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Malheureusement, Rosalie tomba malade le jour suivant.

Clouée au lit avec une température élevée, le nez bouché et la gorge irritée, elle se pensait maudite – parce qu'à chaque fois qu'elle était prête à avancer dans l'enquête, quelque chose ou quelqu'un l'en empêchait. Elle songea alors aux choses qu'elle devrait faire aujourd'hui – mais non, elle était incapable de sortir de chez elle et de se rendre au manoir. Par conséquent, aucun autre voyage dans le temps n'était prévu ou bien même envisageable avant nouvel ordre.

Ainsi allongée sous ses draps, elle pensait à lui et à tout ce qui arrivait dans sa vie depuis ce fameux jour où elle avait mis les pieds dans la propriété Roswell. C'est vrai, depuis que Rosalie voyageait dans le temps, sa vie avait changé. D'abord, elle qui avait toujours eu pour habitude de vivre des aventures grâce aux livres qu'elle lisait – Les aventures du Capitaine Eo en était le parfait exemple –, elle avait désormais l'immense privilège d'en connaître pour de vrai. Alors l'adolescente prenait un certain plaisir à investiguer toute seule, à essayer de comprendre l'affaire Roswell. Surtout parce qu'elle désirait sauver Michael d'un futur encore obscur à ses yeux. Et puis, elle l'avait rencontré... et elle devait avouer qu'elle l'appréciait un peu plus que nécessaire.

Mais le temps était compté et Rosalie ne pouvait pas se permettre d'en perdre – surtout pas à cause de sentiments qu'elle jugeait ridicules et inavouables. À vrai dire, plus elle cogitait et plus elle se disait que c'était perdu d'avance. D'abord, qui était-elle pour penser pouvoir le sauver ? Et ensuite, ils venaient tout deux d'époques différentes ; une histoire d'amour semblait être dérisoire. Quand bien même elle existait, elle ne durerait pas. De plus, ça l'amenait à se demander si c'était une bonne idée d'interférer dans les évènements passés de cette façon. C'est vrai : peut-être allait-elle changer des choses sans le vouloir. En vérité, c'était là le souhait qu'elle chérissait le plus : changer le passé, comprendre le « drame Roswell » et sauver Michael comme elle le pouvait. Mais, en même temps, l'idée d'être responsable d'autres changements la rendait anxieuse. Et si elle faisait pire que mieux ? Et si se rapprocher du disparu n'était pas une si bonne idée, finalement ?

Et si Michael mourait par sa faute ?

Rosalie s'en voudrait toute sa vie, c'était évident. Parce que si c'était le cas, si Rosalie était responsable de la mort ou de la disparition de Michael, alors rien ne serait arrivé si elle ne l'avait pas rencontré... Ou alors, la situation aurait été différente et Michael aurait échappé au drame. Peut-être comme aujourd'hui. Aujourd'hui, on sait que le garçon n'a jamais été retrouvé, sûrement est-il mort maintenant... Peut-être que l'impact de Rosalie sur l'année 1987 n'est pas encore assez fort...

Mais avait-elle le droit de changer le cours du temps ?

Rosalie n'en savait rien et se disait plutôt qu'il valait mieux éviter d'interférer avec les événements, changer seulement ce qui était nécessaire. Il fallait dire que l'adolescente croyait à la théorie des mondes possibles, au multivers. Elle se disait que le monde était dirigé par une relation de causalité. C'est-à-dire que chaque événement produirait selon elle un effet sur le monde. C'était comme faire tomber une chaîne de dominos. Si le premier tombait, alors le deuxième suivrait, puis le troisième, jusqu'au dernier. Ainsi, si elle n'avait pas accepté de faire une partie de cache-cache avec les enfants, elle n'aurait jamais mis les pieds dans le manoir. Et en ne mettant pas les pieds dans le manoir, elle ne s'y serait peut-être jamais intéressée et peut-être qu'elle n'aurait jamais voyagé dans le temps... Enfin, elle n'aurait jamais fait la connaissance de Michael.

