Chapitre 16
Le réveillon de Noël se déroule plutôt bien. Le frère de ma mère et père de Marc est venu avec sa femme et ses deux enfants, je suis donc très bien entourée. Assez pour oublier mon téléphone sur le coin de la table après avoir reçu un appel vidéo de mes jumeaux préférés qui fêtent très bien l’événement là où ils sont. Dylan ne m'a plus appelé après le message. Il a sûrement décidé de me laisser tranquille. Même si ça me soulage, je suis quand même assez déçue qu'il abandonne si vite. J'aurais voulu...je ne sais pas vraiment ce que je veux.
- Hey Avery c'est toi sur la vidéo ?
C'est ma cousine, la sœur de Marc qui m'interpelle. Elle me montre son téléphone avec enthousiasme et je crois que ma tête va exploser quand je vois la fameuse vidéo. Dylan et moi à ce festival, en train de chanter avec tellement de complicité. Je regarde les images pendant quelques secondes sans rien dire. Je vois la façon dont Dylan me regarde et me touche, je ne l'avais pas remarqué au moment de chanter. J'étais peut-être trop absorbée par la musique. Mais en tout cas, il ne me regardait pas comme une simple amie contrairement à ce que je croyais. Si seulement les choses pouvaient être aussi simples.
- Alors c'est toi ?
- Oui c'est moi.
Je détourne le regard en le tournant vers mon assiette à moitié pleine du dessert qu'a préparé ma mère aujourd'hui. Voir cette vidéo m'a coupé l'appétit.
- Et le garçon avec toi ça ne serait pas le voisin ?
Bon sang j'adore ma cousine mais si elle continue avec ses questions je vais finir par l'étrangler devant tout le monde.
- Oui c'est lui.
- Il est tellement beau. Dommage qu'il soit aussi vieux, mais vous iriez bien ensemble.
Je dois retenir mes mains de ne pas se diriger vers son cou. Je préférais les questions tout compte fait.
- Sœurette arrête d'embêter Avery, intervient enfin Marc en attrapant la tête de sa petite sœur pour la secouer de gauche à droite.
Cette dernière donne des coups à son frère pour qu'il la lâche et je suis rassurée de voir que son attention s'est tournée vers autre chose. Marc vient de la sauver d'une mort atroce le soir du réveillon de Noël. C'est un bon frère. Et un bon cousin. J'essaie de trouver une autre conversation à laquelle me joindre autour de la table mais rien ne m'intéresse vraiment. Entre ma mère et sa belle-sœur qui parlent de jardin et mon cousin qui parle de l’université avec mon oncle, je ne suis pas vraiment captivée. Ça avait si bien commencé pourtant. De toute façon je commence à être fatiguée. Il est tard. Presque minuit en fait. J'aimerais pouvoir monter dans ma chambre et me coucher pour ne plus penser à cette vidéo revenue me hanter. Je commence à écouter les conversations, bien qu'ennuyantes à mourir. Je n'ai rien d'autre à faire. Quand des feux d'artifices à l'extérieur attirent l'attention de tous. Tout le monde se lève pour aller dans l'arrière-cour et observer les couleurs dans le ciel. Sauf ma mère qui en a une peur bleue. Pourtant c'est magnifique. Je pourrais m'allonger sur l'herbe et regarder le ciel s'embraser jusqu'à ce que le jour se lève. Tout le monde se souhaite un joyeux Noël, je ne sais pas si on peut dire que le mien est joyeux, pour l'instant ce n'est pas le cas. Il me manque quelque chose. Quelqu’un. Je retourne dans la maison, lassée de ce spectacle que je ne parviens même pas à apprécier. Je retrouve ma mère dans le salon qui est en train de débarrasser la table. Je lui souhaite également un joyeux Noël en lui faisant un câlin anormalement long, puis je vais prendre mon téléphone pour appeler Tina. C’est là que je vois un message de Dylan. Envoyé il y a six minutes. « Viens me rejoindre devant chez moi, si tu ne viens pas je te laisserai tranquille. » Il va vraiment me rendre dingue, mais est-ce que j’ai vraiment envie qu’il me laisse tranquille ? Je pourrais simplement oublier ce qu’il a fait, après tout c’est du passé et il s’en veut. Ça nous arrive à tous de faire des erreurs. Bon sang je sais que je vais le regretter mais je dois le faire. Alors sans même prévenir quelqu’un, je sors de chez moi à toute vitesse. Je ne sais pas ce que je vais dire ou faire, mais je vais aller le voir. Quand j’arrive finalement devant la maison des O’Brien, j’aperçois Dylan assis sur les escaliers devant la maison. Il regarde les feux d’artifices qui illuminent toujours les cieux. Pourtant il n’a pas l’air émerveillé, surtout préoccupé. Comme il ne m’a toujours pas remarqué il doit être en train de se demander si je vais venir. Je suppose. Lorsque j’arrive enfin près de lui, son regard se pose sur moi et il se lève aussitôt pour venir me rejoindre. Il ne me prend pas dans ses bras, il ne me touche pas, heureusement. Je ne pourrais pas résister autrement. Il se gratte nerveusement la nuque en fixant le sol. En le regardant j’ai l’impression qu’il a réfléchi toute la journée à ce qu’il pourrait me dire, qu’il avait tout préparé de A à Z. Mais rien ne sort de sa bouche, il craint peut-être de me voir fuir au moindre faux pas. C’est donc à moi de me lancer je suppose.
