Chapitre 4

- Il t'a portée jusqu'à ton lit ?!

Je plaque ma main sur la bouche de Tina tandis que le reste de la classe se tourne vers nous en ouvrant de gros yeux. Le professeur, interrompu, et visiblement mécontent, nous jette un regard furieux en s'approchant de nous.

- Mesdemoiselles si vous êtes incapables de rester calmes, alors je vous conseille de vous séparer. Et mon conseil est un ordre.

Ni une ni deux, on attrape nos affaires pour partir aux deux extrémités de la classe. Notre professeur d’espagnol est le seul professeur de tout lycée qu'il ne faut pas contrarier. À mon grand soulagement le cours reprend rapidement comme si rien ne s'était passé et tout le monde oublie vite ce petit spectacle. Je me concentre sur le cours pendant les trente minutes abominables restantes en essayant de ne pas penser à Dylan. Hier soir, après être rentrés du bar, j’ai pris une douche et je suis allée m’asseoir sur le balcon comme à mon habitude pour regarder les étoiles. Je n’avais juste pas prévu d’être fatiguée au point de m’endormir sur le banc, et je me suis réveillée ce matin dans mon lit. Je sais que je lui avais interdit d'entrer dans ma chambre, mais pour cette fois je passerai l'éponge. Il n'a rien dit à ce sujet ce matin. Il était plutôt calme. Mais pas distant, il ne cherchait juste pas à me taquiner. Ce qui m'a surpris. Et puis cette fois, il m'a escortée jusqu'à l'entrée de mon lycée pour s'assurer que tout aille bien. Il prend soin de moi. Et ça me rassure de le savoir. Le cours prend fin après une énième remarque du professeur sur le style vestimentaire d'une élève. Je m'empresse de sortir afin de ne pas en recevoir également, très vite rejointe par mon amie qui me pousse presque pour sortir en première. Elle a passé une bonne soirée elle au moins. Mais elle me harcèle presque depuis tout à l'heure pour que je lui raconte la mienne.

- Et qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ?
- Je dormais Tina. Qu'est-ce que tu veux qu'il se soit passé ?
- Tu aurais au moins pu te réveiller.
- Excuse-moi d'être aussi barbante.

Elle lève les yeux au ciel en enroulant son bras autour de moi.

- Tu vis avec ce qui doit être le plus beau mec que j'ai jamais vu de ma vie Avery. Tu es loin d'être barbante.

Je suis ravie de constater que le seul grain de folie dans ma vie s'appelle Dylan O’Brien. Non mais sans blague elle n'a plus que ce nom à la bouche, elle attend naïvement qu'il se passe quelque chose entre nous. Mais ça n'arrivera jamais. Lorsque j'arrive à quelques mètres de mon casier, je constate que quelqu'un m'y attend.

- Attention, annonce Tina en serrant les dents. Mon radar de talons aiguilles de trente centimètres est activé.

Kelly, la peste blonde du lycée. Tout le monde l’adore parce qu’elle cache bien son jeu. Mais quand à mon arrivée elle a décidé sans aucune raison qu’elle ne m’aimerait pas, j’ai compris que je n’avais aucune raison de vouloir être dans ses bonnes grâces. Qu'est-ce qu'elle me veut ? Je m'arrête devant elle sans même la regarder en ouvrant mon casier à la hâte, Tina m'imite. La grande blonde ferme alors violemment la petite porte, manquant de m'écraser les doigts à l'intérieur et s'appuie contre cette dernière en souriant d'un air horriblement faux.

- Astrid, commence cette dernière avec enthousiasme sans même se rendre compte qu'elle est loin d'avoir le bon nom. Comment ça va ? Je suis contente de te voir.
- Salut Kelly, réponds-je en croisant les bras. Un conseil quand tu parles à quelqu’un essaie d’avoir le bon nom.

