Le 19 août 2004, un lundi d’été étouffant, marqua le retour à l’activité normale pour la plupart des élèves de la Cité Académique. Pour Shemed Kamijou, cependant, cette journée n’était qu’une autre pièce du grand puzzle qu’il manipulait depuis quatre ans. Entre ses interactions avec ses camarades de classe, ses devoirs scolaires, et la gestion à distance de MUGEN, l’organisation clandestine qu’il avait fondée, il trouvait toujours le moyen de savourer le chaos qu’il semait discrètement.

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Une routine teintée de hasard

Depuis juillet, le cycle de chance et de malchance de Shemed s’était manifesté avec une intensité variable. Certains jours, il trouvait un billet de mille yens par terre, et d’autres, il trébuchait sur des escaliers pour finir avec une entorse légère. À l’école, il maintenait sa place de vice-président du conseil des élèves, toujours deuxième dans tout, à la fois par choix et par un certain sadisme envers les attentes des autres.

Ce lundi ne faisait pas exception. Le matin, il avait oublié de remettre Imagine Breaker en mode « passif », ce qui avait causé un dysfonctionnement temporaire dans le système d’alimentation de l’école, plongeant une partie du bâtiment dans l’obscurité. Plus tard, durant une discussion avec Tsuchimikado et Pierce, son pouvoir sembla se calmer, mais sa présence suffisait à attirer une série de petits incidents, comme une rangée de casiers qui s’ouvraient brusquement sans raison apparente.

— "Franchement, Shemed," plaisanta Tsuchimikado, "t’as le don pour attirer les problèmes, nya~."

— "Dis plutôt que je rends la vie intéressante," répondit-il avec un sourire en coin.

— "Intéressante, hein ?" ricana Pierce. "T’en es où avec la présidente des mœurs, déjà ? Toujours pas de rendez-vous ?"

Shemed roula des yeux.
— "Je ne mélange pas travail et plaisir, les gars. Vous devriez essayer."

Ils éclatèrent de rire, mais Shemed, malgré son sourire, était déjà ailleurs.

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MUGEN : l’organisation dans l’ombre

Depuis sa fondation il y a quatre ans, l’organisation MUGEN s’était développée en un réseau complexe, opérant dans les profondeurs du Dark Side de la Cité Académique. Ses membres ne connaissaient jamais les visages des autres, se coordonnant uniquement via des canaux anonymes soigneusement contrôlés par Shemed.

Ce matin-là, il avait reçu un rapport de ses informateurs concernant une école privée dans laquelle un alchimiste nommé Aureolus Izzard semblait s’intéresser de près à une élève dotée d’une capacité rare appelée Deep Blood. Cette découverte avait piqué l’intérêt de Shemed, mais ce n’était pas tout.

Une autre information, plus récente, venait de parvenir à ses oreilles : une nonne de Nécessarius était poursuivie par deux figures redoutables, Styil Magnus et Kanzaki Kaori.

Shemed s’était figé un instant en lisant le rapport. Une nonne de Nécessarius dans la Cité Académique. Ce détail, associé à la proximité de l’école de Deep Blood et des activités d’Aureolus, formait un tableau intrigant.

Index.

Shemed connaissait ce nom. La nonne, porteuse de 103 000 grimoires interdits, était une clé importante dans les jeux d’influence entre la science et la magie. Et il savait que derrière Nécessarius se cachait une autre figure redoutable : Lola Stuart, une archevêque dont les airs de bonne vivante masquaient une cruauté digne des pires démons.

Shemed lécha doucement ses lèvres, un tic qu’il avait conservé de son ancienne existence démoniaque. L’idée de manipuler une nonne, de la faire plier à ses propres règles, le fascinait.

— "Intéressant," murmura-t-il pour lui-même.

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Un après-midi tranquille, en surface

Après les cours, Shemed traîna un moment avec Tsuchimikado et Pierce. Les trois compères étaient assis sur un banc dans le parc, discutant de banalités, principalement des dernières rumeurs à l’école.

