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Rosalie referma doucement la porte derrière elle pour ne pas éveiller les soupçons de Miles s'il venait fouiner par ici et entreprit de longer le couloir pour jeter un coup d'œil dans les autres pièces. Cependant, elle ne se sentait pas très rassurée. Cet endroit n'apparaissait clairement pas dans son classement des meilleures cachettes au monde. Il lui donnait plutôt la très désagréable impression de ne pas être la bienvenue en ces lieux. En d'autres mots, elle n'y était pas à sa place. De plus, les meubles étaient recouverts de draps blancs poussiéreux, le tout était d'ailleurs très sombre. Les fenêtres ne laissaient pas entrer beaucoup de lumière, rendant l'atmosphère plutôt lugubre.

On dirait un décor de film d'horreur..., se dit soudain Rosalie. Je suis sûre que s'il m'arrivait un truc, personne n'irait me chercher ici...

Désormais encore moins confiante qu'avant, elle retourna rapidement dans le hall d'entrée pour y rester. Au bout d'un moment, elle sentit un frisson traverser son échine et elle finit par croiser ses bras sur sa poitrine. Mais ça ne servait à rien. Elle n'avait pas froid, elle avait peur. Et si le manoir était réellement hanté ? Et si toutes ces histoires étaient vraies ? Et puis, pourquoi les grilles étaient entrouvertes ? Et les portes même pas fermées à clé ?

Rosalie attendait, seule, complètement livrée à elle-même, et voyait sa peur augmenter de minute en minute pour prendre de plus en plus d'ampleur sur elle. Malgré son âme d'aventurière, elle sentit comme une boule d'angoisse s'installer au niveau de sa poitrine, signe qu'elle était très nerveuse.

Elle était cachée là depuis quelques minutes lui semblait-il, et le temps lui paraissait déjà très long. Et si Miles ne la trouvait pas ? Peut-être était-elle allée trop loin ? Miles n'aurait jamais le cran de mettre les pieds si près du manoir, encore moins à l'intérieur... Mais là était son souhait initial ! qu'il ne la trouvât pas. Et maintenant ? Rosalie se mit à désirer tout le contraire, quitte à être la première à perdre au cache-cache. L'adolescente réfléchie qu'elle était (presque la plupart du temps) pensa que c'était bel et bien une très mauvaise idée de venir ici quand spécialement elle n'en avait pas vraiment le droit. C'est vrai, si quelqu'un la découvrait ici, elle serait punie – peut-être même à vie.

Elle entreprit alors de regarder par la fenêtre pour voir si son cousin – ou quelqu'un d'autre – était dans les alentours, mais ne put rien voir à cause de la végétation. Elle finit même par sursauter quand elle entendit du bruit dans le manoir. D'abord, ce furent comme des pas légers sur le plancher puis un bruit sourd venant de l'étage du dessus. Rosalie étouffa un cri et faillit se cogner contre le radiateur après s'être reculée trop brutalement à cause de la surprise.

— OK, OK, calme-toi... ça doit être un chat, un rat, ou quelque chose dans le genre... Ça ne peut pas être hanté, OK ? Les fantômes, et tout ça, ça n'existe pas... se dit-elle afin de se rassurer.

Mais bientôt d'autres sons se firent entendre. Un chat ? Un rat ? Elle n'y croyait plus. Ce furent alors d'autres pas, d'autres craquements de plancher, jusqu'à...

Rosalie sentit son cœur rater un battement quand elle reconnut le son d'un piano. Je ne suis pas seule, réalisa-t-elle. Il y a quelqu'un d'autre dans le manoir. Ce n'était pas possible ! si ? Elle prit d'autant plus peur ; mais totalement tétanisée, elle ne bougea pas. Elle en était incapable. Ses muscles ne répondaient plus, comme s'ils ne voulaient plus lui obéir. Rosalie commença alors par essayer de se calmer, mais surtout, de comprendre. Il lui fallait impérativement rationnaliser la situation. Qui mettrait les pieds ici ? Pour jouer du piano surtout ! C'était insensé !

Mais, en même temps, elle se trouvait fascinée par ce qu'elle entendait. La personne qui jouait du piano était très douée ; si bien que ça lui rappelait les cours de solfège qu'elle prenait quand elle était petite. Rosalie finit même par reconnaître la mélodie d'une vieille chanson : « Eternal Flame », une chanson qu'elle adorait et qui lui avait été donné d'entendre souvent en étant enfant. En effet, ses parents adoraient cette ballade et disaient bien souvent qu'il s'agissait du symbole de leur amour. Rosalie avait grandi avec, désirant chaque jour rencontrer la personne pour qui elle éprouverait une passion et une ferveur ardente. Elle brûlait de vivre sa première vraie histoire d'amour, de tomber amoureuse, de rencontrer l'homme de sa vie, de vibrer sous ses mains flamboyantes, de ressentir ce qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant.