Elle se met à grimacer comme si je venais de l'insulter. Puis elle arbore à nouveau un magnifique sourire en faisant tourner une mèche de cheveux autour de son index.

- Sandy ?
- Non.
- Tracey ?
- Toujours pas.
- Kelly ?
- Ça c'est toi.

Elle fait soudain voler ses longs cheveux blonds d'un geste de tête derrière son épaule en soupirant.

- Peu importe, reprit-elle. Je suis impressionnée tu sais ? Je ne savais pas que tu sortais avec un aussi beau mec.

Génial. Elle parle sûrement de Dylan. Elle a dû le voir me déposer et me récupérer. J'aurais dû m'y attendre. J'ouvre à nouveau mon casier pour attraper un cahier sans vraiment lui accorder plus d'attention.

- Ouais enfin ce n'est pas mon copain.
- Vraiment ?! crie soudain la cinglée dans mes oreilles des étoiles pleins les yeux.

Je vais finir par l'étouffer avec ses propres cheveux si elle ne part pas maintenant.

- Bien sûr que si ! proteste soudain mon amie qui n'avait pourtant rien dit depuis le début.

Je la regarde en ouvrant de gros yeux et lui fais signe de se taire maintenant. J'étais stupide de croire qu'elle obéirait. Elle se tourne vers Kelly en souriant aussi faussement qu'elle et en jouant à son tour avec ses cheveux pour l’imiter à la perfection.

- Elle dit n'importe quoi, elle est trop modeste. C'est son copain, il a 21 ans.

J'ai presque envie d'enfoncer ma tête dans mon casier et de ne plus jamais la retirer. Je voudrais tellement disparaître.

- C'est vrai ça ? m'interroge Kelly déçue.

Vu le regard que me lance Tina, je n'ai pas intérêt à lui faire faux bond. Je dois la suivre dans son mensonge visiblement. Alors en tentant d'être la plus convaincante possible, j'affiche un sourire et serre les poings derrière mon dos, prête à les abattre sur Tina lorsque l'autre sera partie.

- Ouais. C'est vrai. C'est mon...copain.

Ce dernier mot est tellement difficile à dire, mais j'y parviens, ce qui provoque une vraie tête d'enterrement à la peste qui pourtant ne se laisse pas décourager.

- C’est super alors. D’autant plus que tu avais dit à Tommy que tu n’étais pas prête à avoir une relation hier encore.

Et là c'est le drame. Si elle dit à Tommy que je sors avec Dylan il va le prendre très mal. Parce qu’en effet, non seulement il a eu droit à cette excuse complètement fausse à plusieurs reprises, mais en plus il m’en voudra de ne pas lui avoir dit hier en lui présentant Dylan. Il va croire que je voulais le ridiculiser ou quelque chose du genre. Cette sale garce n’a pas intérêt à ouvrir sa grande bouche. Elle veut juste se venger de ne pas pouvoir attaquer une nouvelle proie quitte à faire du mal à un innocent. Elle s'éloigne satisfaite, tandis que je me laisse tomber contre les casiers en sentant mon cœur se serrer dans ma poitrine. Tina s'empresse de poser sa main sur mon bras pour vérifier que tout va bien.

- Avery ça va ?

C'est sa façon d'être avec tous ceux qu’elle n’aime pas, elle nous prend de haut et ne se soucie pas de nos émotions tant que les siennes sont mises sur un piédestal. Je ne dois pas la laisser entrer dans ma tête aussi facilement. Je me ressaisis très vite en me redressant calmement. Même si je suis inquiète de la réaction de Tommy. Je n’aime pas faire de mal aux gens. J’aurais dû être honnête avec lui dès le début. Et tout le monde ici l’apprécie, qu’est-ce qu’ils vont penser de moi après ça ?

- Je vais bien Tina. Ne t'en fais pas pour moi.