— "T’as entendu parler de la nouvelle prof de littérature ?" lança Pierce avec un sourire plein de sous-entendus.

— "Oh, tu veux dire celle avec les lunettes et les cheveux roux, nya~ ?" ajouta Tsuchimikado.

Shemed les écoutait d’une oreille distraite, répondant de temps en temps avec une remarque sarcastique. Mais son esprit était ailleurs.

— "Hé, Shemed," dit finalement Pierce. "T’as pas l’air dans ton assiette. T’as vu un fantôme ou quoi ?"

Shemed haussa les épaules.
— "Non, mais j’en chasse peut-être un ce soir."

Tsuchimikado plissa les yeux, visiblement intrigué.
— "T’as encore un de tes plans tordus, nya ?"

Shemed se contenta de sourire mystérieusement.
— "Disons que je vais me promener. Et vous deux, ne faites pas de bêtises pendant mon absence."

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Le croisement des mondes

La nuit tombait lorsque Shemed se mit en marche. Il avait laissé ses devoirs à moitié faits sur son bureau, activant Imagine Breaker sur son bras droit par habitude.

Il marchait sans but apparent, les mains dans les poches, mais ses pas le guidaient vers une destination précise. Il savait que les membres de Nécessarius se dirigeaient vers une intersection animée près de l’école où résidait Deep Blood.

Il la vit avant même qu’elle ne le remarque. Une jeune fille en tenue de nonne, aux cheveux argentés et aux yeux vifs, courait à perdre haleine. Elle semblait terrifiée, jetant des regards en arrière.

Index.

Shemed s’arrêta, observant la scène. Derrière elle, deux silhouettes familières apparaissaient : Styil Magnus, le magicien aux runes, et Kanzaki Kaori, la femme au katana.

— "Ça va être intéressant," murmura-t-il, un sourire carnassier aux lèvres.

Il savait qu’il pouvait interférer. Qu’il pouvait jouer les héros ou les opportunistes. Mais il choisit d’attendre, de voir comment les choses évolueraient.

Pour Shemed, chaque mouvement était une pièce dans un échiquier complexe. Et cette nuit, il comptait bien en être le roi.

Shemed déambulait dans les rues animées du district 7, son allure détendue masquant un esprit en ébullition. Il connaissait parfaitement les rues qu’il empruntait, leurs angles morts et leurs caméras de surveillance. Aleister observait sûrement, mais Shemed savait comment jouer ce jeu. Ce soir, il n’avait pas seulement un plan : il avait un spectacle à orchestrer.

Alors qu’il approchait d’un carrefour bordé de ruelles sombres, une scène attira son attention. Mikoto Misaka, l’« Électromaster », était encerclée par un groupe de délinquants. Ils la menaçaient, armes de fortune en main, tandis qu’elle semblait étrangement calme, ses yeux brillant d’une dangereuse lueur électrique.

Évidemment, elle enquêtait.

Shemed ralentit à peine son pas, jetant un regard en coin. Il la vit se préparer à lancer une décharge électrique lorsqu’un des délinquants leva les yeux vers lui. Shemed ne dit rien, se contentant de croiser son regard avec une intensité froide et calculée. Le silence entre eux sembla s’étirer, et soudain, comme s’ils avaient vu un fantôme, les délinquants prirent leurs jambes à leur cou, disparaissant à toute allure dans les ruelles.

Mikoto, surprise et frustrée, se retourna pour voir la cause de leur fuite. Lorsqu’elle aperçut Shemed, une colère froide traversa son visage.

— « Toi ?! »

Shemed continua sa marche, ignorant ostensiblement ses mots.

— « Hé ! Ne m’ignore pas, espèce d’idiot malchanceux ! Qu’est-ce que tu fais là ?! »

Il ne répondit pas, comme s’il ne l’avait pas entendue. Cela suffit pour qu’elle explose.

— « Tu crois pouvoir me snober après tout ce que tu m’as fait subir ? Reste là ! »

Shemed soupira intérieurement. Il aurait pu la semer en un instant, mais il avait d’autres projets. La jeune fille, bouillonnante, se lança à sa poursuite.

