Chapitre 6

Le bruit de mes clefs qui atterrissent sur le plan de travail résonne dans l'appartement.

Le reflet que le miroir me renvoie n'est pas très beau à voir, dans cinq heures je vais devoir me pointer devant mes stagiaires, la lèvre explosé et vu la rougeur qui s'étend sous ma barbe j'aurais la mâchoire violacée d'ici quelque heure.

Bon, allez, Gabriel ce n'est pas si terrible que ça... Ou peut-être que si?

L'eau chaude de la douche détend mes muscles un par un aussi vite que l'arrivé des souvenirs de la soirée.

Qu'est-ce qui m'a pris de sortir à Arthur que j'avais l'intention de me taper sa soeur en plein milieu d'une boîte branchée de Paris? Stupide impulsivité. Demain les magasines peoples se seront déjà arrachés les photos, prises par des gens saouls, et "Gabriel, l'enfant chéri de la nuit" aura fait son grand retour. Mes moindres faits et gestes vont être à nouveau épiés et les paparazzis seront cachés partout sur mon chemin, prêt à immortaliser ma prochaine erreur.

Surement pas, plus jamais je donnerais ce plaisir à ces vielles charognes. Puisque je suis coincé au boulot pendant encore quelques mois, autant montrer l'image d'un "nouveau" Forbes aux médias et redorer le nom de ma famille. Même si les évènements de cette soirée pourraient prouver le contraire.

Je me sèche rapidement avant d'enfiler un caleçon propre, je crois qu'il est temps d'éradiquer cette barbe qui mange la moitié de mon visage.

Faisant glisser la lame du rasoir sur ma joue, j'observe la tâche bleutée apparaître, c'est bien ce que je pensais, le bas du côté droit de mon visage commence réellement à violacer. Et Merde!

En inspectant ma blessure de guerre, la réalité me frappe. Sans cette barbe, le visage meurtri, l'ancien Gabriel est de retour, le même que celui qui sortait tout les soirs pour se bourrer la gueule et qui finissait perdu au bord d'une route au milieu de nul part en chantant des comptines pour enfants. Oui ça m'est vraiment arrivé et impossible de me souvenir comment je suis rentrée chez moi après la souris verte.

J'en ai fait des conneries dont je ne suis pas vraiment fier, je regrette tellement de m'être laissé avoir par cette vie d'enfant roi. Au final je n'ai que ce que je mérite, j'ai joué, j'ai perdu et la vie m'a remis à ma place. Fin du jeu, fin de l'histoire, tout le monde a repris le courant de sa misérable existence et moi, j'ai perdu la tête.

La lune éclaire mon lit, je garde l'espoir de dormir au moins quelques heures cette nuit.

Enfin le voilà, il me gagne peu à peu, Dieu a peut-être entendu mes prières finalement, je sombre doucement dans les abysses de mon âme quand des coups violents venant de la porte d'entrée me font sursauter, bordel, j'y étais presque! Pourquoi me tortures-tu de cette façon? Ne me donne pas le sommeil pour me le reprendre la seconde d'après!

Les coups deviennent plus insistant. Je crois qu'il va falloir que je me lève...

- Si c'est le concierge, comprenez que je ne suis toujours pas intéressé par les hommes!

Mon visiteur nocturne se remet a frapper violemment contre ma porte et j'ouvre en grand. Un immense sourire gagne mes lèvres. C'est bien mieux que le concierge.

- Caroline? Dis-je alors que la jolie brune me force le passage, elle n'a pas l'air aussi enchantée que moi...

- Qu'est-ce que je t'ai fait? Crie-t-elle en me prenant au dépourvu.

- Mais de quoi tu me parles? Demandais-je dans l'incompréhension totale et avec l'espoir d'éclairer la situation rapidement.

- Tu sais très bien, Gabriel! Arrête de faire l'innocent, ça te va mal...

La colère commence à monter et je me mets à hausser le ton:

- Bordel! Mais pour qui tu te prends? Tu débarques chez moi en m'accusant de je ne sais quoi et c'est moi le coupable?

- Tu n'es qu'un putain d'égoïste ! Je pensais que les autres se trompaient sur toi, mais en réalité, c'est moi qui étais bien trop conne.

- Putain, mais tu vas me dire pourquoi tu me tapes une crise?

- J'ai vu mon frère. La sueur froide qui me parcoure l'échine n'annonce rien de bon. Tout s'explique...

- Qu'est ce qu'il t'a dit?

- Arrête de jouer aux cons, juste cinq minutes, Gabriel. Tu sais parfaitement ce qu'Arthur a pu me dire... Nous parlons plus calmement à présent mais Caroline semble au bord de la crise de nerfs.

- Et c'est pour ça que tu te permets de débarquer chez moi comme une furie?

Je souris en pensant au culot que se paie cette fille, elle est comme la princesse rebelle de ces dessins-animées, que les petites filles regardent en boucle. Ma princesse rebelle...

- Désoler mon coeur, mais je n'ai jamais dit que j'étais un ange... lançais-je en la contournant pour aller admirer les lumières parisiennes. Les secondes passent sans qu'aucun de nous ne se décide à briser le silence.

Elle glisse sa main sur mon biceps pour m'obliger à la regarder.

Je l'observe plus en détails, ses longs cils bruns font ressortir la couleur émeraude de ses yeux, sa bouche charnue est un appel au pêché, mais autre chose attire mon attention, la marque rouge sur sa joue, comme si elle venait de se prendre un violent coups au visage.

- Qui t'a fait ça ? Grognais-je en penchant son visage à fin de voir l'étendu des dégâts.

- Personne. Caroline essaye de reculer mais je l'en empêche en resserrant ma poigne.

La colère me monte. Sa pommette gauche est complètement esquintée, rouge, prête à violacer. Si je retrouve l'enculé qui lui a fait ça, je jure de lui démolir la gueule à un tel point que, même sa propre mère sera incapable de le reconnaître.

- Gabriel, lâche-moi. Tu me fais mal ! S'écrie Caroline alors que je passe mon pouce sur sa peau délicate.

- Ne me force pas à répéter ma question, Caroline... rétorquais-je durement.

- Mon frère. Ma jolie brune parle si bas, honteuse de son aveu. Il a intérêt à se cacher car si jamais il a la malheur de croiser ma route je n'hésiterais pas a lui faire payer ses actes.

- Sale fils de p... Je m'interromps avant que les mots ne dépassent ma pensée, garde ton calme, tu ne ferais qu'aggraver les choses en pétant les plombs maintenant.

Je passe une main sous son menton pour l'obliger à me regarder dans les yeux. Je ne le laisserais jamais recommencer, que Dieu m'en soit témoin je protégerais ma jolie Caroline quel qu'en soit le prix. J'essuie l'unique larme qui coule sur sa joue et l'embrasse avec toute la passion qui m'est donné. Peut-être que demain elle regrettera d'être venue ici, peut-être qu'elle ne voudra plus m'approcher, ou bien voudra-t-elle plus? Tant de questions qui restent en suspens alors que corps et âmes s'entrechoquent dans un tumulte d'émotions contradictoires.

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