Chapitre 5 - Une rencontre fortuite
Madeline
Six heures du matin, je tournai en rond depuis deux heures. Impossible de trouver le vrai sommeil, malgré l'énorme pizza que j'avais commandé hier soir et la tisane de bien-être qui avait suivi. Le jour commençait à percer à travers mes rideaux et de toute façon, j'allais bientôt devoir me lever.
Je soufflai de fatigue et me redressai un peu trop rapidement. Outch. Ma tête tournait drôlement vite d'un coup. Je me rallongeai et massai mes tempes délicatement. Il me fallait du café. Beaucoup de café.
Douchée, habillée et réveillée par mon café, j'avais enfilé un pantalon large et une petite chemise en coton noire. Je m'étais éraflé tout le côté du genou en tombant hier alors je pris le chemin de l'école en boitillant légèrement. J'arrivai lentement devant l'université, au téléphone avec ma mère, paniquée. Noé avait dû la mettre au courant quand je l'avais finalement appelé hier, et ça me foutait en rogne. La prévenir n'était vraiment pas nécessaire.
— Maman, je te dis que tout va bien. Je suis juste tombée et me suis fait mal, tentai-je de la rassurer.
— Mais pourquoi Noé m'a dit qu'une voiture était impliquée ?
Pourquoi Noé ne savait pas fermer sa bouche quand il le fallait ?
— Parce que... Une voiture arrivait assez vite et je suis tombée pour l'éviter.
Ça ne servait à rien de lui parler de ce garçon, elle n'allait pas me lâcher sinon.
— Maman, faut que je te laisse, mes cours vont commencer. Je te rappellerai. Mais soit rassurée, ta fille va très bien.
Je raccrochais énervée et envoyais un message à Noé dans la foulée.
MOI : Sérieusement Noé ? Ma mère ? Pourquoi tu lui as dit ?
NOÉ: J'étais persuadé que tu lui avais dit ! Je suis passé au magasin prendre des fleurs hier... Bref, je venais de raccrocher avec toi.
MOI: DES FLEURS ?
NOÉ : Longue histoire.
MOI: Je te raconte ma vie pendant une heure et t'es même pas foutu de placer que t'as un RDV le soir ?
NOÉ : Tu viens de le dire, c'est toi qui as parlé pendant une heure ;)
Je ris nerveusement en me faufilant entre les gens de l'école sans que personne ne parle de l'incident d'hier et c'était tant mieux. J'étais du genre à passer inaperçu de manière générale, et là, ça commençait à faire beaucoup depuis que j'étais dans cette école. Un autre fait divers avait dû prendre le dessus. C'était comme cela que ça se passait ici.
Toujours le nez dans mon téléphone à chercher la parfaite pique à lancer à mon meilleur ami, je ne fis pas attention à ce qui m'entourait.
— Il faut dormir la nuit, tu sais ?
La voix surgit derrière moi alors je relevai rapidement la tête. Edgar Laville était accoudé au mur en train de fumer une cigarette.
— T'es Madeline, c'est ça ? Madeline Moreau ? continua-t-il.
— Euh oui, c'est moi. Tu es Edgar Laville, toi.
J'essayais tant bien que mal de retenir le rouge qui montait aux joues de mon visage fatigué. Visiblement, mon anticerne n'avait pas fait effet très longtemps. Edgar, lui, était encore plus beau qu'hier, vêtu en noir de la tête aux pieds, on l'imaginait sans mal fouler les podiums des plus grands créateurs. Je chassai vite cette image de ma tête, et arrêtai de dévisager le bellâtre. Pour qui allait-il me prendre, encore ?
— En personne, me répondit-il avec un petit sourire à faire craquer un village entier.
Il avait le charme du diable et la beauté d'un ange. A fuir de toute urgence si je ne voulais pas souffrir, mais son côté angélique me charmait et me donnait envie de le connaître d'avantage. Faisait-il exprès de me séduire ou agissait-il comme ça avec toutes les filles qu'il croisait ? Sa manière de me regarder me déstabilisait et me coupait le souffle.
— M... Merci ! lui lançais-je en essayant de reprendre une certaine contenance.
— Pour ?
Il leva un sourcil circonspect.
— Hier. Je... Je n'ai pas eu l'occasion de te remercier.
Il allait vraiment falloir que j'arrête de bégayer devant lui.
— Ah ! Tu n'as pas à me remercier. J'ai fait ce que tout le monde aurait fait.
Il haussa les épaules.
— Oh, ok. Je peux peut-être t'inviter à boire un verre ?
La question était sortie toute seule, et l'expression tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler prit tout son sens. Alors que je me mordais la langue d'avoir trop parler, il m'assena le coup de grâce.
— Je t'arrête Madeline, il s'est passé ce qui s'est passé, je t'ai tiré de là, mais tu ne me dois rien.
Il écrasa sa clope au sol et ramassa son sac.
— Il faut que j'y aille, enchaina-t-il.
Pour la deuxième fois en deux jours, je le regardais s'éloigner sans un mot, la boule au ventre cette fois-ci. Je venais de me prendre un râteau. Un râteau de l'espace.
