Irregularity XVI - Tale of the Evil I
¿ Halloween X Witch X Vampire ?
Il y avait bien une légende, comme on aimait les raconter, perdue à travers les âges, qui disait, ou plutôt nous contait ceci : Les nuits rouge-sang marquaient une inversion de la temporalité, toutes les choses de ce monde laissaient place à d'autres encore plus effrayantes. À commencer par la lune sanguinolente, les créatures métamorphes mais surtout, Lindelle et sa valse mortuaire.
Elle nettoyait le château de sa crasse millénaire, le tout en dansant.
Elle frappait le sol et, en réponse, celui-ci lui envoyait toute sa poussière.
D'un coup de balai, elle dessinait des chauves-souris dans l'air. Eh oui, Lindelle créait des formes poussiéreuses. Mais pas n'importe lesquelles.
Les chauves-souris volèrent haut, très haut. Et une fois en contact avec l'intensité des flammèches qui ornaient le couloir en pierre, ils disparurent.
Lindelle ne se découragea pas pour autant. Elle créa une silhouette plus imposante, des traits appuyés et un sourire éclatant qui la remerciait de ses efforts. Mais lorsqu'elle fût sur le point d'achever son œuvre, la jeune servante ressentit un léger poids sur son épaule.
La bête endormie empestait plus qu'elle. Inconsciemment, elle ne pouvait l'accepter.
- Qui es-tu? lui demanda-t-elle d'une voix qui se voulait menaçante.
Bram, tiré de son doux rêve, dévisagea la jeune fille qui la dévisageait pareillement. Le petit singe savait ce que regard voulait dire. En regardant Lindelle serrer son balai avec plus de fermeté, il comprit que le spectacle ne serait pas différente des fois précédentes.
- Tu ne t'échapperas pas, sale rongeur ! déclara-t-elle en poursuivant la bête.
Les couloirs, interminables, constituaient beaucoup plus qu'un frein qu'une aide. La faible visibilité qu'elle offrait l'handicapait. Tout le contraire de Bram qui, profitant de vicieuses birfucations et d'escaliers démoniaques, plaçait progressivement de la distance.
- C'est qu'elle devient dangereuse à cet exercice en plus...
- Fais tes prières, vil rat !
- Je ne suis pas un rat, bordel ! Je suis un singe, un bébé singe !
- Quelle différence? C'est tout petit, ça chatouille, ça schingle, donc c'est forcément la même espèce.
- Je te signale que tu schingles aussi. Ce n'est pas pour autant que je t'associe aux putois.
- Oui mais moi c'est différent. Je suis grande. Et j'ai un balai. Les putois n'en ont pas.
- C'est qu'elle est sérieuse dans sa connerie, en plus.
Bram, songeur, tentait de comprendre les origines de cette phobie des rongeurs de Lindelle.
Et cette histoire-là.... Là voici...
| Le méchant et le rat |
Depuis le sous-sol du château résonnait le rire le plus maléfique de l'univers, et il appartenait à nul autre que Vlad, le grand Vlad. Le petit Vlad ici car le seigneur vampirique ne dépassait pas encore les douze années.
Mais il était méchant. Très méchant.
- Hein que je suis méchant, Eve !
- Vous êtes le plus méchant, jeune maître ! De tout l'univers !
- Ha ha ha ! Oui, je le suis !
Lindelle, attachée sur table d'exécution avec les quatre membres menottés, voyait bien les canines pointues du petit garçon, le visage blême de celui-ci ainsi que son accoutrement vampirique des plus élégants, avec la cape draculesque qui allait avec.
- Non, jeune maître. Vous êtes un gentil garçon, le plus gentil des garçons de l'univers.
- Silence, Lindelle. Je vais punir ces paroles blasphématoires. Moi, le grand Vlad, je ne peux être gentil.
- Mais si que vous le pouvez. Je n'oublie pas que nous avons chassé le papillon avant-hier. Vous étiez tout sourire quand nous avons pu recoller l'aile droite du malheureux.
- Est-ce vrai, jeune maître? demanda Eve, vêtue d'une tenue gothique toute noire avec un motif d'ours brun au centre.
Vlad grinçait silencieusement les dents. Son acolyte, les courts cheveux lisses bleus lui masquant l'œil droit, attendait le démenti de pieds ferme.
- Vous avez même dit, jeune maître, vouloir vous métamorphoser en papillon plutôt qu'en chauves-souris. Parce que les papillons portent les couleurs du monde que vous aimez sur leurs ailes. Les chauves-souris sont incroyablement laides. Ce sont vos mots, pas les miens.
- Silence, Lindelle ! J'ai dit ça.. mais c'était des mensonges.. Ha ha ha.. Je suis méchant.. Et je mens !
- Non.. Vous ne pouvez pas... jeune maître...
- Je mange des papillons au déjeuner. Et tenez ! (il vit un rat passer et le prit entre ses doigts) Je vais manger ce rat, parce que je suis méchant ! Regarde, Lindelle, je vais le porter à ma bouche !
