9~ Famille
Magnus observait ses fils avec un parfait mélange d'amour et de fierté dans le regard. Debout face à eux comme un miroir, il imitait leurs mouvements tout en fredonnant l'air de la chanson que diffusait la chaîne hi-fi. Les meubles du salon avaient été repoussés dans un coin et le tapis avait été roulé et entreposé temporairement à l'écart. Sur le parquet de bois vernis, l'asiatique avait utilisé sa magie pour tracer un quadrillage parfait et, dans chacune des cases, une rune différente, ces dernières s'illuminant chaque fois que l'un des deux garçons posait son pied dessus. Max et Rafael, respectivement âgés de six et huit ans, semblaient s'amuser comme des petits fous avec leur Ayah, riant et profitant de l'instant avec plaisir et insouciance. Tout était parfait, et malgré l'absence d'Alec, père et fils passaient un moment doux et mémorable. La sonnette de la porte d'entrée retentit pourtant et Magnus se détourna pour aller ouvrir tandis que ses enfants continuaient à rire en suivant le rythme de la musique. L'indonésien ouvrit précautionneusement la porte mais se détendit en reconnaissant son visiteur tardif.
- Robert..., le salua-t-il poliment mais sans pour autant déborder de joie à l'idée d'avoir son beau-père chez lui. Tout va bien ?
- Oui hum...navré de déranger à cette heure mais je devais déposer des dossiers à Alec pour l'institut, est-ce qu'il est là ?
- Alexander est parti en patrouille il y a une heure avec Jace, mais vous pouvez toujours entrer l'attendre, proposa l'immortel en ouvrant la porte en grand.
L'Inquisiteur de l'Enclave l'observa avec un légère méfiance mais Magnus ne releva pas. Il savait que Robert était mal à l'aise en sa présence et qu'il préférait ne pas avoir à passer par l'appartement du sorcier, s'attendant sans doute à tomber sur des gens à moitié nu faisant la fête en pleine nuit et buvant jusqu'à plus soif. Pourtant, le loft était impeccable, propre et rangé à l'exception du salon, alors le patriarche de la famille Lightwood entra à pas prudent pour saluer ses petits enfants qui lui firent un câlin avant de reprendre leur activité. Robert s'installa dans un coin et Magnus lui proposa de boire quelque chose, ce qu'il refusa poliment. L'immortel se retint de lever les yeux au ciel, marmonnant qu'il n'allait pas non plus l'empoisonner, et il se reprit pour rejoindre ses fils. Le Chasseur d'Ombre les observa avec intérêt, sans réellement comprendre la scène qui se déroulait sous ses yeux, alors il interrogea l'asiatique qui le rejoint en soupirant.
- On a du mal à faire apprendre ses runes à Rafael, et comme il adore danser, on répète différentes chorés en remplaçant les pas par des runes. Il sait sur laquelle il doit poser pied pour réussir la danse et il les apprend beaucoup plus facilement.
- Pourquoi ne pas simplement les lui faire apprendre par cœur et réciter ensuite ? Il finira par les retenir tôt ou tard ? S'étonna le mortel en le dévisageant.
- Le forcer à apprendre quelque chose d'une manière qui lui ferait plus de tort que de bien, ça ne fait pas partie de l'éducation que je veux inculquer à mes enfants, Robert. Rafael apprend, différemment certes, en prenant le temps qu'il lui faudra certainement, mais il sera tout aussi compétent que n'importe quel Chasseur d'Ombre et même plus encore, justement parce qu'il aura appris avec plaisir. Maintenant, si ça ne vous plait pas vous pouvez toujours partir d'ici, je dirais à Alexander que vous êtes passé...
Secouant la tête, énervé, Magnus s'intima au calme pour ne pas alerter ses enfants et il retourna danser avec eux le sourire aux lèvres, prenant son temps pour réexpliquer les bons pas à Rafe chaque fois qu'il se trompait. L'inquisiteur soupira en les regardant et se leva pour partir, se sentant de trop parmi cette famille dont il ne faisait pas réellement partie. Quittant le loft à pas de loup, il fut cependant rattrapé dans le couloir par un Magnus contrarié qui le fusillait du regard.
- Quel est le problème ? S'agaça l'immortel. C'est le fait que je sois un sorcier qui vous dérange ou parce que vous êtes convaincu que deux hommes ne peuvent pas correctement élever des enfants ?
- Je..., bredouilla Robert, pris au dépourvu.
- J'aime mes fils, plus que ma propre vie, confia Magnus avec détermination. Je sais ce que je fais et je sais le bonheur que je peux leur apporter alors je ne laisserais personne penser que je suis un mauvais père pour eux. Surtout pas par un homme qui a terrorisé son fils pendant des années sans jamais prendre la peine de lui dire qu'il était fier de lui ou qu'il l'aimait, claqua-t-il en faisant référence à Alec.
- Le problème c'est que je ne vois pas quel rôle je peux avoir dans cette famille, craqua Robert en baissant la tête, se pinçant l'arrête du nez. C'est vrai, je n'ai jamais été le père parfait pour Alec, ni pour aucun de mes enfants, et oui c'est vrai j'ai eu des préjugés pendant longtemps...Et j'ai du mal parfois à comprendre comment ils peuvent être aussi heureux...
- Robert..., soupira Magnus presque avec compassion,...pour être heureux, un enfant à besoin d'amour et de soutien. Un enfant se fiche bien d'avoir un père et une mère, deux mère, deux pères, ou même un seul parents...Tout ce qu'il faut pour un bon équilibre c'est de l'amour, de la patience, du respect et du soutien...Et c'est ce que je m'éfforcer de leur apporter chaque jours, c'est tout ce dont ils ont besoin pour devenir des gens biens. Ce n'est pas tous les jours facile d'être une famille, mais Max et Rafael ont un grand père qu'ils ne voient jamais, Alexander a un père qui n'est toujours pas là pour lui alors pour une fois assumez votre rôle dans cette famille et ramenez vos fesses de Nephilim à l'intérieur de cet appartement !
L'Inquisiteur fixa l'immortel les yeux écarquillés. Passé la cinquantaine, il oubliait souvent que même si Magnus avait dix-neuf ans en apparence, il était bien plus vieux que lui de plusieurs siècles alors il obtempéra et retourna à l'intérieur, suivit de près par le Grand Sorcier de Brooklyn. Alec rentra une bonne heure plus tard de sa patrouille, et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il constata que son époux et son père bavardaient tous deux en cuisinant tandis que les enfants mettaient la table. Le noiraud sentit l'émotion l'étreindre et quelques larmes lui monter aux yeux. Il entra dans le loft en silence, et son regard croisa celui de son père qui lui sourit. Pour une fois, ils soutinrent le regard de l'autre sans défiance, sans colère, la tendresse brillant pour la première fois dans leurs yeux alors qu'ils s'adressaient tous deux des excuses silencieuses. Je t'aime papa, chuchotait les prunelles cobalt d'Alec. Je suis fier de toi, mon fils, murmurait celles de son père.
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J'espère que ça vous a plu ? A demain pour le nouveau thème : Respect...<3
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