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Rosalie ne pouvait rien lui dire. Et ça lui faisait mal. Il lui était douloureux de lui mentir parce qu'elle savait ce qui allait arriver à sa famille. Alors elle lança ces quelques phrases, et ses premiers mots possédaient plusieurs significations différentes.
— Je suis désolée... Vraiment. Tu n'imagines même pas à quel point je suis gênée actuellement. Tu m'as surprise chez toi, je reviens le lendemain comme une fleur... je dois te paraître extrêmement bizarre..., ou pire : passer pour une psychopathe... Du coup... désolée et merci de ne pas avoir appelé la police ou tes parents ou...
Elle s'excusait à la fois pour ce qu'elle avait fait, ce qu'elle allait faire à l'avenir – c'est-dire entrer dans sa vie et finir par disparaître –, et pour ce qui allait arriver au garçon et à sa famille.
— Tu as eu de la chance que ce soit moi qui t'ai trouvée, n'empêche !
Comment ça ? voulut demander l'adolescente, mais elle se retint.
— Enfin, c'est vrai que c'était perturbant, mais ne t'inquiète pas, je ne t'aurais pas dénoncée, continua le garçon.
Michael se gratta l'arête du nez, un peu embarrassé, avant d'ajouter :
— Et je n'aurais jamais rien dit à mes parents, ni à personne. Et tu n'as rien d'une psychopathe... Et pour tout te dire, je suis content que tu sois là. Enfin... ce que je veux dire..., il sembla réfléchir sur les mots à adopter, c'est que ça n'arrive pas tous les jours. Tu sais, si j'ai l'occasion de me faire une amie, je ne vais pas m'en priver.
Rosalie hocha la tête pour acquiescer et finit par s'asseoir au bout du lit de Michael, toujours sous son regard. L'adolescente ne put s'empêcher de songer à quel point il ressemblait à l'image qu'elle s'en était faite lorsqu'elle l'avait vu les deux premières fois. Il semblait avoir le cœur sur la main et être doté d'une timidité absolument adorable. De plus, il paraissait honnête envers elle. Il n'avait rien d'un tueur. Il n'avait donc rien d'un suspect à ses yeux.
— Mais dis-moi, si tu n'es pas une psychopathe, qu'est-ce que tu faisais chez moi, la première fois ?
L'adolescente resta interdite pendant quelques secondes, incapable de trouver une seule bonne excuse. Elle se remémora leur première rencontre et se revit en train de jouer du piano et de chanter. Elle ne put s'empêcher de rougir face à ce souvenir. Maintenant qu'elle savait qu'elle voyageait dans le temps, elle avait honte. Parce que ce qu'elle avait fait une semaine plus tôt était complètement dangereux. Elle n'avait aucune excuse pour s'être retrouvée chez Michael... surtout qu'elle avait ensuite tenu des propos insensés face à lui. Elle avait clamé qu'il n'habitait pas là comme si c'était une évidence... À l'époque, elle s'était trompée. Il vit bien là. Et ça, elle avait mis bien du temps à le comprendre. Ainsi, désormais, elle se sentait incroyablement honteuse.
— Tu ne me croirais pas si je te le disais.
— Je suis ouvert d'esprit, tu sais.
Rosalie n'avait aucune idée de ce qu'elle devait dire désormais. Un mensonge ? Un fragment de vérité ? Le problème était que si elle faisait le moindre faux pas, elle pouvait tout faire échouer. Et par conséquent : pas d'enquête, pas de sauvetage.
— Non, tu vas te moquer, répliqua l'adolescente à court d'idées.
— Et si je jure que je ne me moquerai pas ? insista tout de même Michael.
Et si elle le lui disait, finalement ? Peut-être qu'il comprendrait ? Seulement, Rosalie ne voulait pas tenter le diable. Tout pouvait arriver, autant alors rester sur ses gardes.
— Même si tu le jures, tu te moqueras quand même et tu me chasserais d'ici...
— Rosalie, ce n'est pas parce que tu viens d'un milieu modeste que je vais te chasser d'ici ! Je comprends que tu aies besoin d'argent, et du coup, de voler... Tu sais, je ne suis pas bête, je sais très bien pourquoi tu étais chez moi...
