Arlo sortit du métro et marcha encore un peu avant de trouver l'immeuble de Léon. C'était une façade toute en moulure, typique de Paris. Il repéra le nom que Léon lui avait donné sur l'interphone. Il sonna et attendit que la porte se déverrouille, puis il entra. Le hall était comme la façade : façonné avec soin. Il monta au dernier étage, assez impressionné. Léon devait payer un sacré loyer pour vivre ici !
Le jeune homme frappa à la porte et attendit que Léon vienne lui ouvrir. Cela ne tarda pas. Il lui sourit.
- Salut, dit-il, entre.
Arlo ne se le fit pas répéter deux fois. Il s'exécuta avant de retirer sa veste et ses chaussures.
- Merci beaucoup de m'accueillir...
- C'est normal voyons.
Ils rejoignirent le salon. Arlo était émerveillé en découvrant le lieu de vie de Léon.
- Fais comme chez toi, sourit ce dernier.
- Merci.
Arlo regarda autour de lui. La décoration collait parfaitement à la personnalité de Léon. Les murs étaient peints dans des tons sobres et décorés à son image : il y avait deux claps signés, une bobine de film, des pellicules anciennes... Le jeune homme pouvait également voir accrochées quelques photographies prise par un polaroïd. Le mur devait être magnétique puisque les photos étaient retenues par des aimants, tout comme le reste des objets.
Le salon était relativement grand, situé dans le prolongement de l'entrée. Les deux pièces étaient baignées par la lumière naturelle grâce à d'immense baies vitrées disposées sur le mur du fond. Arlo écarquilla les yeux en voyant des meubles à l'extérieur.
- C'est...
- Un toit-terrasse, oui, rit Léon, tu veux que je te fasse visiter ?
Arlo hocha la tête. Léon lui montra la salle à manger située derrière l'immense canapé. La cuisine était ouverte juste à côté d'où ils pouvaient apercevoir des meubles à la pointe de la modernité. Il y avait ensuite un couloir sur la droite avec trois portes : une salle de bains, une chambre d'amis et la chambre de Léon.
Les deux jeunes hommes s'installèrent dans le canapé avec, posés sur la table basse, un Orangina pour Arlo et une bière pour Léon. Ce dernier passa son bras autour des épaules de son ami pour le rapprocher de lui.
- Alors ? Dis-moi ce qui ne va pas...
Arlo soupira.
- Tu n'en as pas marre de toujours m'entendre me plaindre ?
- Non, je te l'ai déjà dit.
- C'est juste que... j'ai l'impression d'être le mouton noir de ma famille... Sauf que mes parents ne le voient pas ou font semblant de ne pas le voir, ce qui empire la situation.
Arlo passa une main dans ses cheveux, la gorge nouée.
- C'est peut-être moi qui me fais des idées, mais c'est vraiment ce que je ressens... Soit je parle trop, soit je parle pas assez. Quand je ne souris pas, ça ne va pas et quand je souris on me demande sans amabilité pourquoi... J'ai l'impression que quoi que je fasse, cela n'ira jamais. On m'a reproché de ne pas parler de ce qui n'allait pas, mais quand j'ai commencé à le faire on m'a demandé de me taire puisqu'il y a pire que moi dans la vie...
Le garçon frissonna lorsque Léon se mit à caresser son épaule et son bras.
- Ignore-les ? proposa-t-il.
- C'est plus facile à dire qu'à faire, Léon, soupira Arlo, c'est ma famille.
- Je sais. Sauf que tu ne choisis pas ta famille et tu peux parfois tomber sur des personnes avec qui tu ne t'entends pas.
- Léon ?
- Oui ?
- Le prends pas mal, mais tu es vraiment nul pour donner des conseils.
Ils éclatèrent tous les deux de rire, ce qui détendit immédiatement l'atmosphère. Arlo se sentait mieux. Il avait enfin parlé à quelqu'un – de confiance de surcroît – et cela lui avait permis de formuler ses doutes et son mal-être. Il sourit en sentant son ami le serrer contre lui.
Ils passèrent les deux heures suivantes à discuter et à boire, toujours sans alcool pour Arlo. Il s'affaissait de plus en plus contre le torse de Léon qui ne semblait pas gêné et qui n'avait toujours pas retiré son bras. Ils étaient proches comme s'ils se connaissaient depuis des années. C'était agréable.
Léon finit par se redresser et s'étirer.
- Tu veux que je commande à manger ? Il est presque quatorze heures. On peut prendre un Macdo.
- Pourquoi pas.
Arlo se redressa également. Il ne mangeait jamais beaucoup, aussi quand Léon lui demanda ce qu'il voulait, il choisit le menu le plus léger. Si Léon était surpris, il ne dit rien et passa sa commande à un livreur.
Les deux jeunes hommes restèrent le reste de l'après-midi, installés dans le canapé, leurs genoux collés. Ils passaient un très bon moment ensemble et aucun d'eux ne voulait le voir se terminer. Malheureusement, il était temps pour Arlo de rentrer chez lui. Ils se levèrent et se dirigèrent vers l'entrée. Ils se tournèrent l'un vers l'autre.
- Encore merci...
Léon lui sourit, dévoilant ses adorables fossettes.
- Tu vas arrêter de me remercier, oui ? Ce serait plutôt à moi de le faire.
- On se remercie mutuellement alors.
Ils rirent.
- Arlo ? Ferme les yeux, dit Léon.
Un peu méfiant, le garçon s'exécuta tout de même. Son cœur battait la chamade... Il se demandait ce qui allait se passer ! Il n'eut pas à attendre longtemps puisqu'il sentit les lèvres de Léon se poser sur les siennes. Arlo était tellement surpris qu'il se figea. Léon l'embrassait ? Il n'eut pu totalement apprécier cet échange qu'il se terminait déjà. Il rouvrit lentement les yeux et vit que Léon l'observait.
- Je... bégaya Arlo.
- Vas-y, pars, le coupa son ami.
Arlo était un peu perdu. Léon l'embrassait pour ensuite lui demander de partir ? Peut-être regrettait-il de l'avoir fait ou bien avait-il simplement voulu le tester ? Il fronça les sourcils en voyant le jeune homme sourire.
- Je pourrais presque voir les rouages de ton cerveau tourner à plein régime, le taquina-t-il.
Arlo rougit légèrement. Il était un véritable livre ouvert pour Léon.
- Je t'ai embrassé parce que j'en avais envie... Tu me plais, Arlo. J'ai simplement peur que ce ne soit pas réciproque.
Le garçon eut envie de rire. Il était une passoire lorsqu'il s'agissait de camoufler ses sentiments ou ses états d'âme, mais Léon n'arrivait pas à savoir si leur attirance était réciproque : évidemment, elle l'était.
Arlo déposa à son tour un timide baiser sur les lèvres de Léon.
- Ça l'est... murmura-t-il.
Léon se mit à sourire, faisant rougir l'autre garçon. Ils avaient encore moins envie de se laisser désormais...
- Tu as intérêt de revenir vite, souffla Léon contre les lèvres, sinon je viens de moi-même et je te kidnappe pour passer un moment avec toi...
Arlo sourit, les yeux fermés et le front appuyé contre celui de Léon. Il n'aura pas besoin de le kidnapper pour que cela arrive.
Il releva la tête à contrecœur pour regarder l'heure sur la pendule. Il devait partir. Les deux garçons échangèrent un dernier baiser – qui se transforma en plusieurs derniers – puis Arlo s'en alla. L'un comme l'autre, ils se couchèrent avec un grand sourire, heureux d'avoir franchi un pas supplémentaire dans leur relation.
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