15

Quand Rosalie se trouva devant la porte de la chambre de Michael, la deuxième porte à gauche, elle hésita. Devait-elle frapper et entrer ? Ou devait-elle frapper et attendre ? L'adolescente aurait aimé avoir un manuel comme pour suivre un protocole expérimental, surtout quand il s'agissait de ses voyages dans le temps. En fait, elle avait l'impression qu'elle avait encore du mal à paraître ordinaire aux yeux des personnes vivant en 1987. Comme si elle était en total décalage. Comme si... elle n'appartenait pas à ce monde-là. Et c'était le cas puisqu'elle venait du futur. Mais elle voulait changer cela. Ce pourquoi elle souhaitait, dès que possible, acheter des vêtements d'ici afin de ne pas paraître trop étrange aux yeux des autres et surtout face à Michael. Rosalie voulait qu'il se lie d'amitié avec elle et plus que tout, elle voulait qu'il ait confiance en elle.

Finalement, Rosalie toqua à la porte et attendit une réponse. Une réponse qui ne vint jamais, cependant. Peut-être qu'il n'était pas là ? Mais l'adolescente n'en démordit pas pour autant et décida de frapper une nouvelle fois. Elle attendit, encore, en vain. Alors cette fois-ci, elle descendit sa main sur la poignée qu'elle abaissa lentement. Et d'une manière presque incertaine, comme si elle avait peur d'être prise sur le fait, elle ouvrit doucement la porte. C'est à cet instant qu'elle aperçut Michael. Là, désormais, Rosalie s'autorisa à respirer et même à sourire.

Il est là. Il est juste là.

Il était en fait allongé sur son lit, celui-ci se trouvait en dessous de la fenêtre, et le garçon tenait un livre entre ses mains. Il lui sembla alors tellement concentré dans sa lecture que Rosalie se sentit coupable. Coupable de venir le déranger alors qu'elle n'était même pas invitée. Elle-même détestait être coupée dans lecture et devoir s'arrêter au beau milieu d'un chapitre. Pour elle, il s'agissait presque d'un affront. D'autant plus qu'il paraissait plongé dans un tout autre univers puisqu'il avait mis le casque de son walkman – l'ancêtre du MP3 – sur ses oreilles. Comme elle lorsqu'elle était plongée dans son livre préféré, il devait probablement oublier où il était, quand il était. Son corps reposait sur son lit, mais son esprit était ailleurs. Rosalie se demanda alors quel livre pouvait autant le captiver.

Cependant, elle n'osa pas avancer davantage ou encore prendre la parole. Elle resta donc immobile dans l'embrasure de la porte, se contentant d'observer le garçon. Il était là, en vie, devant elle. C'est fou, se disait-elle, d'imaginer que quelques semaines plus tard, le drame aura lieu...

Quand finalement Michael releva la tête, se sentant observé, il se rendit compte de sa présence et sursauta. Il ne s'attendait pas du tout à la voir ici. L'adolescente, elle, ne put s'empêcher d'émettre un léger rire.

— Bon sang, tu m'as fait peur ! s'exclama-il tout en posant sa main gauche sur son cœur.

Ce dernier battait vite, trop vite. Et au fond de lui, Michael ne savait pas si c'était à cause de la surprise, ou à cause d'elle.

C'est vrai, Rosalie s'aventurait bien trop souvent chez lui sans qu'il ne s'y attende.

— Désolée...

Le garçon enleva son casque tout en l'interrogeant du regard, sans même se défaire de son sourire. Il était curieux. Que faisait-elle là ? C'est vrai, il pensait qu'il ne la reverrait jamais.

— C'est ta mère qui m'a laissé entrer, s'empressa d'ajouter Rosalie, afin d'éviter le silence embarrassant qui menaçait de s'installer dans la chambre.

— Oh, lâcha Michael, elle ne t'a pas cuisinée au moins ? Je sais qu'elle peut-être un peu...