L'adolescente se sentit à la fois honteuse et soulagée. D'abord honteuse parce que Michael imaginait que Rosalie faisait partie d'une classe sociale plutôt pauvre et que pour cette raison, elle était entrée chez lui pour le détrousser de tous ses trésors, telle une voleuse sans aucun scrupule. Et puis soulagée parce qu'il était très loin de la vérité.
— Je... ce n'est pas ça...
Rosalie ne put s'empêcher de se demander pourquoi il pensait ça d'elle. Avait-elle l'air de vivre dans les rues ? Avait-elle la tête ou le regard de quelqu'un dans le besoin ?
Michael, lui, se savait vaincu pour le moment. Parce qu'elle ne lui avouerait pas aujourd'hui. Mais même s'il avait perdu la bataille, la guerre était loin d'être terminée. Il décida ainsi de changer de sujet, se disant qu'il pourrait reposer la question plus tard :
— Alors, tu sais jouer du piano ?
Rosalie ressentit un immense soulagement quand il changea le sujet de la conversation. Intérieurement, elle le remerciait.
Elle lui raconta alors qu'elle avait pris des cours de solfège durant son enfance avec un de ses camarades de classe, ce dernier étant vraiment excellent. Cependant, elle ajouta qu'il avait déménagé et que le cœur en miette, elle avait dû stopper ses leçons. Si bien qu'elle se disait avoir arrêté trop tôt pour avoir la prétention de dire qu'elle savait jouer du piano correctement.
— Mais tu jouais bien, pourtant, répliqua Michael avec un sourire. Et tu chantais bien aussi.
Les pommettes de l'adolescente virèrent soudain au cramoisi tandis qu'elle détournait le regard afin qu'il ne s'en aperçoive pas.
— Arrête, dis pas n'importe quoi, bredouilla ensuite Rosalie. Si j'avais su, jamais je n'aurais...
Jamais elle n'aurait quoi ? Jamais elle n'aurait joué et chanté ? Ou jamais elle ne serait venue ? Tous les deux se posaient exactement les mêmes questions sans pour autant avoir le courage de les exprimer oralement.
— Mais ce que je ne comprends pas, reprit Michael tout en jouant avec ses doigts – à cet instant, Rosalie réalisa à quel point il avait de belles et longues mains –, c'est comment tu as fini ici. C'est vrai, comment as-tu fini devant mon piano ?
Cependant, l'adolescente ne savait pas comment lui répondre. Son imagination semblait être partie en vacances sans même la prévenir de son absence. Par ailleurs, elle ne pouvait décemment pas lui dire la vérité. Peut-être à la fin, quand tout sera fini...
— Un jour, je te le dirai.
Et après ça, tu ne me verras plus.
— Tu le jures ?
Rosalie souffla un « oui » qu'elle-même aurait voulu ne jamais entendre ou encore ne jamais prononcer. Parce qu'elle ne voulait pas lui dire la vérité ou encore voir ce jour arriver. Alors elle comprit que c'était une promesse empoisonnée qu'elle venait de lui faire. En effet, le jour où elle lui avouera la vérité, c'est celui où elle n'aura plus rien à faire en 1987. Le jour où, finalement, elle devra oublier son pouvoir et lui dire adieu.
— En attendant, t'as qu'à te dire que je suis un ange tombé du ciel, rit doucement l'adolescente pour couper le cours de ses tristes pensées avant de songer qu'elle était peut-être bien réellement son ange-gardien.
Parce que j'arriverai à comprendre ce qui t'est arrivé et que je te sauverai.
— Rien que ça ?
— Rien que ça, répéta Rosalie avec un sourire.
Elle y croyait dur comme fer : elle allait tout changer.
*
On croise les doigts pour elle !
Il faut vraiment que Rosalie arrive à tout démêler avant le drame...
J'espère que ça vous plaît toujours ! En tout cas, je suis très heureuse de vous voir de plus en plus nombreux ♥
Je vous aime très très fort ♥
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