Chapitre 38 - Bal, Vodka et Vipère

Madeline 


Je sortais de ma douche quand Elisa sonna à l'interphone.

— Ça fait dix fois que je sonne ! cria-t-elle dans l'appareil.

Je m'empressais de lui ouvrir et enfilais des sous-vêtements rapidement sous ma serviette.

— Désolée, j'étais sous ma douche, lui dis-je en ouvrant la porte de mon appartement.

— T'inquiète, c'est ce que je me suis dit.

Elle arrivait avec sa robe rangée précautionneusement dans une house ainsi qu'un petit sac à dos avec le reste de ses accessoires.

Elle était déjà coiffée d'une tresse épi partant de la racine de ses cheveux jusqu'à sa poitrine. On aurait dit la Reine des Neiges. Je gardais bien évidemment cette réflexion pour moi. Elle était déjà magnifique, je n'osais l'imaginer avec sa robe. Elisa était très agile de ses mains et pouvait réaliser toutes sortes de coiffures tressées de manière impeccable.

— Allez, on s'y met maintenant si tu veux que je te coiffe, il nous reste une heure !

— Tu remets ta robe du nouvel an ? lui demandais-je en la voyant sortir la sublime robe noir asymétrique et fendue qu'elle avait porté chez les parents de Théo.

— Non, celle-là, je l'ai prise pour toi, je sais que tu l'aimes bien.

— Si je l'aime bien ? Tu rigoles ? Elle est sublime !

— Essaye là !

Je me ruais sur la robe et l'enfilais.

Ce n'était plus quatre filles et un jean, c'était « deux filles et une robe ». Sans me vanter, ce vêtement mettait en valeur mes courbes et m'allait comme un gant.

Je sautillais de joie sur place tandis qu'elle enfilait une robe courte à paillettes dorées.

­— Wow. Comment vais-je me faire remarquer ce soir si tu accapares tous les regards, Elisa ? la complimentais-je.

— Tu veux rire ? T'es sublime, cette robe te va bien mieux qu'à moi.

Après s'être complimentées en long, large et en travers, nous étions finalement prêtes.

Elle m'avait tressé les cheveux en deux parties qui se rejoignaient en chignon bas. C'était vraiment très réussi. Je m'étais maquillée pendant ce temps et l'horloge affichait maintenant vingt heures. Il était l'heure d'y aller.

— Attend, je t'ai dit que j'aurais un petit remontant.

Elisa me retint le bras alors que j'enfilais un manteau noir simple et court qui terminait ma tenue.

Je reposais mon manteau sur le lit et la regardait sortir une flasque fine en métal.

— VODKAA ! dit-elle après avoir pris une belle gorgée.

Elle me tendit le récipient que je portais à mes lèvres.

Le liquide pur me brula la gorge, je le sentis dévaler mon œsophage. Je lui rendit sa fiole en retenant difficilement une grimace.

— Beurk, c'est vraiment dégoutant. Mais Merci. Je suis un peu stressée, lui avouais-je.

Elle m'avait fait oublié le temps d'une heure les révélations de la blonde, mais plus les aiguilles tournaient, plus le stress montait. J'avais peur que ce soit la vérité. S'il la voyait toujours, je ne voulais plus rien avoir à faire avec lui, mais pour ça, il fallait que je l'affronte. Et je n'étais pas sûre d'être d'attaque ce soir.

­— Pas de quoi stresser. Julia est une vraie vipère et va tout faire pour essayer de récupérer le semblant d'histoire qu'elle avait avec Edgar. Tu les as bien vu, il n'en a rien à faire d'elle. Il n'a d'yeux que pour toi, me rassura-t-elle en me prenant les mains.

Je me regardais une dernière fois dans le miroir et pensais à cette fille que j'étais il y a encore quelques mois: timide et impressionnée prête à conquérir enfin le monde et vivre sa vie. J'avais réussi à m'affirmer, et je voyais sans peine une femme dans le miroir, pas une ado fragile. J'avais changé. Ma mère avait raison, et je ne m'en étais pas aperçue jusque-là. Je n'avais plus peur aujourd'hui.

Sauf peut-être de la vérité.

***

Nous descendions les marches de l'école, occasionnellement tapissées de rouge pour la soirée.

Nos amis étaient en bas de celles-ci.

­— Je flippe à mort, Elisa !!

Elle me tenait fermement le bras. Cela me rassura, même si je pensais qu'au fond, ce n'était qu'un moyen pour elle de ne pas tomber du haut de ses talons de dix centimètres.

