Un rêve. Voilà ce que ces 20 derniers jours ont été. Un rêve incroyable, réalisé par mon incroyable Dylan. Mon Dylan. Ouais ça me fait toujours aussi bizarre de dire ça. On a été contraints de se cacher. Il ne pouvait plus m'emmener au lycée, et sortait quand Tina passait à l'appartement. Mais à ma grande surprise, on a réussi à garder notre relation secrète pendant tout ce temps. Mes frères rentrent demain. Je suis impatiente de les retrouver, ils m'ont terriblement manqué. Mais ça signifie aussi dire au revoir à Dylan. Il va devoir rentrer chez lui et on ne pourra plus se parler que par téléphone. Ne plus pouvoir le toucher, l'embrasser...je sens déjà que ça va être une réelle torture, mais je n'ai pas le choix, je vais devoir faire ce petit sacrifice. On se verra dès que possible. Ce week-end, est organisée la grande fête locale. Spectacles, stands, jeux...toutes les conditions sont réunies pour s'amuser. La tempête n'est plus qu'un mauvais souvenir que beaucoup s'efforcent d'oublier. Je passe l'après-midi en compagnie de Tina et de quelques amis à nous, dont Tommy, avec qui mes relations se sont améliorées dans le sens où il accepte de traîner avec moi sans m'éviter du regard. Et grande surprise, le garçon dont Tina est folle est aussi de la partie. Bon, j'admets que ce n'est pas une surprise, j'ai fait exprès d'inviter certains de ses amis en espérant qu'il se joigne à eux. Mais ça Tina n'a pas besoin de le savoir. Elle est aux anges. Elle passe son temps à le regarder, à hésiter à lui parler, à abandonner, à recommencer. Elle est comme ça. Et je l'adore, mais bon sang j'en ai assez. Alors quand ma meilleure amie décide d'aller s'acheter une barbe à papa, j'en profite pour me faufiler vers lui et attirer son attention.

- Salut. Martin c'est ça ?

Il a l'air surpris que je vienne lui parler, mais se montre très vite amical.

- Ouais. Et toi...
- Avery.
- Ravi de te rencontrer Avery.

Il est vraiment gentil aux premiers abords. Je le savais déjà vu que j'ai aussi dû l'espionner à plusieurs reprises et que je le connais donc mieux que je ne devrais.

- Dis je voulais te demander...tu connais mon amie là-bas ?

Je pointe du doigt la folle qui est en train de sautiller devant le marchand de barbe à papa. Elle m'en voudra de l'avoir désigné à ce moment précis. Martin émet un petit rire en la voyant.

- C'est Tina non ? Je la vois souvent mais je ne lui ai jamais parlé.
- Ouais bah elle est dingue de toi.

Et elle me tuera pour avoir dit ça. Mais après des mois à lui tourner autour, il serait temps que ce pauvre garçon sache pourquoi on le harcèle. Il se met à rire, mais pas méchamment, je pense surtout qu'il doit trouver ma façon si directe de parler assez surprenante.

- Je vois. C'est vrai que je la trouve très mignonne.
- Et elle est tellement plus que ça. Elle est phénoménale je dirais. Tu ne regretterais pas d'apprendre à mieux la connaître.
- Avery, ça fait des mois que j'essaie d'apprendre à la connaître. Mais dès que j'essaie de lui parler elle se met à sourire et elle s'enfuit.

Mais quelle idiote ! C'est pas vrai ! Je m'efforce de ne pas grogner d'exaspération, et continue de sourire.

- Et si je règle ce petit problème ? Tu crois que...tu serais intéressé ?

Il ne répond pas, hésitant, alors j'insiste du regard. Ou alors je le supplie du regard je ne sais pas trop ce que je fais à ce moment-là, mais ça marche.

- Je le serais oui.

Il n'aura pas hésité très longtemps. Tant mieux. Je suis si heureuse pour elle. Folle de joie, je me retiens de sauter sur place et lui donne un coup amical dans l'épaule.

- Je vais lui parler.

Il rit toujours quand je m'éloigne pour aller rejoindre Tina et la faire sursauter en surgissant derrière elle.

- Merde Avery tu aurais pu me tuer !
- J'en suis sûre.

Je vais me mettre devant elle dès qu'elle reçoit sa barbe à papa bleue, et souris de toutes mes dents.

- Bon alors je vais te dire quelque chose. A la fin soit tu me détesteras, soit tu m'adoreras, soit tu feras un malaise et je devrai appeler le SAMU. De préférence, adores-moi.
- Qu'est-ce que tu as encore fait ?