Je referme mon casier, récupère mon cahier tombé par terre, et lui fait signe d'y aller. Je ne sais pas ce qui m'a pris d'entrer dans le mensonge de Tina. Mais je devais m'attendre à ce que la peste se rebelle.
Le soir, je décide de faire mes devoirs dans le salon, pendant que Dylan regarde la télé. Je ne pourrai pas me réfugier dans ma chambre tous les jours. Mais au bout de quelques minutes il se met à me regarder avec insistance. Ce qui me déconcentre bien sûr très vite.

- Qu'est-ce que tu veux vieillard ?
- Tu travailles beaucoup trop.
- Et qu’est-ce que tu veux que je fasse sinon ? Que je paie quelqu’un pour qu’il fasse mes devoirs à ma place pour pouvoir distraire le squatteur qui est affalé dans mon canapé ?
- Très drôle.

Et soudain il attrape mon cahier pour se lever et commencer à lire ce que je fais. La panique me gagne. S’il tourne la page et qu’il tombe sur celle que j’ai remplie de cœurs ce matin en cours je suis foutue. Ce ne sont pas vraiment ces dessins qui me dérangent. C’est plutôt le fait que j’ai laissé Tina écrire Dylan dans absolument chacun d’entre eux. Je trouvais ça amusant, mais ce n’est plus vraiment le cas. Je saute donc du canapé pour me ruer sur lui et essayer de récupérer mon cahier qu’il lève dans les airs.

- Dylan rends-moi mon cahier !
- Seulement si tu admets que tu as un faible pour moi.
- Rêve toujours crétin !

Je saute pour tenter de l’atteindre, mais c’est impossible, il est beaucoup trop grand. Ce vieillard m’énerve tellement parfois ! J’arrête de m’agiter en lui jetant un regard noir à la hauteur de la gravité de la chose. Il ne doit surtout pas voir cette satanée page que je brûlerai sûrement dès que je la récupérerai.

- Pourquoi tu t’obstines à croire que tu ne ressens rien pour moi ?
- Pourquoi tu t’obstines à croire que je ressens quelque chose pour toi ?
- Parce que tu le caches très mal mini-short.

Je grogne et donne un coup de poing sur ses pectoraux me faisant presque mal. Il continue de me fixer pendant un instant, puis enfin et à mon grand soulagement, il baisse sa main et me rend l’objet précieux que je m’empresse de jeter dans ma chambre pour l’éloigner de lui. Ne pas oublier de brûler cette page, surtout ne pas oublier. Je retourne ensuite chercher mes affaires dans le canapé pour les ramener elles aussi dans ma chambre, mais l’imbécile me barre la route à mi-chemin en souriant.

- Tu devrais sourire un peu mini-short. Tu es plus jolie quand tu souris.

Même si j’étais énervée il y a à peine quelques secondes, ce compliment me fait sourire comme une idiote. Je dois presque me mordre les joues pour ne pas laisser mes lèvres s’étirer. Je baisse la tête en le contournant pour aller dans ma chambre. Je vais m’asseoir sur le bord de mon lit pour essayer de me calmer en me regardant dans le miroir. J’en ai marre qu’il me fasse des compliments ou qu’il soit toujours gentil avec moi. Ça me fait croire que je suis vraiment importante à ses yeux. Je le suis je n’en doute pas. Mais pas de la façon que je voudrais. Ça ne sera jamais de la façon que je voudrais. Alors je me lève d’un coup, décidée à mettre les choses au clair, retourne dans le salon où Dylan a recommencé à regarder la télé et vais me placer devant lui. Il me fixe en souriant avec curiosité.

- Que ce soit parfaitement clair espèce de vieillard sourd, je ne suis pas attirée par toi, je ne le serai jamais et tu auras beau dire ce que tu veux pour essayer de me convaincre du contraire ça ne fonctionnera pas ! Tu es juste arrogant et insupportable !

