Chapitre 11

Je ramasse mon sac en cherchant désespérément mon t-shirt. Où est-ce qu'il est ? À tous les coups c'est Thomas qui l'a caché pour s'amuser. Ça ne m'amuse absolument pas moi ! Je suis morte de froid, je me retiens de trembler comme une feuille devant Dylan et je ne peux pas me promener en soutien-gorge partout ! Ce gosse peut être aussi adorable que démoniaque parfois. La prochaine fois que je le vois ce n'est pas un câlin qu'il aura mais un bon coup de pied au derrière. Ça ne dérangera sûrement pas sa grande sœur qui n'attend que ça. Je me tourne vers Dylan en soupirant. Comme je m’y attendais, voir son visage me donne envie de...de lui sauter dans les bras et de l'embrasser. De l'embrasser avec encore plus de passion que la première fois dans la piscine de l'immeuble. Je veux le serrer contre moi et ne plus jamais le laisser partir pour le garder tout près. Après cette fichue crise d’angoisse, je voulais tellement retrouver cette sécurité que seul Dylan peut m'apporter. Je l'ai attendue. Mais elle n'est jamais venue. Alors au lieu de l'embrasser, je mets mes pulsions de tendresse de côté pour laisser sa place à la rage. Avec force, je lui mets une gifle qui le fait à peine bouger, mais dont il se souviendra sûrement. Il accepte cette gifle sans broncher et me sourit même pour me rassurer.

- D'accord je l'ai mérité. Mais...

Je ne peux même pas le laisser s'expliquer. J'ai trop de colère enfouie en moi. Il croyait vraiment pouvoir revenir comme une fleur et me faire tout oublier avec un sourire et une gifle ?

- Deux semaines Dylan ! Deux semaines sans me donner de nouvelles ! Deux semaines sans répondre à mes messages ! Deux semaines à me laisser poiroter là comme une idiote folle d'inquiétude ! Je pensais qu'il t'était arrivé quelque chose bordel !

Alors que je m'attendais à ce qu'il se sente mal, parce qu'il devrait se sentir atrocement mal, il pouffe de rire en essayant de me regarder droit dans les yeux avec un air neutre.

- Je suis désolée Avery. Mais c'est difficile de te prendre au sérieux quand tu es à moitié nue devant moi.

Non mais quel...du calme. Si c'est un arrogant doublé d'un obsédé c'est son problème. Je laisse tomber mon sac pour croiser mes bras avec fermeté et lui lancer des éclairs avec mes yeux.

- Tu veux jouer au plus malin Dylan O’Brien ? Très bien. Enlève ton t-shirt.
- Quoi ?
- Enlève ton putain de t-shirt !

Il obéit aussitôt en me fixant avec curiosité. J'attrape le linge immédiatement et l'enfile sans peine avant de reprendre mon sac. Ça me réchauffe enfin. Et puis son odeur, son parfum, je le retrouve. Un seul dilemme se pose à moi. Ne pas regarder son torse musclé. Surtout ne pas regarder son torse musclé.

- Voilà. Maintenant c'est toi qui es à moitié nu. Profites-en pour aller parler avec des filles sur cette plage qui ne te détestent pas. Moi je rentre chez moi. Où, tu l'as bien compris, tu n'es plus le bienvenu !

Je me détourne de lui mais il me retient en me ramenant face à lui. Pour une fois depuis son retour, il a l'air vraiment sérieux.

- Ne dis pas que tu me déteste Avery.

Son regard essayant de sonder mon esprit me paralyse. Je ne peux pas me défaire de son emprise, seule ma bouche peut encore bouger.

- Parce que tu vas aussi me dire ce que je dois faire maintenant ? Je te trouve plutôt gonflé.
- Je n'ai jamais voulu te faire de peine.
- Alors pourquoi tu n'as pas répondu à un seul de mes messages ?!
- Je ne pouvais pas !

Je m'attendais à cette excuse. Mais ça ne fonctionne pas.

- Ne me fait pas croire n'importe quoi Dylan. Je sais que tu appelais ta mère tous les jours.
- Oui pour prendre de tes nouvelles.

Je suis encore plus perdue. Comment ça prendre de mes nouvelles ? À quoi ça pouvait bien lui servir ? Il lui fallait un intermédiaire pour savoir comment je me portais ? Je rêve là.

