Les jours du 27 au 31 juillet s’écoulèrent paisiblement pour Shemed et Index, entre moments de complicité, habitudes matinales et rencontres inattendues. Chaque matin, Shemed profitait de quelques heures de sérénité pour prendre soin d’Index, une tâche qu’il exécutait avec un mélange de maladresse et de dévouement sincère.

Il avait pris l’habitude de lui proposer des tenues... disons peu conventionnelles. Mais à chaque suggestion douteuse, la réaction d’Index ne variait jamais : un regard courroucé suivi d’une morsure ferme qui lui arrachait à la fois un cri de douleur et un sourire amusé.

— "Je savais que tu dirais non, mais ça valait le coup d’essayer !" plaisantait-il en massant la marque sur sa main.

Il compensait ces plaisanteries en lui préparant un petit-déjeuner copieux, qu’elle engloutissait avec une voracité presque démoniaque. Pour Shemed, voir Index se régaler ainsi était à la fois un spectacle fascinant et une source de fierté étrange. Lorsqu’il l’aidait à coiffer ses longs cheveux argentés ou à ajuster ses vêtements, il désactivait systématiquement Imagine Breaker. Dans ces moments d’intimité, il préférait mettre de côté ses pouvoirs, comme pour rappeler qu’il était, malgré tout, un simple humain.

Une sortie mémorable

Chaque après-midi, Shemed organisait des activités variées. Ce jour-là, il avait décidé de présenter Index à deux de ses amis proches : Hotoharu et Pierce. Dès qu’ils se retrouvèrent, l’ambiance devint immédiatement chaotique.

Pierce, fidèle à lui-même, tenta de draguer Index dès qu’il la vit. Malgré les avertissements préalables de Shemed et Tsuchimikado, il s’avança avec un sourire charmeur et une réplique clichée :
— "Mademoiselle, est-ce que le paradis vous a chassée pour être ici ?"

La réponse d’Index fut rapide et tranchante : une morsure si féroce que même Shemed, habitué à ses accès de colère, en fut surpris. Pierce recula en se tenant le bras, les larmes aux yeux.

— "Pourquoi est-ce qu’elle est aussi violente ?!" s’écria-t-il.

Hotoharu, quant à lui, éclata de rire avant de proposer de calmer les esprits en allant au restaurant.

Une pause au restaurant

Installés à une table, le groupe partageait des anecdotes et des blagues. Pierce, toujours aussi insouciant, commença à parler avec enthousiasme de leur professeur, Komoe-sensei. Hotoharu, fidèle à son humour caustique, lança une pique sur la capacité de Shemed à s’entourer de femmes atypiques, faisant référence à la présence d’Index.

— "Alors, Shemed, c’est quoi l’histoire ? Une nonne chez toi, sérieusement ?"

Shemed se contenta de hausser les épaules avec un sourire énigmatique, mais ses amis ne lui laissèrent pas de répit.

— "T’as enfin trouvé ton maître, hein ?" plaisanta Tsuchimikado.

Shemed ne trouva rien à répondre. Il savait que, malgré leurs taquineries, ses amis avaient raison. La présence d’Index dans sa vie avait bouleversé bien des choses. Et il n’était pas sûr de savoir comment gérer cette nouvelle dynamique.

Une question troublante

Le repas se termina en chaos : Index avait mangé tout ce qui se trouvait sur la table, laissant ses compagnons sans rien. Pire encore, leurs éclats de voix attirèrent l’attention des autres clients, et le groupe fut poliment mais fermement invité à sortir.

Alors qu’ils se séparaient, Shemed s’attendait à une énième morsure d’Index pour quelque remarque maladroite. Mais, contre toute attente, elle lui posa une question qui le prit au dépourvu :
— "Est-ce que tu vois les femmes comme les démons les voient ?"

Shemed resta un moment silencieux. Il comprenait la profondeur de cette question, mais il n’avait pas de réponse toute faite.

— "Je... Je ne sais pas," finit-il par dire. "Je me base sur mes souvenirs d’avant. Ces quinze années comme humain ne suffisent pas à combler ce que j’ignore encore. Mais... je veux comprendre. Je veux apprendre."

