Ce voisin d'infortune
Petit os sur le thème : OMG, mate mon nouveau voisin, il est canon.
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Je suis là, à tourner en rond dans cette pièce blanche aux murs sales. Déjà une semaine que je suis ici et j'ai envie de crever tout le monde et de brûler ce centre de merde.
La porte s'ouvre sur un de ces connards d'infirmier avec sa blouse blanche de merde. Il porte un plateau avec de la bouffe degueu à coup sûr. Il la pose sur le pas de la porte, histoire de ne pas trop s'approcher de moi.
- Pourquoi je mange pas avec les autres ! Je demande, ayant plus que marre de manger seul dans cette pièce comme si j'avais la peste.
- Tu as un comportement encore un peu agressif depuis ton arrivée, cela pourrait Perturber leur repas. Mais une sortie est prévu dans la journée si tu le souhaites. 10 minutes dans le parc, me repond le maton en refermant la porte.
10 minutes, juste de quoi faire passer un chien.
Je récupère le plateau et vais m'asseoir contre le mur du fond, aussi sale et triste que les 3 autres, pour manger cette ratatouille bas de gamme avec ce riz trop cuit. Merde c'est pas parce que c'est un hospice qu'ils doivent engager des extras en cuisine. Personne ne devrait rater la cuisson du riz.
Ca me coupe l'appétit. Je rejete donc le plateau grisâtre et me relève.
Je me demande comment ils peuvent penser que me laisser enfermer si longtemps me calmera.
Je finis par me mettre au sol et commence à faire des pompes pour passer le temps.
Putain, enfin l'air frais.
"Et voilà, Katsuki, tu peux te balader dans le jardin. Essaye de te faire quelque amis, ton séjour n'en sera que plus agréable" m'avait dit l'abruti qui m'avait préalablement apporté le plateau dans la journée.
Des amis. Je n'en trouverai pas parmi les légumes présents dans ce centre de rehabilitation. Ils ont tous l'air amorphes, je me demande si c'est la folie des murs ou qu'ils se gavent de cachets. Sérieux, qu'attend on de nous dans un endroit pareil.
Je m'assois contre un arbre et regarde au loin la bâtisse qui surplombe le tout. De vieilles pierres, sûrement jamais rénovée, s'effritant de parts et d'autres. C'est à pleurer de dépit.
Et les mecs qui passent et repassent devant mes yeux ne sont pas mieux. De tous âges et de toutes corpulence, je me questionne rapidement sur ce qui les a mené ici. Puis je décide rapidement que cela ne m'intéresse pas.
Malgré tout, mes yeux s'arrêtent sur un de ceux dont je cherchais à me désintéresser. Mais en même temps, ce con se tape une chevelure mi-rouge mi-blanche. Je peux deviner une mega brûlure autour de son œil gauche. Sûr qu'il est là à cause de ça lui. Contrairement a tout à l'heure, je garde mon regard sur sa personne et l'observe même un peu plus. Il semble si sérieux et si détaché, ça lui donne un côté légèrement hautain pas si désagréable. Je le vois s'étirer, ce qui soulève même son t-shirt sur un ventre dessiné juste ce qu'il faut. Je me fais la réflexion que je serais bien son coach sportif pour accentuer ses quelques abdos puis je finis par rire de l'image que je m'impose.
Ca fait un baille que je n'ai pas tiré un coup... et je me dis que c'est pas pret de changer vu où je me trouve.
Puis l'appel des matons/infirmiers/extrats me tire de mes reflexions pour nous demander de rentrer.
Monsieur Bi-color obéit quasi immédiatement, bien sagement. Perso je prends mon temps, j'ai pas envie de leur faire croire que je suis sous leurs ordres.
Je me permets même de simuler un grognement face à l'un d'entre eux, ce qui le fait sursauter et ce qui me fait rire.
Quelle bande de pleutres.
Je me dirige vers ma "chambre" quand je repère que le joli cul du bi-colore entre dans celle qui y est accolée. Intéressant. Puis finalement un interne ou tout autre stagiaire infirmier vient me chercher avant que je ne franchisse la porte. Il a le malheur de m'attraper le bras et manque de se manger un coup dans la mâchoire s'il ne l'avait pas évité avec un certains reflexe que je ne peux que saluer.
