Chapitre 18 - Retour aux sources
Madeline
Deux semaines après mon altercation avec Edgar, je ne pensais toujours qu'à ça. Je m'étais renfermée sur moi-même, réduisant à néant tous les efforts d'intégration que j'avais pu faire depuis que j'étais arrivée. J'avais restreint mes journées à : aller en cours, rentrer chez moi, bosser, dormir. Et plus les jours passaient, plus ils se ressemblaient, et c'était barbant.
Dès que je reprenais un peu du poil de la bête, Edgar resurgissait devant moi ou faisait n'importe quoi. Je le voyais bien me regarder, et je me demandais bien pourquoi il perdait son temps à le faire, mais je foutais le camp dès que trop peu de mètres nous séparaient.
Restons amis.Alors que je m'étais offerte à lui... N'avait-il aucune éthique ?
J'avais su qu'il s'était remis avec Julia dès lors où je les avais surpris en train de s'embrasser à pleine bouche à la sortie des cours le vendredi, et s'en avait été trop pour moi. Sa vanité le perdrait, un jour. J'étais rentrée en vitesse à l'appartement et avais préparé ma valise, direction Gare du Nord. Ligne trois. Ligne quatre.
La musique à fond dans les oreilles m'évitait de trop penser. Parce-qu'une fois que je réfléchissais trop, une tornade de ressentis m'étreignait, et je suffoquais. J'avais trop été opprimée par mes simples pensées dans mon enfance, pour subir à nouveau ce déferlement haineux, de peurs et d'angoisses.
« Le train numéro 2021 en direction d'Amiens, départ dix-huit heures vingt-trois, partira voie seize. Il desservira la gare de Longueau. Puis Amiens, son terminus. »
J'avais dû courir pour être assise dans le TER pourri de la ligne Paris - Amiens. Beaucoup de voyageurs passaient le trajet debout. Heureusement que le voyage ne durait qu'une heure dix. J'avais retenu mes larmes durant tout ce périple puis quand je vis Noé m'attendre sur le quai, je lui sautais dessus et me mis à chialer.
— Tu m'as tellement manqué.
— Toi aussi, Madeline.
Il me serra fort dans ses bras et nous restâmes un moment comme ça, m'aida à prendre ma valise tandis que je lui promettais de tout lui raconter.
Je l'avais appelé précipitamment quand j'étais à la gare pour l'avertir de mon arrivée mais sans lui donner de détails. Cela faisait trois mois que je n'étais pas rentrée et retourner dans ma petite ville me faisait du bien. Ici je connaissais beaucoup de monde et quelques personnes me saluait lorsque je traversais la ville jusqu'à l'appartement de ma mère, chose qui ne me manquait pas à Paris. Je préférais être insignifiante dans une grande ville que connue comme le loup blanc en province.
Maman habitait un bel immeuble des années vingt. Amiens avait été majoritairement détruit durant la première guerre mondiale donc beaucoup de constructions dataient de l'après-guerre. La ville n'avait pour autant pas perdu de son charme et le centre entièrement piéton était un vrai atout pour le commerce. Sa boutique de fleurs se situait au rez-de-chaussée du bâtiment, place Gambetta.
Je n'avais pas averti ma mère de mon arrivée, alors quand elle me vit ouvrir la porte suivie de Noé, un mélange d'incompréhension et d'angoisse traversa ses traits. Puis elle me sourit sincèrement, piquant néanmoins un fard.
— Madeline ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu aurais dû me prévenir ! J'ai... de la visite, continua-t-elle à mon oreille.
— Oh.
Tout s'expliquait.
— Tu préfères que j'aille chez papa ? lui demandais-je, cynique.
— Tu rigoles, ou quoi ? Je suis super contente de te voir. Et il est hors de question que tu dormes chez ton père... enchaina-t-elle tout bas.
Ils aimaient se titiller, tout le temps.