- Je n'ai jamais entendu un truc aussi con de toute ma vie.
- Je ne mens pas. Je ne pouvais pas t'appeler parce que...Avery quand je suis là-bas, à l'université, je deviens une personne que je déteste. Et je ne veux pas que tu rencontres ce Dylan. C'est pour ça que je ne suis pas venu au dîner du nouvel an l'année dernière.

Il s'approche de moi en soupirant et pose ses mains sur mes épaules avec tendresse. Je crois qu'il est en train de m'hypnotiser parce que je ne peux pas détourner le regard.

- Je n'ai jamais été quelqu'un de bien Avery. La seule chose qui me faisait tenir tous les ans c'était que je pourrais finir et commencer l'année avec la meilleure version de moi-même. C'est toi qui la fais ressortir. Je suis un vrai connard sans toi.

Je suis touchée oui. Mais je ne peux pas le laisser m'embobiner aussi facilement. J'en ai envie, mais je ne peux pas pour la simple et bonne raison que je ne suis pas sa propriété et qu'il ne peut pas disposer de moi quand ça lui chante. Je ne parle pas que de cette année. Je parle de toutes les autres. S'il se sent si bien avec moi alors pourquoi me parler un seul soir par an ? Pourquoi me faire attendre à chaque fois 365 jours pour pouvoir lui adresser la parole ? Je ne le comprends pas. Et je ne veux pas essayer de le comprendre. Pas pour le moment en tout cas, j'ai besoin de me reposer un peu pour y réfléchir.

- Dylan je n'ai pas envie de parler maintenant.

Je m'éloigne de lui de deux pas, le regarde une dernière fois dans les yeux, puis commence à m'éloigner.

- Et mon t-shirt ?!

L'idiot aura bien fini par m'arracher un sourire. D'accord. Je lui laisse cette victoire si ça peut lui faire plaisir. Je continue d'avancer sans me retourner.

- Je le garde pour pouvoir le brûler et faire du vaudou sur toi !
- Ça marche ! Tant que tu ne touches pas à mon magnifique visage !
- Crétin.

Je ne crois pas qu'il ait entendu le dernier mot. Pendant un court instant j'hésite à m'arrêter pour le crier plus fort, mais je ne le fais pas. Je meurs d'envie de me retourner, de continuer de me disputer avec lui, de loucher sur son corps de rêve deux secondes seulement. Il m'a tellement manqué. Ce n'est pas lui que je déteste. C'est moi. Je suis nulle. Mais ce n’est pas un scoop.

J'arrive devant le bar avec Tina. Elle voulait absolument que je revienne. Sûrement parce que son dernier essai seule n'a pas été un franc succès. Je me demande vraiment si un jour elle adressera la parole à ce mec. Pourtant si en venant me chercher elle était pleine d'enthousiasme, elle se met à hésiter en s'approchant de la porte. Qu'est-ce qui lui prend encore ?

- Ça va Tina ?
- Je...ne m'en veux pas d'accord ?

Je crains déjà ce qui va suivre. Qu'est-ce qu'elle a encore fait ?

- Pourquoi je t'en voudrais ?
- Promets-moi d'abord que tu ne vas pas m'en vouloir.

Je déteste quand elle me fait attendre en me faisant appréhender la réponse. Je sais que le seul moyen de la faire parler c'est d'obéir alors je le fais à contrecœur.

- Très bien je te promets de ne pas t'en vouloir. Qu'est-ce que je dois savoir ?

Elle redoute un instant de me répondre, et enfin elle se met à parler à une vitesse folle qui m'empêche presque de comprendre ce qu'elle dit.

- Après ton départ de la plage tout à l'heure Dylan est venu me voir pour me demander si tu allais bien et une chose en entraînant une autre j'ai fini par lui dire qu'on serait ici ce soir alors il a dit qu'il viendrait aussi pour te voir je suis désolée.

Elle finit son explication en reprenant une grande bouffée d'air et en posant ses bras au-dessus de sa tête comme si elle craignait de recevoir un coup. J'aurais pu la frapper pour avoir fait cette gaffe. Mais ce n'est pas sa faute. Je sais à quel point cet imbécile de vieillard peut se montrer convaincant quand il veut quelque chose. Je pose ma main sur l'épaule de Tina en lui souriant.

- Je ne t'en veux pas.
- Oui parce que tu me l'as promis.
- Non je t'assure que même si je ne l'avais pas fait je ne t'en aurais pas voulu. J'en veux à Dylan. Pas à toi.
- Et qu'est-ce que tu comptes faire au juste ?
- Faire comme s'il n'existait pas et ne pas lui adressait la parole ou un seul regard ?

