Chapitre 4 : Ne pleure pas PDV de Molly

- C'est la seule chose qu'il me reste de beau.

Sa voix est cassée, son dos recourbé, il émane tellement de souffrance d'elle.

- Tu es une belle personne Millie n'en doute jamais, je...

Elle me coupe la parole.

- La première chose que les autres remarquent dans ce monde c'est ton apparence, être une belle personne ne veut rien dire, la preuve il m'a tourné le dos.

- Oh Millie dis-je, la voix étouffée par l'émotion.

- Hier, j'ai essayé d'aller faire les courses, elle continue d'une voix cassée. Je ne voulais pas sortir mais il n'y avait personne à la maison. J'ai mis une capuche sur ma tête pour me cacher. Les gens me regardaient tout de même. Je suis allée au supermarché et.. j'étais à un étalage quand j'ai vu ce petit garçon, qui cherchait sa maman. J'ai essayé de l'aider mais quand il m'a vu... Il a pleuré.
Tu entends ça Molly ? Sa voix est enrouée et douloureuse. Quelqu'un a pleuré en me voyant, comme si j'étais un monstre.

Ses paroles m'arrachent le coeur, je n'arrive plus à me tenir debout, je m'assois sur le lit en tremblant légèrement. Elle continue.

- Tu sais à ce moment là, j'ai réalisé que le plus dur n'était pas cette souffrance que j'ai ressentie quand le feu prenait possession de moi, quand j'ai perdu ma beauté. Le plus dur c'est de se sentir seul. Quand je suis parmis les autres, j'ai toujours l'impression d'être seule au monde. Les gens ont du mal à faire face à l'inconnu, et c'est ce que je suis maintenant. Une personne différente, un monstre.

Je serre mes lèvres, je les mords, mais je n'arrive plus à me retenir et je me mets à pleurer. Millie déteste la pitié, mais elle ne sait pas à quel point sa souffrance, anime la mienne.

Elle lève la tête en entendant les bruits que je fais, hésite... puis s'approche de moi d'un pas gauche. Et sans que je m'y attendes, elle se jette dans mes bras. Elle me serre tellement fort que je n'arrive pas à respirer.

Mais cette étreinte vaut tout l'or du monde.

- Je suis désolée pour ce que j'ai fait la dernière fois Molly, je ne sais pas si je recommencrais, mais je voulais juste te dire que je suis désolée.

- Je ne t'en veux pas Millie, j'en veux à la vie, réponds-je, d'une voix calme, presque étouffée.

Elle finit par se glisser de mes bras, et posé sa tête le plus naturellement du monde sur mes cuisses. Je passe ma main dans ses cheveux en caressant son cuir chevelure.

- Tu m'as beaucoup manqué ces dernières années, tu sais, je n'ai jamais compris pourquoi tu es partie.

- On a tous nos insécurités Millie, maman et papa étaient en plein divorce, mon problème de dyslexie me prenait la tête. J'avais tout le temps de mauvaises notes, et je me sentais comme une moins que rien. J'étais aussi amoureuse d'Ashton mais il sortait avec Jennifer. Pour la gamine que j'étais, c'était un drame, je me confie.

J'ai parlé un peu vite, je souffle pour reprendre ma respiration.

Je regarde un peu partout autour de moi, la chambre de Millie a un style comptemporain mélangé d'ancienneté. Des tableaux africains, souvenir de nos vacances, se retrouvent accrochés en haut du lit. Une lampe baladeuse en tricotin est accrochée au mur. Un cactus sur sa table de chevet, elle a plusieurs couettes et coussins sur son lit. La seule chose qui change d'avant c'est le papier peint rose, remplacé par du blanc, ainsi que les photos d'elle et Conrad. Je sais que Millie est toujours amoureuse de lui et cela me fend le coeur.

Elle redevient encore silencieuse. Je prends mon courage à deux mains et j'essaie de la faire rire.

- Tu te souviens du jour où maman t'a demandé si elle était jolie quand tu étais petite et que tu lui as répondu que ce n'était pas la beauté qui compte ?