Elle m'entraina dans le salon où un homme de sa tranche d'âge était assis dans le canapé, une coupe de champagne à la main. L'homme était plutôt séduisant, il paraissait plus grand que mon père, mais grisonnait comme lui. Il retira ses lunettes de vue et se leva, un peu gauche, pour me tendre sa main.
— Madeline, je te présente Fred. Fred, ma fille, Madeline, nous présenta-t-elle, fière.
— Oh ! Bonjour.
Ce fameux Fred me salua tout gêné d'avoir été pris en flag chez ma mère, tandis que cette dernière soutenait mordicus que c'était un ami. A d'autres. Vu comment il la bouffait des yeux celui-là, ils n'étaient pas justes amis.
Je chassais des pensées obscènes de ma tête, mais souriait quand même bêtement.
Depuis le divorce, ma mère n'avait retrouvé personne. Et je pense que j'étais contente pour elle. Je me devais d'être contente pour elle, après tout, elle ne méritait pas de finir sa vie seule. Elle était attirante avec ses longs cheveux bruns et ses formes latines.
Coupant court à ces présentations, je me rappelais soudain que Noé était derrière moi et qu'on avait du pain sur la planche.
— Je déposais juste mes affaires, je sors avec Noé ce soir.
— Déjà ?
— Je reste tout le weekend, maman. On aura le temps de se voir !
— Tu as pleuré ? Ton maquillage a coulé.
Cette maman poule à qui on ne pouvait rien cacher.
— Juste l'émotion de revoir Noé, maman ! Pas de quoi fouetter un chat.
Noé lui adressa un petit clin d'œil et nous partîmes vers ma chambre.
Une fois la porte fermée je lui racontais tout.
Après une bonne heure de débat pour ou contre Edgar, il m'invita à me préparer pour la soirée de ce soir. Clairement, il avait émis beaucoup de contre à l'égard de ce dernier, me poussant à me changer les idées.
— J'ai des potes de fac qui organisent une soirée. Je t'y emmène. Ça va te faire du bien.
Je me changeais devant lui. Avec Noé, il n'y avait aucun tabou. Il avait été mon premier amoureux avant de devenir mon meilleur ami. On avait dix ans quand on s'était embrassé pour la première fois. Tellement dégoutés, on avait fait le pacte de rester amis pour la vie.
Vu le temps, J'étais allée chercher un beau pull en cachemire bleu nuit dans le placard de ma mère, une petite jupe à plis ronds noire également avec des collants opaques et mes petites bottines à talons carré en cuir. Mon gros manteau bleu par-dessus. Je venais de le retrouver dans mon dressing d'hiver et le ramènerais à Paris car la saison s'annonçait rude et mon manteau actuel ne suffirait pas à me maintenir au chaud.
Mes yeux étaient charbonneux et ma bouche légèrement rosie.
— Tu es parfaite, me complimenta mon meilleur ami.
Noé s'était préparé avant de venir me chercher donc nous partîmes directement vers la soirée. L'avantage à Amiens, c'était que rien n'était loin. Nous faisions tout facilement à pied.
La soirée se déroulait dans une grande maison amiénoise du quartier Henriville. Deux garçons et deux filles étaient en colocation dans cette maison de trois étages. La soirée battait déjà son plein dans le grand salon. Il y avait une dizaine de personnes assises autour d'une table basse recouverte de bouteilles d'alcool et nourriture en tout genre et une autre dizaine debout, dehors ou dans la cuisine en train de fumer. Noé me présenta comme sa meilleure amie célibataire - Merci Noé... tandis que nous faisions le tour pour saluer tout le monde. On me proposa une bière et quelques parts de pizza que j'acceptais volontiers.
Ça me faisait du bien de voir de nouvelles têtes. Je retrouvais même dans le lot quelques visages connus au primaire ou collège. Notamment Thibault, mon crushde troisième.
Evidemment, lui ne me connaissait pas du tout.
La soirée se déroulait bien. Je partis dans la cuisine me resservir un verre et Thibault eu la même idée.
