Chapitre 13
- La Terre appelle Avery !
Je sursaute en entendant ma meilleure amie crier. Je réalise en voyant son plateau entamé et le mien encore remplie que j'étais de nouveau en train de rêvasser. Comment ne pas le faire ? Après ce qui est arrivé avec Dylan c'est impossible.
- Désolée, tu disais ?
- Tu penses encore à Dylan ?
- Non pas du tout.
Je me mets à fixer le plafond d'un air innocent.
- J'étais en train de penser à...au cours d'histoire de ce matin.
- Et c'est notre vieille prof de 60 ans qui te faisait sourire bêtement ?
- Je...
À quoi bon lui mentir ? Ça fait des jours que je lui parle sans arrêt de ce baiser avec Dylan. Elle doit bien se douter que je ne pense qu'à ça depuis.
- Bon d'accord, je pensais à Dylan.
Mon amie soupire en levant les yeux au ciel. Je sais que ça l'exaspère mais je suis tellement heureuse de ce qui est arrivé !
- Avery...
- Je sais ce que tu vas me dire mais j'ai tellement hâte de le revoir.
Pour la première fois depuis longtemps, je vois l'inquiétude parcourir son visage.
- Avery fait attention à lui. On ne le connaît pas vraiment en réalité. Enfin...je...
Je ne comprends pas son comportement. Pourquoi elle se méfie autant de lui d'un coup ? Elle l'aimait bien avant, c'est ce que je croyais en tout cas.
- Je le connais très bien Tina.
- Vraiment ? Et sa face cachée qu'il ne veut pas te montrer hein ? Il dit qu'il est différent quand il est à l'université, on ne sait pas ce qu'il y fait.
- De quoi tu parles au juste ? Tu sais quelque chose sur lui que j'ignore ?
Elle commence à m'inquiéter. J'ai l'impression qu'elle me cache quelque chose qu'elle a peur de me révéler. Au sujet de Dylan ? Elle ne dit toujours rien, alors je finis par perdre patience en lui donnant un coup de pied sous la table. Ce qui fait grogner mon amie sur le coup, mais qui la calme ensuite.
- Tout ce que je sais c'est que...le soir où on t'a soi-disant droguée, je l'ai trouvé bizarre. Quand je vous ai rejoint dehors tu t'étais déjà évanouie, Dylan te portait. Je lui ai demandé ce que tu avais et je voulais t'emmener à l'hôpital, mais il avait l'air de s'y connaître. Il savait quoi faire, il savait ce qui t'arrivait, il m'a même donné le nom de la drogue en question. Où est-ce qu'il a appris tout ça tu crois ?
C'est vrai que c'est étrange. Mais il peut y avoir beaucoup d'explications logiques à tout ça. Il a peut-être étudié ça à l'université, peut-être qu'il a été bénévole dans un centre de désintoxication je ne sais pas moi ! Il doit y avoir une raison. Et une bonne.
- Salut Mandy.
Oh non c'est pas vrai ! Pas elle ! Je baisse la tête pour faire comme si je n'avais rien entendu, dans l'espoir que cette peste de Kelly laisse tomber. C'était la sous-estimer. Elle vient s'asseoir à côté de moi en me collant beaucoup trop. Elle ne jette même pas un seul coup d'œil à Tina en face de moi. J'essaie toujours de digérer le fait qu'elle se soit jetée sur Dylan, alors la voir maintenant m'insupporte au plus haut point. Surtout qu'elle n'est pas fichue de retenir mon nom !
- Où est ton beau gosse de copain ? m'interroge-t-elle en souriant.
- Il n'est pas...
Une minute. Elle a dit copain ? Je sais que c'est ce que je lui ai dit mais Dylan ne lui a pas dit qu'on n'était pas ensemble ?
- Qu'est-ce qu'il t'a dit sur nous au juste ? Je vous ai vu...discuter au bar l'autre soir.
Oui discuter. Appelons ça comme ça sinon je ne pourrai pas retenir mes coups. Elle se met à bailler comme si cette conversation qu'elle a elle-même commencée, l'ennuyait déjà.