Il sourit toujours. C’est dingue. J’ai l’impression que je pourrais lui balancer les pires atrocités à la figure, il continuera de rire comme un gosse. Je m’apprêtais à recommencer quand mon téléphone qui se met à sonner m’en empêche. Je me demande qui appelle à cette heure-ci. Je vais répondre soulagée de ne pas avoir à me donner encore plus en spectacle.

- Oui quoi ?
- Waouh calme ta joie frangine.

Alex. Mon grand frère toujours à la rescousse, même s’il n’en est pas conscient.

- Désolée, j’essayais de me débarrasser d’une saleté de cafard.

J’entends Dylan pouffer de rire dans son coin. Quel crétin.

- Au moins tu ne t’ennuies pas sans nous. Comment ça se passe avec Dylan ?
- C’était lui le cafard.
- Je vois.

J’espère qu’ils regretteront de m’avoir confié à cet incompétent. Même si je ne peux pas vraiment dire ça, puisque je ne me suis jamais sentie autant protégée qu’avec lui.

- Ne sois pas trop dure avec lui, il est là pour t’aider.
- Et ce voyage ?

Oui je change de sujet, non je n’ai pas envie de m’éterniser sur Dylan O’Brien.

- C’est super. Adam passe son temps à draguer tout ce qui bouge, mais c’est Adam.
- Heureusement qu’un de vous deux est sérieux et responsable.
- De qui tu parles ?

Après avoir ri un petit moment et échangé quelques banalités sur la pluie et le beau temps, pour mon plus grand malheur, il décide d’aborder le sujet qui fâche.

- Et le lycée ça se passe comment ? Tu as fait d’autres crises ?
- Tout va bien.
- C’est pour quand ton prochain rendez-vous chez le…
- Je te dis que ça va.
- Et pour Tommy ? Il continue de te courir après ?
- Alex arrête.

Je commence à serrer le téléphone dans ma main. Je déteste mentionner ces trois choses. Et il devrait le savoir.

- Je dis ça pour toi. D’ailleurs tu en as parlé à Dylan ?
- Au moment venu.
- Tu veux que je le fasse ?
- Non !

Pourquoi je voudrais ça ? Je n’aime pas qu’il me prenne pour une petite chose fragile qui a besoin de lui pour parler de mes problèmes aux autres. Et surtout je n’aime pas qu’il veuille raconter mes problèmes à tout le monde. Je viens juste de retrouver Dylan, je ne veux pas…

- Alex je dois te laisser.
- Avery…
- Non il n’y a rien de plus à dire. Je vous aime, passe le bonjour à Adam.
- D’accord…on t’aime aussi.

Et je raccroche en serrant les dents, les larmes aux yeux. Dès que le téléphone est reposé, j’ignore Dylan qui me regarde curieux de ma réaction, et sors sur le balcon pour m’asseoir sur le banc et prendre l’air. J’en ai assez. Je suis ici pour une bonne raison, arrêter de subir les désaccords avec mes parents, ce n’est pas pour les subir avec mes frères aussi. La baie vitrée s’ouvre après une dizaine de minutes de tranquillité, et Dylan vient s’asseoir à côté de moi sans dire un mot. Il fixe le ciel comme moi. Je sais qu’il tient tant à ce que je me confie parce qu’il s’inquiète, mais c’est impossible.

- Dylan je ne veux pas en parler.
- Je sais.

Je me tourne vers lui surprise. Alors il ne vient pas pour ça ? Sans que je m’y attende il prend ma main dans la sienne, toujours sans me regarder, et la serre. Sa main est chaude, rassurante. Je ne savais pas que j’attendais tant ce contact avant qu’il n’arrive. C’est tellement agréable. Je comprends. Il veut juste être là pour moi, sans m’obliger à dire ou faire quoi que ce soit. Il veut juste éviter que je me sente seule face à ma situation catastrophique. Il est tellement gentil, je m’en veux de toujours lui crier dessus.