Un rictus de sourire lui vient aux lèvres. Première victoire.

- Ou du jour où on a essayé de te mettre un suppositoire et tu as dit que c'était à la tête que tu avais mal pas aux fesses.

Elle se cache la tête, mais j'entends un son qui ressemble bien à un début de rire. Deuxième victoire.

- Tu te souviens aussi du jour où tu as collé tes lèvres avec une colle forte, parce que tu voulais ressembler à ta copine qui était muette. On a passé des tas de minutes à essayer de te décoller les lèvres.

Elle pouffe en mettant sa main sur ses lèvres. Troisième victoire.

- Oh j'avais oublié ce jour épique, tu te rappelles de ce dîner où tu as demandé à oncle Joe quand il allait avoir un enfant parce que tu croyais que son gros ventre était dû à cela?

Cette fois elle éclate franchement de rire, son rire est un peu rouillé, bancal. Elle écarquille les yeux comme si elle s'étonnait elle-même. Je la rejoins aussi parce que Millie faisait vraiment les quatre-cents coups quand on était petites. C'était une gamine, capricieuse, drôle, attachiante qui demandais toujours de l'attention. J'aimerais tellement qu'elle redevienne cette personne pleine de couleurs.

J'entends des bribes de bruit après notre fou rire et mon regard se dirige vers le bas de la porte. Je vois des bottines en talon qui se distinguent légèrement. Quelqu'un nous espionne. Je me dirige vers la porte pour l'ouvrir.

Ma mère tombe presque à la renverse.

- Maman tu nous espionnais ?

- Désolé les filles, répond-t-elle sans aucune once de honte.

Je la regarde et je vois des larmes se distinguer dans ses paupières, mais elle n'a pas l'air triste, juste heureuse. Des larmes de bonheur. Elle se tourne vers ma petite soeur.

- Je suis tellement contente de te voir rire Millie, mais j'avoue que je suis toujours vexée, tu me trouves si moche que cela ?

- Tu sais bien que oui, elle réplique d'une voix sérieuse.

Ma mère fait la moue, puis Millie se met à rire, parce qu'elle la taquine.

- Petite peste fini par répondre ma mère en se dirigeant vers Millie pour s'asseoir sur le lit. Je vous aimes les filles. Je suis contente que tu sois revenue Molly et toi Millie rien ne peut rendre plus heureux mon coeur de mère que ce sourire sur ton visage.

****
Je suis assise à côté de la fenêtre de ma chambre, mon corps est enroulé dans une couverture à motifs roses fleuries. La nuit est terne et humide, sans pluie.
J'ai légèrement froid. Je lève la tête pour observer le ciel, très peu d'étoiles s'y distinguent.
La visage d'Ashton vient subitement enbrûmer mon cerveau, et mes pensées se dirigent vers lui. Je me demande si il a une petite amie. Pas que je veuilles devenir une de ses conquêtes.

Je prend mon téléphone et je me mets à chercher son nom sur Instagram, mais je ne retrouve pas son profil. Je cherche son nom dans les amis de mon frères et je finis par tomber sur lui. Il a plusieurs abonnés. Heureusement que son profil n'est pas privé pour l'espionne que je suis.

Je vois qu'il a une vie palpitante. Il a plusieurs photos avec des filles différentes, elle sont toutes plus belles les unes que les autres et plus âgées que moi. Un sourire de déception me vient aux lèvres, ainsi qu'un pincement au coeur malgré moi. Je vois qu'il n'a pas changé. Je descends un peu plus bas et je remarque le visage d'une fille qui revient plusieurs fois sur son profil. Elle ressemble à une latina, son corps est plantureux, son teint naturellement bronzé, ses lèvres pulpeuses. Ses yeux ont une couleur perse, avoisinant le bleu et le vert. Mais son front est un peu trop ample, je ne peux m'empêcher de penser. Un sursaut de honte m'envahit quand je pense à ma pensée mesquine, cette fille ne m'a rien fait après tout.

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