Chapitre 1


« Le sang appelle toujours au sang, une vieille loi dépassée qui pourtant persiste dans nos cœurs et dans nos âmes torturées. »

Moi (paroles de Hella Doux)


Je suis un poison, une arme de destruction.

Les larmes étaient de la fête aujourd'hui. Tout comme la pluie. Un regard vers le ciel nous indiquait que ce temps n'était pas décidé à partir. Et parmi ces gens vêtus de sombres vêtements et d'expressions faussement tristes, je ne pouvais que penser que les clichés s'avéraient parfois être de la vie de tous les jours. À un enterrement, il arrivait qu'il pleuve.

Certains auraient vu en cette pluie les larmes de douleur des cieux pour la personne que l'on enterrait aujourd'hui. Moi je n'y voyais que les larmes de rire d'un quelconque dieu, légèrement moqueur de l'évènement. Les rayons de soleil qui perçaient les nuages pour ne pas laisser place à l'obscurité d'un ciel gris semblaient également appuyer ce message.

Et moi dans tout ça, je devais être la seule à ne pas pleurer. Non pas que j'ai été du genre à souhaiter paraitre forte. C'était simplement que je préférais demeurer neutre plutôt que de rire avec le ciel moqueur.

— Repose en paix Malaurie, murmura une personne en allant poser une fleur près du cercueil.

— Hella, tu devrais également aller te recueillir. Je sais que ce doit être difficile pour toi, mais donner quelques paroles pour ta mère te réconfortera peut-être ?

Beaucoup m'aurait considérée comme un monstre s'ils s'étaient doutés d'à quel point je me fichais que ma mère soit cette personne sans vie enfermée dans un cercueil.

Mais comme pour ne pas me faire remarquer, je me levai. Mon chapeau avec son petit voile sombre sur mon visage, je ne pus retenir une esquisse que personne ne vit. Je jetai ma rose fanée sur le cercueil au-dessus de son trou.

« Va pourrir en Enfer, maman. »


***


— Alors cette cérémonie ?

Lâchant un soupir profond pour première réponse, je me contentais de regarder les paysages défiler par la fenêtre de la vieille relique qui servait de voiture à ma mamie.

— C'était si terrible ?

— Il y avait pas mal d'amies à ma mère, et chacune est venue pour me supplier de vivre avec elle.

— À la place, tu te retrouves avec la vieille bourrique que je suis, se mit-elle à rire.

— En effet, pauvre de moi. Jeune étudiante, je suis obligée de vivre avec ma mémé parce qu'elle me fait pitié à vivre toute seule.

Un sourire se dessina sur nos visages. La vieille femme, Annette Voisin, était ma grand-mère paternelle. D'une gentillesse absolue et d'une bonté incroyable, elle représentait à mes yeux l'image de ce qui se rapprochait le plus d'une famille. Ma seule famille à dire vrai.

— Ta chambre a été aménagée et toutes tes affaires t'y attendent. Alors, n'hésite pas à revenir dès que tu le veux, ou dès que tu le peux. Ça me fera plaisir de passer quelques week-ends avec toi.

— Je reviendrai pour ma lessive et un plein de course. Promis. Autant que je profite de l'argent d'une vieille sans défense.

— La vieille sans défense sait tout de même te mettre une raclée sur un ring.

— Pas faux. Enfin de toute manière j'ai bientôt fini mon année. Ensuite, tu n'entendras plus parler de moi.

— Comment ça ?

— Je pense que j'irai dans l'Ohio pour tenter un Master à Youngstown.

— L'Ohio ? C'est bien loin de l'Idaho tout ça. Mais bon, tu feras bien comme tu voudras. Et même si tu décidais d'arrêter les études...

— Cela n'arrivera pas.

Un petit sourire en coin, elle gara sa voiture sur une place de parking. Nous descendîmes alors qu'elle éteignait le moteur. Mon regard se posa sur le grand bâtiment, une résidence universitaire dans un immense campus. De nombreux étudiants se baladaient déjà avec des amis, certains travaillant sur des bancs alors que moi, fraichement revenue d'un enterrement, je débarquais avec un gros sac sur le dos. Et bien sûr, aucun ami à l'horizon pour m'accueillir.

Sortant une sucette de mon sac, je mis le bonbon dans ma bouche.

— Tu manges trop de sucreries, me déclara ma grand-mère.

— C'est pour le stress.

