Il y avait des moments que Rosalie chérissait plus que d'autres, des instants de vie qu'elle appréciait particulièrement et ceux-là, ceux qu'elle passait en 1987, en faisaient partie. Ils étaient si chers à son cœur - un peu comme s'il s'agissait d'un cadeau -, qu'elle prenait beaucoup de soin à les vivre comme s'il n'y avait jamais de lendemain, comme si elle n'aurait bientôt plus la chance de revenir en arrière. En vérité, c'est ce que l'adolescente pensait au fin fond de son être. Selon elle, ce pouvoir qu'elle avait de voyager dans le temps relevait du miracle ; et les miracles, ça ne durait jamais bien longtemps à ses yeux. C'était un don qui, à force d'être utilisé, faisait prendre conscience à Rosalie que le temps présent était un cadeau, qu'il était important de profiter de chaque instant. C'est vrai : hier n'existe plus, demain ne viendra peut-être jamais. Ainsi, il était facile d'imaginer, par exemple, que Michael s'était réveillé le 29 août 1987 sans même se douter de ce qui allait arriver. Rosalie était peinée de penser à de telles choses. La vie était si cruellement imprévisible... mais aussi si belle ! Rosalie était là pour donner une seconde chance au garçon. Elle était là pour lui donner un futur.

C'était la raison pour laquelle Rosalie voulait à tout prix profiter de tout le temps dont elle disposait pour le passer avec Michael. Il fallait qu'elle comprenne pourquoi et comment tout avait basculé. Il n'y avait qu'elle qui pouvait tout changer.

- C'est là que je viens jouer quand j'en ai le temps, l'informa soudain le bouclé tout en désignant la pièce secondaire de la main.

Puis avec un sourire, il ajouta :

- C'est aussi là que j'ai rencontré cet adorable petit démon.

La petite fille lui tira la langue, sûrement mécontente d'être qualifiée de créature démoniaque. C'est à ce même moment que Rosalie se rendit compte que les propos de Michael et de la serveuse étaient similaires. Le regard posé sur la petite fille, l'adolescente était désormais certaine que cette dernière et l'employée du Nautilus n'étaient en fait qu'une seule et même personne. Et la serveuse n'avait pas menti en racontant sa rencontre avec le disparu. Elle avait tout simplement dit la vérité.

Une fois que Michael fut installé devant le piano, il se tourna vers « l'adorable petit démon », l'air d'attendre qu'elle lui dise quoi jouer. En effet, c'était toujours comme ça. Le garçon venait s'asseoir sur le tabouret et la plupart du temps, la jolie blonde lui demandait de jouer ses chansons préférées. Sauf qu'à ce moment précis, la petite semblait avoir autre chose en tête.

- Michael, c'est ta fiancée ? s'enquit-elle soudain, les yeux rivés sur Rosalie.

Cette dernière esquissa un sourire, un peu gênée, tout en évitant méticuleusement le regard du garçon. C'était terriblement embarrassant. Elle était peut-être son ange-gardien, mais certainement pas sa fiancée !

- Quoi ? Et d'abord, elles sont passées où tes bonnes manières, hein ? rétorqua Michael, comme s'il voulait à tout prix éviter de répondre.

Rosalie eut alors l'impression qu'il agissait comme un grand frère qui réprimandait sa petite sœur ; si bien qu'elle ne pouvait s'empêcher de se remémorer les mots de la serveuse : « il a été pour moi le grand frère que je n'ai jamais eu ».

Soudain, la petite fille émit un soupir avant de se tourner vers l'adolescente, ce qui la sortit de ses pensées :

- C'est quoi ton nom ?

Rosalie, surprise qu'elle lui demanda ça de but en blanc, bredouilla son prénom avant de lui retourner la question. Seulement, n'en faisant qu'à sa tête, la petite ne répondit pas tout de suite. Faisant claquer sa langue sur son palet, elle observait l'adolescente comme si elle essayait de l'analyser.

- C'est joli, jugea-t-elle enfin. Moi, c'est Héloïse.

Puis elle se tourna à nouveau vers Michael :

- C'est ta fiancée alors ?

Rosalie aurait bien voulu disparaître. Ah, les enfants... incapables de tenir leur langue !

- Non, c'est une amie, sourit le bouclé. Elle vient d'arriver en ville.

Pas seulement en ville, songea Rosalie au même instant.