— Il n'y a plus rien à boire dans cette baraque ou quoi ? me demanda-t-il en riant.
— Je crois que j'ai vu quelques bouteilles sur la table du salon, je vais les chercher ! Une préférence ? lui répondis-je, enjouée.
— Si tu trouves du Whisky, ce serait parfait, j'ai déjà le coca.
Il me décocha un sourire à couper le souffle, je fondais.
— Ok, je vais mener mon enquête !
Il avait réussi à me faire rougir en me demandant du Whisky. J'avais vraiment un souci avec les mecs. Ou alors c'était les hormones normales d'une fille de dix-huit ans ?
Je réapparus après quelques minutes, victorieuse, la bouteille à la main.
— Merci. Je te sers un verre ?
— Et comment !
— Je m'appelle Thibault. Et toi ?
— Je sais... On était au collège ensemble, lui annonçais-je en riant.
Il eut l'air super gêné de ne pas me remettre.
— Pardon, c'était trop tentant ! Moi c'est Madeline, enchainais-je pour lui faire passer sa gêne.
— Et bien Madeline, je ne sais pas comment j'ai pu te louper avant.
C'est moi qui était gênée maintenant. Si ça c'était pas du bon rentre-dedans...
Néanmoins flattée, nous continuâmes à parler pendant quelques temps. Je lui expliquais mes études à Paris et lui me disait qu'il s'était retrouvé dans la même promo que Noé.
C'était marrant comment trois mois dans la capitale avaient pu me changer. Dans le bon sens du terme. Je me sentais bien dans ma peau et de plus en plus sûre de moi.
— J'adore cette chanson ! finis-je par lancer à Thibault.
Le refrain que je commençais à chanter se prêtait bien à la situation. "Come on dance with me; Come on, come on dance with me".
Il ne se fit pas prier et m'entraîna dans le salon pour danser.
Vers une heure du matin, je commençais à être pas mal éméchée, mais je pouvais tenir jusqu'au bout de la nuit. Quelqu'un cria alors « Saint-leu » et tout le monde sauta de joie en rassemblant ses affaires.
Saint-leu, c'était le quartier des bars et boites de nuits de la ville. Ça n'avait rien à voir avec Paris mais l'ambiance y était plutôt bonne.
Une bonne trentaine de minutes après, nous foulions les pavés de la vieille ville. Il faisait froid mais les terrasses était pleines grâce aux champignons chauffants éparpillés un peu partout.
Un fois arrivés au bout de la rue colorée, nous rentrâmes dans le bar du coin à la devanture rouge. Un DJ était au fond de la salle et beaucoup de personnes dansaient devant. En se faufilant dans le bar, nous trouvâmes une place pour poser nos affaires, commander à boire et danser. Je m'étais pas mal rapprochée de Thibault depuis le début de la soirée. Nous avions encore beaucoup parlé sur le trajet et là, il m'entrainait vers le bar pour m'offrir un verre.
Il me faisait tellement changer les idées, c'était agréable.
Il m'invita à nouveau sur la piste et nous dansions de plus en plus serrés. C'est lui qui m'embrassa en premier.
Pas du tout la même sensation que j'avais eu avec Edgar mais le baiser était plaisant, alors je recommençais.
Il était bientôt trois heures du matin, heure de fermeture du bar et le patron avait du mal à faire sortir quelques réticents.
Les esprits commençaient à s'échauffer et alors que nous venions de sortir du bar, les videurs sortaient un homme de force et le jetaient vers nous. Il n'était pas tombé, mais avait l'air plutôt mal en point.
Je le regardais curieusement. Comment pouvait-on en arriver là ?
Puis il se tourna pour reprendre sa route.
— Papa ?
**************
OH GOD
Daddy alcoolique ou daddy qui a juste abusé de la bouteille ce soir ?
Qu'est ce qui a pu le mettre dans cet état ?
Et sinon, pour ou contre Edgar alors ? #Choisitateam
INSTA: ABLA_write
Love
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