- Je dois admettre que je ne te croyais pas quand tu me disais que vous étiez ensemble, après tout...il est lui et tu es toi on ne mélange pas les aigles et les pigeons.
Ne pas la frapper. Au moins pas devant tant de témoins. Ça me rassure qu'elle soit capable de citer des oiseaux, je me faisais du souci pour sa capacité intellectuelle réduite.
- Mais quand les mecs ont commencé à dire des trucs sur toi il a insisté sur le fait que tu étais sa copine et il a dit...je crois qu'il a dit qu'il casserait la gueule au premier qui te ferait du mal. Un truc dans ce genre-là.
Je lance à Tina un regard voulant dire "je te l'avais bien dit". Dylan est quelqu'un de bien. Il veille constamment sur moi et il tient à moi. Alors je ne peux pas me permettre de douter de lui. Je lui fais aveuglément confiance.
- Bref, reprend Kelly de plus en plus ennuyée. Il n'est plus là ? C'est fini entre vous ? Je peux enfin tenter ma chance ?
Je lui adresse mon sourire le plus sincère pour lui clouer le bec.
- Il devait rentrer chez lui mais on est toujours ensemble merci de t'en soucier Kelly. Je vais le retrouver pendant les vacances d'ailleurs, je lui dirai que tu as pensé à lui.
Le mépris réapparaît dans son regard. Elle voulait de toute évidence uniquement savoir si la chair fraîche était de nouveau disponible. Elle me fait pitié parfois.
- Dis-lui ça oui, il se souviendra sûrement de moi. Personne n'oublie jamais un baiser de ma part.
Elle me fait un clin d'œil en se relevant pour s'éloigner de notre table. Tina lance un morceau de pain dans sa direction qui rate sa cible mais qui permet de me remonter le moral. Cette garce ne paît rien pour attendre. Si j’espérais tout de même que cette intrusion fasse oublier à Tina ses craintes sur Dylan, ça ne fait que les confirmer. Son regard insistant va me rendre dingue. Je sais que beaucoup de faits pourraient rendre Dylan suspect, mais je lui fais confiance.
- Tina arrête de te méfier de lui, c’est quelqu’un de bien qui m’a beaucoup aidée.
- Avery si c’est vraiment quelqu’un de bien alors pourquoi il a encore disparu ?
- Il m’a envoyé un message cette fois.
- En plus d’une semaine. Et c’était il y a quatre jours, qui sait ce qu’il a pu faire entre temps pour refuser de te parler ? Tout ce que je dis c’est que...moi je ne lui fais pas confiance.
Elle commence à m’agacer à trop se méfier de lui. Et même si je sais qu’elle s’inquiète juste pour mon bien je ne peux pas supporter qu’on dise du mal de Dylan aussi gratuitement. Je veux lui accorder le bénéfice du doute, après tout je le connais tout de même mieux que Tina. Pour ne pas créer de malaise, je fais comme si elle n’avait rien dit et change rapidement de sujet avant qu’elle ne s’excuse. Je continue de croire que je ne me trompe pas sur Dylan. Et je pourrai en être totalement sûre quand je le reverrai enfin. Lorsqu’on se rend en cours je ne peux pas m’empêcher de sortir mon téléphone pour regarder le fameux message envoyé samedi soir. « J’ai hâte de te revoir mini-short ». Je n’avais pas répondu, je ne savais pas quoi dire et j’avais peur de faire une connerie. Je suis tellement maladroite par message. Est-ce qu’il a vraiment hâte de me revoir ? Le soir en arrivant chez moi, je reçois mon appel quotidien de ma mère. Elle aussi est impatiente que je rentre. Plus que trois jours.
- Tu as fait ta valise ma chérie ?
- Maman j’ai encore du temps. Et puis je te rappelle que je ne fais que revenir à la maison où j’ai des affaires, je ne vais pas dans un pays étranger à l’autre bout du monde.
- Je sais mais je suis tellement heureuse que tu reviennes.
Je souris en me laissant tomber sur mon lit. Je porte mon petit dé autour du cou, je me demande si Dylan a toujours le sien avec lui comme moi. Je me demande où il est et s’il va bien.
