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Haletante, Rosalie se redressa soudainement sur son lit. Le dos droit, la poitrine se soulevant à un rythme rapide et irrégulier, elle avait désormais les yeux grands ouverts. Elle passa sa main droite sur son front moite et dégagea quelques mèches de cheveux qui étaient elles aussi trempées. Inspire, expire. Inspire, expire. Lentement, son corps semblait se calmer.
- Quel cauchemar... murmura-t-elle avant de tourner la tête en direction de sa table de nuit pour allumer sa lampe de chevet.
Se faisant, elle remarqua qu'il était environ quatre heures. Quatre heures seulement...
Elle se leva difficilement, encore chamboulée, les membres toujours endormis, et marcha en direction des escaliers. Elle fit attention de ne faire craquer aucune marche et une fois en bas, alluma la lumière du couloir. Elle n'était jamais à l'aise dans le noir. Jamais rassurée. Sa mère lui disait toujours que c'était un « truc d'ado » qui passerait avec le temps, mais Rosalie ne la croyait pas. Elle était plutôt ce genre de personne à craindre la venue d'un cambrioleur, à sentir la présence de quelqu'un alors qu'il n'y avait personne... Elle était le genre de personne à se sentir observée, épiée, alors qu'elle savait qu'elle était seule chez elle. Voilà pourquoi elle détestait tant être dans le noir. Elle se sentait bien trop vulnérable.
Une fois dans la cuisine, elle prit un verre dans le placard du haut, juste au-dessus de l'évier. Ensuite, elle le remplit d'eau avant de le boire à petites gorgées. Et à mesure que le liquide descendait de sa gorge vers son estomac, son cauchemar lui revint en tête.
Ce n'étaient que des images, de brèves images, mais qui étaient cependant assez horribles pour la terroriser à nouveau. Elle se revit dans le manoir, face au corps sans vie de Jonathan Roswell. Pâle, d'une couleur immonde, terne. Si effrayant. Dans son rêve, elle n'avait pas pu sortir du manoir car elle avait vraisemblablement été piégée à l'intérieur. Rosalie revit certaines scènes : les portes qui refusaient de s'ouvrir, comme si elles avaient été préalablement verrouillées... Elle se voyait pleurer, crier... Elle se souvenait même de l'atmosphère à l'intérieur de la grande bâtisse... si pesante... tandis que la température avait semblé si faible... Un réel cauchemar. Pourtant, même si ça lui avait semblé horrible, Rosalie n'en était pas moins découragée à découvrir les secrets du « drame Roswell ». Au contraire, elle était même plutôt déterminée.
Après plusieurs longues heures qu'elle avait passées à somnoler dans son lit, l'adolescente décida de descendre prendre son petit-déjeuner. Son ventre lui criait famine et elle ne pouvait plus l'ignorer, même si le soleil se levait à peine. En arrivant dans la cuisine, elle salua sa mère qui venait de se lever - signe qu'il était vraiment tôt. De but en blanc, cette dernière lui demanda si elle était libre pendant la matinée. Rosalie acquiesça, ne quittant pas sa mère du regard, s'interrogeant sur ce que cachait une telle question. Sa génitrice afficha soudain un sourire qui semblait presque traduire un immense soulagement.
- Tu me sauves la vie, choupette ! Tu vois le manoir derrière chez nous ? La mairie prévoit de le réhabiliter pour le revendre et je m'occupe de superviser l'opération...
Cependant, Kristen Moore n'apprenait rien à sa fille et Rosalie se vit obligée de feindre la surprise. Fort heureusement, sa mère ne vit pas la supercherie ; elle n'était pas aussi observatrice que son mari.
- Sérieux ? fit Rosalie tout en versant ses céréales dans son bol, mais sa mère sembla ignorer son intervention.
- Et j'aurais besoin de ton aide... tu vois, pour ranger, nettoyer... pour préparer l'état des lieux en gros.
Retourner au manoir ? Avec sa mère ? Rosalie n'en avait pas la moindre envie. Pour elle, c'était impossible. De plus, pour le moment, elle préférait faire profil bas et s'occuper de son enquête chez elle, sous son propre toit. C'était sûrement mieux comme ça.
Néanmoins, sa mère ne vit pas la situation du même œil et insista :
- Tu ne fais rien de tes journées pourtant ! Et puis Melissa est en arrêt pendant quelques temps, je n'ai personne pour la remplacer...
- En fait, je..., voulut rétorquer l'adolescente sans pourtant avoir d'idée.
- Mais tu m'as dit que tu étais libre ! Sérieusement, Rosalie ! C'est un stage que je te propose, tu gagnes un peu d'expérience au moins. Et en plus, ça te fera sortir de la maison.
Refuser et contrer sa mère paraissait être une cause perdue. L'adolescente connaissait sa génitrice par cœur, elle savait que celle-ci aurait le dernier mot. Ainsi, Rosalie se vit obligée de capituler. C'était inévitable.
- D'accord, d'accord, je vais t'aider à nettoyer le manoir, dit-elle à contrecœur tandis que son père entrait à son tour dans la cuisine.
- Le manoir ? Vous parlez du manoir Roswell ? s'enquit-il, piqué de curiosité.
Son épouse répondit par l'affirmative et lui expliqua qu'elle était censée le rendre impeccable pour la vente. L'adolescente ne put s'empêcher de se demander ce qui allait arriver si sa mère n'arrivait pas à le vendre. Le laisseraient-ils à l'abandon ? Serait-il finalement détruit ?
- Au fait, Rosalie, tu as trouvé des réponses à tes questions ?
Au même instant, l'adolescente avala son lait de travers. Elle ne s'attendait pas à ce que son père lui pose la question.
- C'est affreux, hein ? lui fit-il remarquer tandis que sa fille restait silencieuse. Un meurtre, une disparition, même un suicide ! Dans la même maison... et l'affaire reste non élucidée encore aujourd'hui... J'aurais bien aimé m'occuper de l'affaire, mais c'est trop tard maintenant...
- Bon sang, Bradley, tu ne vas quand même pas l'ennuyer avec toutes ces histoires ? le gronda Kristen avec un regard noir, ce qui ne manqua pas de titiller la curiosité de Rosalie.
Cette dernière, en effet, avait les prunelles rivées sur sa mère. L'adolescente ne put s'empêcher de penser que sa génitrice en savait beaucoup sur le « drame Roswell » et le manoir. Son père, quant à lui, leva les mains en l'air, signe qu'il abandonnait. Cependant, il fit un clin d'œil à sa fille, l'air complice. Comme s'il l'invitait à continuer ses recherches.
- Tu as raison, mon ange, ce ne sont que de vieilles histoires après tout... commenta-t-il ensuite, ressortant de la cuisine avec son journal.
Néanmoins, malgré les propos de ses parents, Rosalie était toujours décidée à savoir la vérité - et ce, malgré tout ce que ça impliquait.
*
Voilà donc le huitième chapitre !
J'espère que vous aimez toujours !
Maintenant Rosalie a de très bonnes raisons de se rendre au manoir... est-ce que ça va lui servir?
Hihi, j'ai trop hâte que vous lisiez la suite !
J'espère que vous aimerez !
♥
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