17
Lorsque Michael proposa à Rosalie de s'installer devant le piano, l'adolescente ressentit une pointe d'excitation vibrer le long de sa colonne vertébrale et courir sur sa peau. Parce qu'elle allait l'entendre et le voir jouer, pour de vrai. Et à ses yeux, ça comptait énormément. C'est vrai, elle se sentait liée au garçon par la musique. La première fois que la frontière entre l'année 2017 et 1987 avait disparu, c'était lorsqu'elle avait mis les pieds dans le manoir et qu'elle l'avait entendu sans le savoir. Songeuse, elle se dit que ce jour-là lui paraissait bien loin désormais. Depuis, une semaine s'était écoulée et elle avait appris qu'elle avait vraiment le pouvoir de voyager dans le temps – ce qu'elle n'aurait jamais cru possible auparavant.
Michael guida alors Rosalie dans la pièce d'à côté et s'assit à sa gauche sur la banquette. Leurs corps n'étaient séparés que de quelques centimètres si bien que cette distance semblait ne pas exister. Ils étaient en fait si proches que, si l'un se décalait légèrement vers l'autre, leurs coudes se toucheraient, tout comme leurs jambes.
C'était la première fois qu'ils se sentaient si près l'un de l'autre ; et peut-être que pour cette raison, les deux adolescents étaient troublés.
Puis, les mains au-dessus du clavier, Michael sembla hésiter. Quelle chanson allait-il jouer ? Il y en avait tellement et il les aimait toutes. D'abord il songea à interpréter une de ses compositions puis il se changea d'avis, un peu trop intimidé. Il se remémora soudain les paroles de Rosalie, celles qu'elle avait prononcées quand ils s'étaient vus la veille : « Je t'ai trouvé absolument fantastique. Particulièrement sur Rêve d'amour, c'est une de mes préférées. »
Une de ses préférées...
C'est pour cette raison qu'il finit par choisir ce titre. Et du fond du cœur, il espérait que son choix lui ferait plaisir. C'est ainsi que ses doigts commencèrent à jouer les premières notes de la chanson, semblant danser sur les touches du piano. Rosalie, impressionnée, admirait la facilité avec laquelle il l'interprétait. Elle ne put s'empêcher de sourire, regardant les grandes mains halées du garçon se mouvoir au-dessus du clavier.
Michael l'avait vue esquisser un sourire du coin de l'œil et déstabilisé, faillit faire une fausse note. Rosalie semblait le rendre nerveux. Il ne savait ni pourquoi, ni comment, mais cette fille ne le rendait pas indifférent.
— Tu es un sacrément bon pianiste, lui fit remarquer Rosalie une fois qu'il ait joué la l'ultime note de la chanson.
— Je sais, admit Michael tout en prenant un air soudain sérieux.
Rosalie ne put s'empêcher de glousser nerveusement. Pourquoi ce changement d'attitude ? Avait-elle dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?
— Non, je plaisante, je ne suis pas du genre à me vanter. Mais c'est vrai que je me débrouille.
L'adolescente lui demanda alors :
— Tu suis des cours ?
— J'en ai suivi.
Il fit une pause avant de détourner le regard, fuyant presque celui de Rosalie.
— Beaucoup.
Alors qu'il était bien plus enjoué tout à l'heure, son ton avait changé, traduisant une certaine tristesse. Ses yeux n'exprimaient plus la même gaité et semblaient même avoir perdu leur jolie lueur. Qu'est-ce que ça veut dire ? s'enquit mentalement Rosalie.
— Et tu aimais ça ? l'interrogea-t-elle ensuite pour creuser davantage dans la vie du garçon, craignant par la même occasion de découvrir quelque chose de terrible.
Elle craignait en fait d'entrevoir ce type de scénario dans lequel il n'avait pas eu une enfance ordinaire, forcé à travailler sans relâche pour être le meilleur... Elle savait que ça existait et peut-être que Michael l'avait vécu.