- Dis maman, Dylan est chez lui en ce moment ?
- Dylan ? Non je crois qu’il est allé voir des amis à l’université pourquoi ?
Son université. On dirait bien que cet endroit est le centre de tous ses problèmes. Alors pourquoi il y retourne ? Pourquoi il passe tant de temps là-bas ? C’est toujours à cause de son ami ? Ou de cette Maria ? Il prétend ne pas aimer la personne qu’il est là-bas, je ne comprends pas ce qu’il veut dire.
- Avery tu es toujours là ?
Je vais finir par inquiéter ma mère avec mes longs silences un jour.
- Je suis là oui. J’ai des devoirs à faire. On se voit bientôt.
- D’accord. Je t’aime ma chérie.
- Je t’aime aussi maman.
Et je raccroche pour lâcher mon téléphone à côté de moi. Ma mère a quand même raison sur le fait de faire une valise, j’ai des vêtements que j’ai acheté ici avec Tina que je suis obligée d’apporter. Comme ma petite robe noire que je devrai obligatoirement porter pour le nouvel an. J’espère qu’on le fêtera avec les O’Brien cette année encore, et que Dylan sera là. C’est ridicule, pourquoi serait-il absent ? Il m’a embrassée. D’accord il s’est contenté de partir ensuite sans rien dire, mais je suis certaine que ça voulait dire quelque chose pour lui aussi. Après quelques minutes de travail, je reçois un autre appel. De mon cousin cette fois. Je ne pensais pas entendre parler de lui maintenant. C’est pourquoi je réponds avec enthousiasme.
- Marc !
- Elle a répondu !
Il se met à crier de victoire comme un idiot. J’éclate de rire en faisant tourner ma chaise. Il est toujours un peu...dingue. Mais c’est ce que j’aime chez lui.
- J’allais ignorer quand j’ai vu ton nom apparaître mais ensuite j’ai eu pitié de toi. Estime-toi heureux.
- Tellement sauvage avec son pauvre cousin. Tu ne devrais pas avoir pitié mais honte.
- J’y réfléchirai en bloquant ton numéro.
On rit encore plus. On s’adore. Il a un an de plus que moi, et on habitait dans la même ville jusqu’à ce qu’il aille à l’université et que moi je vienne ici. Il m’a tellement manqué, lui et moi on a fait les 400 coups ensembles. On ne se lasse jamais de l’autre. Pourtant depuis nos déménagements on a été tellement occupés qu’on ne s’est pas du tout appelés. Je comptais le revoir chez moi, mais je suis heureuse de l’avoir maintenant par téléphone.
- Prête pour le départ ?
- Oh tu connais ma mère.
- Ma chère tante. Elle te harcèle tous les jours pour te poser la même question hein ?
- Exactement.
Il sait comme elle peut être insistante. C’est aussi ce que j’aime chez lui, il me connaît aussi bien qu’il connaît mes proches, ce qui me permet de parler avec lui aussi librement que si je parlais avec moi-même. Parce qu’on peut presque dire qu’il est ma version masculine. Mais j’y pense maintenant, il est dans la même université que Dylan. Ou plutôt dans l’université dans laquelle Dylan était. Il a peut-être des informations à me donner. Je dois me la jouer discrète.
- Alors ça se passe comment l’université ?
- C’est la même chose que le lycée en totalement différent.
- Le rêve.
Je sais que je devrais arrêter de penser à Dylan. Je suis au téléphone avec mon cousin adoré avec qui je n’avais pas parlé depuis longtemps, je devrais en profiter. Mais je ne peux pas me sortir mon beau voisin de la tête. C’est mal je sais, mais je n’y peux rien, autant l’accepter.
- Au fait tu te souviens de Dylan O’Brien ?
Bonjour la discrétion Avery. Bonjour la discrétion.
- Ton voisin ? Carrément ouais ! Il s’est fait viré de l’université en début d’année.
Ça confirme donc qu’il ne l’a pas quittée de son plein gré et qu’il ment à sa mère. A tout le monde en fait, même à moi. Mais pour quelle raison ?
