1 - SNEAK PEEK TO THE FUTURE

été 1941, amérique

— Constance Jones viens ici tout de suite ! Si tu passes cette porte, ne reviens plus.

Je levais les yeux au ciel, les dents grinçant à l'entente de mon nom complet. Je mis néanmoins mon gilet blanc sur mes épaules, jetant un regard à ma mère. J'attrapais ma valise.

— Alors au revoir, mère. J'espère que vous aurez une longue vie.

Sur ce, je claquais la porte, sachant pertinemment que je ne reviendrais pas. Après son long discours sur combien la médecine n'était pas un métier de femme, j'en avais clairement par dessus la tête de ma mère. Apparemment, l'annonce de mon métier d'infirmière ne lui avait pas plu. Me mettre à la porte pour cette raison était plus que déplacée, mais je n'en avais rien à faire.

Selon elle je devais déjà être mariée, installée, et enceinte de mon deuxième enfant. Malheureusement pour elle, je n'épousais pas le premier venu parce qu'il avait de l'argent.

Mais de toutes façons, les relations entre elle et moi s'étaient détériorées après mon dix-huitième anniversaire. Elle m'avait trouvée trop entreprenante après cela. Trop... en manque d'un je ne sais quoi.

Si elle savait qu'à chaque fois que je fermais les yeux je revoyais les corps des blessés des tranchées de Verdun, cela la laisserait comme deux ronds de flan.

Si elle savait que j'avais déjà vécu toute une vie orpheline et que j'étais déjà morte il y a bien des années, elle aurait sans doute une attaque.

Toujours est-il qu'avec Charlotte, nous avions décidé de sortir. Et ce n'était pas ma mère qui allait m'en empêcher. Plus maintenant. "Ne pas se mélanger à des gens de classe inférieur" avait tendance à vous passer au-dessus de la tête lorsqu'on avait mangé en compagnie des rats.

Je souriais en apercevant la tête blonde de Charlotte, son éternel sourire éclatant aux lèvres.

— Stancie ! Tu as pris ton temps dis donc.

— J'ai surtout pris une soufflante, marmonnais-je. Ma mère ne voit pas d'un très bon œil nos escapades. Ni mon métier d'infirmière. Je crois bien que je vais devoir laisser ma valise chez toi jusqu'à demain.

Le lendemain, je partirais au front, et je serais enfin utile.

Elle leva les yeux au ciel, se passant une main dans ses cheveux bien coiffés.

— Comment si tu avais besoin de mon consentement pour rester dormir chez moi pour ta dernière nuit ici. Mes parents te vénèrent. Rentre donc ta valise. Après on ira à la fête sur les inventions, je sais que tu en rêves.

Je lui souriais, plantant un baiser sur sa joue. Je me dépêchais de monter ma valise, saluant les parents de mon amie avec un sourire poli. Je regrettais de ne pas avoir quitté ma mère sur de meilleures termes, et de ne pas avoir vu mon père. Mais j'avais très vite appris que la vie ne faisait pas en fonction de mes souhaits.

Je retournais voir Charlotte, sautant sur les marches du perrons comme une grande enfin.

- C'est sûr que ce n'est pas comme ça qu'on te trouvera un mari, pouffa-t-elle. Mais bon, qui sait ?

Certainement pas moi. Je lissais les pans de ma jupe, et plaquai un sourire sur mes lèvres, glissant mon bras sous celui de Charlotte.

— On y va ?

Pour toute réponse, elle commença à marcher, sautillant presque tant elle était excitée. Je la suivis de bon cœur, riant aux éclats lorsque nous manquions de tomber. Que c'était bon de vivre dans la naïveté.

Nous entrâmes dans l'enceinte de l'exposition, toujours dans notre quiétude.

Quelqu'un me rentra littéralement dedans, me faisant me pencher comiquement en avant. Je me redressais, furibonde.

— Désolé ma petite dame, lâcha l'homme avec un costume de soldat avant de continuer sa route.

Petite dame ?

Charlotte siffla en sentant que je sortais de mes gonds. On pouvait plaisanter sur tout, sauf ma taille.

— Je vous ferais signifier, monsieur le soldat, que je ne suis absolument pas...

Il se retourna, et le reste de ma phrase se bloqua dans ma gorge.

— ...petite, soufflais-je.

Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres alors que je me recomposais difficilement, les joues rouges. Je toussotais.

Je ne savais pas son prénom, mais j'aurais pu parié que les yeux qui plongeaient dans les miens était les plus magnifiques que j'avais jamais vu.

Me redonnant de la contenance, je croisai les bras et haussai un sourcil, le défiant du regard de baisser les yeux.

Il ne le fit pas.

— Je peux savoir pourquoi vous me dévisagez ? sifflais-je.