- Je ne veux pas t’obliger à parler Avery. Tu as sûrement tes raisons, comme j’ai les miennes de ne pas te parler de moi. J’ai vraiment merdé cette année à l’université. Avec les cours, avec mes amis...surtout avec mes amis. Et j’ai peur que tu ne me voies plus de la même façon si tu apprends ce que j’ai fait. J’ai peur que tu me rejettes. Même si on n’a jamais été très proches toi et moi, tu as toujours fait partie de ma vie mini-short, et je ne veux pas que tu la quittes.

Je ne sais pas quoi dire. C’est la première fois que je le sens aussi...vulnérable. Je suis assez perdue. Je suis touchée par ce qu’il me dit, et en même temps je me demande ce qui pourrait bien me pousser à le rejeter. Lui aussi fait partie de ma vie depuis toujours, et je tiens énormément à lui. Tina a raison, je suis folle de lui, et ça depuis que je suis petite. Je suppose que lui aussi a voulu venir ici pour fuir quelque chose. Et même si je suis curieuse, je ne suis pas indiscrète. Alors je resserre ma main dans la sienne en lui souriant. Il me regarde enfin.

- Merci Dylan.
- De quoi ?
- De ne pas faire attention à mon caractère de merde.

Il rit doucement. Son rire s’évanouit rapidement dans la nuit, comme s’il avait été avalé par le silence. Une larme coule le long de ma joue. Une seule. Une larme de soulagement je suppose. Oui, je suis soulagée de ne pas être seule dans ma galère, même s’il est aussi dans la sienne.

- C’est ton caractère de merde que j’aime le plus chez toi. En plus de ton attirance maladive pour moi.
- Non mais je rêve !

Je lâche sa main pour le frapper à plusieurs reprises, cette fois il éclate de rire. Je savais qu’il ne pourrait pas rester sérieux plus de deux minutes. Cet imbécile. Cet imbécile...cet imbécile dont je crois que je tombe amoureuse. Je me calme presque automatiquement lorsque cette pensée me traverse l’esprit. Je me réinstalle calmement sur le banc. Je ne peux pas tomber amoureuse de lui. C’est déjà assez difficile de gérer cette « attirance maladive », si en plus je commence à ressentir ce genre de choses...non c’est impossible. Je n’ai jamais été amoureuse de toute façon, alors même si Dylan était l’exception à la règle, je ne sais pas ce que ça fait d’être amoureux. Peut-être que je me trompe et que je confonds ce que je ressens en ce moment avec autre chose. Je ne sais pas quoi, mais je ne peux pas savoir si c’est de l’amour. Ça m’arrangerait tellement que ça ne soit pas ça. Je crois que j’ai besoin de repos.

- On devrait rentrer, dis-je en me levant.

Mais il ne bouge pas, il me sourit toujours en restant assis.

- Tu es si pressée que ça ?
- Non pas vraiment. Enfin…

Je suis surtout pressée de m’éloigner de lui pour arrêter de penser à des choses absurdes auxquelles je ne devrais pas penser. Alors je sors une excuse tout aussi absurde à laquelle je ne crois même pas.

- J’ai un peu froid ici.

Je porte un pull tellement épais que j’étouffe presque dedans. Et il le remarque.

- Si tu veux je peux te réchauffer, propose-t-il avec un petit clin d’œil sournois qui me fait plus rougir que rire.

Je le frappe encore une fois avant de me diriger vers la baie vitrée et de le laisser seul avec ses pensées perverses à l’extérieur. Je ne crois pas que ce soit lui qui m’énerve tant, je crois que c’est surtout ce qu’il provoque chez moi que je ne comprends pas. Il ne devrait pas avoir autant d’influence sur moi ! Je ne devrais pas le laisser en avoir ! Mais je sens toujours sa main dans la mienne. Sa main si douce. Il va vraiment finir par me rendre folle, je sens qu’avant la fin de l’année, je serai internée dans un hôpital psychiatrique. Et il sera sûrement mon compagnon de chambre là-bas.

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