Elle me jette soudain un regard accusateur et surtout moralisateur que je ne supporte pas. D'accord c'est immature ce que je fais. Mais il a commencé à l'être avant moi alors c'est sa faute !

- Et si tu essayais plutôt de parler avec lui ? Comme...deux adultes civilisés.
- Pour ça il faudrait déjà que Dylan en soit un. Et je peux t'assurer que du haut de ses 21 ans, il est aussi adulte que ton petit frère.
- Tu exagères Avery. Il ne peut pas être aussi stupide.

J'ouvre la porte à ce moment-là. Laissant voir le fond de la salle, où Dylan justement est installé, entouré de plusieurs filles dont Kelly qui le collent comme des sangsues. La reine des pestes passe sa main dans ses cheveux en posant sa tête sur son épaule. Je n'arrive pas à y croire. Je referme la porte en me tournant vers Tina satisfaite.

- Tu disais ?
- Qu'il est bien plus stupide que mon petit frère.

Je souris, tristement. Ça me déçoit en fait. Je sais que Dylan ne m'appartient pas. Et que même si je ne lui faisais pas la tête, il ne serait toujours qu'un simple ami sur lequel je n'aurais aucun droit de propriété. Mais bon sang ces filles me donnent envie d'entrer et de briser une bouteille sur le comptoir ! Ce que je serais totalement capable de faire sous les encouragements endiablés de ma meilleure amie.

- Alors on fait quoi ? m'interroge mon amie prête à partir pour moi. Si tu ne veux pas entrer on peut aller ailleurs.

J'aimerais partir. M'enfuir loin de lui et ne plus jamais le revoir. Mais je suis dans cette ville justement parce que je fuis la mienne. Je suis devant ce bar pour fuir mes problèmes. Je ne fais que fuir sans arrêt. Ça suffit comme ça.

- Non. C'est parfait ici. Je vais prouver à ce crétin que je suis capable de me comporter en adulte responsable comparée à lui.

Elle hoche la tête fière de moi, me tend son bras et on entre ensemble dès que je l'ai attrapé. Je fais tout mon possible pour ne pas regarder Dylan même si je sens son regard sur moi. Je le sentirais à des kilomètres. J'avance simplement vers le comptoir pour commander encore une fois une bière sans alcool. Pour une fois, et je sais bien pourquoi, Tina reste assise avec moi, elle ne cherche pas à séduire son Apollon. On passe même un bon moment ensemble pendant au moins une heure. On parle de tout et de rien. J'en oublie presque la présence de Dylan. Et ça me fait un bien fou.

- Je suis contente de passer du temps avec toi Tina.
- Qu'est-ce que tu racontes ? On est tout le temps ensemble.
- Oui sauf que la plupart du temps quand on vient ici je finis par te regarder en train de regarder ton homme pendant au moins deux heures.

Elle a l'air amusée et désolée à la fois. Je ne lui en veux pas c'est certain. On peut se faire les pires vacheries l'une comme l'autre, au fond on sera toujours là l'une pour l'autre. Et on s'aime carrément trop pour s'en vouloir longtemps. J'ai pris l'habitude de venir ici pour passer la soirée seule de toute façon. Et puis je sais que je ne vais pas la revoir pendant un moment dans pas longtemps.

- J'aimerais ne pas avoir à rentrer chez moi pour les vacances, ajouté-je en regardant le fond de ma bouteille vide.
- Ne dis pas n'importe quoi. Tu dois passer les fêtes en famille.

Famille. Je n'aime pas ce mot. Il sonne faux pour moi depuis quelques temps.

- Ce qu’il en reste oui.

Mon amie pose sa main sur la mienne en souriant.

- Si tu as le moindre problème, tu pourras toujours revenir et passer Noël chez moi. Ma mère nous fera prendre 10 kilos chacune.
- Ça donne envie.