— Non, ça c'est une excuse. Ah, voilà tes amis qui arrivent. Je te laisse.

Ma grand-mère me tendit ses bras pour m'embrasser. Elle ne faisait pas du tout son âge. Ou plutôt si, mais un peu comme Victoria dans RED. Une vieille femme qui pouvait encore donner de bonnes leçons de self-defense et de maîtrise d'une arme à feu. Elle n'était pas un gangster ni une ex-militaire. Seulement une passionnée de combat en tous genres qui avait épousé un marine, aujourd'hui décédé des suites d'un cancer généralisé.

La prenant dans une dernière étreinte, je lui promis de revenir ce week-end et elle me promit de venir me chercher. J'avais beau avoir un permis, la boursière que j'étais ne possédait pas d'argent pour se financer une voiture.

Avant, ma mère vivant à côté de la ville, je n'avais qu'à prendre mon vélo et en une heure de temps j'arrivais pour mes cours. Maintenant qu'elle était morte et que je vivais avec ma grand-mère, la voiture de cette dernière ne serait pas de trop.

Et dire que j'avais dû faire un aller-retour entre les États-Unis et la France parce que Madame avait fait le vœu d'être enterrée dans son pays d'origine.

Ma grand-mère me quitta et repartit pour me laisser seule. Où étaient passés ces fameux amis qu'elle m'avait affirmé avoir vus arriver ?

Je replaçai mon sac sur mon épaule comme pour me donner du courage alors que je ne croisais pas Mercredi, enfin Strix. Ma meilleure amie, qui était également ma coloc', m'avait juré qu'elle viendrait me cueillir dès mon arrivée. Mon portable en main, je vérifiai. Oui, je lui avais bien envoyé un message.

Ainsi arrêtée, les yeux rivés sur mon portable pour insulter mon amie d'un SMS et de quelques emojis pas très contents, je pus voir une fille qui s'écrasa tête la première juste devant moi. Elle venait de marcher sur ses lacés défaits.

Si ma réaction première fut de rire discrètement en me retenant de m'esclaffer d'une moquerie non cachée, ce qui n'aurait pas été très pratique avec ma sucette, lorsque je la vis avec les larmes aux yeux je me décidais à refouler la mini peste en moi afin d'aller l'aider.

— Est-ce que tu vas bien ? lui demandai-je en lui tendant la main.

Assise sur les genoux, elle posa sa main sur son nez rougi qu'elle frottait comme pour calmer la douleur. Ses grands yeux s'écarquillèrent de surprise alors qu'elle se mettait à sourire à pleines dents, acceptant ma main pour s'aider à se remettre sur pieds tandis que moi je commençais à me maudire. Il s'agissait d'Oanelle Macadal.

La petite rousse n'avait rien de bien méchant. Mais bon, être amie avec des canons super intelligents qui possédaient pour frère un gars intimidant avec des potes tout aussi baraqués n'était pas vraiment le meilleur des deals. Alors, aider une telle personne, surtout avec les rumeurs circulant sur sa famille...

Je lui avais déjà parlé une ou deux fois et l'avais croisé dans plusieurs cours, mais rien de bien sérieux pour dépasser l'étape « simple connaissance ».

Enfin bon, maintenant que j'avais la pointe des pieds dans la merde, autant sauter à pieds joints dedans. Et avec le sourire, évidemment.

Nous ramassions ses affaires éparpillées et elle me remercia.

— Je suis Oanelle Macadal, se présenta-t-elle.

— Je sais, lui offris-je pour toutes réponses.

Cela faisait quelques années que nous étions dans le même établissement. Évidemment que je savais qui elle était.

Voyant qu'elle attendait aussi de moi que je me présente, je décidais de me souvenir que ma métaphore pourrie aux penchants scatophiles et lâchai mon nom. Et avec le sourire, il ne fallait pas l'oublier, même si je me sentais légèrement vexée qu'elle n'ait pas retenu mon prénom alors que ce n'était pas la première fois que nous nous croisions. Il fallait croire que même les petits génies pouvaient avoir une mauvaise mémoire.

— Je suis Hella. Hella Doux.

— Doux ? Ce n'est pas commun comme nom ça.

— Je suis originaire de France en fait. Donc...

— Oh d'accord, me coupa-t-elle en penchant la tête sur le côté, ses yeux ne quittant pas les miens. Et sinon, tu emménages ? Tu as besoin d'aide ?

