13
À mesure que l'adolescente s'approchait de l'Audi de sa mère, elle fut prise de maux de têtes. Peut-être était-ce la différence de température qui la troublait ? Elle n'en avait aucune idée. Sur l'instant, elle pensa qu'à chaque fois qu'elle se trouvait aux alentours du manoir, elle ressentait des douleurs bizarres, des maux de tête, des vertiges... La dernière fois, elle s'était même sentie fiévreuse. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Elle ne pouvait pas inventer ces symptômes, ils venaient assurément de quelque part. Ils avaient une origine.
Rosalie savait d'ailleurs laquelle sans vouloir toutefois l'admettre : ils venaient assurément du manoir. Elle en était presque certaine et elle ne pouvait, de toute manière, l'expliquer autrement. La seule chose qui l'empêchait d'y croire à cent pourcents, c'était son scepticisme. Comment pouvait-elle oser déclarer que le manoir lui causait tous ces symptômes ? Et que, d'ailleurs, elle ait pu voir Michael et l'entendre jouer du piano ?
Elle secoua la tête légèrement comme pour chasser ces pensées de son esprit avant de remarquer très vite qu'il n'y avait aucun carton présent sur les sièges arrières de l'Audi de sa mère. Rosalie finit par soupirer une nouvelle fois.
- Super, je fais quoi maintenant ? murmura Rosalie pour elle-même.
Elle se voyait déjà faire demi-tour, râler auprès de sa mère...
Jusqu'à ce qu'elle entende du bruit derrière elle, un bruit semblable à une sonnette de vélo, qui la distrait un moment de son but initial. Intriguée, Rosalie se retourna et aperçut quelqu'un. C'était une femme qui s'était arrêtée devant le portail. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? s'enquit mentalement Rosalie. Elle observa alors la femme habillée de blanc et de bleu - une factrice, peut-être ? - déposer quelque chose dans la boîte aux lettres sans jamais adresser un seul regard à l'adolescente, si bien qu'elle paraissait ne pas la voir du tout. Et aussitôt qu'elle fut assez éloignée, l'adolescente essaya de reprendre ses esprits. Encore une vision, se disait-elle, c'est juste une autre vision... Finalement, ce n'est peut-être pas réel... Ce sont des hallucinations tout droit venues de mon imagination.
Et si elle allait tout raconter à sa mère ? Que lui dirait-elle ? Rosalie ne voulait pas paraître perchée. Elle était certaine que Kristen l'enverrait voir un médecin spécialisé... et l'adolescente n'avait aucune envie d'aller voir un psy...
Rosalie, alors de nature très curieuse, se demanda tout à coup pourquoi quelqu'un aurait déposé quelque chose ici. Surtout qu'elle savait que le manoir était abandonné depuis au moins trois décennies. Ça paraissait donc étrange à ses yeux, trop invraisemblable. L'adolescente avait cependant quelques hypothèses mais toutes lui semblaient trop farfelues pour être vraies. Elle préférait les oublier, pour le moment.
Tout à coup, sans qu'elle ne s'y attende, le portail s'ouvrit et Rosalie recula vivement. Ne l'avait-elle pas laissé ouvert, tout à l'heure ? Enfin, alors qu'elle s'attendait à voir sa mère, il apparût devant ses yeux. Lui, encore. Michael.
Le garçon sourit lorsqu'il la vit et s'approcha tandis qu'il fourrait ses mains dans les poches de sa veste. Rosalie, gênée, tendue, secouée, ne réagit pas réellement lorsqu'il la salua. Encore une hallucination. Bon sang, est-ce que ça allait un jour s'arrêter ?
Comment était-ce possible ? Comment pouvait-elle le voir ? À ce jour, Rosalie savait qu'il n'y avait qu'une seule raison possible. Seulement, elle ne pouvait pas y croire. Elle ne voulait pas y croire.
- Hey, ça va ? s'enquit-il une fois à sa hauteur.
Rosalie hocha timidement la tête, se demandant s'il était vraiment là ou pas. Et si sa mère la surprenait en train de parler toute seule ? Elle la renverrait aussitôt chez elle et l'empêcherait de remettre les pieds pour très longtemps. Et « très longtemps » pour Kristen Moore, ça voulait dire « toujours ».
- Je ne m'attendais pas à te voir ici, ajouta Michael - si au moins c'était lui.
Moi non plus, songea l'adolescente en baissant les yeux, fuyant le regard perçant du garçon le plus possible. En fait, ses grands yeux sombres la rendaient nerveuse. Irrévocablement timide, aussi. En effet, elle semblait perdre tous ses moyens face à lui.