On explose de rire toutes les deux sous les regards des autres clients. Elle n'a bu qu'un verre ce soir, ce qui est une grande première pour miss je me bourre la gueule dès que possible. Je sais qu'elle fait tout ça pour moi, et ça me touche. Je tente donc la prise d'un verre alcoolisé pour une fois. Et je me sens bien, je me sens sereine avec moi-même. Jusqu’à ce que le regard de ma meilleure amie se pose sur quelqu'un derrière moi. Je sais que c'est lui qu'elle regarde je ne suis pas bête. Elle a l'air gênée. C'est pourquoi je crains de me retourner. Je ne sais pas ce qu'il est en train de faire, je ne veux même pas essayer de le deviner parce que ça signifierait penser à lui plus que je ne le fais déjà. Pourtant la curiosité est plus forte que la crainte. Je dois savoir. Je tourne la tête en le regrettant aussitôt. Cette sale peste de Kelly, est en train de rouler une pelle phénoménale à ce crétin de Dylan ! Je la déteste de faire ça ! Je le déteste de se laisser faire ! Et je me déteste d'être aussi jalouse ! Parce que oui je l'admets, je suis affreusement jalouse ! À en crever ! Ma tête se met à tourner, j'ai l'impression que je vais vomir d'un instant à l'autre et qu'il fait une chaleur pas possible à l'intérieur. Je dois sortir. Je fouille donc à la hâte dans mon petit sac pour prendre un billet que je lance sur le comptoir et me lève pour me diriger vers la sortie sans attendre Tina. Il les préfère plus vieilles ? Mon œil ouais. Kelly a trois mois de moins que moi ! Cette garce. Je vais devoir me retenir de la frapper à chaque fois que je la verrai au lycée maintenant c'est malin. J’ai la tête qui tourne en plus. La porte s'ouvre derrière moi lorsque j'atteins le parking. Je sais déjà qui me suit.

- Avery attends ne pars pas si vite !

Dylan O’Brien ! Ce crétin de Dylan O’Brien ! Ce crétin sans cervelle ! Je devrais encore le frapper en y mettant toutes mes forces pour me défouler. Mais je ne suis pas assez forte. Je ne parviens plus à retenir les larmes en faisant volte-face. Au début inquiet, je vois la culpabilité apparaître sur son visage en voyant mes larmes à la lumière des lampadaires. Ça ne fait que m'énerver encore plus. Je ne pleure pas pour avoir sa pitié. Je ne pleure jamais aussi inutilement habituellement d'ailleurs. Je suis juste furieuse et déçue par son comportement. D'abord il m'abandonne, ensuite il embrasse cette poufiasse, il ne doit pas être celui que je croyais. Ou alors sa petite visite à l'université l'a vraiment changé, si c'est le cas je m'en veux de l'avoir laissé y remettre les pieds. J'aurais dû le retenir tant que je le pouvais encore. Il serait peut-être toujours là avec moi et je n'aurais pas en face de moi ce parfait inconnu.

- Avery...
- Dylan s'il-te-plaît arrête. Je n'ai pas envie de...

Encore ces vertiges. Je tiens à peine debout. Mes jambes ne parviennent plus à me porter et se mettent à trembler. Je m'appuie sur le coffre de la première voiture que j'aperçois pour essayer de reprendre mes esprits, mais tout autour de moi devient flou. Je me sens tellement faible. Même mes bras ne peuvent plus me retenir.

- Avery ?!

Dylan s'empresse de courir vers moi mais je le repousse avec le peu de force qu'il me reste. C'est dire à quel point je suis en colère contre lui.

- Ne m'approche pas ! Tu...

Je perds toute crédibilité lorsque je tombe totalement et qu'il me retient de justesse pour me soulever de ses bras musclés dans les airs. Il est tellement fort c'est dingue. Moi je n'arrive même plus à garder mes yeux ouverts, je tombe de fatigue. J'ai l'impression d'avoir avalé une boîte entière de somnifères. Et je sais ce que ça fait. Dylan me parle, je l'entends à peine comme s'il était loin de moi. Pourtant je sens ses bras me porter.

- Avery regarde-moi. Est-ce que quelqu'un a mis quelque chose dans ton verre ?

Mes yeux se ferment. Il disparaît peu à peu, j'essaie cependant de répondre à sa question pour avoir le dernier mot dans cette histoire.

- Comment je pourrais...savoir ça...imbécile.

Je sens l'euphorie me gagner tout à coup. Je me sens bien. Parfaitement bien même. J'ai la sensation de flotter, comme si tous les problèmes qui me retenaient au sol s'étaient envolés. Je ne sais pas comment c'est possible. Mais j'adore ça. Je ne me soucis même plus de ce qui se passe autour de moi. Je laisse Dylan me porter vers je ne sais où, et je crois même entendre la voix de Tina à un moment. C'est seulement une fois installée dans une voiture que je me laisse aller à la fatigue. Un voile noir vient assombrir ma vision, et mes pensées.

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