Et quand tout est dit, voilà sa réaction :

- Non mais tu es complètement folle ! Mais c'est...je suis en train de rêver pas vrai ? Il est vraiment intéressé par moi ? Je crois que je ne me sens pas très bien.

Elle perd légèrement l'équilibre, mais j'arrive à la rattraper pour la secouer. Finalement c'était les trois.

- Maintenant ma vieille tu vas te ressaisir, arrêter de fuir, et bouger tes fesses jusqu'à ton homme parce qu'il n'attend plus que toi.
- Je vais te tuer.
- Et je t'aime aussi.

Je la pousse jusqu'au groupe, puis l'abandonne très vite pour lui faire comprendre que je ne suis pas avec elle sur ce coup-là. Elle devra s'en sortir seule. Elle ne veut pas non plus que je lui tienne la main pour aller parler à Martin non ? Je vais m'asseoir sur un muret dans un coin pour envoyer un message à Dylan. On doit se voir ce soir pour le feu d'artifice. J'ai hâte, mais ce sera notre dernière soirée ensemble avant un bout de temps.

- Salut Avery.

Je lève ma tête, et cache du mieux que je peux ma surprise quand je vois Tommy devant moi. Il vient vraiment de me parler ?

- Salut.

Il vient s'asseoir à côté de moi avec un naturel qui me perturbe.

- Alors tu t'en es sortie au DS d'anglais ? Moi j'ai eu droit à de la philo et je déteste ça.
- Je...

Et je me mets à parler avec lui. Aussi normalement qu'avant. Avant qu'il ne commence à vouloir sortir avec moi. Avant cette histoire avec Kelly et Dylan. Ça me rassure de savoir qu'il ne m'en veut plus et qu'on peut rester bons amis. Plus loin je peux voir Tina rire, mais elle ne s'enfuit pas, elle rit avec lui. Elle parle avec Martin. Enfin. Tout s'arrange dans nos vies, il était temps.
19h. Tina devait rentrer chez elle mais elle a préféré rester avec Martin. Ces deux-là s'entendent à merveille, ça me fait plaisir. Moi je dois mentir en prétendant rentrer, et au lieu de me rendre à mon appartement qui n'est pas très loin, je vais jusqu'à la place de la mairie où une voiture m'attend. Je monte dedans, embrasse le conducteur, et nous voilà partis. On roule main dans la main, en écoutant du Bruno Mars. Je ne pense même plus au fait que demain il ne sera plus là. Je profite du moment.

- Dylan ?

Il hoche la tête en gardant les yeux rivés sur la route.

- Je vais te manquer ?

Il sourit en serrant ma main plus fort, et en la soulevant pour y déposer un baiser.

- Tous les jours mini-short.

Bonne réponse. On a complètement oublié les mensonges et les secrets. Je préfère ça.

- Et moi ? me demande-t-il impatient.
- Toi quoi ?
- Je vais te manquer ?
- Oh ça...euh...ouais je sais pas.

Il secoue la tête de gauche à droite, et soudain il se gare sur le bas-côté entre deux voitures, pour se tourner vers moi, et profiter de la surprise pour m'embrasser. Je réponds à son baiser avec envie et amusement. J'aime le taquiner parce que je sais que ça lui plaît. Des gros boums se font soudain entendre dans le ciel. On devait aller sur la plage pour regarder le feu d'artifice, mais ici c'est parfait. On voit chaque petite étincelle éclater et redescendre. Chaque couleur illuminer l'obscurité. On dirait des petites lucioles qui virevoltent dans le ciel. Parfois sous forme de pluie de lumière, parfois sous forme de cœurs...le spectacle est incroyable. Et ce qu'il y a de mieux ici, c'est qu'on est que tous les deux. Personne pour nous déranger. Personne pour nous gâcher la vue. Je suis tout simplement comblée.

- Dylan ?

Cette fois il se tourne vers moi et me regarde avec tendresse. Je passe ma main dans ses cheveux. Je me souviens que ses cheveux sont la première chose que j'ai vu à travers le judas de ma porte le jour de son arrivée. Ces mèches rebelles qui m'ont toujours tant attirée. Puis mes yeux se baissent sur ses lèvres. Je me souviens comme si c'était hier de la première fois qu'elles m'ont embrassée. Dans la piscine de l'immeuble. C'était la première fois de ma vie qu'un baiser restait si longtemps imprimé dans mes pensées. Puis il y a eu le second, et le troisième, et aujourd'hui je ne compte même plus.

- Tu vas me manquer. Terriblement.

Ses lèvres s'étirent en un sourire.