Pour Rosalie, la théorie du multivers allait de pair avec la théorie du continuum espace-temps. Si la chronologie actuelle, c'est-à-dire du monde que nous connaissons, se retrouvait tout à coup rompue, alors une faille subsisterait et créerait une nouvelle branche, un nouveau monde possible. Et c'était là une des plus grandes craintes de Rosalie : créer des failles, des réalités alternatives... jusqu'à quitter, finalement, sa réalité première.

Au bout de quelques heures, Rosalie décida de faire quelque chose de productif, puisqu'elle détestait rester allongée à ne rien faire. Elle savait qu'elle perdait du temps de cette façon et elle était incapable d'imaginer en être dépossédée davantage.

Par conséquent, elle récupéra le dossier de l'affaire Roswell qui traînait sur son bureau avant de s'installer sur son lit dans l'idée de l'étudier. Elle croisa ses jambes, posa le tout sur ses genoux et ouvrit la pochette de papier. Sur la première page étaient notées les coordonnées de toutes les personnes (qualifiées ou non) qui s'étaient trouvées sur les lieux après le drame. Cependant, Rosalie ne vit aucun nom qu'elle connaissait déjà. Tous lui étaient inconnus.

Ensuite, elle tourna la page et commença à lire la transcription de l'appel anonyme qui avait signalé une urgence au manoir. Rosalie fut dans l'obligation de la relire plusieurs fois pour comprendre. Des milliers de questions vinrent l'assaillir. Qui avait appelé ? Que s'était-il passé juste avant ? Et après ? Sera-t-elle sur les lieux à ce moment précis ? Comment comprendre cet appel ? Comment comprendre le drame ?

Elle entama ensuite la lecture des rapports de preuves et se mit à croire, défaitiste, que les pièces du puzzle Roswell ne seront jamais remises en place.

Rien n'avait de sens.

« Transcription de l'appel anonyme signalant une urgence au domicile de Jonathan et Elizabeth Roswell. Appel émis le 29 août 1987 à 11h18 et pris en charge par un répartiteur de la centrale de Détroit.

Répartiteur — Centrale de Détroit, quelle est votre urgence ?

Anonyme — J'ai... J'ai besoin de secours... s'il-vous-plaît... le plus vite po-possible !

Répartiteur — Calmez-vous, madame, quelle est l'adresse ?

Anonyme — 88 Lake Road, Au-Auburn, 48611.

Répartiteur — 88 Lake Road ?

Anonyme — Oui...

Répartiteur — D'accord, quelle est la raison de votre appel ?

Anonyme — Il... il va... nous-nous sommes en danger... pitié faites vite ! Il a une... il a une arme !

Répartiteur — Restez calme, nous envoyons une équipe. Elle sera là d'ici quelques minutes.

Anonyme — Faites vite... je vous en prie...

Répartiteur — Où êtes-vous actuellement ?

Anonyme — Dans la cuisine... je vous en prie, faites vite... Elle est déjà...

Répartiteur — Madame, les secours seront là d'une minute à l'autre. Essayez de sortir de la maison.

Anonyme — Je n'peux pas... (inaudible) il est là... (inaudible)

Répartiteur — Madame ?

Anonyme — (Inaudible) Non... je vous en prie...

Répartiteur — Madame ?

Anonyme — (Inaudible)

Répartiteur — Madame ? Madame ?

Anonyme — (Inaudible)

Correspondant indisponible. Fin de l'appel.

Les secours sont arrivés sur place cinq minutes plus tard. Mais Elizabeth et Jonathan Roswell étaient déjà décédés. Leur fils unique, Michael, âgé de dix-neuf ans, n'était pas sur les lieux du crime quand l'équipe est arrivée. L'avis de recherche a tout de suite été lancé. »

*

Hey ! J'espère que vous allez bien ! 

On en apprend un petit plus sur ce fameux 29 août 1987 ! 

Vos théories ? Qui a appelé ? Qui est ce "il" qui possède une arme ? 

J'ai hâte d'avoir vos retours ! Merci encore d'être plus nombreux chaque jour à lire Timeless ! Vous êtes extraordinaires ! ♥

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