Réalité 7
Arlo éteignit l'eau de la douche en soupirant. Il récupéra sa serviette posée sur le haut et de la porte et s'enveloppa dedans en pensant tristement à Léon. Il s'en voulait de lui faire subir tout cela. Le jeune homme était quelqu'un de bien – trop bien, même. Il méritait beaucoup mieux, Arlo ne le rendait pas heureux comme il le devrait...
Les pensées sombres, le garçon, toujours dans sa cabine de douche, se rhabilla avant de sortir. Il retourna dans la chambre qu'il partageait avec Loen. Il lui sourit légèrement avant de s'asseoir sur son propre lit. Loen et lui n'étaient pas vraiment amis. A vrai dire, Arlo avait bien tenté de lui parler, mais l'autre garçon n'ouvrait quasiment jamais la bouche. Il trouvait cela dommage, mais il ne pouvait pas le forcer.
Arlo se coiffa, ajusta le col de son tee-shirt puis enfila ses chaussures avant de sortir. Il rejoignit la salle des visites. L'une des infirmières lui indiqua que Léon était arrivé. Il le rejoignit et fut surpris de voir plein de paquets posés sur la table. Il s'assit en face de lui.
- Salut, sourit Arlo.
- Salut, babe.
Léon se pencha par-dessus la table pour lui offrir un tendre baiser. Arlo rougit légèrement, surpris par cette soudaine démonstration d'affection. Ils n'avaient pas eu l'occasion de beaucoup s'embrasser depuis qu'ils étaient ensemble, malheureusement...
- Ça va ? demanda Léon.
Arlo se contenta de hausser les épaules. Il y avait des hauts et des bas, comme toujours. Cependant, être là avec son petit ami l'aidait déjà à se sentir mieux.
- Et toi ? Tu as pu avancer dans tes projets ?
- Oui ! Avec un de mes potes ont a terminé les prises, on fait le montage actuellement. On a prévu de faire une avant-première pour nos deux courts-métrages, t'es invité.
Arlo sourit, touché.
- Malheureusement, je bloque sur mon deuxième CM, je n'ai pas d'acteur principal et mon fil directeur est bancal...
En le voyant ainsi faire la moue, Arlo ne put s'empêcher de trouver Léon plus qu'adorable. Il avait envie de le prendre dans ses bras pour le réconforter.
Les deux jeunes hommes se mirent à discuter de tout et de rien pendant un petit moment, jusqu'à ce que la curiosité d'Arlo le démange de trop. Il montra les paquets posés sur la table. Il y en avait tout de même cinq !
- Tu prévois de faire de la charité ? demanda-t-il.
- Non, rit Léon, enfin pas tout à fait.
Il poussa les cadeaux vers Arlo en souriant de toutes ses dents.
- C'est pour toi !
Arlo fronça les sourcils.
- Pour moi ? répéta-t-il. Pourquoi ?
- Parce que je t'aime, imbécile.
Le jeune homme rougit légèrement et, n'osant contrarier Léon, ouvrit les deux premiers paquets qui avaient une forme similaire. Il écarquilla en voyant le dernier album de The Devil's Tears ainsi que celui de One Seconde of Direction. Il s'agissait de ses deux groupes préférés, toujours très populaires en France et dans le monde. Le troisième paquet contenait un tee-shirt avec une phrase qui disait : « Je peux pas, j'ai psychiatrie ». Cela fit rire Arlo. D'autres personnes auraient pu être blessées de recevoir ce vêtement, mais pas lui. Il savait que ce n'était pas dans le but de lui faire de la peine ou de se moquer de lui, c'était une manière pour Léon de lui montrer son soutient évident. L'avant-dernier cadeau était un beau bracelet doré avec, accroché, un beau cœur et un joli trèfle à quatre feuilles de la même couleur. Il s'empressa de le mettre. Le cinquième cadeau n'était autre qu'une Switch Lite qui incluait le jeu Animal Crossing. Arlo haussa les sourcils en voyant cela.
- Tu pourras avoir ta propre île sandwich, pouffa Léon, dès que tu t'ennuieras, tu pourras jouer. Cela te fera penser à moi...
- Merci, Léon. Sincèrement. Et je ne parle pas que pour les cadeaux, mais pour tout ce que tu as fait pour moi.
Les deux garçons échangèrent un sourire plus significatif que des mots. Après quoi, Arlo se leva.
- Je vais aller mettre tout cela dans ma chambre, tu viens ?
- J'ai le droit ? demanda Léon en se levant à son tour.
Ils demandèrent aux infirmières qui acceptèrent ; Léon avait été fouillé à son arrivée et il n'avait pas le moindre objet tranchant ou coupant sur lui.
Ils arrivèrent aux dortoirs et en ouvrant la porte du sien, Arlo constata que Loen n'était pas là. Il déposa toutes ses affaires sur son bureau.
- Je te laisse visiter, je vais aux toilettes. Bon, ce n'est pas très grand, mais je n'en ai pas pour trois heures.
Arlo fut de retour quelques minutes plus tard.
- Tu veux qu'on aille marcher au parc ?
Léon acquiesça et ils sortirent du bâtiment. Arlo aperçut Loen au loin, en compagnie d'une jeune femme. Il fut rassuré en le voyant aussi peu avec elle qu'avec lui ; au moins, ce n'était pas Arlo qui lui faisait peur.
Le couple alla s'asseoir sur l'un des bancs du parc. Léon soupira.
- Ce n'est pas à ça qu'aurait dû ressembler notre nuit face aux étoiles...
Arlo lui prit timidement la main et la caressa.
- Je te l'ai promis, tu l'auras. Je suis désolé que tu aies à subir tout cela...
- Tu ne comprends pas, répondit Léon, je suis triste pour toi... À ton âge – notre âge –, on est censé être heureux, profiter de la vie... Cela me fend le cœur, tout simplement... Parce que je t'aime. Je tiens à toi et je veux te voir heureux...
- Je ne sais pas vraiment quand est-ce que j'ai cessé d'aller bien... J'ai juste l'impression de vivre une perpétuelle descente aux Enfers... expliqua Arlo, la tête baissée. J'en suis venu à mettre la musique à un volume trop élevé pour ne plus avoir à entendre mes propres pensées...
Arlo fut secrètement soulagé que Léon ne poursuive pas cette conversation. Ils passèrent les minutes suivantes dans le silence, à profiter l'un de l'autre. Arlo avait un peu froid, mais la main chaude de son petit ami l'aidait à ne pas trembler.
Finalement, Léon reprit la parole :
- C'est quoi ton but ultime dans la vie ?
- Être heureux, répondit spontanément Arlo, être heureux et arrêter de souffrir.
Le reste de la journée se passa dans une ambiance légère teintée du rire des garçons. Entre quelques discussions, ils se taisaient et profitaient de la présence de l'autre en s'embrassant et en se câlinant. Cela leur fit à tous les deux le plus grand bien. Ils avaient le sentiment de se ressourcer. C'était comme une nouvelle bouffée d'oxygène après avoir avancé dans la pollution pendant un trop long moment.
Finalement, l'heure des visites arriva à son terme quand le soleil commença à décliner à l'horizon. Arlo profita une dernière fois de la chaleur des bras de son petit ami avant de le laisser partir. Il souriait, le cœur léger.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top