- Katsuki, Mr Might souhaite te voir dans son cabinet.
Je soupire mais le suit les mains dans les poches. Il va plus vite que moi et je prends bien mon temps, juste pour le faire chier.
En revenant de cet entretien je suis encore plus énervé qu'en y allant. Tout ce blabla de psy me saoule. Je tourne en rond dans ma chambre.
"Essaye de faire le vide dans ton esprit jeune Bakugo" m'avait dit le vieux. Mais le vide de quoi ! J'ai la rage ! Et ça prend tout l'espace !
Juste pour tester j'essaye de me concentrer sur le silence mais soudain un bruit attire mon attention. Comme des hurlements ou en tout cas des bribes de voix. Je cherche d'où ça vient.
"J'avais tellement misé sur ton éducation ! Et je suis bien déçu du résultat !"
Putain mais je deviens fou, j'entends des voix. Une voix grave, mais qui n'est pas celle de mon père. Bien que ça pourrait être les propos de ma génitrice.
Je cherche encore, colle mes oreilles à la porte en métal froid, aux murs sales... quand soudain je perçois que l'échange que j'entends se passe en fait dans la chambre d'à côté. La chambre du bi-colore. Mais je l'entends bien trop clairement pour que ça soit juste son darron qui parle trop fort au point de traverser le mur.
Alors je cherche encore pourquoi. Je me demande si j'ai pas amélioré mon audition à force d'être enfermé ici. Puis je me rends compte que c'est de plus en plus clair quand je me rapproche de ma tête de lit.
Je pousse la structure à ressorts pour découvrir un trou dans le mur. Assez grand pour y passer la main et sûrement un peu plus.
En me rapprochant de ce trou j'entends très distinctement la discussion.
"Mais qu'est ce que j'ai fais pour avoir un fils pareil..." soupire la voix grave avant de demander à sortir de la pièce.
Je me retrouve accroupi devant mon mur, observant ce trou et me demandant à quoi il devait servir de base. Sûrement un truc secret pour se donner de la nourriture. Faut dire que cet endroit rend morose putain, on se sentirait en prison.
Je n'entends pas le bi-colore réagir de l'autre côté, que ce soit pour rager, pleurer, rire nerveusement... je repense à son petit cul croisé dehors et me dis que c'est la bonne occasion de l'aborder.
- Il a l'air bien casse-couille ton père !
Aucune réponse ne me parvient. Il a pas du m'entendre. Je l'entends se rapprocher du trou mais sans émettre un son. Je retente, après tout c'est vrai qu'il doit pas être au courant de la présence de ce trou.
- En bas dans le coin du mur y'a un trou. C'est de là que tu m'entends... tu vois ?
Je l'entends en effet farfouiller vers son lit et trouver l'objet du crime.
Mais il ne dit toujours rien.
Je ne sais pas pourquoi mais ça m'agace. Il a beau être canon je comprends pas pourquoi il m'ignore.
Mes sourcils se froncent d'eux même, je sens mon sang ne faire qu'un tour.
- Ho ! Réponds-moi, le grand brûlé ! Je hurle pour lui signifier que ça commence à me les briser.
- Oui je vois.
Sa voix me surprend. Il me répond sur un ton calme et neutre. Je me renfrogne et balance un "ok" avant de me rallonger sur mon lit.
Puis je ne l'entends plus. Je repense à son visage dehors et je m'amuse à associer sa voix à sa tête. De toute façon c'est pas comme si j'avais grand chose à faire ici.
Dans ma tête je dois avouer que ça lui va assez bien. Mais j'ai envie de mieux me représenter la chose.
- Qu'est ce qui t'a amené ici ? Je demande d'un air détaché.
- Une voiture, répond-il d'une façon toujours aussi neutre.
Une voiture ? Il se fout de ma gueule ou bien ?
- Non mais vas y t'as compris ! Pourquoi t'es là ?
- Là où ?
Je serre les dents.
- Là dans cette hospis de merde !
- Je veux bien te dire mais je ne comprends pas le rapport avec la merde.