— Pas vraiment. Je ne suis pas nouvelle.

— C'est vrai que ça aurait été étrange en fin d'année.

« Pitié, laisse-moi tranquille la Bimbo Kawaii », suppliai-je en pensant à Strix et mon envie d'aller l'étriper pour ne pas être venue me chercher. Mais Dieu devait être en train de se dorer la pilule sur une superbe plage parce que ma prière ne fut pas exaucée.

— Du coup, tu retournes dans ta chambre ? C'est super. Je peux t'accompagner ?

« Non, tu ne peux pas. »

— Bien sûr.

Mais pourquoi est-ce que je lui disais « Oui » ?

— Tu en as de la chance. Moi je suis obligée de vivre H24 avec ma famille. Nous vivons dans la forêt, une propriété à l'extérieur de la ville. Oh fait, tu étais partie où ?

— Qui te dit que j'étais parti ?

— Ton sac est un sac de voyage. Pourtant on a eu cours aujourd'hui. Donc ton voyage devait être important.

— J'ai loupé quatre jours, avec une autorisation spéciale de la directrice.

— Wouah, comment t'as fait ? Tu as été où ?

— En France.

— Tu es riche ?

Loin de là. Si j'avais eu de l'argent, j'aurais fait tatouer le mot « Richesse et luxe sont des vices aux yeux des jaloux qui n'ont pas d'oseille à brûler » sur la main pour repousser les pauvres, sans oublier une petite signature dans le dos du genre « Salut les pauvres, je vous tourne le dos pour regarder mon luxueux avenir ».

— Pourquoi tu étais en France d'ailleurs ?

— Un enterrement.

— Ah, désolé. C'était quelqu'un de proche ?

— Ma mère.

Si on pouvait la considérer comme quelqu'un de proche...

— Oh. Je suis vraiment désolée. J'ai été très indiscrète. Vraiment, je suis désolée.

Elle baissa la tête, continuant de m'accompagner jusqu'à l'intérieur du dortoir. Il était incroyable de voir que la figure maternelle s'accompagnait d'une positivité qui, pourtant, n'existait pas toujours.

Oanelle était une fille gentille, mais elle me faisait penser à une gamine un peu idiote sur les bords, même si ses résultats scolaires étaient irréprochables.

Mais avec la chance que j'avais, elle deviendrait une sangsue dont je ne me débarrasserai jamais. Je n'aimais pas tellement me faire des amis. Non pas que j'ai été timide ou que je préférais la solitude macabre en tête à tête avec Netflix. Seulement, se faire des amis, c'était chiant et j'avais pas mal la flemme. Je préférais amplement les journées où j'étais enfermée dans ma chambre à lire, jouer à la console ou me taper des barres sur des vidéos stupides de YouTube. Ou bien en regardant pour la énième fois Wayne's World.

Mais avec un peu de chance, elle m'oublierait et retournerait vite avec ses amies d'un autre monde que les gens ordinaires comme moi ne souhaitaient pas connaitre. Et contrairement à beaucoup, j'aimais être normale et ordinaire, je tenais à cette réputation de fille inconnue.

— Et voilà, nous sommes arrivées. Les dortoirs, expliqua Oanelle avant de me lancer un regard tout triste qui me faisait penser à un chien abandonné.

Lancelot, un charmant garçon dont la longue chevelure blonde se balançait dans son dos, vint à notre rencontre alors qu'il voyait Oanelle entrer avec moi. Il était le chef de dortoir. La plupart du temps.

— Hella, je vois que tu n'es pas avec Strix.

— Elle n'est pas venue.

— Elle doit encore être dans sa chambre, enfin votre chambre. À toutes les deux.

Je quittai Oanelle et donnai une petite tape à Lancelot.

— Dis, pourquoi Oanelle était avec toi ?

— Elle est tombée et j'ai eu le malheur de l'aider.

— Oh non, tu n'as pas fait ça ? Qui l'aurait cru, Hell est capable de faire preuve d'altruisme.

— Attends, ta gueule pour voir ? Ah oui, c'est mieux comme ça.

Pouffant comme des idiots pour rien, il m'accompagna jusqu'à ma chambre.

— Allez le chevalier du Lac, laisse la princesse rejoindre la terrifiante Morgane.

Il me laissa tranquille, non sans me lancer un « C'est ici que nos chemins se séparent, jolie Dame du Sidh », une autre façon pour lui de me comparer à une Banshee, donc une femme qui crie beaucoup. Des blagues bien pourries en somme.

