" Comme le docteur paille "


Le soleil caresse mon visage et me tire doucement de mon sommeil. Ma tête reposée sur le torse de Nayeon, j'observe les autres dormir dans l'herbe. Nous avons passé la nuit dehors. Les reste du feu d'hier orne le centre de notre attroupement.

Un petit rire me surprend. Safra est assis et observe le ciel arborer ses jolies teintes matinales. Il murmure pour lui même :
« Et Dieu mis le feu au ciel...
Je le regarde curieux et me redresse. Le bêta devant moi tient une paille dans la main.
- Tu as une paille ? De où ?
- Je suis rentré me chercher à boire à la base.
- Et t'es revenu avec juste une paille ?
- C'est plus rigolo...c'est docteur paille.
Je souris et observe d'un œil sa petite paille. Safra la lève vers le ciel orangé.
Il murmure à nouveau comme un compteur d'histoire :
- Docteur Paille voulait observer le ciel enflammé, et sauver les restes d'étoiles de ce brasier. Mais le ciel lui pris des mains les dernières lumières du ciel nocturne et enflamma le reste pour 12 longues heures de jour. Docteur Paille n'avait plus qu'à partir et réfléchir à un moyen de faire revenir son ciel nocturne d'entre les morts...

Ce regard neutre et pur de toute intentions que Safra jette sur le monde me fascine. Il ne cherche pas à quoi serve les choses. Il ne cherche pas à savoir leur nom, d'où elle vienne. Il les observe juste, les contemple dans leur beauté bien à elle. Amenez lui le plus laid des objets et il y trouvera un charme.  Amenez lui la plus laide des personnes et il l'embellira par son esprit. C'est ça, notre Safra. Le loup lunaire qui rit seul pour un rayon de soleil qui lui caresse le pied. Le loup qui se contenterai d'un peu d'herbe comme paysage et qui trouverai cela magnifique. Ce même loup qui se serai jeté dans les chutes de Mashara pour empêcher la meute de souffrir. Ce même loup qui a tout mon respect depuis qu'il s'est interdit de pleurer pour pouvoir nous consoler.
- Safra ?
- Mmh ?
- Tu vas bien ?
Il tourne son regard vers moi et me sourit d'un sourire lumineux. Il rit de son rire léger et appuie sa tête sur mon épaule. Son rire s'efface. Il me tend docteur paille et murmure dans un souffle :
- Ils me manquent...
Je comprend silencieusement et pose ma tête sur la sienne. Si Safra paraît comme le plus enfantin de nous, c'est sans doute le plus fort. Je n'ai jamais vu Safra pleurer, je ne l'ai vu que sécher les larmes d'autrui avec toujours plus de tendresse. La meute est sa nouvelle famille. Sa vraie famille lui manque atrocement, on le sait tous, mais il puisera toujours toute son énergie de ce manque et l'appliquera à prendre soin de nous.
Les larmes de Safra sont invisibles, ou coulent en cachette. Son sourire est sincère et il l'offre à qui veut le recevoir.
Oh Safra! Ce que j'aimerai être dans ta tête, comprendre comment tu vois le monde. Notre lunaire.

                         **********

Les autres ce sont réveillés peu après, pour partir prendre le petit déjeuner chez nous.
Nous avons sorti des chaises et une table et nous voilà dehors à profiter de la fraîcheur du matin.
Safra est toujours avec Docteur paille et s'amuse à embêter Mey qui tente de manger sa tartine.

Nayeon, lui, m'observe depuis 10 minutes, tentant sûrement de savoir si je vais assumer d'avoir dormi contre lui cette nuit. J'essaye de reporter mon attention sur Safra et son nouvel ami.
Celui-ci me sourit et me voit sûrement éviter le regard de Nay. Il rapproche sa chaise et murmure à mon oreille.
- Tu devrai vivre à fond, comme si tu n'avais qu'une seule vie.
- Mais on n'a Vraiment qu'une vie Safra.
- Fais comme le Docteur paille.

Safra repart aussitôt embêter Mey.
Je souris, touché par son attention. Il a raison. Je m'y ferai peut être.
Pour le moment je fais comme le docteur paille, et j'avance dans ma vie.

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