêve. Rêve qui ce sont plus ou moins réalisé puisque, un mois plus tard, j'étais prise pour jouer le second rôle d'une comédie dramatique. C'était la cinquième fois que je me rendais sur un tournage mais jamais je n'avais eu de rôle si important. 

Lorsque j'ai vu le nombre de chiffre sur mon cachet, je me suis fait des films. Je partait a Hollywood et tentait ma chance dans des castings de futurs films à succès. Je devenais une grande star et vivait à Beverly Hills. Je partageais la tête d'affiche d'une comédie romantique avec Zendaya et Timothée Chalamet. Je finissais par me marier avec l'un des deux. J'avais des enfants, par adoption s'il le faut, et je finissais avec mon étoile sur Hollywood Boulevard. 

Autant dire que je suis vite redescendu sur terre. Pour devenir un grand acteur, il faut avoir quelque chose en plus. Ce n'est pas mon cas. Avec l'argent, j'ai acheté ma moto et j'ai mis le reste de côté pour voyager. Par contre de là à finir prof de théâtre à Perdu-Les-Pains... J'avoue que celle là, je l'ai pas vu venir. Mais bon, il faut bien travailler, et les enfants me sont sympathique. 

C'est vrai je ne vis pas la vie dont j'ai rêvé, mais qui accomplis tout ses rêves ? J'ai eu de la chance déjà de pouvoir les toucher du doigt. 

Violette me sors de ma rêverie et me mettant un coup de coude dans les côtes. Je lui lance un regard choquée et elle hausse les épaules en souriant. Malgré tout, je l'aime bien cet ado. 

"Bon, on le démarre ce cours de théâtre ? Allez tout le monde en cercle, on ferme le yeux et on respire avec le ventre. Plus vite que ça"

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