Ho bordel. J'ai envie de m'énerver. J'ai l'impression qu'il se fout de ma gueule, l'impression qu'il me cherche et me prend de haut. Je me lève de mon lit et me met à parler au mur qui nous sépare.
- Je sais pas à quoi tu joues mais ça commence à me les briser. Donc dis moi pourquoi on t'a emmené dans ce lieu macabre ou quand je te vois dehors je te fais l'autre œil.
Je sens au fond de moi que je ne dois pas dire ce genre de chose. Je le sais. Mais c'est plus fort que moi ça ne sort que comme ça.
- J'ai obéis à mon père, mais trop longtemps je crois. Alors on m'a emmené ici.
- Comment ça ? On atterrit pas ici pour cause d'obéissance. Même extrême !
- Je n'ai pas atterri puisque je suis venu en voiture, me dit il sur un ton trop innocent pour ce que je ressens comme du foutage de gueule.
Instinctivement je donne un coup de le mur qui nous sépare.
- Arrête de te foutre de moi là ! Je hurle.
Je l'entends se rapprocher du trou qui nous permet de communiquer et me dire :
- Ce n'est absolument pas ce que je fais. Mais je dis la vérité. Mon père m'a demandé de me taire, je l'ai fais pendant longtemps et je suis arrivé ici à cause de ça.
Je ne comprends rien. Il est là parce que son père lui a demandé de la fermer... et qu'il ne s'est jamais arrêté ?
Commence alors une discussion pour tenter de percer ce mystère. Je suis régulièrement agacé par ses réponses qui semblent se moquer de moi, mais à chaque fois il me maintient que non.
J'essaye alors de me figurer son visage et ses mimiques à chaque nouvelle parole.
Les heures passent, et je finis par comprendre qu'il ne se moque pas de moi. Mais que mon voisin de couloir, à qui je dévoile moi-même que ma colère maladive m'a coincé dans ce trou à rat, prend juste TOUT au premier degré.
Que quand son père lui dit de la fermer il l'a littéralement fait, et que personne n'a eu l'intelligence à part moi de lui ordonner de parler.
Que quand je lui dis que j'ai envie de crever des gens il me demande si c'est comme avec les pneus.
Ou encore qu'il n'a rien senti quand je lui dis que cet endroit pu la merde.
Je ne sais pas si c'est la fatigue ou le fait que je n peux pas m'énerver contre quelqu'un qui ne comprends pas ce que je lui dis, mais ça finit par m'amuser. Je me colle dos au mur, assis à côté de ce trou clandestin.
Il doit être tard, mes yeux se ferment doucement. Je repense au visage de celui qui se nomme visiblement Shoto. Je n'arrive pas à me le retirer de la tête à vrai dire. Et sa voix vient dessiner les contours de mon imagination. Je me dis qu'il faudrait que j'arrive à me rapprocher de lui à la prochaine sortie dehors.
Cela devrait être quotidien normalement maintenant.
Puis je finis par bailler à m'en décrocher la mâchoire et lui souhaiter une bonne nuit.
Je me couche en plaçant mon lit de sorte à pouvoir communiquer facilement avec mon voisin d'infortune désormais.
- Katsuki, prend tes affaires, tu changes de chambre.
Je me lève de mon lit et m'énerve tout d'abord car je ne suis pas d'accord. Je suis bien dans cette chambre même petite et sale. Mais la présence de 2 nouveaux infirmiers-cerberes finit par me dissuader de jouer au con et je saisis le peu d'affaires que j'ai pour les suivre en pestant.
Arrivé devant la porte de ma chambre j'ouvre violemment celle-ci du pied.
A l'intérieur, je reconnais la chevelure bi-colore de celui qui partage mes nuits d'insomnies et me calme par son flegme naturel et son humour involontaire.
- Alors comme ça on est dans la même chambre maintenant ? Dis-je comme si c'était pas la meilleure nouvelle de ma putain de journée.
- Il semblerait, répond-il
- Je te préviens double-face, je suis plutôt du genre insupportable quand je m'énerve. Alors si tu veux que ça se passe bien, un conseil : ne l'a ferme plus.
Et c'est sur une remarque demandant ce qu'il doit garder ouvert que je range mes affaires avec un sourire à peine dissimulé à mon nouveau voisin de chambre.
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