Elle écouta alors le titre de toutes ses espérances pendant quelques minutes, appréciant chaque note, chaque accord, se délectant de toutes les émotions qu'elle pouvait ressentir tout en se surprenant même à chantonner mentalement les paroles.

Rosalie décida ensuite de se rapprocher des escaliers pour mieux localiser le piano. Cependant, se dirigeant presque à l'aveugle à cause de l'obscurité, elle se cogna contre un meuble et fit tomber quelque chose. Quelque chose qui se brisa. Elle se baissa et se rendit compte qu'il s'agissait d'un cadre. Elle n'eut pas le temps de voir les dégâts qu'elle avait causés que, soudainement, tout s'arrêta. Le piano, ses pensées, son cœur aussi. Tout devint alors extrêmement silencieux. Trop silencieux. Rosalie ne se sentit pas bien. La chaleur quittait progressivement son corps pour laisser place aux frissons. Je dois sortir d'ici ! Elle fila alors vers la porte d'entrée comme si sa vie en dépendait et quitta le manoir encore plus rapidement que lorsqu'elle y avait mis les pieds. Elle passa les grilles au pas de course, finissant ensuite par ralentir quand elle réalisa qu'elle se trouvait assez loin. Mais même à cette distance, la grande bâtisse lui faisait toujours peur.

Malheureusement, alors qu'elle rebroussait chemin, elle tomba directement sur Miles. L'adolescente n'eut pas le temps de l'esquiver qu'il la vit.

Il la regarda d'abord sans comprendre, puis il grimaça.

— Je savais que tu ne voulais pas jouer... mais de là à ne pas te cacher du tout ! C'est pas du jeu !

Essoufflée, elle eut du mal à saisir ce que Miles disait. Bien-sûr qu'elle s'était cachée. Pendant de longues minutes, d'ailleurs ! Pourquoi ne comprenait-il pas ?

— J'étais là-bas depuis au moins dix minutes, essaya-t-elle d'expliquer en pointant du doigt le manoir après de longues et profondes respirations. J'étais cachée... je t'assure !

Miles fronça les sourcils avant de passer une main dans ses cheveux blonds, comme s'il réfléchissait.

— Mais je viens seulement de terminer de compter ! Et qu'est-ce que tu faisais là-bas ? Tu sais bien qu'on n'a pas le droit d'y aller !

Il venait réellement de terminer de compter ? Ce n'était pas possible ! Vraiment pas possible...

Rosalie eut la terrible envie de vérifier sur son portable, mais malheureusement, elle se rendit compte qu'elle l'avait oublié sur la table basse du salon, près de son livre. Génial !

— Raison de plus pour pas que tu me trouves, affirma-t-elle quand même en ébouriffant les cheveux de Miles avec un sourire, ne voulant pas perdre la face devant son petit cousin. Mais chut, tu le dis à personne, OK ?

Le petit garçon sourit avec malice.

— J'ai quoi en échange ?

Évidemment, il fallait qu'il marchande...

— Mon stock de bonbons, promit l'adolescente, la tête ailleurs.

— Marché conclu.

Néanmoins, au fond d'elle, elle se trouvait toujours incapable de donner du sens à ce qui venait juste de se produire. Si son cousin venait de finir de compter, comment était-ce possible qu'elle ait passé près de dix minutes dans le manoir ?

L'adolescente risqua un regard en direction de la demeure qui lui faisait maintenant plus peur que jamais et s'attarda sur sa façade dissimulée par les arbres dans la crainte de voir quelque chose ou quelqu'un bouger au loin. Cependant, de là où elle se trouvait, elle savait qu'il lui serait impossible de discerner tout mouvement.

En continuant le cache-cache, et alors qu'elle tentait d'oublier ce qui venait de se produire, une question demeurait dans son esprit : avait-elle tout imaginé ? 

*

Heeeey ! J'espère que vous allez bien ! 

Voici donc le chapitre 2 ! J'espère que vous avez aimé ! D'ailleurs, n'hésitez pas à laisser une critique constructive afin que je puisse m'améliorer ^-^

Quel est votre avis sur ce qui s'est passé ? Le manoir est-il hanté? Ou est-ce autre chose? J'attends vos théories ! (et ceux qui ont déjà lu, pas de spoil s'il-vous-plaît !!!) 

Je vous embrasse ! 


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