— Au début, non. Je détestais. Mais j'ai appris à aimer le piano quand j'ai pu jouer des chansons que j'appréciais. J'y ai trouvé mon intérêt.
Rosalie s'enquit tout à coup si c'était son père qui l'avait obligé à prendre ces cours. Ou sa mère ? Mais elle n'osa pas le lui demander. Peut-être plus tard. Elle hocha alors simplement la tête et lui posa une autre question :
— Et sinon, tu chantes ?
Cette fois-ci, Michael parût embarrassé et presque instantanément, ses joues prirent une couleur rosée. C'était la question qu'il redoutait.
— Non, répondit-il sans regarder Rosalie, songeant qu'elle pourrait voir le mensonge dans ses yeux.
— Non ? insista-t-elle sans en démordre pour autant.
Elle était peut-être un peu trop curieuse.
— Peut-être, admit-il enfin.
Les yeux de l'adolescente parurent s'illuminer et se mettre à pétiller. Ce garçon avait-il d'autres talents cachés ?
— Je peux t'entendre chanter ?
— Non.
C'était une réponse brève, à laquelle Rosalie s'était attendue, mais qu'elle n'avait pas espérée. Surtout qu'elle était certaine qu'il avait une belle voix. En effet, elle aimait beaucoup l'écouter parler, la voix du garçon étant douce et très mélodieuse.
— Allez, je suis sûre que tu chantes bien, en plus !
Michael secoua la tête. Il ne chantait que très rarement et jamais en la présence de qui que ce soit. Il destinait plutôt ces moment-là à ses longues heures d'écriture, quand il composait ses musiques au piano et qu'il cherchait à les accompagner avec sa voix.
— Pourquoi ?
— Parce que c'est comme ça.
Rosalie, pour plaisanter, se tourna alors vers lui pour lui faire un regard de chien battu. Elle fit la moue et plongea ses yeux dans les siens avec un air si triste... Ce qui sembla presque fonctionner :
— Ok, ok. Seulement quand tu auras été complètement honnête avec moi.
— Mais je suis honnête avec toi ! rétorqua l'adolescente.
À moitié.
— Pas tout à fait.
C'est vrai, admit-elle silencieusement. C'est vrai. Mais elle ne pouvait pas faire autrement, ce pourquoi elle ne put s'empêcher de soupirer.
— Du coup, tu m'entendras chanter peut-être un jour... quand tu m'auras dit toute la vérité.
— C'est du chantage que tu me fais ? rit l'adolescente.
— C'est le cas de le dire, répondit Michael, amusé.
Rosalie esquissa un nouveau sourire :
— Dans ce cas, j'attendrai.
Parce qu'elle savait qu'un jour, il saurait.
— Ça veut dire que tu me diras la vérité un jour ? demanda aussitôt Michael.
— Peut-être, peut-être pas... tu verras, éluda l'adolescente afin de faire planer le mystère.
Michael acquiesça sans parler, se contentant de jouer une mélodie au piano, au hasard, tout en écoutant ce que Rosalie pourrait dire ensuite.
Il souriait. La grande toile du monde semblait désormais être faite de toutes nouvelles couleurs, atténuant les nuances sombres présentes dans sa vie depuis de trop nombreuses années. Le soleil refaisait enfin surface. Grâce à elle.
Alors peu lui importait qu'elle lui dise ou non tous ses secrets, tant qu'elle restait à ses côtés...
*
Michael est trop chouuu de penser de telles choses ! Trop choupinou !
Maintenant faut espérer que tout ira bien pour lui !
J'espère que vous aimez toujours ! N'hésitez pas à me dire si quelque chose vous semble étrange, mal écrit, etc !
Et un grand merci ! On vient d'atteindre les 1000 lectures !
C'est énorme pour Timeless en si peu de temps !
J'espère qu'on ira loin ensemble ♥
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