4 - FEELINGS ARE COMPLICATED

Un mouvement à ma gauche me réveilla, me sortant de ma rêverie. Je dévisageais James, qui m'avait retiré les cheveux de mon visage. Son geste anormalement doux m'avait surprise.

— Ne faites pas ça, dis-je presque par réflexe en secouant la tête.

Il haussa un sourcil.

— Tu bavais sur ma blessure.

J'eus un hoquet d'outrage, le dévisageant.

— Je ne bave pas !

Il ricana, désignant mes cheveux qui avaient collés sur ma joue humide. Je les retirais en me giflant presque, rougissante.

Je m'étais endormie peu après avoir nettoyé sa blessure, les points de sutures consciencieusement faits désormais bien propres. J'avais dû sombrer en lui faisant le bandage, au vu de la bande qui me collait à la main. Je m'en débarrassai et coupai une nouvelle bande, nettoyant à nouveau la plaie juste avant, histoire de la débarrasser des germes qui auraient pu se former dans la nuit.

— Vous auriez dû me réveiller, dis-je en plaçant l'extrémité de la bande sur la blessure, le plus doucement possible.

Il grimaça néanmoins, mais réussit à contenir un gémissement.

— On en est revenus à se vouvoyez ? demanda-t-il.

Il sursauta lorsque je serrais un coup sur la bande.

Je n'avais pas risqué d'utiliser mes pouvoirs sur lui, il savait qui j'étais. Dieu seul aurait pu savoir ce qu'il serait arrivé s'il l'avait signalé. J'aurais été un rat de laboratoire. À nouveau.

— Tu avais l'air d'avoir besoin de dormir, dit-il. Tes cernes font la moitié de tes joues.

— Trop aimable, rétorquais-je.

Je terminai d'appliquer la bande et me relevai, lui envoyant un sourire cinglant.

Dans la journée, nous reçûmes tout un régiment de blessés, si bien que les infirmières, d'ordinaire me laissant le service de nuit, me rejoignirent. Cela dura un mois entier.

Je ne pus m'occuper de James, l'une d'entre elle tournant autour de lui. C'était une grande blonde pulpeuse, Carrie, si ma mémoire était bonne. Elle était aussi belle qu'elle était inintéressante. Son cerveau semblait se réduire à une éponge desséchée. Je ne voyais pas comment elle pouvait attirer. Et bien sûr, pour les taches telles que retirer les points de sutures du sergent, je devais m'en charger. Sans compter que c'était souvent moi qui prenait son service.

Ils étaient réellement différent, si bien que je ne comprenais pas comment ils pouvaient s'entendre. Lui, d'un autre côté, je comprenais pourquoi il attirait. Je le comprenais même très bien. En dehors de son physique, il y avait quelque chose d'attrayant dans son tempérament.

Il m'arrivait souvent, à l'aube du jour quand les autres infirmières partaient profiter du peu d'heures de sommeil dont elles bénéficiaient, d'aller auprès de lui, sous prétexte que j'étais responsable de lui. Je m'endormais souvent à son chevet, et les infirmières devaient me réveiller en arrivant le matin. Lui dormait toujours.

Je ne pouvais pas utiliser mes pouvoirs, James ne s'endormait que lorsque je m'endormais, les infirmières étaient présentes jusque tard dans la nuit, si bien que les blessés furent soignés par des moyens rudimentaires.

Je m'approchais de lui une fois qu'elles étaient parties, m'asseyant à côté de sa jambe valide, me penchant pour ausculter l'autre. Il se décala de façon à m'aider.

— Bonsoir Connie. Bien dormi ? ironisa-t-il.

Je lui lançais un regard par-dessous mes cils, hésitant à lui tirer la langue, mais finissant par me raviser.

— Ça a bien guéri, dis-je en écartant les pans du pantalon qu'on lui avait fait passer. Tu vas pouvoir retourner sur le champs de batailles demain.

En réalité, il aurait pu y retourner déjà la semaine dernière, lorsque j'avais retiré ses points de sutures. Le garder pour vérifier que sa blessure se refermait correctement était un luxe que personne ne pouvait se permettre durant la guerre, mais je n'avais pas pu me résoudre à le renvoyer alors qu'il risquait une infection. Une bonne infirmière ne ferait jamais cela, ce n'était pas un traitement de faveur.

Même moi je savais que ce prétexte était vraiment ridicule. Surtout vu les accents tristes que ma voix avait prise.

— Oh je vais te manquer ? demanda-t-il en s'engouffrant dans la brèche que ma nostalgie avait créée.

Je m'offusquais, lui tapant doucement la cuisse.

— On s'est embrassés une fois il y a deux mois James, ne pousse pas trop ta chance.

Il ricana, baissant la tête.

— Allez, on est amis au moins.

Je penchais ma tête sur le côté.

— Amis...

Je frottais mes mains sur mon tablier, le retirant et le posant à côté sur le dossier de la chaise. Je posais mes coudes près de sa cuisse, mettant ma tête dans mes mains.