Index le regarda, visiblement troublée mais touchée par son honnêteté.

— "Alors rentrons," dit-elle simplement, un léger sourire aux lèvres.

Sur le chemin du retour, Shemed ne put s’empêcher de penser qu’il avait encore beaucoup à apprendre sur l’humanité... et sur Index.

Minuit devant l’appartement de Shemed

La lune pleine éclairait faiblement les rues du district 7, apportant une atmosphère presque irréelle à cette nuit d’été. Devant l’appartement de Shemed, une silhouette immobile se fondait dans l’ombre. Une jeune fille aux longs cheveux noirs, vêtue d’une tenue traditionnelle de miko, observait silencieusement l’intérieur par une fenêtre. Elle s’appelait Himegami Aisa, une figure énigmatique au regard glacial.

À l’intérieur, Shemed semblait dormir paisiblement à côté d’Index. Mais ce n’était qu’une illusion. La personne allongée près d’Index n’était qu’une oreiller habilement disposé pour tromper les regards indiscrets.

Sans prévenir, Himegami sentit une pression froide contre sa gorge. Elle baissa lentement les yeux et aperçut une lame d’énergie sombre, émanant de la main gauche de Shemed. Il était derrière elle, son souffle à peine perceptible, son regard perçant figé sur elle.

— "Ne bouge pas." Sa voix était basse et menaçante. "Si tu bouges, tu meurs. Si tu parles, tu meurs. Si tu fais quoi que ce soit... tu meurs. Compris ?"

Himegami hocha lentement la tête, ses doigts crispés sur les manches de son vêtement.

— "Bien. Maintenant, tu vas me conduire au bureau d’Aureolus Izzard."

Un face-à-face glacé

Tandis qu’ils marchaient, Himegami sentait une tension palpable dans l’air. Chaque pas semblait s’alourdir, comme si la mort planait au-dessus d’elle. Elle ne comprenait pas qui était cet homme, mais son aura, si oppressante, la pétrifiait.

Ils arrivèrent à une ruelle déserte, où Shemed relâcha légèrement sa prise, permettant à Himegami de respirer plus librement. Soudain, brisant le silence, elle murmura :

— "Alors, tue-moi."

Shemed s’arrêta net. Il la fixa, ses yeux sombres brûlant d’une lumière inquiétante.

— "Répète ça."

— "Je t’ai dit de me tuer."

Le garçon-démon hésita un instant, sa lame tremblant légèrement. Puis, avec une rapidité effrayante, il la plaqua contre un mur, augmentant la pression de sa lame sur sa gorge.

— "Tu veux mourir ? Alors pourquoi te débats-tu comme ça ?" gronda-t-il. "Pourquoi ton corps se tend, pourquoi essaies-tu de respirer ? Si tu veux vraiment mourir, pourquoi ton instinct te pousse-t-il à survivre ?"

Himegami resta muette, choquée par la froideur de ses paroles.

— "Tu ne veux pas mourir," poursuivit-il avec une voix glaciale. "Tu cherches une raison de vivre. Si tu oses encore une fois demander la mort, sache que je te tuerai, mais pas rapidement. Tu connaîtras une agonie telle que tu supplieras pour l’enfer. Alors réfléchis bien, Himegami Aisa."

Ses mots résonnèrent comme une condamnation.

Un démon briseur d’illusions

Himegami, tremblante, osa enfin poser la question qui lui brûlait les lèvres :

— "Qui... qui es-tu ?"

Shemed détourna son regard un instant, puis planta ses yeux dans les siens avec une intensité qui la transperça.

— "Je suis le Garçon-Démon Exterminateur d’illusions. Et je viens de briser les tiennes."

Ses mots étaient empreints d’une autorité presque divine, comme s’il avait le pouvoir de remodeler la réalité elle-même.

— "Maintenant, tu vas m’accompagner à Misawa Cram," ordonna-t-il. "Et tu vas apprendre que, tant que je suis là, personne ne peut te briser, pas même toi-même."

Himegami, abasourdie, le suivit sans protester. Une petite étincelle d’espoir, qu’elle n’avait pas ressentie depuis des années, commença à naître au fond de son cœur.