- J’ai reçu ton message.
Quelle idiote. C’est tout ce que j’ai trouvé à dire. Évidemment que je l’ai reçu, sinon je ne serais pas là. Mais ça l’aide à parler.
- Je n’ai pas menti, c’était le dernier. Je ne voulais pas que tu te sentes...harcelée.
Je lui suis reconnaissante de prendre en considération ce que je peux ressentir. Mais ma présence confirme que je ne veux pas perdre le contact avec lui.
- Je suis désolé Avery. Je sais que je te déçois.
- Tu ne me déçois pas Dylan.
- Je devrais te décevoir. J’ai honte de moi-même.
Il se rapproche pour caresser ma joue du dos de ses doigts. Je ferme mes yeux pour apprécier la chaleur de ce contact. Mais je redescends vite sur Terre. J’attrape sa main pour la retirer et le regarde droit dans les yeux avec sérieux.
- Dis-moi que tu ne me caches rien d’autre Dylan.
Il me manque trop. Je ne peux pas redevenir la Avery que j’étais avant son arrivée dans mon appartement. Trop de choses se sont passées. J’ai besoin de lui, même si ça signifie oublier des erreurs du passé.
- Et si tu me caches autre chose c’est le moment de m’en parler sinon je te jure que je rentre chez moi et que plus jamais tu ne vas…
- Je ne te cache rien d’autre. Je te le promets.
Ça peut paraître fou mais je le crois. Je devrais rester sur mes gardes après le coup de la drogue et de la bagarre, mais il a l’air si sincère. Je soupir de soulagement avant de me jeter dans ses bras pour retrouver la chaleur et l’électricité de son corps. Ses bras m’entourent. Je me sens à nouveau en sécurité. Il me fallait juste du temps pour digérer la nouvelle. Je sais que ça n’a pas pris beaucoup de temps, mais je suis heureuse d’avoir pu passer au-dessus de tout ça. Tout ce que je veux maintenant c’est profiter d’être avec lui. À une seule condition.
- Si tu tiens vraiment à moi Dylan, ne retourne plus à cette université. Cet endroit est mauvais pour toi tu le dis toi-même. Je ne veux pas m'inquiéter pour toi à chaque fois que tu iras là-bas.
Il ne répond pas. Pendant un moment j'ai peur d'être allée trop loin. J'ai peur que cette université soit trop importante pour lui. Plus que moi. C'est stupide d'être jalouse d'un vieux bâtiment. Mais mes craintes sont éloignées quand enfin il me répond.
- Je n'irai plus si ça peut te rassurer.
Je souris soulagée en le lâchant pour l'embrasser, folle de joie. Il me rend mon baiser avec urgence. Je suis si heureuse. Tout ira mieux maintenant j'en suis certaine. Même si...j'avais presque oublié ma famille. C'est Noël, et je suis dehors avec un garçon. Je suis vraiment horrible. Je me sépare rapidement de Dylan en souriant gênée.
- Je devrais rentrer chez moi avant que ma famille commence à s'inquiéter.
- D'accord.
Il me sourit aussi, prêt à me laisser partir. Mais aucun de nous n'a envie de ça. Et je suis celle qui relance le baiser. Je suis bien avec lui. Même si le temps qui passe me pousse à le lâcher enfin.
- Je dois vraiment y aller.
- Je sais.