- Ah. Ça veut dire que je peux être ta fiancée ? demanda alors la dénommée Héloïse avec un grand sourire, montrant toutes ses dents de lait - enfin, celles qu'elle n'avait pas perdues.

L'adolescente se dit que la petite fille cherchait sûrement à la rendre jalouse, ou bien elle s'inquiétait juste de ne plus être la seule à être entrée dans le cœur de Michael.

- Si tu veux.

Michael était adorable avec Héloïse et Rosalie ne pouvait décemment pas dire le contraire. Dès que ses prunelles étaient posées sur la jolie blonde, son sourire semblait incontrôlable et authentique. Il la traitait comme sa petite sœur, ce qui faisait d'autant plus fondre le cœur de l'adolescente. Elle-même avait un frère et comprenait l'attachement que l'on pouvait avoir pour les enfants. Néanmoins, la façon dont Michael se comportait avec Héloïse était si... naturelle et si aimante que Rosalie dut se remettre en question.

En effet, Danny avait quasiment le même âge qu'Héloïse, à la différence près qu'ils n'avaient pas grandi à la même époque. Mais... Rosalie était-elle aussi complice avec lui que Michael l'était avec Héloïse ? Comment pouvait-il être autant attaché à cette petite-fille sans être lié à elle par le sang ? Pourquoi semblaient-ils plus proches que Rosalie l'était avec son propre frère ? Rosalie n'en avait aucune idée et cela la rendait honteuse. Parce que Danny avait besoin d'une grande sœur et l'adolescente n'excellait visiblement pas dans ce domaine.

Je suis désolée, Danny... songea enfin l'adolescente avant de se promettre de faire tout son possible afin d'établir un lien plus fort avec son petit frère.

- Tu vas jouer quoi ? s'enquit soudain Héloïse, montrant son impatience et son excitation.

Du haut de ses sept printemps, elle chérissait beaucoup ces moments passés avec Michael qu'elle considérait aussi bien comme un ami, un frère, un modèle, et parfois même comme un fiancé. Non pas qu'elle avait développé des sentiments amoureux à son égard, Héloïse aimait simplement faire semblant, faire comme si, pour s'amuser. Ainsi, elle se sentait grande et importante, à ses yeux au moins.

- C'est une surprise, murmura presque le garçon, se voulant mystérieux.

Et quand Michael se mit à jouer, ses doigts se mouvant avec délicatesse au-dessus du clavier, Rosalie reconnût aussitôt le titre qu'il avait choisi d'interpréter.

- Aw, Peter Pan ! s'exclama Héloïse au même moment, tapant dans ses mains.

La deuxième petite étoile...

C'était une chanson issue de la bande originale du dessin-animé Peter Pan qui datait de 1953. L'adolescente comprit alors qu'il s'agissait en fait d'un clin d'œil à la discussion qu'ils avaient eu à propos de son adresse - lorsqu'ils s'étaient amusés à réciter des répliques du livre. Ainsi, elle ne put s'empêcher d'esquisser un nouveau sourire, vrai et authentique. Parce que Michael prenait un malin plaisir à tourner la tête vers elle, avec ce rictus au coin des lèvres, comme s'il s'agissait d'un secret qu'ils partageaient. Seulement, à chaque fois que ses prunelles prenaient possession des siennes, Rosalie sentait son cœur bondir dans sa poitrine. Et puis elle rougissait quand le contact durait plus longtemps - si bien que Michael s'amusait à la scruter davantage de ses yeux sombres et perçants. C'est vrai, il mentirait s'il disait ne pas le faire exprès. Parce qu'il était évident qu'il s'attachait de plus en plus à la demoiselle. C'était irrémédiable, il n'y avait pas de retour en arrière possible : il était véritablement en train de tomber amoureux.

*

Hey ! C'était donc le 25ème chapitre !

Je suis trop contente de l'avancée de l'histoire ! J'espère que vous aimez toujours !

(N'hésitez pas à me faire part de vos remarques pour améliorer l'histoire et rendre le tout plus réaliste et meilleur en général ! Je suis certaine qu'il doit y avoir des coquilles qui résistent à mes filets haha)

Dooonc, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

De l'évocation d'Héloïse ? D'ailleurs, l'appréciez-vous ?

En parlant de ça, quel est votre personnage préféré ?

Et celui que vous aimez le moins ?

Je vous embrasse très fort et vous dit à très bientôt pour la suite ♥