Il haussa un sourcil à son tour, son sourire en coin s'élargissant un peu.

— J'aime regarder les jolies choses. Et vous ?

Je poussais un hoquet étonné, avant de ricaner.

— Combien d'innocentes jeunes filles avez-vous pu bien corrompre, monsieur le soldat ? répondis-je en faisant l'impasse sur sa question.

Il retira sa casquette, se passant une main dans ses cheveux noirs corbeau.

— Plus que je ne peux compter. 

Je continuais mon chemin, m'arrêtant à côté de lui, à hauteur d'épaules.

— Désolée, mais je ne fais pas partie de celles-là.

Je repassais mon bras sous celui de Charlotte, qui soupira, mécontente d'avoir été laissée de côté.

— Ça vous arrive d'agir sans réfléchir avant ?

— Et c'est reparti pour la tension sexuelle, marmonna mon amie.

Je fis volte face, recroisant mes bras, ignorant les gens qui commençaient à nous dévisager.

— On ne se connaît pas assez pour que vous puissiez apporter un jugement sur moi, monsieur le soldat.

Il baissa la tête, riant, avant d'écarter les bras dans un geste désabusé.

— Commencez donc par arrêter de m'appeler "monsieur le soldat".

J'haussais les sourcils, le trouvant bien entreprenant tout d'un coup.

— Il faudrait déjà que j'en ai l'envie, et que j'ai votre nom.

— Sergent James Buchanan Barnes à votre service. Vous pouvez m'appeler Bucky.

Je passais ma langue sur mes dents, irritée qu'il ait réponse à tout, et que son apparence me rende aussi pantoise.

— Eh bien, dis-je, James, je ne vous permets toujours pas de me juger d'une quelconque façon.

— Vous ne m'avez pas dit votre nom.

Je me dégageais de l'étreinte de Charlotte sur mon bras, avançant à grandes enjambées. Je me plantais devant lui, appuyant en rythme avec mes paroles mon index sur son torse.

— Ça ne vous arrive jamais de la fermer ?

— On ne se connaît pas assez pour que vous puissiez apporter un jugement sur moi, ma petite dame.

Je plissais les paupières, devant son éternel sourire sarcastique et ses yeux bleus qui me transperçaient. Je décidais d'entrer dans son jeu.

— Commencez donc par arrêter de m'appeler "ma petite dame".

Il ricana, et son rire emplit mes oreilles, si bien que je n'entendis pas le sifflement de Charlotte derrière moi.

— Il faudrait déjà que j'en ai l'envie, et que j'ai votre nom.

Je serrais les dents, ne savant pas jusqu'où ce petit jeu allait nous mener.

— Infirmière Constance Jones à votre service. Vous pouvez m'appeler Stancie.

Je commençais à être à bout de patience, mais je ne serais pas celle qui interromprait notre session du chat et de la souris.

- Eh bien, dit-il, Connie, je ne vous permets toujours pas de me juger d'une quelconque façon.

J'allais partir, mais il attrapa mon avant-bras et me ramena devant lui, beaucoup plus près que la décence ne l'aurait voulu. Mes joues chauffèrent et mon souffle se coupa.

— Je te parie que tu n'arriverais pas à tenir une soirée en agissant comme une jeune femme minaudante.

— C'est un défi ? soufflais-je, désarçonnée par sa soudaine familiarité.

- C'est un fait, Connie.

— Dans ce cas j'accepte le pari, James.

Il plissa les yeux sous son sourire, content de me mettre hors de moi. Je réalisais un peu trop tard que je souriais aussi.

Je me dégageais de lui, me mettant à une distance qui me permettait de respirer convenablement. Je lissais mes vêtements, qu'il avait froissé, et soupirais avant de passer mon bras sous le sien. Un défi était un défi.

— Qu'est-ce qu'on attend Bucky ? Allons-y ! dis-je avec un entrain exagéré.

— J'ai hâte de passer cette soirée avec vous Connie.

Apparemment, il n'allait pas abandonné ce surnom ridicule.

Je récupérais Charlotte, passant mon autre bras sous le sien, lui souriant de toutes mes dents. Elle leva les yeux au ciel, riant.

Je n'allais peut-être pas rencontré mon futur mari, mais je comptais bien profiter de ce que la vie avait à m'offrir. Et si ce cadeau était James Buchanan Barnes, je n'allais pas me priver.








𝐀𝐔𝐓𝐇𝐎𝐑'𝐒 𝐍𝐎𝐓𝐄 :

ET VOILÀ LE PREMIER CHAPITRE!
BREF !

BLBLBLBL jpp j'adore Connie et Bucky, ils vont me briser le cœur je le sens TuT

J'espère que vous avez aimé ce chapitre ! Chalut !

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