Cette fois c'est lui qui m'embrasse. On n'y arrivera jamais. Aucun ne laissera jamais partir l'autre. Je voudrais passer le reste de la nuit blottie dans ses bras. Je voudrais l'embrasser à en manquer d'air. Je voudrais...je veux juste Dylan O’Brien pour moi, pour une nuit. Mais ça ne sera pas pour ce soir. Je me décide à mettre fin au baiser en commençant à m'éloigner en marche arrière, le sourire aux lèvres.
- Ma mère va vraiment me tuer si je ne rentre pas. On a qu'à s'appeler.
- Je t'appellerai en premier.
- C'est un défi ?
- Seulement si tu te crois capable de le relever mini-short.
Enfin revoilà ce surnom. Je ne l'aime pas. Mais...ça me rappelle les jours incroyables qu'on a passé ensemble à mon appartement. Et ça ne peut que me plaire. J'atteins le trottoir quand je repense à quelque chose d'important que j’aie oublié de lui dire. Je me tourne vers lui. Il est toujours au même endroit, et me regarde m'éloigner.
- Joyeux Noël Dylan.
Il sourit encore plus qu'il ne le faisait il y a quelques secondes et hoche la tête.
- Joyeux Noël Avery.
Maintenant il l'est oui. Je retourne finalement chez moi, où je tombe immédiatement sur mon cousin. Les bras croisés, assis sur une des marches des escaliers, on dirait qu’il attendait quelqu'un. Je sais qui. Je m’approche de lui gênée.
- Marc…
- Tu sais ce que tu fais cousine ?
Absolument pas. Je suis complètement larguée. Je sais que laisser sa chance à Dylan était une bonne chose à faire parce qu’il me manquait trop. Mais quant à savoir si c’était raisonnable...je ne le saurais pas maintenant en tout cas.
- Oui, réponds-je tout de même pour ne pas recevoir une nouvelle leçon de morale.
Il hoche la tête en se levant, vient me prendre dans ses bras pendant quelques secondes, dépose un baiser sur mon front et repart. Il me fait confiance, j’espère ne pas le décevoir en me trompant. Je vais à mon tour rejoindre les autres. C’est seulement une heure après qu’ils partent et que je monte me coucher tandis que ma mère décide de rester un peu devant le sapin au rez-de-chaussée. Elle aime faire ça, avec une bonne tasse de thé et une couverture, elle dit que c’est sa définition d’un bon Noël. Je suis fière d’elle. Malgré ces histoires de divorce elle sait rester forte. Lorsque je me glisse sous mes draps soulagée de pouvoir me reposer un peu, je reçois un appel de Dylan. C’est dingue. Avant de voir son nom apparaître sur mon écran je tombais de sommeil. Maintenant je pourrais courir un marathon. Je réponds en allant m’enfermer dans ma salle de bains pour être sûre que ma mère n’entende pas la conversation.
- Je vois que tu as gagné.
- Je t’avais dit que je t’appellerai en premier.
Je comptais l’appeler en me réveillant. Mais de toute évidence il a été plus rapide.
- Je te manquais tant que ça vieillard ?
Je vais m’asseoir contre le mur en souriant. J’ai l’impression d’entendre sa voix pour la première fois depuis trop longtemps.
- Tu me manquais atrocement mini-short.
Je souris comme une gamine. Ou plutôt comme une...adolescente. Je comprends enfin pourquoi les gens emploient cette expression. Je trouve ça triste, ça veut dire que les adultes n’ont plus aucune raison de sourire passé l’adolescence ?
- Ça te dit que je te kidnappe demain ? Me propose Dylan avec un naturel qui m’étonnera toujours.
- Pourquoi pas ? Le 25 décembre ma mère passe toujours la journée au lit après le réveillon épuisant qu’elle s’est tuée à organiser. Et mon père a pris l’avion hier soir pour rejoindre mes frères demain. Je serai tout à toi.
- Ça me plaît.
- Seulement si tu me dis où tu m’emmènes.
- Impossible.
J’aurais dû m’y attendre. Mais ça ne me dérange pas de ne pas savoir. Je suivrais cet imbécile à l’autre bout du monde s’il le fallait. Je suis vraiment folle de lui. Ou folle tout court.