Lindelle arrivait difficilement à regarder la scène, mais il lui fallait bien tenir. Alors que Vlad s'apprêtait à croquer dedans, de ses canines saillantes, une main vint taper dans la sienne. Il s'agissait d'Eve.
- Inutile, jeune maître. Je crois en votre malice et en votre cruauté.
Eve lui sourit, Vlad se sentit revivre.
Pendant ce temps-là, le rat, éjecté de force, vola de longues secondes en l'air et atterrir, par le plus inattendu des hasards, dans la bouche de Lindelle. La chose remuait à l'intérieur de sa cavité.
Elle se sentit souillée. Ainsi, naquit le traumatisme.
|... |
Vlad contemplait sa méchanceté sur le miroir que lui tenait Eve, fière et honorée de servir un seigneur aussi terrible.
- Je devrais peut-être me laisser pousser une barbe, comme mon père, jadis.
- C'est une superbe idée, votre cruauté, la conforta Eve qui souffrait beaucoup à tenir le miroir si lourd pour elle.
- Je vais voir. Si ça peut me faire paraître plus méchant, je ne dirais pas non. Ha ha ha ! Ha ha ha ! Ha ha ha !
Le rire démoniaque s'interrompit quand des bruits de pas, légers et discrets, captèrent l'attention du seigneur et de l'assistante.
- Qui va là? demanda Vlad loin de toute sérénité.
Il déglutit en apercevant une silhouette féminine qui marchait sur l'air.
Elle portait une uniforme de sorcière avec le chapeau pointu, très pointu dans son cas et plutôt haute, qui parfaisait beauté noire de la créature enchantée.
- Je peux vous offrir la vérité, Ô redoutable maître vampirique. Désirez-vous savoir si vous êtes le plus méchant?
Elle sourit en approchant du trône. Ses doigts délicates atterirent sur le miroir et se mirent à altérer le reflet de celui-ci. Vlad observait cette perturbation d'un œil neuf. Depuis sa mère, il n'avait jamais eu affaire à cette magie-là.
- Répétez après moi, lui ordonna la sorcière à la coiffure dorée, que la foudre s'abatte sur moi si je ne suis pas le méchant. Allez-y.
Vlad hésita. Que se passerait-il s'il énonçait ces phrases? La foudre s'abattrait-elle réellement? Et si la femme disait vrai? Et s'il n'était pas réellement le plus méchant.
Il regarda Eve. Elle plaçait tant d'espoir en lui. Sa toute première amie, après Lindelle.
Il ne voulait pas la décevoir.
Il ne voulait pas la décevoir.
- Que la foudre s'abatte sur moi..., commença-t-il en fermant les yeux, de peur sans doute. Que la foudre s'abatte sur moi, si je ne suis pas le plus méchant de l'univers !
Les secondes lui parurent être des heures. Il en tremblait, comme si la foudre approchait. Il la sentait descendre. Longuement. Tres longuement. Mais finalement...
Rien ne tomba...
- Je l'ai toujours su, jeune maître. Vous êtes le plus effrayant, dit Eve, émue jusqu'aux larmes.
Il daigna ouvrir les yeux pour la regarder verser ces larmes d'admiration.
- Comment as-tu osé douter de moi? Ha ha ha. Je le suis le plus méchant ! Le plus méchant !
- Oui. Vous l'êtes, jeune maître. Le plus méchant des plus méchants.
- Le plus méchant des plus méchants des plus méchants.
- Le plus méchant des plus méchants plus méchants des plus méchants.
Ils continuèrent, tous deux, à glorifier le personnage de Vlad. La sorcière, elle, leva le petit doigt pour prendre les conditions météorologiques ambiantes.
- Il semblerait... finalement que non. La foudre va bien tomber. Encore plus violente que mes prévisions.
Elle sourit puis reprit l'incantation:
- Miroir, Ô mon horrible miroir, le seigneur Vlad est-il le plus méchant?
Vlad aperçut le visage d'un singe apeuré bondissant de la poitrine de la femme qui lui faisait face et lui fonçait dessus. Le temps d'analyser cette situation nouvelle ne lui fut pas accordée.
- Sûrement pas !
Cette voix-là appartenait à Lindelle. La causalité était des plus cruelles. Elle qui poursuivait le petit singe avec une fougue sans pareille, là voici, la main fermement accrochée au balai, à frapper le joue de son maître avec une violence qui rappelait le tonnerre de bien des façons.
Bram trouva refuge sur l'épaule d'une Eve consternée. Ils eurent la même réaction : la bouche grande ouverte et un cri de panique qui ne tarda pas à envahir le château.
- Ton souhait vient d'être exaucé, Lindelle. Tu n'as plus besoin de mes compétences de sorcière.
- Jeune maître, jeune maître !
Lindelle paniquait comme jamais. Elle venait peut-être d'achever le vampire qu'elle servait.
Qui sait?
La suite? Quelle suite?
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