- Alors je peux le dire maintenant mini-short ?
- Dire quoi ?
- Que je t'aime.

C'est vrai que je lui avais demandé de ne plus le dire. En tout cas pas tant que je ne lui faisais pas entièrement confiance. Mais maintenant...je ressens enfin cette joie immense que j'aurais dû éprouver dès le début en entendant ces mots sortir de sa bouche. Je me mords la lèvre pour m'empêcher de sourire trop bêtement, ce qui ne marche pas très bien, puis je fais non de la tête en prenant un air le plus sérieux possible. Il fronce les sourcils, inquiet.

- Pourquoi ?

Je lui donne un coup dans l'épaule avant de détacher ma ceinture en riant.

- Parce que je veux te le dire en premier crétin.

Et sur ces mots, je sors de la voiture pour me mettre à courir, comme pour dire « attrape-moi si tu peux sale vieillard ».

********************

Il est 17h38 ce dimanche, quand la porte d'entrée s'ouvre sur mes deux grands frères chéris. Evidemment ils ont à peine le temps d'entrer que je leur ai déjà foncé dessus comme une fusée pour leur sauter au cou et les serrer dans mes bras. Si Alex grogne un peu, Adam lui me rend mon étreinte avec autant de force.

- Mais regarde-toi ! s'exclame ce dernier. On part seulement trois mois et tu as déjà les rides d'une femme de 50 ans.
- Sympa pour maman, renchérit Alex qui dépose un baiser sur mon front avant de me contourner avec ses valises.

Je prends Adam dans mes bras une nouvelle fois avant de le laisser passer à son tour. L'appartement est parfaitement rangé. Plus de paquets de chips qui traînent ou de tentes posées au milieu du salon. Tout est comme ils l'avaient laissé. Ce qui veut aussi dire que toute trace de la venue de Dylan ici a été effacée. Il est parti plus tôt dans l'après-midi. Il devait partir ce matin, mais je ne voulais pas le laisser y aller. Et il ne voulait pas non plus partir.

- Je crois que j'ai rencontré l'amour de ma vie dans l'avion Avery, déclare Adam en s'asseyant dans le fauteuil. Elle m'a souri.
- C'était l'hôtesse de l'air, proteste Alex en soupirant dans son coin. Elle est programmée pour sourire à tout le monde.
- Arrête de toujours tout casser, je sais qu'elle n'était pas insensible à mon charme.
- Vraiment ?

Le solitaire s'approche du romantique en sortant un bout de papier froissé de sa poche pour le secouer fièrement sous son nez.

- Alors pourquoi c'est à moi qu'elle a filé son numéro ?

Il est pas croyable. Toujours aussi cruel mais réaliste. Adam attrape le papier, lis le numéro, et les voilà repartis dans une de leur dispute habituelle.

- Je suis sûr que tu l'as draguée quand j'avais le dos tourné ! Et tu peux me dire pourquoi c'est toi qu'elle a préféré alors qu'on a la même tête ?!
- Adam moi je n'ai pas besoin de draguer les filles, elles viennent naturellement à moi parce que je n'en veux pas. Toi tu leur souris avec ton regard de psychopathe. C'est d'ailleurs sûrement pour ça qu'elle n'a pas voulu de toi !

Je repense à Tina. C'est aussi sûrement parce qu'Alex est plus inaccessible qu'elle était folle de lui. Pourtant il est tout le contraire de Martin, avec qui je crois, la soirée de la veille a été bonne. Je pouffe de rire en attendant comme d'habitude que l'orage passe entre eux. Et il ne dure jamais très longtemps. Alex se tourne vers moi en essayant d'ignorer notre frère qui continue de se plaindre.

- Alors ? Tout s'est bien passé pendant notre absence ?

Adam me regarde à son tour, dans l'attente lui aussi d'une réponse de ma part. Ces trois derniers mois sont passés à une vitesse folle. Je ne peux pas affirmer que tout s'est bien passé, parce qu'il y a eu des hauts et des bas. Mais...

- Je recommencerais tout sans hésiter.

FIN

Alors voilà. C'est terminé. Les derniers chapitres ont mis du temps à arriver à cause de mes problèmes de santé actuels mais j'ose espérer que vous aurez quand même pu apprécier. J'ai beaucoup aimé les personnages de cette histoire, en particulier Adam et Alex sur la fin (peut-être que j'écrirais une autre fiction avec des jumeaux parce que je trouve que c'est une relation plutôt intéressante à exploiter). Enfin voilà, merci d'avoir lu jusqu'au bout.

Encore merci ! Vous êtes géniaux ! Je vous aime tous ! A bientôt j'espère !!!