Edgar avait un tee-shirt noir en dessous d'un beau costume gris foncé. Il ne semblait pas totalement à l'aise dans cette soirée, mais il avait fait l'effort. Pour moi. J'essayais de ne plus penser à ce que m'avait dit Julia quelques heures avant car je n'avais d'yeux que pour lui. Sa façon de ramener sa cigarette vers sa bouche aux lèvres gercées, sa manière de passer sa main dans ses cheveux qui commençaient à être vraiment long, tout me ravissait. Ça ne pouvait pas être possible... Son regard se posa finalement sur moi pour ne plus me quitter, et les picotements au creux de mon ventre réagirent à cette caresse dans l'air.

Il s'avança alors vers moi tandis qu'une dernière marche nous séparait. Elisa m'avait lâchée et avait retrouvée Théo, qui accompagnait Edgar par monts et par vaux.

Toutes mes pensées négatives s'envolèrent au contact de ses doigts. Sous ses yeux couleurs océan, je me sentais désirée, et je me rendais bien compte que Julia n'était que jalousie. Nous avions une telle connexion qu'il était impossible qu'une personne s'interpose entre nous. Il y avait forcément une explication à cette bouteille partagée entre eux, et je trouverais bien le temps d'aborder le sujet dans les prochains jours.

­— Tu es superbe, Mad. Il attrapa délicatement mon visage entre ses doigts durs de musicien et déposa un baiser délicat sur mes lèvres en ajoutant qu'il ne voulait pas défaire mon maquillage. Il aurait pu.

Ma respiration s'accéléra en pensant à tout ce qu'il était en capacité de me faire et je rougis dans mon coin. Ce soir, j'avais choisi de lui faire confiance pour tout un tas de raisons, et je comptais bien sur cette bonne résolution pour passer une bonne soirée.


***

Cela devait faire deux bonnes heures que nous étions à la soirée. La décoration était belle, le DJ était merdique. Heureusement qu'Elisa pimentait nos verres avec sa Vodka. Nous avions déjà fait une dizaine de photos devant le fond que nous avions monté plus tôt dans l'après midi, et j'espérais ne pas passer ma soirée à la borne photo.

Edgar et Théo passaient plus de temps à fumer qu'à danser, alors je me retrouvais souvent avec Elisa. Max, Juliette et les autres s'étaient joints à nous et on avait fini par danser parmi la foule lorsque le DJ avait changé. En tout, quatre DJ allaient prendre possession des platines au cours de la soirée.

Je riais aux éclats devant la danse de Max lorsqu'Edgar était venu me chercher pour partir chez lui. Il invita tout mon groupe d'amis et nous pria de le suivre. Je voyais dans sa façon d'être qu'il était arrivé à bout de cette soirée. Il avait la tête de quelqu'un qui avait vraiment tout donner mais n'avait pas réussi.


­— Avancez tous dehors, je vais aux toilettes avant de partir, je vous rejoins dans cinq minutes, annonçais-je à mes amis.

J'embrassais Edgar sur la joue pour le prier d'avancer et me dirigeais vers les toilettes.

J'avais tellement bu que je ne pouvais plus me retenir, et les quinze minutes nous séparant de l'appartement d'Edgar allaient être un supplice si je n'allais pas pisser avant de partir. Nous étions très vite arrivées à bout de la fiole de Vodka d'Elisa, et compte tenu de la petite contenance du récipient, j'étais encore bien trop sobre.

Julia était en train de se remaquiller devant le miroir quand je sortais des WC. Putain. La dernière personne que je voulais voir ce soir.

Je ne comptais pas lui parler, mais m'avançais néanmoins vers le lavabo libre, à côté d'elle, pour me laver les mains. C'était elle qui avait crevé l'abcès.

— Tu pars déjà ? me demanda-t-elle en observant mon manteau dans les bras.

— Oui. Edgar m'attend dehors, lui répondis-je du ton le plus froid que je pouvais.

— Crois le ou non, je ne veux pas te faire de mal, Madeline.

— Qu'est-ce que tu veux alors ? Parce que je n'ai rien programmé, moi. Ce n'est pas à moi que tu dois en vouloir.

— J'essaie juste de te mettre en garde.

— Me mettre en garde ou m'évincer ? lui demandais-je, ironique.

Cette conversation ne menait à rien, si ce n'était remuer le couteau dans la plaie de Julia. Encore une fois, je n'étais pas là pour la faire souffrir d'avantage. Je tournais les talons et me dirigeais vers la porte avant de la trouver encore plus pathétique que tout à l'heure, quand elle me rattrapa fermement le bras, ses longs ongles à moitié enfoncés dans ma peau.

— Lâc...

— Trouve la boite, Madeline. Trouve juste la boite, me coupa-t-elle d'un air grave.

Puis elle me laissa plantée là, seule dans les toilettes des nanas.


******

Ahhh cette Julia qui embrouille l'esprit de Madeline !!

Visiblement, elle n'est pas au bout de ses peines pour la soirée ....

A votre avis, que contient cette boite rouge ?

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