Chapitre 31 - Une araignée, un abruti et du sang

Edgar


Savoir que Madeline se trouvait à quelques mètres de ma chambre me rendait dingue. Cette situation, c'était moi, et moi-seul qui l'avait voulue. Parce que j'avais fait des choses dont je n'étais pas fier, parce qu'elle ne me pardonnerait jamais... il fallait que je règle tout avant. Qu'elle ne découvre jamais ce que j'avais fait.

Malheureusement, je ne pensais pas pouvoir tenir encore bien longtemps loin d'elle.

Les garçons n'étaient pas encore montés, j'aurais très bien pu me glisser dans son lit. Ils s'étaient roulés une grosse cartouche lorsque nous étions montés avec les autres et ne risquaient pas de s'apercevoir de grand-chose en arrivant dans la chambre.

Restaient Théo et Elisa, dans la chambre d'en face. Cette dernière était bien plus perspicace que je ne l'aurais pensé. Je comprenais vraiment à quel point ça devait être dur pour Madeline de lui cacher notre relation.

J'étais en train de peser le pour et le contre lorsque j'entendis crier à l'autre bout du couloir.

Madeline.

Un cauchemar ? Une araignée ? Toutes les filles avaient peur des araignées, non ? Tous les scénariis se profilaient dans ma tête, mais surtout toute occasion était bonne pour aller la retrouver.

Je courais dans la direction de sa chambre en me trouvant ridicule. Armé de mon seul caleçon, je ne me donnais pas fière allure. Sa porte était fermée, mais la lumière semblait être allumée à l'intérieur. Je rentrais donc à la volée et tombait sur Matt complètement à poil en train d'essayer de grimper sur le lit. C'était au-delà de tout ce que j'avais pu imaginer. Il en faisait une belle d'araignée cet abruti. Putain. J'allais lui fracasser la tronche.

Madeline se cachait comme elle pouvait sous ses draps, l'air totalement horrifiée par la situation.

— Qu'est-ce que tu fous là, putain ? demandais-je à mon batteur, en l'attrapant par les épaules et en le plaquant contre le mur.

— J'me suis trompé de chambre...

Son rictus amusé me faisait monter en pression.

— A d'autres. Tu connais aussi bien cette maison que moi, le rappelais-je à l'ordre.

Il était défoncé, ses yeux rouges trahissaient son état.

A trop vouloir jouer avec le feu, Madeline avait attiré le pire des connards dans son pieu. J'étais tellement en rage que je lui fis remarquer que j'avais eu raison sur ce coup.

Matt était mon pote, mais questions nana, c'était un putain de psychopathe.

— Quoi ? J'ai pas le droit de vouloir en profiter ? Y'a un truc entre nous, elle me l'a bien fait comprendre toute la soirée !

C'était vraiment la phrase de trop. Je n'allais pas me retenir de lui refaire le portrait quand mon coude heurta quelque chose avant que je puisse abattre mon poing dans sa mâchoire carré. Mon geste avait été stoppé également par le regard effaré de Théo qui venait de passer la porte. Je lâchais Matt qui tomba de honte et me retournais vers Madeline. C'était elle que j'avais frappé et elle saignait. Par ma faute.

— Oh putain, Mad ! Je m'avançai en lui prenant le visage et en le maintenant vers l'arrière.

— Mais c'est quoi ce bordel les gars ?

Théo semblait exaspéré.

— Je vais chercher des cotons ! lança Elisa en courant vers la salle de bain.

— Je suis désolé Mad, qu'est-ce que tu foutais derrière moi ? lui demandai-je tout bas.

— Putain. Vous allez me tuer les gars.

Elle sourit et son sang coula sur ses dents, lui donnant un air de guerrière sur un champ de bataille.

Dire qu'elle arrivait encore à faire de l'humour.

Théo aida à relever Matt et l'emmena vers sa chambre pour le coucher.

— On en reparlera demain, avait-il dit en sortant de la chambre, en colère.

Elisa était revenue les bras chargés d'antiseptique et de cotons.

— Bon bah j'ai eu mon quotas de mec à poils pour cette nouvelle année, lança-t-elle blagueuse.

Ce qui fit rire Madeline. Elle était tellement belle quand elle riait. Même avec du sang plein la bouche.

— Je m'en occupe, Elisa.

— Je pense que c'est plutôt à toi d'aller te coucher Edgar, tu n'as rien à faire là, me répondit-elle avec des couteaux à la place des yeux.

— Il n'a rien fait Elisa, c'est plutôt grâce à lui que Matt est parti ! lui répondit Madeline en prenant ma défense. 

— Oh bah oui Elisa, c'est vrai. Tu remarqueras que sans moi, elle se faisait violer par Matt, c'est super ! lui rétorquais-je avec une pointe d'ironie.

— STOP ! Je doute de toute façon que son état lui aurait permis de faire quoi que ce soit. (Madeline se tourna vers sa copine en lui prenant la main). Laisse le, Elisa. J'aimerai... qu'il reste. Je vous assure que ça va.

— Putain. J'hallucine. Ça fait combien de temps que ça dure ? Et ton mec d'Amiens ? Donc à chaque fois que je te cherche et que je ne te trouve pas, tu es avec lui, c'est ça ? C'est quoi ce putain de bordel.

Elisa se prit la tête dans les mains, l'air de fouiller dans ses pensées.

— Tu te goures Elisa, je vais vous laisser, lançais-je, comme un renard prit dans les phares d'une voiture.

Pourquoi diable Madeline avait-elle sorti ça.

— Oh non, mon coco, tu vas rester et t'occuper de TA meuf, dit-elle en mimant des guillemets avec ses doigts, en insistant le « ta ». C'est moi qui part. On en reparle demain.

Qu'est-ce qu'elle pouvait être gamine parfois.

Elisa partie, je soignais Madeline, pour la deuxième fois aujourd'hui.

— Je suis désolée, m'avoua-t-elle.

— Pourquoi ? S'il y a bien quelqu'un, ici, qui ne doit pas être désolée c'est bien toi.

— Elisa... Elle... sait. Elle est bien trop intuitive.

— Elisa ne sait rien du tout. On se voit c'est tout. On traine ensemble, il n'y a rien à dire de plus.

Son visage se décomposa.

— Tu as raison, Edgar. Nous deux, ce n'est rien du tout.

— C'est pas ... Ce que je voulais dire.

C'était exactement ce que je voulais dire. Je ne voulais pas qu'elle s'attache trop à moi. Je finirais bien par la décevoir un jour ou l'autre. Voir son si beau visage meurtri par ma faute me rendait malade, je lui faisais du mal depuis bien trop longtemps.

— Si ce n'est pas trop demandé, j'aimerai dormir maintenant.

— Tu veux que je parte ?

— Franchement Edgar, reste, part, fait ce que tu veux.

Je n'avais pas envie de revoir la gueule de Matt tout de suite alors je m'allongeais dans le lit, tandis qu'elle me tourna le dos.

Je la voulais. Je la voulais tellement mais ce n'était que par pur égoïsme de ma part. Si je pouvais avoir une nouvelle résolution pour cette année, ce serait surement d'être moins con et de laisser cette meuf tranquille, pour son propre bien.





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Toujours deux poids, deux mesures avec celui là ! Quand est-ce qu'il aura enfin le déclic ?

Et d'ailleurs, que lui cache-t-il bon sang ?

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