— Peut-être, dis-je, peut-être pas ? Qui sait ?

Il leva les yeux au ciel.

— Tu n'aurais pas dû me garder aussi longtemps, dit-il. Tu prives l'armée d'un bon élément.

Je fis la moue, baissant les yeux et traçant avec mon doigt des motifs sur la couverture couvrant sa jambe.

— Ta blessure aurait pu s'infecter, marmonnais-je en ignorant son ironie tant j'étais honteuse.

Il prit ma main, et je me retins de la retirer précipitamment.

— Je sais que vous envoyez des personnes sans prendre cette précaution. Je ne te reproche rien. C'est normal de prendre soin de ceux auxquels on tient.

Il serra ma main comme pour appuyer ses propos, et j'en profitais pour me défaire de ses yeux scrutateurs. La sensation de ma petite main dans son énorme paume était étrange.

Je ne pus m'empêcher de penser quelques instants à combien on était différent. Ne serait-ce que pour les raisons pour lesquelles nous nous étions enrôlés ; il était là pour tuer, je l'étais pour sauver des vies.

— Je ne trouve pas, dis-je. La mort ne fait pas de différences, les infirmières ne devraient pas en faire non plus.

Il se tut, comprenant qu'il ne gagnerait pas cet argument. Un fin sourire se dessina sur mon vissage.

— Et puis je ne tiens pas à toi, c'est faux, dis-je.

Il porta son autre main à sa poitrine, l'air faussement outré.

— Je savais que tu n'étais ici que pour mon physique.

Je lui pinçais la cuisse en retirant ma main de la sienne, riant doucement pour ne pas réveiller les autres.

Nous continuâmes de parler jusqu'à ce que je m'endorme, épuisée par les précédents jours.

— Bucky !

Je sursautais en entendant la voix aiguë de Carrie.

— Il faut en profiter, tu pars ce soir, continua-t-elle.

Il ouvrît doucement ses yeux bleus et m'envoya un regard désolé. Carrie me poussa presque loin de son chevet.

— Constance va s'occuper de mes blessés aujourd'hui, n'est-ce pas ?

Je m'éloignais en serrant les poings, les sourcils réduits à une barre. Je savais que Carrie était compétente, mais un tel niveau de superficialité me choquait. Et je ne pouvais décemment pas l'envoyer paître, des vies étaient en jeu.

Je grognai en voyant le nombre de blessés. La plupart avait guéri plutôt rapidement, mais ceux qui restaient étaient les plus graves. Souvent ceux dont la plaie s'était infectée. Il arrivait bien trop souvent à mon goût que des gens meurent. Après tout, c'était la guerre.

Avec le nombre astronomique de blessés que Carrie m'avait laissé, je n'allais pas pouvoir dire au revoir à James. L'idée me mettait les nerfs en pelote et un noeud me serrait l'estomac.

Alors que je recousais une blessure, je levai les yeux pour découvrir que le lit du sergent était vide. Je me dépêchais de faire le dernier point, et me précipitait dehors.

Une Jeep s'éloignait. Elle n'était pas encore trop loin, et je distinguais la silhouette de James. Je me mis à courir, mon tablier battant sur mes jambes, ma coiffe d'infirmière s'envolant avec le vent froid qui mordait mes joues.

— James !

Sa tête se tourna vers moi, alors que je dûs m'arrêter, trop essoufflée pour continuer. La Jeep s'éloigna, et je hurlais son nom une dernière fois, horrifiée à l'idée qu'il parte sans que je ne lui ai dit au revoir.

Alors je le vis sauter de la Jeep et se mettre à courir vers moi, sa casquette s'envolant elle aussi. Il boitait légèrement. Le véhicule s'arrêta derrière lui, des cris de mécontentements résonnant.

Mes jambes se remirent en marche, courant dans sa direction. Je lui rentrai dedans, sautant dans ses bras. Je m'accrochais à son cou, et il me souleva avec un bras, le passant dans mon dos.

Il me reposa, mais je restée le nez niché dans le creux entre son cou et son épaule. Il passa son autre bras derrière moi, enfouissant la tête dans mes cheveux que ma course avait relâché.

— Ne meurs pas, d'accord ? murmurais-je contre sa peau.

Je le sentis rire plus que je ne l'entendis et il me relâcha. Il déposa un baiser sur mon front.

— Oui m'dame.

Il y eut un léger moment de flottement, et je rougis en voyant ses yeux descendre sur mes lèvres. Les miens faisaient des allées-retours entre sa bouche et ses yeux.

Il finit par secouer la tête et me jeta un dernier regard lorsque la Jeep reprenait sa cours.

S'il revenait esquinté, il allait passer un mauvais moment.












𝐀𝐔𝐓𝐇𝐎𝐑'𝐒 𝐍𝐎𝐓𝐄 :

well damn, ça chauffe là-dedans

j'sais pas combien de temps je vais avoir de l'inspiration sur cette histoire, mais là elle est bien présente soooo

allez, chalut !

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