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Un duel sous tension

Le pont du district 7, habituellement paisible, se transforma en champ de bataille. Mikoto avait rattrapé Shemed et lui bloquait désormais le passage, des arcs électriques dansant autour d’elle.

— « Tu comptes fuir encore longtemps ? » lança-t-elle, ses yeux lançant des éclairs presque littéraux.

Shemed leva les mains, une expression d’ennui feinte sur le visage.
— « Mikoto, franchement, je suis fatigué. Tu sais comment ça va finir, alors pourquoi insister ? »

Ses mots furent comme de l’huile sur le feu. Mikoto chargea une boule électrique dans sa main.
— « Cette fois, je vais te faire regretter ton insolence, Kamijou ! »

Le premier éclair fendit l’air, mais Shemed leva son bras droit, Imagine Breaker annulant l’attaque en une fraction de seconde. Mikoto grogna de frustration, enchaînant avec une série de tirs rapides. À chaque fois, Shemed bloquait sans effort.

Le duel s’intensifia, attirant des regards curieux depuis les immeubles voisins. Mikoto, poussée à bout, finit par libérer une décharge massive. L’onde de choc plongea tout le district 7 dans l’obscurité, les lampadaires et bâtiments s’éteignant un à un dans un grésillement sinistre.

Shemed resta immobile, regardant les environs s’obscurcir. Une partie de son plan venait de s’accomplir.

Mikoto, haletante, s’effondra sur ses genoux.
— « Pourquoi… pourquoi tu fais ça ? Pourquoi rien ne marche contre toi ? »

Shemed baissa les yeux vers elle, son visage empreint d’une froide neutralité.
— « Ce n’est pas que tu es faible, Mikoto. C’est juste que je suis un mur que tu ne peux pas franchir. »

Alors que Mikoto était au bord de l’épuisement, Shemed détourna son regard vers l’horizon. À quelques rues de là, une silhouette familière émergea de l’obscurité. Index.

Profitant de la panne, la nonne était parvenue à échapper à ses poursuivants, se faufilant dans les ruelles comme prévu.

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L’intervention calculée

Styl Magnus et Kanzaki Kaori, ralentis par la coupure de courant, cherchaient à retrouver la trace de leur cible. Shemed, toujours au pont, concentra discrètement son énergie dans son bras gauche.

Huma.

Il transforma subtilement son bras, le dissimulant derrière un pilier. La chair prit une texture métallique, se modelant en un canon compact et silencieux. Sans un mot, il ajusta son tir, visant avec précision les deux membres de Nécessarius.

Une décharge invisible, mais paralysante, les atteignit simultanément. Styl s’effondra contre un mur, son grimoire tombant à ses pieds, tandis que Kanzaki vacilla, s’appuyant sur son katana pour ne pas chuter complètement.

Shemed, son expression impassible, observa les deux magiciens se figer dans l’incompréhension. En quelques secondes, son bras retrouva son apparence normale. Il glissa ses mains dans ses poches et quitta le pont comme si de rien n’était.

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Le jeu d’Aleister

En chemin vers son appartement, Shemed réfléchissait. Il savait qu’Aleister avait observé chaque mouvement de cette nuit. Le directeur de la Cité Académique, avec son génie machiavélique, avait probablement orchestré cette rencontre bien avant qu’elle ne se produise.

Index.

Demain, Shemed la rencontrerait officiellement. C’était inévitable. Il le savait, Aleister le savait. Cette rencontre n’était pas seulement un hasard ou une coïncidence. C’était une pièce maîtresse dans un plan plus vaste, un jeu d’échecs où Shemed et Index étaient au centre de la stratégie.

Alors qu’il atteignait son appartement, il se laissa tomber sur son lit, un sourire énigmatique sur les lèvres.
— « Voyons voir jusqu’où tu veux jouer, Aleister. »

La nuit était sombre, mais pour Shemed Kamijou, le véritable jeu ne faisait que commencer.