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Une fois que la porte fut refermée derrière elle, elle soupira. Ça y est. J'y suis... pensa-t-elle en pénétrant dans un tout autre univers. Une légère musique flottait dans l'air, elle s'entendait à peine, masquée par les discussions relativement animées qu'entretenaient la plupart des personnes ici.
C'est à ce moment qu'elle songea que c'était le genre d'endroit qu'elle ne fréquentait jamais – et ce, pour de multiples raisons. Tout d'abord, parce qu'elle était plutôt casanière. Si elle sortait, c'était par simple nécessité ; ce qui d'ailleurs sonnait comme une contradiction avec certains de ses traits de caractère. En effet, elle était également aventurière et aspirait à découvrir le monde, mais se contentait généralement des livres et de toute leur magie pour le faire. Et enfin, elle ne fréquentait jamais ce genre d'endroits parce qu'elle n'y était tout simplement pas habituée. La seule fois où elle avait mis les pieds dans un lieu semblable à celui-ci, c'était lorsqu'elle avait suivi Lane, son cousin, pour fêter son seizième anniversaire. Au final, elle ne s'était pas du tout sentie à sa place et avait passé la soirée à siroter des sodas. Ce jour-là, Lane l'avait lâchement abandonnée, préférant la compagnie d'une de ses conquêtes. Ah... et dire qu'il n'a pas réussi à sortir avec cette fille...
Rosalie s'avança un peu plus tout en détaillant l'intérieur du Nautilus avec des yeux ébahis et un demi sourire. Grâce à la décoration, elle comprit d'ailleurs pourquoi ce bar se nommait de cette façon. En effet, l'on pouvait noter la présence de beaucoup de néons bleus et blancs au niveau de l'entrée, provoquant ainsi l'impression de se trouver au milieu de l'océan. Cette sensation était d'ailleurs quadruplée à l'aide des grands aquariums qui semblaient courir le long des murs. Impressionnée, l'adolescente devina qu'il y avait même de réels poissons en les voyant se mouvoir à l'intérieur. Slalomant autour des tables, évitant de bousculer les gens qui étaient assis ou bien debout, Rosalie se rapprocha du bar avant de s'arrêter. Désormais, elle ne savait pas quoi faire ou bien où aller.
— Excusez-moi, je peux vous aider ?
L'adolescente manqua de sursauter. Elle tourna légèrement la tête et aperçut un garçon habillé comme s'il faisait partie de l'équipage d'un bateau. Quand Rosalie comprit qu'il s'agissait en fait d'un serveur, elle sourit :
— Ça va aller, je vais rejoindre un ami.
C'était un mensonge, mais au moins, il l'avait laissée tranquille. Par conséquent, elle put continuer sa visite. Elle longea alors le bar, non sans jeter un œil à ce qu'ils servaient, et se dirigea dans la deuxième pièce. Quand elle fut de l'autre côté, elle remarqua que c'était différemment décoré.
En fait, elle ne se trouvait plus au milieu de l'océan, mais au contraire, sur le pont d'un vieux navire. En effet, çà et là se trouvaient des colonnes en bois, semblables aux mats d'un bateau, qui paraissaient transpercer le plafond. Celui était orné de dessins, l'on pouvait alors y apercevoir un ciel bleu et des nuages. Il était si réaliste qu'il faisait rêver l'adolescente. Enfin, au milieu de la pièce trônait fièrement une barre semblable à celle d'un navire, entièrement taillée dans le bois, polie pour apparaître aussi lisse que brillante, son centre dessinant parfaitement les contours d'une étoile. Rosalie la trouvait magnifique. Et soudain, ses yeux se posèrent sur le joli piano qui se trouvait au fond. Elle décida alors de s'approcher et quand elle fut assez près, elle put admirer une plaque en forme d'étoile, accrochée au mur juste derrière :
« À LA MÉMOIRE DE MICHAEL JOE ROSWELL,
DISPARU LE 29 AOÛT 1987,
LA VILLE D'AUBURN NE L'OUBLIERA PAS. »
— Il venait jouer tous les jours... avoua soudain quelqu'un derrière Rosalie, la sortant de ses pensées.