- Ah bon ? Qu’est-ce qu’il a fait ?
- Il s’est battu avec un gars. Et ça se serait mal fini.
Il s’est battu. Mais avec qui ? Et pourquoi ? Cette Maria aurait quelque chose à voir avec cette histoire.
- Vraiment ? Tu connais plus de détails ?
- Pourquoi ?
Et puis merde !
- Parce qu’il est venu vivre chez moi juste après pendant deux semaines, que je suis tombée amoureuse, qu’on s’est embrassés deux fois et que j’aimerais savoir pourquoi il tient tant à garder sa vie privée si mystérieuse et secrète.
Ça ne m’étonne même pas après toutes ces révélations, d’entendre mon cousin rire aux éclats. Il devrait être choqué, ou au moins surpris. Mais non, il rit. Je le reconnais bien là. Il reprend son sérieux avec difficulté et répond enfin.
- Tu es incorrigible Avery. Je ne sais pas grand-chose à vrai dire. Juste que c’était son meilleur ami et qu’il a été bien amoché par la bagarre. Du genre une ou deux côtes cassées et un œil au beurre noir. C’est pour ça que Dylan est le seul à avoir été renvoyé.
Quoi ?! Je ne peux pas le croire. Je me souviens qu’il m’a dit avoir fait du mal à ses amis mais je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi...bon sang qu’est-ce qui lui a pris de faire ça ?
- Mais ce n’est pas tout Avery.
Son ton est devenu anormalement grave. Un peu comme Tina ce matin.
- Tu devrais te méfier de lui. Je n’ai pas le droit d’aller aux soirées des seniors, mais je sais qu’ils font des trucs pas nets là-bas, et qu’il en fait partie. Alors fais gaffe.
D’abord Tina, maintenant lui. Je commence à avoir des doutes sur Dylan. Si les deux personnes qui me connaissent le mieux et que j’écoute le plus me conseillent de me méfier de lui, je me demande si je devrais le faire. Pourquoi il ne m’a pas parlé de cette bagarre et de son meilleur ami. Il aurait alors pu m’expliquer la raison de leur dispute, j’aurais sûrement essayé de comprendre. Il ne me faisait peut-être pas assez confiance. Et ça me fait de la peine. Et puis c’est quoi cette histoire de soirée ? Qu’est-ce qu’il peut bien faire de si grave ? Je commence à m’interroger sur lui. Et s’il n’était pas celui que je croyais ? Et si sa « face cachée » qui apparaît uniquement lorsqu’il est à l’université et qu’il refuse de me montrer était plus inquiétante que ce que je crois ? Je ne veux pas me tromper à ce point sur le premier garçon qui m’attire autant. Pourtant une partie de moi veut croire qu’il reste une explication logique, que je peux lui faire confiance, qu’il suffit de lui demander pour avoir des réponses. Je voudrais tellement qu’il soit sincère avec moi.
- Avery promets-moi de faire attention, insiste mon cousin inquiet de ne plus m’entendre.
Je ne peux pas lui promettre ça. Ça voudrait dire que si Dylan s’avère être une mauvaise personne je devrai arrêter de le voir. Mais je n’ai pas non plus envie d’une mauvaise personne dans ma vie. Je ne sais pas quoi faire, et je sais que Marc ne me lâchera pas tant qu’il n’aura pas eu une réponse. Je n’ai pas le choix. J’attrape mon dé, accroché autour de mon cou, pour le serrer dans mon poing afin de me donner du courage et enfin :
- Je te le promets.
Je n’aime pas rompre mes promesses, mais je sais très bien qu’un seul mot, un seul regard de Dylan suffit pour me faire tourner la tête. Je ne suis plus moi-même quand je suis avec lui, je suis hypnotisée par sa voix et ses yeux. Dès que je le verrai, je lui parlerai. J’essaierai de ne pas flancher parce que je ne peux pas faire autrement, j’ai besoin de savoir. Je dois être sûre que le garçon dont je suis amoureuse n’est pas un danger pour moi ou pour lui-même.
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