Chapitre 35 - La partie visible de l'Iceberg
Madeline
La chaleur de mon corps et l'inconfort de ma position me firent ouvrir les yeux rapidement. Le temps de m'adapter à la lueur de la pièce, éclairée simplement par les rayons de la lune et de la télévision, je repris possession de mes esprits. Il devait être très tôt. Edgar à côté de moi, dormait l'air inquiet. Décidément, les nuits paisibles ne semblaient pas être notre fort. Nous étions encore dans le grand canapé et les trois couches de plaid en fourrure avaient eu raison de moi. Je crevais de chaud. Le générique de fin défilait sur la télé, on avait dû s'endormir devant le deuxième film de la saga fantastique. Je me levais sans un bruit et me dirigeais vers la cuisine avec les cartons de pizzas traînant encore sur la table. J'ouvris trois placards avant de trouver un verre et le remplit d'eau fraiche. En revenant vers le salon, Edgar dormait toujours. Il s'était cependant un peu plus étalé sur le canapé maintenant que j'étais partie.
Décidant de parcourir un peu l'appartement, je me retrouvais vite dans sa chambre. J'explorais alors le lieu, à la recherche d'indices sur mon mystérieux Edgar. Quoi de mieux qu'une chambre, l'antre secrète d'une personne pour en apprendre d'avantage sur elle ? Ce lieu était censé refléter notre personnalité, nos passions, nos rêves..., et parfois même nos faiblesses. Je ne cherchais pas à déstabiliser Edgar, je voulais le percer à jour, le comprendre, le chérir entièrement. Je ne voulais pas être juste en compagnie de son ombre.
Car Edgar était comme un iceberg, il montrait aux autres ce qu'il voulait qu'on voit, jouant avec adresse avec ses vérités, mais sa partie immergée était immense, un puit sans fond de secrets et d'angoisses auquel je désespérais de me heurter.
Mes mains touchaient à tout. Les vinyles empilés par dizaines à même le sol, le bureau poussiéreux, la douce couette du grand lit... Faisant le tour de celui-ci pour découvrir ce qu'il y avait dans cette petite boite à moitié cachée en dessous, je me rendis compte que je n'étais plus seule dans cette chambre.
— Qu'est-ce que tu fais ? me demanda Edgar, la voix encore endormie.
— Tu m'as fait peur !
Je posais rapidement ma main sur le cœur, tellement il battait vite.
— J'avais chaud, ça m'a réveillé, enchainais-je.
— Et là, tu as encore chaud ?
Il se rapprocha de moi à pas de loup.
—Euh, un peu oui, lui répondis-je en déglutissant.
— Je n'aime pas trop qu'on traine dans ma chambre quand je ne suis pas là.
— Désolée.
Il fit le tour du lit, poussa la boite carrément dessous et m'attrapa par la taille. Seulement vêtu d'un bas de jogging, mes yeux se régalaient par ce qu'ils voyaient. La lumière chaude de la lampe de chevet hâlait sa peau et cuivrait ses cheveux. Quand il me regardait comme ça, je pouvais grandement me contenter de la partie visible de cet iceberg qui me faisait fondre.
Dans ses bras, je me sentais reine du monde. Il me fit virevolter et m'allongea sur son lit douillet.
— Il est une heure du matin et bizarrement je ne suis plus fatigué du tout.
— C'est étonnant... Moi non plus.
— Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour faire passer le temps ?
— On pourrait peut-être trainer un peu dans ta chambre, maintenant que tu es là, lui dis-je en rigolant.
Il se tenait au-dessus de moi et me fit frissonner quand il commença à faire courir ses lèvres le long de mon cou.
Avec ses dents, il attrapa la bretelle de mon débardeur et la descendit sur mon bras. Je descendis mes mains pour le toucher à travers le tissus épais de son jogging tandis qu'il gémit sous mes caresses avant de m'embrasser de plus belle.
Cette nuit-là, on avait dû faire l'amour deux fois.
Mes doutes et incertitudes s'étaient envolés. Il m'avait invitée au bal et la soirée n'aurait pas pu mieux se passer. Max n'appréciait pas Edgar, il pouvait me raconter n'importe quoi.
L'équilibre tant attendu était à notre portée.
***
Le réveil sonna très fort dans le calme olympien de la chambre à coucher et j'entendis déjà Edgar grogner et se cacher sous la grosse couette.
— Pas déjà... Mad, s'il te plait, on n'y va pas, m'implora-t-il.
Il était vrai que pour finir, nous n'avions pas beaucoup dormi et se lever était un supplice, mais je devais rester irréprochable avec les cours.
— Hors de question ! Ce n'est pas la fac, c'est une école privée.
J'allais sortir péniblement du lit pour filer sous la douche lorsqu'il me rattrapa pour me chatouiller.
— Allez, dis-moi oui !
Je criai, j'étais tellement sensible aux chatouilles.
— Nooon !
— Tu l'auras voulu !
Et il continua de plus belle.
Je réussis finalement à m'extirper du lit et fonçai vers la salle de bain, me déshabillant au fur et à mesure.
Il me rejoignit sous la douche et me lava de manière ultra sensuelle. J'aimais tous ces moments avec lui. Sans prise de tête, sans se demander de quoi demain serait fait. Il me fit littéralement prendre mon pied sous la douche. J'aimais ses doigts, j'adorais sa bouche et raffolais de sa langue.
***
On avait dû courir pour arriver à l'heure à l'école. Cette petite séance de sexe matinal nous avait drôlement retardé. Revigorée par ma matinée, je m'installai à côté d'Elisa qui dormait à moitié. Les résultats des examens étaient prévus pour la semaine prochaine, mais en attendant je ne voulais pas relâcher les efforts. J'avais encore espoir de mettre en action mes bonnes résolutions.
Pour célébrer cette belle journée de janvier, on était tous aller manger dans le parc monceau près de l'école. La journée était agréable, et prendre un peu de verdure au milieu de tous ces bâtiments en béton revigorait.
L'après-midi, Max s'installa à la table à côté de moi et je m'empressai de lui annoncer que j'allais au bal avec Edgar. Pas par vantardise ou pour fanfaronner. Je savais qu'il comptait encore sur moi pour que je l'accompagne et je ne voulais pas lui donner de faux espoirs.
— Mais pourquoi tu ne demandes pas à Juliette ? Elle en crève d'envie, lui demandais-je en voyant son air déçu.
— T'es sûre de ça ?
Il l'observa longuement, jaugeant sûrement les "pour" et les "contre" d'une telle invitation.
— Max, je ne vais pas t'envoyer au bagne. C'est évident qu'elle craque pour toi.
— Bon...
Il lui avait donc fait passer un mot pendant le cours de finance auquel elle avait répondu positivement, le rose aux joues. De vrais gamins.
J'avais Cupidon dans la peau. Je voulais que Max soit heureux comme je l'étais. Juliette était belle, blonde et pulpeuse, elle n'avait rien à envier aux filles de cette école.
Aujourd'hui, j'avais le sentiment que plus rien ne pouvait m'arriver.
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