Entrant dans ma chambre, je découvris Strix, confortablement installée sur son lit à regarder une série sur son ordi. Elle m'avait vraiment zappée.

Les cheveux noirs dégradés de rouge et les lentilles de contact tout aussi écarlates, avec du maquillage bien sombre sur les lèvres et autour des yeux, elle était un contraire total avec moi qui ne portait que très peu de maquillage, si ce n'était aucun à dire vrai. Si, du mascara parce que j'aimais bien que mes cils soient d'un noir profond.

Enfin dans mon mini chez-moi, je laissai tomber mon sac et sautai sur mon lit, parmi mes peluches qui devaient être une dizaine. À peu près. À moins qu'elles n'aient été plus nombreuses ?

Je lançai le bâton de ma sucette dans la poubelle, l'ayant terminée.

— Hé, Miss Doll, m'appela Strix.

— Qu'est-ce qu'il y a Mercredi Addams ?

Elle sourit en m'entendant répliquer et me montra des bougies.

— Comment va la vie ?

— À l'exception faite que je n'ai pas vu ma meilleure amie me récupérer alors que ma mémé me déposait, tout va bien. Par contre, je vais devoir trier quelques noms de mon répertoire à ami.

— Ah merde, j'avais complètement oublié. Bah, on s'en fout. T'es arrivée vivante, c'est déjà bien.

D'un haussement d'épaules, je pris une autre sucette pour commencer à la manger lorsque soudain on frappa à la porte. Voyant que Mercredi n'allait pas ouvrir, reposant son casque sur ses oreilles, je me sacrifiai pour aller à la porte. En l'ouvrant, je découvris Oanelle.

« Non, pitié ! »

— Dis Hella, tu veux qu'on aille manger un truc ? Histoire de faire un peu connaissance. Il y a HS, enfin Hide&Sick, à côté.

— Ah oui, la cafét'.

Un lieu qui regroupait tous les étudiants, avec boisson et nourriture. Et bien sûr, de l'alcool.

— Oui. Alors, tu viens ?

Préférant sortir que rester avec Mercredi la Traitresse, j'accompagnai Oanelle, mon portable dans ma poche et ma sucette dans ma main.

Après avoir traversé le campus, nous arrivâmes devant un bâtiment qui ressemblait plus à un pub anglais qu'à une cafétéria d'étudiants. Et l'intérieur des lieux me conforma dans mon impression. Il m'arrivait d'y venir, mais seulement lorsque Strix n'avait pas sa dose d'alcool dans les veines.

Bon, autant dire que j'y allais souvent finalement.

Nous allions nous installer au bar.

— Dis Hella, tu veux bien garder ma place ? Je dois passer au... euh... petit coin.

Et elle repartit, me laissant seule sur une chaise haute près de la fenêtre. Accoudée au comptoir et ayant fini ma sucette, je fus heureuse en constatant qu'ils vendaient des gâteaux. Je pris cinq pâtisseries différentes. Une petite cuillère à la main, je commençai par le gâteau fruit. Je gardais toujours le meilleur pour la fin, même si de la Forêt Noire au gâteau de fruits rouges le choix semblait difficile.

Un regard pour le paysage, je décidais de terminer avec ma Forêt Noire, un gâteau dont ma grand-mère et moi étions toutes les deux fans.

La vieille femme vivait dans un village situé en pleine forêt, à environ cinq heures d'ici. Là-bas, tout le monde se connaissait. Les secrets n'existaient pas. Il était très difficile de les conserver longtemps. Et si les lieux arboraient l'aspect d'un endroit conservé dans ses traditions, les habitants étaient d'une modernité déconcertante. Le soir, beaucoup se réunissait au bar du coin pour débattre de sujets divers. Les mots pouvaient être violents, mais jamais personne n'en venait aux mains. Et puis au final, ils se remettaient à rire et à boire ensemble, oubliant tous des débats.

Les vieillards aimaient bien se voir au centre du village pour observer les passants et les quelques rares touristes qui étaient surtout des randonneurs, ou bien pour maugréer des rumeurs sur tel ou tel voisin.

Voilà pourquoi je ne m'inquiétais pas beaucoup pour ma grand-mère. Elle n'était pas seule.

Me rendant compte que je venais de finir ma dernière pâtisserie, je posai ma cuillère contre mes lèvres, le regard triste.