L'adolescente se retourna, surprise qu'on vienne lui parler, et aperçut une femme. Celle-ci arborait une tenue semblable à celle du serveur de tout à l'heure. Rosalie devina assez facilement qu'elle faisait partie du personnel du Nautilus. D'ailleurs, elle tenait un torchon blanc dans une main et dans l'autre, une bouteille de produit nettoyant.
— Vous le connaissiez ? s'enquit alors l'adolescente, espérant en apprendre davantage sur Michael.
La serveuse hocha la tête et la tristesse sembla habiller son regard durant un court instant. Rosalie finit par se demander comment elle avait fait sa connaissance et surtout, quand. C'est vrai, quel âge avait-elle ? Elle n'était même pas plus vieille que sa mère !
La femme déposa son torchon et son produit sur le dessus du piano avant de reprendre la parole :
— J'avais à peu près sept ans quand je l'ai connu.
Un sourire se dessina sur ses lèvres, et nostalgique, elle lui raconta :
— Mon père travaillait au Nautilus et comme il ne voulait pas me laisser seule à la maison, il m'emmenait toujours avec lui. C'est donc là que je venais passer mes soirées, soit pour faire mes devoirs, soit pour lire parce qu'il y avait toujours moins de monde ici que dans la pièce principale. Et un soir, je l'ai vu débarquer, c'était la première fois qu'il venait.
Rosalie ne put s'empêcher de sourire à son tour, s'imprégnant en même temps des souvenirs de la serveuse.
— Il était venu déposer sa lettre de motivation et son CV. C'est d'ailleurs mon père qui l'a formé quand ils l'ont embauché. Et puis, avant de repartir, il s'est installé devant le piano... et il s'est mis à jouer. Et du haut de mes sept ans, j'étais vachement impressionnée. Vraiment. Ce garçon était si talentueux... Alors j'ai arrêté ce que j'étais en train de faire et je l'ai écouté jusqu'à ce qu'il s'en aille...
La serveuse baissa ensuite la tête, détournant les yeux de la plaque en forme d'étoile, cachant ainsi son visage derrière ses longs cheveux blonds, comme si elle ne voulait pas faire face au fait que Michael n'était désormais plus là.
— Et les jours suivants, il était là. Entre plusieurs services, lors de chaque pause, il s'installait et il jouait quelques morceaux... tandis que moi, je me tenais juste ici. En plus, Michael était toujours adorable avec moi et plus le temps passait, et plus nous étions proches. Pour finir, il a été pour moi le grand frère que je n'ai jamais eu... souffla-t-elle enfin.
Après ce court échange, il y eut un long silence que Rosalie n'osa pas briser. À vrai dire, elle ne savait pas quoi répondre et se contentait d'observer la plaque installée ici en hommage au disparu, jouant avec ses doigts par la même occasion. Par conséquent, lorsqu'on appela la serveuse depuis la pièce principale, l'adolescente ne la retint pas.
Bon, et maintenant ?
Après quelques instants d'hésitation, Rosalie choisit finalement de retourner au bar pour se prendre quelque chose à boire. Cependant, lorsqu'elle fut de l'autre côté, elle se vit soudain prise d'un violent mal de tête. Son souffle se coupa ensuite et elle dut se battre pour ne pas suffoquer. Elle allait tomber.
Non, non, non... Pas ici... Pas comme ça...
Parce qu'elle savait ce que ça voulait dire et elle ne pouvait pas le contrôler...
*
Bouuuh !
Que va-t-il se passer à votre avis?
Héhé ! J'ai très très hâte de vous publier la suite !
J'espère que vous aimez toujours ! ♥
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