Un peu... quoi ? Un peu mère poule ? Rosalie haussa les épaules en songeant que sa mère agissait de la même manière. Un peu trop protectrice, sans nul doute, mais ô combien aimante.

— Non, ne t'inquiète pas, rit l'adolescente.

En revanche, elle aurait voulu lui dire qu'elle avait aussi rencontré son père, Jonathan, mais elle s'en sentit incapable. De plus, le moment semblait mal choisi.

— Tu peux entrer, tu sais, lança soudain le garçon en voyant que Rosalie ne bougeait pas. Je ne vais pas te manger.

L'adolescente pénétra alors dans la chambre de Michael, et presque timidement, balaya la pièce du regard. La chambre était plutôt grande, plutôt spacieuse et lumineuse comme le reste de la demeure. Sur un des murs s'étendait une grande bibliothèque, remplie de livres en tous genres, de disques, de cassettes, et d'autres babioles. Les yeux de Rosalie, presque trop curieux, s'attardèrent sur chaque objet, chaque photo, chaque meuble... Comme si ses prunelles étaient capables de sonder et de dénicher tous les secrets du monde. Enfin, au moins les siens.

Enfin, soucieuse à l'idée de créer un silence embarrassant, Rosalie se tourna vers Michael et lui demanda :

— Qu'est-ce que tu étais en train de lire avant que j'arrive ?

Le garçon récupéra son livre et le tendit à l'adolescente comme s'il s'agissait d'un trésor. Et lorsqu'elle eut l'objet de toute sa fierté entre ses mains, elle put lire le titre qui était inscrit sur la couverture : « Les aventures du Capitaine Eo, l'intégrale ». D'abord, elle ressentit de la surprise. C'était une drôle de coïncidence, il fallait l'avouer. Et puis, elle se sentit diablement jalouse. Il avait en sa possession une intégrale encore plus jolie que ses livres à elle...

— C'est mon livre préféré ! Où l'as-tu déniché ? l'interrogea-t-elle, déjà prête à courir chercher un exemplaire.

Puis elle commença à le feuilleter :

— Et dédicacé en plus ! Wow...

Les lèvres de Michael se courbèrent pour former un sourire plutôt fier. Et en même temps, ses iris sombres miraient ceux de l'adolescente, qui eux, brillaient sous l'admiration.

— Ça, c'est un secret, répondit-il ensuite, amusé par le comportement de la demoiselle.

Il n'aurait en effet jamais imaginé que Rosalie puisse être fan de cette série. Tout d'abord parce que c'était le genre de science-fiction peu répandue actuellement. En effet, la série ne connaissait qu'un succès relativement partagé depuis sa publication. Puis, Rosalie était une fille et Michael s'était dit qu'elle ne connaîtrait pas et que surtout, elle n'apprécierait pas. Toutefois, il se devait d'admettre qu'il avait eu tort. En plus, les préjugés, ce n'était pas du tout son genre.

— Sinon... qu'est-ce que tu fais là, de si bon matin ?

L'adolescente haussa les épaules avant de répondre :

— Je voulais te voir...

Sur ces mots, Michael sourit à nouveau et le teint halé de son visage se mit à rosir légèrement. C'était nouveau pour lui parce que ces mots-là, on ne les lui avait jamais destinés. Ou tout du moins, pas avec une telle sincérité. Quant à Rosalie, elle songeait aux millions de choses qu'elle voulait lui dire. Mais elle devait se contenir et rester simple. Parce que si elle racontait ce qu'elle savait du futur, ou même qu'elle venait d'un temps qu'il ne connaîtra probablement jamais, Michael pourrait ne pas la croire. Et pire, elle ne ferait que forcer le destin. Elle avait vu un tas de films et lu un tas de livres pour savoir que c'était un secret à garder précieusement, quoi qu'il arrive.

*

Heeeeeeey ! J'espère que vous allez bien ! 

Je suis heureuse de vous retrouver avec ce chapitre ! 

J'espère que vous l'avez aimé ! ♥


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