|| Attention : ce chapitre peut heurter la sensibilité de certains. Il contient des scènes choquantes. Je suis responsable de ce que j'écris, pas de ce que vous lisez. L'histoire étant placée en mature, pas besoin de la signaler. Bonne lecture ! ||

Cinq heures du matin. Arlo ne dormait pas. Seul dans la salle de bains, il tournait en rond comme un lion en cage. Son sang bouillonnait dans ses veines et il avait l'impression que son cerveau pouvait exploser à tout moment. Il ne dormait que trop peu depuis plusieurs jours, rendant ses journées plus difficiles encore. Son corps était faible à cause de la pauvreté de ses repas et il n'avait pas moyen de récupérer la nuit. Arlo se sentait à bout de nerfs. Tous les médicaments qu'il prenait n'y changeait rien. Il avait l'impression que tout l'abandonnait.

Arlo sentait qu'il pleurait. Il n'arrivait plus à se retenir ; tout le monde le lâchait et il se lâchait lui-même aussi. Il dépérissait. Il avait encore maigri ces dernières semaines. Ses nuits blanches à répétition creusaient le dessous de ses yeux, amincissant son visage plus qu'il ne l'était déjà. Il avait perdu toute joie de vivre, tout goût pour ce monde de fou qui semblait l'humilier un peu plus chaque jour. Il était seul.

Dans un accès de rage, Arlo saisit sa boîte de médicaments pour dormir. Il l'ouvrit et en avala entièrement le contenu.

- Pourquoi je n'arrive pas à dormir, putain ?!

Il essuya rageusement les larmes qui coulaient sur ses joues avec ses ongles. Il se griffa furieusement le visage, les cuisses et les bras. Sa peau laiteuse devint alors rouge. Il sentit les battements de son cœur s'accélérer.

- Pourquoi j'ai la santé bousillée ? Pourquoi je n'arrive pas à surmonter tout ça ?!

Arlo se gifla avant de se frapper le visage. Son expression était terrifiante, il était comme possédé. Sa souffrance psychologique éclatait en une mutilation physique.

Il ouvrit ensuite une seconde boîte : celle de ses médicaments pour l'estomac. Il les prit tous.

- Pourquoi je m'en rends malade ?! Pourquoi, pourquoi, POURQUOI ?!

Il donna un violent coup de poing dans le miroir qui se brisa sous la puissance de l'impact. Il vit son reflet brisé se refléter dans les quelques bouts de verre qui n'étaient pas tombés. Arlo attrapa l'un d'eux à pleine main sur le sol, s'écorchant vivement la paume. Il tiqua à peine et enfonça le bout du miroir dans son avant-bras. Arlo n'en pouvait plus. Son sang se mit alors à couler tandis qu'il multipliait les coupures sur sa peau fine. Lorsqu'il n'eut plus suffisamment de place, il passa à l'autre qui subit le même traitement. Quelques larmes se mêlèrent au sang sur le carrelage. Il avait mal, mais il continuait. La douleur lui rappelait qu'il était en vie.

Mais pour quoi, en fin de compte ? Pour souffrir ? Pour continuer à se sentir humilier ? Pour que les autres continues de se moquer de lui ? Les questions, trop nombreuses, demeuraient sans réponse...

Arlo ressentit alors une douleur aiguë lui fendre le crâne. Il chuta et l'arrière de son crâne heurta violemment le haut de la baignoire. Il gémit de douleur tout en se recroquevillant sur le sol, au milieu des débris et de son sang. Il avait froid et, soudainement, la fatigue sembla finalement se manifester. Il ferma alors les yeux, ses bras se frottant mutuellement pour se réchauffer.

Ses lèvres cessèrent de grelotter.

Arlo ne sentait plus rien. Hormis une sensation de vide qui l'aspirait et qui l'entraînait dans une chute interminable.

Ses mains cessèrent de bouger.

Il avait la tête lourde et sentait toutes ses forces le quitter peu à peu. Son vertige fut lentement remplacé par une autre impression. Cette fois-ci, plus froide et plus angoissante : le néant.

Ses poumons et son cœur cessèrent de fonctionner.