12
« Je suis né pour ne jamais mourir. »
Qu'est-ce que cela signifiait ? Rentrée chez elle depuis quelques dizaines de minutes, allongée sur son lit, Rosalie réfléchissait. Elle essayait de comprendre ce qu'avait voulu dire Michael. Et à ses yeux, il ne s'agissait pas d'une phrase écrite au hasard. Non, cette citation avait très certainement un autre sens. Mais lequel ? C'est ce qu'elle essayait de découvrir. Né pour ne jamais mourir... Ne jamais mourir... Être immortel ?
Est-ce que ça avait un lien avec l'histoire du manoir ? L'adolescente n'en avait aucune idée. Probablement que non, autrement, comment Michael aurait-il su à l'avance ce qui allait se produire ? À moins d'être l'auteur du meurtre de sa mère ? Toutefois, Rosalie n'arrivait pas à admettre cette hypothèse-là. Il était clair que le garçon ne représentait pas un réel suspect à ses yeux. Peut-être parce qu'il avait l'air réellement gentil, tout à fait ordinaire, et surtout innocent. Toujours est-il que Rosalie savait qu'il fallait se méfier des apparences, celles-ci pouvant se montrer trompeuses. D'autant plus que lorsque l'adolescente pensait objectivement, Michael faisait un assez bon coupable. C'est vrai : on avait lancé son avis de recherche en août 1987, mais il n'avait jamais été retrouvé par la suite. Alors elle pouvait tout imaginer à son propos, le meilleur comme le pire. Rosalie avait ainsi besoin d'indices supplémentaires. Par conséquent, elle s'était résolue à interpréter chaque signe laissé par chacun des membres de la famille Roswell – à commencer par le fils, Michael.
Et pour démêler les mystères qui régnaient autour de cette famille, il fallait remonter aux sources ; au manoir, donc, là où il restait un nombre important de souvenirs, d'objets et témoins de leur passé et même de leur vie entière. Il constituait une véritable mine d'or et Rosalie en était bien consciente. Si elle voulait d'autres pistes, c'était par là-bas qu'il fallait commencer. Ce pourquoi l'adolescente n'hésita pas à accompagner sa mère une nouvelle fois dans la propriété Roswell en début d'après-midi.
Cette fois-ci, elle était bel et bien prête à résoudre son enquête.
— Rosalie, tu viens ? l'appela Kristen tandis que l'adolescente demeurait immobile devant le grand portail.
En fait, presque paralysée, Rosalie se demandait si elle allait le revoir, si ça allait recommencer. Elle se disait même par moments que ce n'étaient que des hallucinations, œuvres de son imagination et qu'elle était tellement passionnée et prise par son enquête qu'elle se mettait à délirer. Selon Rosalie, Michael ne pouvait pas être réel. Néanmoins, ça lui paraissait toujours aussi bizarre. Et s'il l'était, finalement ? Et s'il n'était pas un fantôme ? Et s'il n'était pas sorti tout droit de son imagination ? Mais c'est ce qu'elle voulait croire. Elle préférait ça à autre chose... Elle préférait mille fois croire aux bêtises de Lane qu'à cette histoire de voyages spatio-temporels.
Et à vrai dire, Rosalie avait de sérieux doutes concernant ses suppositions. Parce que ce n'était pas seulement Michael qu'elle avait vu, mais aussi le manoir. Comme si elle s'était retrouvée à l'intérieur de la grande demeure plusieurs années auparavant, bien avant le drame... Et aussi fou que cela pouvait paraître, Rosalie avait l'impression que ce n'était ni un rêve, ni des visions... simplement la réalité. Alors elle mit les hallucinations de côté et ressortit sa théorie du voyage dans le temps. Parce qu'il s'agissait de la seule hypothèse possible et qui avait réellement du sens à ses yeux.
Elle finit toutefois par sortir de sa léthargie et suivit sa mère. Elle marcha jusqu'au perron, gravit lentement les marches qui menaient à la porte d'entrée et pénétra à l'intérieur de la grande demeure.
À chaque fois qu'elle y mettait les pieds, c'était toujours la même chose. Elle ressentait cette même énergie, ces mêmes sensations... Elle ne faisait pas que visiter le manoir, elle le ressentait. Elle ressentait tout. Bizarre, encore.
— Tu t'occupes du salon ? s'enquit sa mère pendant qu'elle se dirigeait vers la salle à manger.
Rosalie acquiesça et entreprit d'enlever les draps qui recouvraient chacun des meubles du salon. Une fois que cela fut fait, elle ouvrit les fenêtres pour aérer et commença à ouvrir les tiroirs et les portes, histoire de fouiller les meubles de fond en combles, à la recherche de trésors et autres trouvailles. Et durant tout le temps que dura cette première session de recherche, l'adolescente mesurait à quel point elle avait eu raison d'accepter l'offre de sa mère. Parce qu'en effet, elle trouva plusieurs choses intéressantes. Parmi elles, beaucoup de photos. La plupart montraient Jonathan Roswell et son épouse, leur fils Michael, et d'autres personnes que Rosalie ne connaissait pas. Mais ça l'aidait beaucoup. À vrai dire, ça rendait les choses plus concrètes. Ça rendait en fait la famille Roswell bien plus réelle à ses yeux.
Et plus le temps passait, plus l'adolescente se demandait pourquoi. Pourquoi eux ? Pourquoi le manoir ? En effet, les Roswell étaient une famille tout à fait ordinaire qui, pourtant, avait connu un des plus grands drames de la région. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi, ni comment c'était arrivé. D'ailleurs, elle se disait que si cette affaire n'avait pas encore été résolue, c'est qu'elle-même n'y parviendrait sûrement pas. Toutefois, Rosalie brûlait de découvrir la vérité. Elle avait ça dans le sang. Cette détermination presque viscérale à connaître la vérité sur chaque affaire et chaque chose étrange lui venait de son père. Quant à sa soif d'aventures, elle la tenait de ses nombreuses lectures à propos de son héro favori : le Capitaine Eo.
— Rosalie ?
L'adolescente releva la tête à l'entente de la voix de sa mère et sortit de ses pensées. Aussitôt, elle se demanda si sa mère n'avait pas trouvé quelque chose en rapport avec le « drame Roswell ». Une photo ? Une preuve ? Néanmoins, Rosalie ne comptait pas trop là-dessus, sachant que le manoir avait déjà été fouillé à l'époque des faits pour trouver d'éventuels indices qui mèneraient tout droit au coupable.
— Il me faut d'autres cartons ! Tu peux voir s'il en reste dans la voiture et les ramener, s'il-te-plaît ?
Rosalie soupira tout en songeant que c'était toujours à elle de faire le sale boulot : ramener les cartons, vider ci, ranger ça... Elle trouvait cela injuste, mais elle se dirigea tout de même vers l'entrée du manoir, et d'un pas trainant, passa le portail.
Et dire qu'elle s'y était aventurée illégalement plusieurs jours plus tôt... et que désormais, elle pouvait s'y rendre quand elle le souhaitait, en toute impunité... Pour Rosalie, c'était presque ironique. Passer le portail aussi facilement maintenant, c'était vraiment extraordinaire. Une chance inouïe. Un coup de pouce du destin qu'elle n'oubliera probablement jamais.
*
Un sacré coup de pouce quand même ! Haha !
Ce chapitre 12 fait plutôt office de transition pour la suite, je l'avoue ! Mais j'espère que vous l'avez aimé quand même ! ♥
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