— Wouah, tu as mangé autant de trucs ? s'exclama Oanelle qui venait s'asseoir.

Je voulus répondre, mais une étrange sensation m'envahit. L'étrange impression que l'on me pointait du doigt. Pourtant, personne ne me... pointait du doigt.

« On va dire que c'est le décalage horaire », accusai-je sans preuve.

— Oh, il y a Michael. Michael ! appela-t-elle.

Je me forçai à ne pas lâcher un soupir. Voici le frère terrifiant. Cheveux noirs avec un regard qui semblait vouloir tuer tout le monde, certains le pensaient « beau et ténébreux », je le voyais plutôt comme un gars sur le point d'exploser à tout moment et d'éclater la tête de tous ceux qui se présenteraient devant lui.

Mais bon, en le regardant on pouvait comprendre pourquoi la gent féminine n'y était pas indifférente. D'ailleurs, je connaissais quelques gays qui flashaient sur lui. Il m'était arrivé d'entendre des conversations du genre « le gars avec qui vous passeriez une nuit torride ». Mouais, un balai à chiotte devait être plus agréable à mon avis.

Le gars fit un rapide signe de la main à Oanelle avant de s'installer avec un groupe plus loin. Je pus le voir me lancer un regard assez jugeur et menaçant alors qu'il rejoignait ses amis.

« Il ne tabasserait tout de même pas une jeune fille sans défense comme moi tout de même ? »

— Il s'agit de mon frère, ne fais pas attention. Il est un peu fermé à la nouveauté, m'explique Oanelle.

— Quel genre de nouveauté ?

— Les nouveautés autour de moi. Tu es ma nouvelle amie donc tu risques d'avoir ce genre de regard réprobateur et assassin pendant quelque temps encore.

Son amie ? Est-ce qu'elle n'allait pas un peu vite ?

Je m'en fichais pas mal en réalité. Tout ce que je voulais c'était manger encore des sucreries puis retourner dans ma chambre pour retrouver mes peluches, et éventuellement Strix.


***


Lance Dubois était l'un des trois personnages qu'il avait aperçus.

Surnommé « Lancelot » à la fois par ses camarades et ses professeurs, il était un étudiant en charge des dortoirs. Nommé plus d'une fois champion dans des compétitions d'escrimes étant plus jeune, aujourd'hui il se contentait de la discrétion sur son passé et d'un travail acharné dans ses études. Un candidat idéal. Jalil avait été persuadé qu'il était celui désigné.

Il s'était trompé.

La deuxième candidate s'appelait Strix Addams. Un très bon potentiel, notamment par ses origines et sa nature. Elle était déjà du milieu, elle possédait de grandes connaissances dans ces domaines qui l'intéressaient. Pourtant, là encore il s'était trompé.

Elle n'avait pas été désignée.

Alors la troisième, la moins pertinente pour être choisie, s'avéra être celle que sa magie avait pointée.

Hella Doux, originaire de France. Un pays intéressant qui avait vu naitre parmi les meilleurs d'entre eux. Aujourd'hui orpheline, sans famille, elle était banale. Trop banale pour que cela soit normal. Mais il y avait une chose qui sortait de l'ordinaire chez elle. Son amour pour les sucreries et les peluches.

Voilà pourquoi il se trouvait devant ses béchers et ses autres ustensiles de chimie. Dans la brume des produits qui n'avaient rien de dangereux, il attendait.

L'eau allait prendre une couleur différente...

Ah, voilà.

Semblable à du nitrate d'argent liquide, il fit sortir sa concoction pour la mettre dans un verre. Un bonbon à sucer dans son autre main, il le plongea dans cette eau d'argent à l'aide d'une pince. Lorsqu'il l'en ressortit, ce dernier avait pris cette même couleur. Alors il le posa sur son emballage d'origine.

Se concentrant un instant, il murmura quelques paroles lourdes de sens.

Relinquo anima mea.

Et il souffla.

Une poussière dorée s'échappa d'entre ses lèvres, déposant ses paillettes sur le bonbon pour l'envelopper. Sa force l'abandonnait à mesure que le dorée enveloppait l'argenté. Lorsque la couleur du nitrate eut disparu sous la couche d'or, Jalil eut un sourire satisfait.

Il était temps pour lui de tout abandonner.

« Bonne chance, Hella Doux. Tu vas en avoir besoin. »

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