On pourrait s’attendre à ce que le jour de Noël les rues soient vides. Pas dans ma ville. Les gens n’ont pas l’air de vouloir passer la journée avec leur famille, enfermés dans leurs maisons. Dylan est venu me chercher à 10h. J’ai laissé un petit mot à ma mère sur le comptoir de la cuisine pour éviter qu’elle s’inquiète. On roule depuis maintenant quelques minutes, sans que je sache où on va. La musique poussée à plein volume, les vitres totalement baissées, je sens mes cheveux voler dans le vent comme si je flottais. Je suis surprise lorsque je sens la main libre de Dylan attraper la mienne pour y déposer un rapide baiser. On ressemble à un vrai couple. Un couple complètement déjanté qui chante toutes les chansons qui passent à la radio à s’en exploser les cordes vocales et les tympans. Je me sens libre avec lui, j’aime ressentir ça. Quand on se gare, je reconnais presque immédiatement l’aire de pique-nique. L’endroit est désert. C’est surprenant et parfait. On sera seuls tous les deux. C’est seulement une fois sortis que je le vois retirer du coffre un petit panier.
- Tu as préparé un pique-nique pour moi Dylan O’Brien ?
- Ne prends pas la grosse tête. Je fais ça avec toutes les filles que j’emmène ici.
- Oh je vois. Tu t’es entraîné avec d’autres avant d’enfin te lancer avec moi. C’est tellement mignon.
Il me sourit en verrouillant la voiture. On va s’installer au centre de l’air de repos, satisfaits de l’avoir pour nous seuls. Je découvre qu’il a préparé quelques sandwichs et un bol de fraises. Il est tellement attentionné. J’ai un peu le trac je dois l’admettre. J’ai si longtemps rêvé de ce moment que maintenant j’ai du mal à réaliser que j’y suis vraiment. Je suis avec le garçon dont je suis amoureuse, en train de pique-niquer. Même si je suis toujours naturelle avec lui, je ne sais pas comment me comporter à cet instant. Il le remarque. Allongé dans l’herbe, il se tourne vers moi en souriant.
- Tu as perdu ta langue mini-short ? D’habitude je dois prier le ciel pour que tu arrêtes de parler.
- Crétin.
Je le frappe au pectoral, mais il en profite pour saisir ma main et me tirer vers lui. Je me retrouve à califourchon sur cet idiot qui m’empêche de justesse de tomber en posant ses mains sur mes hanches. Il a l’air tellement heureux. J’ai envie de croire qu’il l’est. Que c’est grâce à moi. Il fait passer une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille en faisant ensuite glisser sa main le long de mon épaule et de mon bras. Des frissons. Encore des frissons.
- Non sérieusement, qu’est-ce que tu as ? Tu as l’air nerveuse.
- Parce que je le suis.
- C’est moi qui te mets dans cet état ?
Je vois très bien qu’il essaie de ne pas se moquer, mais son sourire en coin le trahit. Et me fait aussi sourire. Je me demande si ce sont les quatre années qui nous séparent qui me provoquent une telle panique. Je ne suis pas face à un ado en pleine puberté comme Zack. Je suis dans les bras d’un vrai homme, qui me fait tourner la tête.
- Ne prends pas la grosse tête. Je suis nerveuse avec tous les garçons qui m’emmènent ici.
Il fait mine d’être blessé par une flèche en plein cœur en posant sa main à l’endroit de la blessure imaginaire. Je le frappe au même endroit en riant avant de me pencher pour poser mes lèvres sur les siennes. Ses mains rencontrent à nouveau mon corps. L’une d’elle se pose sur ma nuque pour me rapprocher. Il me fait ressentir des choses que je ne pensais même pas possible de ressentir avant. Ça me fait peur. Mais c’est aussi atrocement excitant. Je sens mon cœur s’accélérer, le désir monter en moi. Je ne dois pas aller trop vite. Alors au moment où les choses commençaient à devenir vraiment « intéressantes », je choisis de me redresser pour échapper à son emprise envoûtante et me jeter sur le panier pour attraper une fraise et mordre dedans.
- Ces fraises sont vraiment délicieuses tu devrais goûter.
La frustration se lit sur son visage, mais il se redresse à son tour en souriant pour attraper la fraise entamée dans ma main et la manger.
- Je commence à regretter d’avoir préparé ce pique-nique.
Je ris en me rallongeant. Les vibrations de mon téléphone me ramènent à la réalité. Je quitte ce petit monde parfait en voyant la photo de Tina. Je ne lui ai toujours rien dit sur Dylan. Rien du tout. Elle ignore ce qu’il a fait, elle ignore que ça m’est égal et que je suis officiellement avec lui...c’est la première fois que je lui cache autant de choses. D’habitude je lui dis tout. J’espère qu’elle ne m’en voudra pas, mais pour le moment je décide de ne pas répondre à son appel pour profiter au maximum de mon moment avec Dylan O'Brien.
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