- Quel vent t'amène ?
Michael se souvenait de la dernière fois où l'adolescente était partie en courant de chez lui. Il n'avait eu aucune explication et là encore, il savait qu'il n'en aurait sûrement pas. Rosalie, quant à elle, se retourna, voulant s'expliquer, et remarqua que l'Audi de sa mère n'était pas garée devant le portail du manoir. Comment ? La voiture se trouvait là à l'instant ! Rosalie en était persuadée. Elle était allée vérifier s'il n'y avait pas d'autres cartons... Elle n'en croyait pas ses yeux. Comment la voiture de sa mère aurait-elle pu disparaître ? Comme si, d'un instant à l'autre, Rosalie avait changé d'époque ou... d'univers parallèle ?
Par conséquent, il lui était impossible d'inventer une excuse en s'aidant de l'Audi. Elle haussa finalement les épaules, ne sachant pas quoi répondre. Rien d'assez convainquant ne lui venait à l'esprit.
- Euh... je...
C'est trop bizarre. La voiture était là... juste là ! Qu'est-ce que je vais lui dire maintenant ?
Puis elle se souvint de l'article qu'elle avait lu à propos du festival. Il datait de la même période et elle savait que le fameux concours de talents s'était déroulé plus tôt en juin 1987. Elle se souvint avoir lu que Michael avait gagné haut la main, se mettant le jury dans la poche avec ses interprétations de célèbres chansons au piano. Elle pouvait donc inventer quelque chose avec ça. Elle pouvait broder une excuse. Si elle voyageait vraiment dans le temps, ça devait fonctionner.
- Je... j'étais au festival il y a quelques jours et... je..., bredouilla maladroitement Rosalie tout en triturant ses doigts.
Elle était vraiment nerveuse, partagée entre une timidité qui lui était pourtant habituellement étrangère et la peur de paraître bizarre devant lui.
- Tu y étais ? la coupa Michael tout en esquissant un large sourire.
L'adolescente acquiesça, se sentant soudain soulagée. Il la croyait et c'était le principal.
- Je t'ai trouvé absolument fantastique. Particulièrement sur Rêve d'amour, c'est une de mes préférées, avoua-t-elle.
Et elle ne mentait qu'à moitié. Elle l'avait bel et bien entendu jouer. Seulement, ce n'était pas au festival. Comment l'expliquer ? elle n'en avait pas la moindre idée. Mais pour le moment, elle vivait avec, ne s'attardant qu'au moment présent.
Le garçon au teint halé sembla tout à coup gêné par les compliments de Rosalie. Ses joues prirent une teinte rosée et presque timidement, il la remercia. Ce n'était pourtant pas rare qu'on le complimente, mais il n'aimait pas qu'on le fasse.
- Au fait, je suis Michael, se présenta le garçon tout en tendant sa main. Mais je suppose que tu le savais déjà ?
Rosalie acquiesça tout en esquissant un sourire.
S'il savait... S'il savait tout ce que je sais...
- Rosalie, dit-elle en serrant sa main qui lui parût chaude et douce à la fois.
Il n'avait rien du stéréotype du fantôme. Le garçon n'était en effet ni froid, ni transparent, ni sans consistance. Au contraire, il était bien là, bien vivant.
- C'est joli. Tu es bien la première Rosalie que je rencontre.
Peut-être bien la seule, d'ailleurs, songea l'adolescente avant de le remercier.
Ensuite, le garçon se dirigea vers la boîte aux lettres pour récupérer ce qu'avait déposé la femme peu de temps avant. L'adolescente crut alors discerner un journal.
- C'est le journal d'aujourd'hui ? demanda Rosalie, se disant que ça allait lui donner d'autres indices sur ce qu'il se passait vraiment.
- Oui, oui, on est bien le 20 juin ?
Rosalie hocha la tête sans dire un seul mot.
- Oh, c'est une drôle de coïncidence ! s'exclama tout à coup Michael avant de montrer le journal à Rosalie. Regarde !
Quand elle posa ses yeux sur la première page, elle sentit son cœur accélérer sa course et battre à tout rompre, prêt à traverser sa cage thoracique. Parce qu'elle avait sous les yeux l'article sur le festival. Celui qu'elle avait lu le matin même. Celui qui datait du 20 juin 1987.
*
Bouuuuh ! Les choses sérieuses commencent !
J'espère que vous aimez toujours !
N'hésitez pas à me laisser vos avis, vos théories, etc !
En tout cas, je tiens à vous remercier parce que vous êtes de plus en plus nombreux à suivre Timeless et à faire vivre l'histoire et ses personnages ♥
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