Apparemment, je devais être la seule à avoir ressenti une alchimie entre nous. Je me baffais intérieurement d'avoir posé cette question. Non mais à quoi je pensais ?
J'en aurai pleuré si Elisa n'avait pas pointé le bout de son nez toute guillerette.
— Tu sais qu'apparemment il y a des gens qui ont baisé dans les toilettes hier ?! Personne ne sait qui c'est... Moi, Je suis sûre que c'est Juliette... Euh Maddy, tu m'écoutes ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? On dirait que tu viens de voir un fantôme, tu vas bien ?
La pipelette venait enfin de comprendre que je n'écoutais pas un traitre mot de ce qu'elle disait.
— Je...Non ce n'est rien. Tu vas rire...Je... Je viens de me faire recal' par Edgar, lui répondis-je en me cachant les yeux. Comme si ce sentiment de honte en serait caché lui aussi.
— Quoi ? T'as fait quoi ?
Elle me tira dans un coin à l'abri d'une oreille tendue.
— Eh bien, je lui ai proposé un verre, histoire de le remercier pour hier. Mais juste comme ça, pour le remercier. Enfin c'est sorti tout seul, je n'aurais pas dû, mais...
— Oh... Je t'ai dit Madeline... Edgar n'est pas un mec qui sort. Enfin Il ne fait pas dans les rendez-vous et compagnie. C'est pas son truc.
Elle avait tellement insisté sur la dernière phrase qu'à présent je cherchais une pelle pour me sortir de cette situation en m'enterrant six pieds sous terre.
— Oui, oui, c'était bête, lui répondis-je en me mordant la lèvre inférieure.
— Oh mon dieu ! Il te plait, en fait ! Comment je n'ai pas pu voir ça avant ?
— Non ! Peux-tu arrêter de crier ? Il ne me plait pas.
— Arrête, j'y crois pas !
— Non ! Ok c'est sûr, il n'est pas mal. De toute façon c'est râpé. Donc fin de la discussion. C'était la première et la dernière fois que je lui parlais.
— Ah ! C'est dingue !
— Ne répète ça à personne. Vraiment. Je te fais confiance. C'est trop la honte, Elisa.
— T'inquiète pas, c'est pas mon genre.
Je la regardais d'un air réprobateur. Elle qui était à l'affut de la moindre rumeur dans l'école, c'était l'hôpital qui se foutait de la charité !
— Non mais vraiment Madeline, on est amies, on ne fait pas ça aux amies.
Finalement contente qu'elle me considère comme son amie car le sentiment était réciproque, j'abdiquais et croisais les doigts pour que cette histoire soit loin derrière moi.
•••
Je rentrai dans la salle de détente avec Elisa lorsque Max surgit de nulle part, me serrant dans ses bras en me faisant virevolter pendant une bonne minute.
La salle de détente avait été créée cette année au rez-de-chaussée de l'école pour permettre à tous les élèves de profiter des pauses ensemble, travailler dans une ambiance plus cool ou manger le midi également. L'équivalent du Foyer au lycée.
Je titubai lorsqu'il me reposa sur mes pieds.
— Aie ! Qu'est-ce qu'il t'arrive Max ?
Avec tout ça, j'avais moi-même oublié les évènements de la veille.
— Madeline, j'ai appris ce qui s'était passé hier ! Je suis tellement content que tu n'aies rien ! C'est dingue cette histoire.
Il me replaça une mèche derrière l'oreille, s'attardant un peu trop longtemps près de ma joue.
— Ce n'est rien ! Quelqu'un m'a tiré de là, je n'ai rien à part une égratignure, lui dis-je en lui montrant mon genou gonflé.
Ce dernier commençait à bleuir, ce n'était pas beau à voir.
Edgar était assis à quelques tables de là et nous observait, écouteurs vissés sur ses oreilles.
Franchement, je ne le comprenais pas et c'est ce qui m'intriguait chez lui. Généralement, de nature très observatrice, j'arrivais à décrypter facilement les gens. S'il en avait rien à faire de moi, pourquoi me scrutait-il de l'autre bout de la pièce comme si j'étais un bout de viande ? De toute façon, j'évitais de le regarder pour ne plus penser au moment gênant de tout à l'heure.
Sauvés par la sonnerie, je suivis Elisa et Max à l'extérieur de la salle sans un dernier coup d'œil derrière moi. Je l'avais eu !
Je souris satisfaite d'avoir attrapé son regard une dernière fois et me dirigeai en cours de culture de la communication.
Après ça, les cours et les jours s'enchainèrent. Mon genou ne me faisait plus souffrir, et ma rencontre avec Edgar n'était plus qu'un lointain souvenir.
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Nouveau chapitre modifié !
Tellement contente de cette réécriture :)
Je vais approfondir un peu la relation de Madeline et de Noé dans ce tome 1 et agrémenter les chapitres de plus de détails. Encore une fois, j'ai ajouté presque 800 mots dans ce nouveau chapitre !
Qu'est ce que vous pensez de cette rencontre ?
Love,
M
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